Léonard de Vinci

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Léonard de Vinci (italien : Leonardo di ser Piero da Vinci, dit Leonardo da Vinci), né le 14 avril 1452 à Vinci (Toscane) et mort le 2 mai 1519 à Amboise (Touraine), est un peintre italien et un homme d'esprit universel, à la fois artiste, organisateur de spectacles et de fêtes, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe et écrivain.

Citations[modifier]

Carnets[modifier]

Codex Atlanticus, 327 v.
Je me rends bien compte que, du fait que je ne suis pas un lettré, certains présomptueux croiront pouvoir me blâmer en alléguant que je suis un ignorant. Stupide engeance ! Ils ne savent point que je pourrais leur répondre comme Marius aux praticiens romains : « Ceux qui vont se parant des travaux d’autrui ne veulent pas me concéder les miens ». Ils diront que mon ignorance des lettres m’empêche de bien m’exprimer sur les sujets que je veux traiter. Mais mes sujets, pour être exposés, requièrent l’expérience plus que les paroles d’autrui. Et l’expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse, et en tout cas, ferai appel à elle.
  • C.A. 327 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. Préambule, p. 108


Le désir de savoir est naturel aux bons.
  • C.A. 327 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de [Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. Préambule, p. 108


Philosophie[modifier]

Nous ne manquons point de systèmes ou de moyens pour diviser et mesurer nos misérables jours ; nous devrions prendre plaisir à ne pas les gaspiller, ni souffrir qu’ils se passent sans louange, sans laisser aucun souvenir dans la mémoire des mortels, afin que leur misérable cours ne s’écoule en vain.
  • C. A. 42 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 111


Ô Temps, consumateur de toute chose ! envieuse vieillesse qui consumes toute chose peu à peu, avec la dure dent de la vieillesse, en une lente mort ! Hélène, quand elle se regardait dans son miroir et voyait la flétrissure des rides que l’âge avait inscrites sur son visage, se demandait en pleurant pourquoi elle fut deux fois enlevée. Ô Temps, consumateur de toute chose ! Ô vieillesse envieuse, par quoi toute chose est consumée[n 1].
  • C. A. 195 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 112


Dans la nature point d’effet sans cause ; comprends la cause et tu n’auras que faire de l’expérience.
  • C.A. 398 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 114


L’expérience ne trompe jamais ; seuls vos jugements errent, qui se promettent des résultats étrangers à notre expérimentation personnelle.
  • C.A. 417 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 114


L’expérience n’est jamais en défaut. Seul l’est notre jugement, qui attend d’elle des choses étrangères à son pouvoir.
  • C.A. 417 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 114


Alors que je croyais apprendre à vivre, j’apprenais à mourir.
  • C. A. 680 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 116


Le néant n’a point de centre, et ses limites sont le néant.
  • C. A. 784 v. a.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 116


Qui attend de l’expérience ce qu’elle ne possède point, dit adieu à la raison.
  • C. A. 820 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 116


La passion intellectuelle met en fuite la sensualité.
  • C. A. 994 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 116


Toute notre connaissance découle de notre sensibilité.
  • Tr. 20 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 118


Observe la lumière et considère sa beauté. Cligne de yeux et regarde-la. Ce que tu vois n’y était pas au début, et ce qui y était n’est plus. Qui donc la renouvelle, si celui qui l’a faite meurt continuellement ?
  • F, 49 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 121


Toi qui médites sur la nature des choses, je ne te loue point de connaître les processus que la nature effectue ordinairement d’elle-même, mais me réjouis si tu connais le résultat des problèmes que ton esprit conçoit.
  • G. 47 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 121


La science est le capitaine, la pratique est le soldat.
  • I, 130 (82) 2.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 123


Le poids d’un petit oiseau qui s’y pose suffit à déplacer la terre. La surface de la sphère liquide est agitée par une minuscule goutte d’eau qui tombe.
  • B.M. 19 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 124


Ce que l’on nomme néant ne se rencontre que dans le temps et le discours. Dans le temps, il se trouve entre le passé et le futur et ne retient rien du présent ; de même dans le discours, quand les choses dont il est parlé n’existent point ou sont impossibles.
  • B. M. 131 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 125


Étant donné une cause, la nature produit l’effet par la voie la plus brève.
  • B. M. 174 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 129


La sagesse est fille de l’expérience.
  • Forster III. 14 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 132


Par conséquent, ô vous, étudiants, étudiez les mathématiques et n’édifiez point sans fondations.
  • RL 19066 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 135


Qui méconnaît la suprême certitude des mathématiques se repaît de confusion et ne réduira jamais au silence les contradictions des sciences sophistiques, qui font un bruit perpétuel.
  • RL 19084 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 135


Que nul ne me lise dans mes principes qui n’est pas mathématicien.
  • RL 19118 r. et 19119 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 137


La nature tend à accomplir tout acte par la voie la plus brève.
  • RL 19120 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 137


Rien ne naît là où il n’existe ni fibre sensitive ni vie rationnelle. Les plumes poussent sur les oiseaux et se renouvellent tous les ans ; le poil pousse sur les animaux, et change chaque année sauf en certaines parties, comme la moustache des lions, des chats, et créatures de même espèce. L’herbe croît dans les prés, les feuilles sur l’arbre, et chaque années elles se renouvellent en grande partie. Nous pouvons donc dire qu’un esprit d’accroissement anime la terre ; sa chair est le sol ; ses os sont les stratifications successives des rochers qui forment les montagnes ; ses cartilages sont le tuf, son sang, les eaux jaillissantes. Le lac de sang qui se trouve autour du cœur est l’océan. Son souffle se traduit par l’élévation et l’abaissement du sang dans le pouls, comme pour la terre le flux et le reflux de la mer. La chaleur vitale du monde est le feu, indus par toute la terre et son esprit créateur réside dans les feux qui sur divers points du globe s’exhalent en sources thermales, en mines de souffre et en volcans, comme le mont Etna en Sicile, et en plusieurs autres endroits.
  • Leic. 34 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 138


Aphorismes[modifier]

Le fer se rouille faute de s’en servir, l’eau stagnante perd sa pureté et se glace par le froid. De même, l’inaction sape la vigueur de l’esprit.
  • C. A. 785 v. b
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. II. Aphorismes, p. 141


Pense bien à la fin, considère en premier lieu la fin.
  • H, 139 (4 r.) v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. II. Aphorismes, p. 144


Les obstacles ne peuvent me ployer. Tout obstacle cède à l’effort. Ne pas quitter le sillon. Qui règle sa course sur une étoile, ne change pas.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. II. Aphorismes, p. 145


Effort persistant. Effort prédéterminé. Qui règle sa course sur cette étoile n’en est pas détourné.
  • [Dessins, également avec devises] RL 12701.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. II. Aphorismes, p. 145


Histoire naturelle[modifier]

Pourquoi le poisson est-il plus rapide dans l’eau que l’oiseau dans l’air, alors que le contraire devrait se produire, attendu que l’eau est plus pesante et plus dense que l’air, et le poisson plus lourd et muni d’ailes plus petite que l’oiseau ? Pour ce motif, le poisson n’est point entraîné par les rapides courants de l’eau comme l’oiseau par les vents furieux, en outre, nous voyons le poisson remonter à toute vitesse une eau dont la pente est très inclinée, d’un mouvement rapide, comme l’éclair parmi les continuels nuages, ce qui semble chose merveilleuse ; résultat dû à la vitesse considérable avec laquelle il se déplace et qui surpasse la cadence de l’eau au point que celle-ci semble immobile par comparaison.
  • C. A., 460 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. VI. Histoire naturelle, p. 275


Pour atteindre aux feuilles des plantes élancées, tels que les jeunes peupliers et autres similaires, les bœufs ont l’habitude de se dresser en entourant de leurs jambes le tronc de l’arbre, et exercent sur lui un mouvement continu de pression et une poussée ; de telle sorte que l’arbre, incapable de résister au poids qui l’oppresse, est forcé de céder et incline sa haute cime.
  • « Comment les bœufs se nourrissent de plantes hautes », C. A. 815 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. VI. Histoire naturelle, p. 276


Astronomie[modifier]

Entre le soleil et nous il y a les ténèbres, ce pourquoi l’air semble azuré.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XI. Astronomie, p. 378


Botanique[modifier]

Toutes les branches d’arbres, à quelque degré de leur hauteur qu’on les réunisse, sont égales à la grosseur du tronc. Toutes les ramifications des eaux, douées d’un mouvement égal, à chaque degré de leur longueur égalent la grosseur du fleuve, leur père.
  • « Symétrie de la nature, Ramifications des arbres et de l’eau. » I. 12 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XII. Botanique, p. 396


Tous les ans, quand les branches des arbres ont achevé de se développer, leur grosseur – si on les réunit toutes – équivaut à celle de leur tronc ; et à chaque stade de leur ramification, tu trouveras l’épaisseur dudit tronc.
  • « Loi du développement des plantes. » M. 78 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XII. Botanique, p. 396

Géographie physique[modifier]

L’eau érode les montagnes et comble les vallées, et si elle en avait le pouvoir, elle réduirait la terre à l’état de sphère parfaite.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XIV. Géographie physique, p. 412


Atmosphère[modifier]

Où la flamme ne peut vivre, aucun animal qui respire ne peut vivre. L’excès de vent éteint la flamme, le vent modéré la nourrit.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XVI. Atmosphère, p. 487


Mathématiques[modifier]

La mécanique est le paradis des sciences mathématiques, car grâce à elle on recueille leur fruit.
  • E, 8 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XX. Mathématiques, p. 741


Chaque tout est plus grand que sa partie. Si [une chose] n’est ni plus grande ni plus petite, elle est équivalente.
  • M, 6 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XX. Mathématiques, p. 755


La géométrie est infinie parce que toute quantité continue est divisible à l’infini, dans un sens ou dans l’autre. Mais la quantité discontinue commence à l’unité et s’accroît à l’infini, et, comme il a été dit, la quantité continue croît et décroît à l’infini. Et si tu me donnes une ligne de vingt brasses, je te dirai comment en faire une de vingt et une.
  • M. 18 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XX. Mathématiques, p. 757


De la nature de l’eau[modifier]

Si une goutte d’eau tombe dans la mer calme, il est évident que la surface entière de la mer doit s’élever imperceptiblement, l’eau n’étant pas compressible comme l’air.
  • C. A. 64 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXI. De la nature de l’eau, p. 776


Parmi les catastrophes irrémédiables et destructrices, les crues des fleuves impétueux doivent être placées en tête des dévastations affreuses et terrifiantes. En quelle langue, avec quels mots exprimer ou décrire la ruine effroyable, les ravages inouïs et sans merci, dus aux déluges des fleuves dévorateurs, que l’homme est impuissant à conjurer ?
  • C. A. 302 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXI. De la nature de l’eau, p. 778-779


En discourant sur l’eau, qu’il te souvienne d’invoquer d’abord l’expérience, ensuite le raisonnement.
  • « Méthode. » H, 90 (42) r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXI. De la nature de l’eau, p. 848


Observe le mouvement de l’eau à sa surface, combien il ressemble à celui de la chevelure, laquelle en a deux, l’un suivant l’ondulation de la surface, l’autre les lignes des courbures ; ainsi, l’eau forme des tourbillons qui suivent en partie l’impulsion du courant principal, et en partie les mouvements ascendants et incidents.
  • RL 12579 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXI. De la nature de l’eau, p. 882


Expériences[modifier]

Pour éprouver si quelqu’un juge avec justesse de la nature des poids, demande-lui en quel point il convient de couper l’un des deux bras égaux de la balance, pour que la partie tranchée, attachée à l’extrémité de son reste, forme au bras un contrepoids exact. La chose est impossible ; si donc il t’indique la position, c’est qu’il est un médiocre mathématicien.
  • « Bon ou piètre mathématicien. » M, 68, v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXIV. Expériences, p. 938


Armement naval[modifier]

N’enseigne point ta science et seul tu excelleras. Fais choix d’un jouvenceau simple, et que le costume soit cousu main. Arrête les galères capitanes, coule les autres et tire le canon contre le fort.
  • C. A. 909 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXVII. Armement naval, p. 1016


Comparaison des arts[modifier]

Comment la peinture surpasse toute œuvre humaine, par les subtiles possibilités qu’elle recèle : l’œil, appelé fenêtre de l’âme, est la principale voie par où notre intellect peut apprécier pleinement et magnifiquement l’œuvre infinie de la nature ; l’oreille est la seconde et elle emprunte sa noblesse au fait qu’elle peut ouïr le récit des choses que l’œil a vues. Si vous, historiographes, poètes ou mathématiciens, n’aviez jamais vu les choses avec l’œil, vous seriez en peine de les relater dans vos écrits. Et si toi, poète, tu peins une histoire avec ta plume, le peintre la figure avec son pinceau, de manière plus satisfaisante et moins ennuyeuse à comprendre. Appelles-tu la peinture « poésie muette », le peintre peut qualifier de « peinture aveugle » l’art du poète.
  • Ms. 2185.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXVIII. Comparaison des arts, p. 1029


Comment celui qui méprise la peinture n’a point l’amour de la philosophie dans la nature : Si tu dédaignes la peinture, seule imitatrice des œuvres visibles de la nature, tu dédaignes assurément une subtile invention ; sa spéculation philosophique et ingénieuse prend pour thèmes toutes les sortes de formes, apparences, scènes, végétaux, animaux, herbes et fleurs, baignées de lumière et d’ombre. En vérité, la peinture est une science et l’authentique fille de la nature, étant son rejeton.
  • Ms. 2185. 20 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXVIII. Comparaison des arts, p. 1032


Quand le poète renonce à figurer, au moyen des mots, ce qui existe dans la nature, il n’est plus l’égal du peintre : car si, abandonnant cette description, il reproduit les paroles fleuries et persuasives de celui qu’il veut faire discourir, il deviendra orateur et non plus poète ou peintre. Et s’il parle des cieux, il devient astrologue; et philosophe ou théologien en dissertant des choses de la nature ou de Dieu. Mais qu’il retourne à la description d’un objet, il serait l’émule du peintre, s’il pouvait avec des mots satisfaire l’œil comme fait avec la couleur et le pinceau le peintre, qui grâce à eux, crée une harmonie pour l’œil comme la musique, en un instant, pour l’oreille.
  • « De la poésie et de la peinture », RL 19101 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXVIII. Comparaison des arts, p. 1034


Préceptes du peintre[modifier]

Je ne manquerai point de faire figurer parmi ces préceptes un système de spéculation nouveau, encore qu’il semble mesquin et presque risible, il est néanmoins fort utile pour exciter l’intellect à des inventions diverses. Si tu regardes des murs barbouillés de taches, ou faits de pierres d’espèces différentes, et qu’il te faille imaginer quelque scène, tu y verras des paysages variés, des montagnes, fleuves, rochers, arbres, plaines, grandes vallées et diverses groupes de collines. Tu y découvriras aussi des combats et figures d’un mouvement rapide, d’étranges airs de visages, et des costumes exotiques, et une infinité de choses que tu pourras ramener à des formes distinctes et bien conçues. Il en est de ces murs et mélanges de pierres différentes, comme du son des cloches, dont chaque coup t’évoque le nom ou le vocable que tu imagines.
  • « Façon de stimuler et d’éveiller l’intellect pour des inventions diverses », Ms. 2185, 22v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXIX. Préceptes du peintre, p. 1052


La peinture est en connexion avec les dix attributs de la vue à savoir : obscurité et clarté, matière et couleur, forme et position, éloignement et proximité, mouvement et repos ; et de ces attributs, le petit livre que voici sera tissé pour rappeler au peintre selon quelle règle et de quelle façon il lui faut, par son art, imiter toutes ces choses qui sont l’œuvre de la nature et l’ornement du monde.
  • « Des dix attributs de la vue qui tous trouvent leur expression en peinture », Ms. 2185, 22v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXIX. Préceptes du peintre, p. 1052


Si tu veux, ô dessinateur, étudier bien et utilement, applique-toi à travailler avec lenteur quand tu dessines, et à déterminer entre les diverses lumières, lesquelles possèdent le plus d’éclat ; et de même, quelles ombres sont plus obscures que les autres, comment elles se confondent, et [apprends] à comparer leurs dimensions.
  • « Comment il faut apprendre d’abord à travailler soigneusement plutôt que vite », Ms. 2185, 27 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXIX. Préceptes du peintre, p. 1066
  • « Dans les carnets de Léonard », CNRS/SagaScience, CNRS, 2019 (lire en ligne)


Je dis qu’en peignant tu dois tenir un miroir plat et souvent y regarder ton œuvre ; tu la verras alors inversée et elle te semblera de la main d’un autre maître ; ainsi, tu pourras mieux juger ses fautes que de toute autre façon. Il est bon également de se lever de temps en temps pour prendre quelques divertissements ; revenu à ton œuvre, ton jugement sera plus sûr, car de rester toujours au travail t’induit en grande erreur. Il est également bon de s’éloigner, car alors, l’œuvre apparaissant plus réduite, d’un coup d’œil tu en embrasses davantage - et un manque d’harmonie ou de proportion entre les diverses parties et dans les couleurs se voit plus vite.
  • Ms. 2185, 28 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXIX. Préceptes du peintre, p. 1067


Paysage[modifier]

La vraie méthode de figurer des scènes rustiques, ou, dirais-je, des paysages avec leur végétation, consiste à choisir le moment où le soleil étant caché au ciel, les champs reçoivent une clarté universelle et non la lumière directe du soleil qui fait des ombres tranchées en grande opposition des lumières.
  • « Des arbres et leur éclairage », G. 11 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXI. Paysage, p. 1115


La ligne de l’égalité et celle de l’horizon ne font qu’un.
  • M. 36 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXI. Paysage, p. 1125


Ombre et lumière[modifier]

Les ombres des végétaux ne sont jamais noires, car où l’atmosphère pénètre, il ne saurait y avoir de ténèbres absolues.
  • G, 6 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXII. Ombre et lumière, p. 1165


Souvent le peintre se trompe dans sa figuration des principales lumières.
  • « Des lumières sur les corps ombreux. » G, 13 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXII. Ombre et lumière, p. 1168


Perspective[modifier]

La véritable connaissance de la forme d’un objet se perd peu à peu, à mesure que la distance réduit sa dimension.
  • « De la peinture », C. A. 480 v. b
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXIII. Perspective, p. 1181


Parmi les choses d’égale grandeur, la plus éloignée des yeux semblera la plus petite.
  • C. A. 978 v. a
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXIII. Perspective, p. 1186


La perspective nous vient en aide, là où le jugement est en défaut à propos des choses qui vont en diminuant.
  • C. 27 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXIII. Perspective, p. 1191


Entre choses égales, la plus éloignée semblera la moindre ; et le rapport entre les dimensions sera le même qu’entre les distances.
  • RL. 19115 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXIII. Perspective, p. 1199


Musique[modifier]

La musique, qui se consume dans l’acte même de sa naissance.
  • Trattato della Pittura, I, 27.)
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XXXIX. Musique, p. 1260


Facéties[modifier]

Pourquoi les Hongrois portent la croix double.
  • « Plaisanterie », H. 62 (14) v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLI. Facéties, p. 1271


On demandait à un peintre pourquoi il avait fait ses enfants si laids alors que ses figures, choses inanimées, étaient si belles. Il répondit qu’il faisait ses tableaux de jour, et ses enfants de nuit.
  • « Plaisanterie », M. 58v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLI. Facéties, p. 1271


Fables[modifier]

Le cèdre ambitionna de porter à sa cime un grand et beau fruit ; et de toute la force de sa sève il s’efforça de réaliser son désir. Mais une fois développé, ce fruit fut cause que la cime haute et élancée se ploya.
Le pêcher, envieux de la grande quantité de fruits qu’il voyait à son voisin le noyer, décida de l’imiter et chargea ses branches de fruits au point que leur poids le jeta, déraciné et brisé, au ras du sol.
  • Le Cèdre - Le Pêcher, C. A. 207 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLII. Fables, p. 1278


La lumière au haut de la chandelle est du feu dans les chaînes : en consumant elle se consume.
  • Forster III. 21 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLII. Fables, p. 1284


La plante se plaint du tuteur sec et vieux placé tout contre elle et des bâtons desséchés qui l’entourent ; or, l’un la maintient droite et l’autre la protège contre les mauvais compagnons.
  • Forster III 47 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLII. Fables, p. 1284


Bestiaire[modifier]

Il vit d’air et il est à la merci de tous les oiseaux. Pour plus de sécurité, il vole au dessus des nuages, où l’air est si raréfié qu’un oiseau qui l’aurait suivi ne pourrait s’y soutenir. À cette hauteur n’atteint que celui à qui le ciel en a donné permission ; c’est là que vole le caméléon.
  • « Le Caméléon », H 13 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIII. Bestiaire, p. 1294


La morsure de la tarentule fixe l’homme dans son propos, c’est-à-dire dans la disposition d’esprit où il se trouvait au moment où il fut piqué.
  • « Tarentule », H, 18 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIII. Bestiaire, p. 1297


Allégories[modifier]

La Patience sert de défense contre les injures, comme les vêtements contre le froid. Si tu multiplies tes habits à mesure qu’il augmente, il sera impuissant à te nuire. De même, redouble de patience en face de grandes injures, elles n’auront pas le pouvoir d’affecter ton esprit.
  • C. A. 323 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIV. Allégorie, p. 1309


L’araignée croit trouver le repos dans le trou de la serrure, et y trouve la mort.
  • C. A. 820 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIV. Allégorie, p. 1309


À mettre dans la main de l’ingratitude. Le bois nourrit le feu qui le consume.
  • Ms. 2185, 34 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIV. Allégories, p. 1312


Le feu détruit le sophisme, c’est à dire la fausseté, et épargne la seule vérité, l’or. La vérité ne saurait être dissimulée en fin de compte. La dissimulation ne sert à rien. La dissimulation revêt un masque. Rien de caché sous le soleil. Le feu est mis pour la vérité, parce qu’il détruit tous sophismes et mensonges ; et le masque pour la fausseté et le mensonge, par quoi la vérité est dissimulée.
  • RL. 12700 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIV. Allégories, p. 1314


RCIN 912698.

De ce côté-ci, Adam ; de celui-là, Ève.
Ô misère humaine ! de combien de choses tu te rends esclave pour l’argent.

  • RL. 12698 r.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLIV. Allégories, p. 1314


Prophéties[modifier]

Des gens ingénus porteront des lumières pour éclairer le voyage de ceux qui ont perdu la faculté de voir. Ô sottise humaine ! Ô folie du genre humain ! Ces deux vocables sont à l’origine de la chose.
  • « Des morts qu’on emporte pour les enterrer », C. A. 1033 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLV. Prophéties, p. 1333


On verra sur terre des créatures qui sans répit se combattront, avec très grandes pertes et morts fréquentes de part et d’autre. Elles n’assigneront pas de limite à leur malice ; dans les immenses forêts du monde, leurs membres sauvages abattront au niveau du sol, un nombre d’arbres considérable. Une fois repus de nourriture, ils voudront assouvir leur désir d’infliger la mort, l’affliction, le tourment, la terreur et le bannissement à toute chose vivante. À cause de leur superbe, ils voudront s'élever vers le ciel, mais le poids excessif de leurs membres les retiendra en bas. Rien ne subsistera sur terre ou sous terre ou dans les eaux, qui ne soit poursuivi ou molesté ou détruit et ce qui est dans un pays sera emporté dans un autre ; et leurs propres corps deviendront la sépulture et le conduit de tous les corps vivants qu'ils ont tués. O terre ! que tardes-tu à t’ouvrir pour les précipiter dans les crevasses profondes de tes abimes et de tes cavernes, et pour ne plus montrer à la face des cieux un monstre aussi cruel, féroce et implacable ?
  • « De la cruauté de l’homme », C. A. 1033 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLV. Prophéties, p. 1334


Considère cette chose d'autant moins appréciée qu'on en a plus grand besoin : le conseil.
  • C, 19 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLV. Prophéties, p. 1335


Les plumes élèveront les hommes vers le ciel, comme les oiseaux : au moyen des lettres écrites avec leurs pennes.
  • I, 64 (16) v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLV. Prophéties, p. 1337


Notes personnelles[modifier]

Si ta liberté t’est chère, puisses-tu ne jamais découvrir que mon visage est la prison de l’amour.
  • Codex Forster III, 10 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLVI. Notes personnelles, p. 1354


Je dispose dans ma langue maternelle d’un si grand nombre de mots, que je devrais déplorer mon manque de parfaite compréhension des choses, plutôt que le manque d’un vocabulaire nécessaire pour exprimer parfaitement les concepts de mon esprit.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLVI. Notes personnelles, p. 1354


Dis-moi si rien de pareil fut jamais fait ; tu comprends, et cela suffit pour l’instant.
  • RL 19121 v. et 19120 v.
  • Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. XLVI. Notes personnelles, p. 1355


Sur les Carnets[modifier]

Seul un travail d’équipe difficile, réunissant de multiples spécialistes, pourra un jour prochain proposer une traduction en français de la totalité des manuscrits léonardiens.
  • « Préface », Pascal Brioist, dans Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), p. 34


Issu d’une longue lignée de notaire, Léonard de Vinci a naturellement tendance à prendre des notes. Il griffonne spontanément ses observations et ses idées, dresse des listes et dessine des croquis. Au début des années 1480, peu après son arrivé à Milan, il commence à prendre régulièrement des notes dans ses carnets, une habitude qui l’accompagnera tout au long de sa vie. Certains sont de simples feuillets volants de la taille d’un tabloïd. D’autres sont des volumes reliés en cuir ou en vélin au format d’un livre de poche ou plus petits. Il ne s’en sépare jamais et les utilise sur le terrain. Ces carnets lui permettent de consigner ses observations, et plus particulièrement les scènes impliquant des personnages et des émotions. « Amuse-toi, souvent en promenade », écrit-il, « à observer et à considérer les attitudes et les actes des hommes qui parlent, se disputent, rient ou en viennent aux mains. » Il capture ces informations sur le vif dans un petit carnet qu’il garde attaché à sa ceinture.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 9782889152636), chap. 5. Les carnets de Léonard, p. 115


Ses carnets ne composent ni un journal intime ni des Mémoires. Lorsqu’il se met, vers l’âge de trente ans, à noter systématiquement ses pensées - à observer et réfléchir par écrit - sur de petits cahiers qu’il emporte partout avec lui, il n’a pas l’idée de se raconter. Les milliers de pages que noircit son écriture inversée de gaucher, si difficile parfois à déchiffrer, forment, a-t-on pu dire, les vestiges d’une vaste encyclopédie en gestation.
  • L’auteur cite Marc Curdy, introduction aux Carnets de Léonard de Vinci, 1942. « Nous somme en présence d’ébauches d’un plan immense, approfondi, médité, mais jamais réalisé, et dont les traités - sommes de recherches anatomiques, physiologiques et géologiques - ne forment qu’une partie, l’esquisse d’une vaste encyclopédie de la connaissance humaine. »
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. IV. La peur et le désir, p. 133


Traité de la peinture[modifier]


Le peintre discute et rivalise avec la nature.
  • 38. S.K.M. II, 44v.
  • Traité de la Peinture (1987), Léonard de Vinci (trad. André Chastel), éd. Calmann-Levy, 2003  (ISBN 2-7021-3378-9), partie Le programme universel, chap. Le peintre interroge la nature, p. 74


La bonne nature a eu soin que tu puisses trouver en tout lieu quelque chose à imiter.
  • 49. A. 111v.
  • Traité de la Peinture (1987), Léonard de Vinci (trad. André Chastel), éd. Calmann-Levy, 2003  (ISBN 2-7021-3378-9), partie Le programme universel, chap. La tâche infinie, p. 78


Celui qui n’aime pas également tout ce qui appartient à la peinture n’est pas universel. Si par exemple le paysage ne l’attire pas, il dira que c’est une chose simple et facile à comprendre ; ainsi notre Botticelli disait que c’était une étude vaine, car il suffisait de jeter une éponge imbibée de diverses couleurs sur un mur pour qu’elle y laisse une tâche où l’on pouvait voir un beau paysage. Il est bien vrai qu’on peut voir dans une telle tâche différentes compositions de choses que l’on veut y chercher, têtes humaines, animaux divers, batailles, écueils, mers, nuages, bois, etc.; c’est comme le son des cloches, dans lequel tu peux entendre ce que tu veux. Mais, bien que ces taches te fournissent l’invention, elles ne t’enseignent à achever aucun détail. Et ledit peintre a fait de très pauvres paysages.
  • 88. Botticelli et le paysage. C.U. 33v.-34r.
  • Traité de la Peinture (1987), Léonard de Vinci (trad. André Chastel), éd. Calmann-Levy, 2003  (ISBN 2-7021-3378-9), partie Les problèmes du peintre, chap. Polémiques, p. 102


Je te rappelle, peintre, que si ton propre jugement ou l’avertissement d’autrui te fait découvrir quelque erreur dans ton œuvre, tu dois la corriger afin que, rendant cet ouvrage public, tu ne publies pas en même temps ton insuffisance.
  • 340. Contre la cupidité. C.U. 34r.
  • Traité de la Peinture (1987), Léonard de Vinci (trad. André Chastel), éd. Calmann-Levy, 2003  (ISBN 2-7021-3378-9), partie L’activité du peintre, chap. Morale du peintre, p. 213


Je ne saurais manquer de mentionner parmi ces préceptes un nouveau mode de spéculation qui peut sembler mesquin et presque ridicule, mais n’est pourtant pas sans efficacité pour exciter l’esprit à diverses inventions. Le voici : si tu regardes des murs souillés de beaucoup de taches, ou faits de pierres multicolores, avec l’idée d’imaginer quelque scène, tu y trouveras l’analogie de paysages au décor de montagnes, rivières, rochers, arbres, plaines, larges vallées et collines de toute sorte. Tu pourras y voir aussi des batailles et des figures aux gestes vifs et d’étranges visages et costumes et une infinité de choses, que tu pourras ramener à une forme nette et compléter. Et il en va de ces murs et couleurs comme du son des cloches; dans leurs battements tu trouveras tous les sons et les mots que tu voudras imaginer.
  • 350. Les taches du vieux mur. A, 102v.
  • Traité de la Peinture (1987), Léonard de Vinci (trad. André Chastel), éd. Calmann-Levy, 2003  (ISBN 2-7021-3378-9), partie L’activité du peintre, chap. Mémoire et attention, p. 216-217


Autres citations[modifier]

Citations rapportées[modifier]

Je doute, ô Grecs, qu’on puisse faire le récit de mes exploits, quoique vous les connaissiez, car je les ai faits sans témoin, avec les ténèbres de la nuit pour complice.
  • C. A. 195 r., empruntée aux Métamorphoses d'Ovide. Forme une sorte de devise d’après l’auteur.
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. I. Un cercle de miroirs, p. 11-12


Ne pas mentir sur le passé.
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. IV. La peur et le désir, p. 133


Je sais par expérience, écrit-il , l’intérêt qu’il y a, quand tu es au lit dans l’obscurité, de repasser en imagination les contours des formes déjà étudiées ou autres objets remarquables conçus par une subtile spéculation ; c’est là un exercice à recommander, très utile pour imprimer les choses dans la mémoire.
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. VIII. L’homme universel, p. 371


Que nul ne me lise qui n’est pas mathématicien.
  • L’auteur précise : « il met principalement dans ce mot des notions de rigueur, de cohérence, de logique. »
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. VIII. L’homme universel, p. 409


La bonne littérature a pour auteurs des hommes doués de probité naturelle, et comme il convient de louer plutôt l’entreprise que le résultat, tu devras accorder de plus grandes louanges à l’homme probe peu habile aux lettres, qu’à celui qui est habile aux lettres mais dénué de probité.
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. Bibliographie, p. 599


Maints événements eurent lieu il y a bien des années, qui me semblent toucher au présent, et beaucoup de choses récentes nous font l’effet d’être anciennes et de remonter à l’époque lointaine de notre jeunesse.
  • Léonard de Vinci : biographie, Charles Nicholl, éd. Actes Sud, 2006  (ISBN 2-7427-6237-X), p. 26


Le peintre est maître de toutes choses qui peuvent frapper la pensée de l’homme [...] il en est maître et créateur.
  • L'esprit et la matière, précédé de L'Elision, par Michel Bitbol, Erwin Schrödinger, éd. Seuil, 2011  (ISBN 978-2-7578-2496-2), partie L'Élision, chap. 1. La modestie du peintre, p. 27


Et si du fond des vallées il veut apercevoir de hautes montagnes, ou des hautes montagnes les vallées basses ou les côtes, ce qu’il y a dans l’univers par essence, présence ou fiction il l’a, dans l’esprit d’abord, puis dans les mains. Et celles-ci ont une telle vertu qu’elles engendrent à un moment donné une harmonie de proportions embrassée par le regard comme la réalité même.
  • Traité de la peinture, trad. et présentation André Chastel, 1987, p. 114.
  • Histoire de la beauté, Umberto Eco (sous la direction de), éd. Flammarion, 2004  (ISBN 9782080687111), chap. VII. La beauté entre XVe et XVIe siècles, p. 178


Citations sur Léonard de Vinci[modifier]

Expositions et musées[modifier]

Cité des sciences et de l'industrie (2012-2013)[modifier]

Chez Leonard, le dessin est à la fois un instrument d’étude et d’analyse de la réalité et une forme de communication à l’efficacité surprenante […] celui-ci exprimant au mieux la complexité de sa pensée, sa capacité à passer d’un champ d’étude et de représentation à l’autre, l’union étroite entre l’art et la science. Car Léonard ne dessine pas ce qu’il voit, mais ce qu’il comprend de ce qu’il voit.
  • Léonard de Vinci : la nature et l’invention [exposition, Paris, Cité des sciences et de l'industrie, 23 octobre 2012-18 août 2013], sous la direction de Patrick Boucheron et Claudio Giogione, éd. La Martinière, 2012  (ISBN 9782732449906), p. 11


Royal Collection[modifier]

De nombreux aspects de son travail montrent chez Léonard une véritable fascination pour l’eau. Dans ses paysages, l’eau symbolise les phénomènes naturels agissant sur des périodes de temps insaisissables; dans ses projets de génie civil, elle se fait adversaire puissant, mais malléable et dans ses études scientifique, c’est un élément authentique qui réponds aux forces extérieures, ce qui en favorise l’observation et l’étude.


Hostinato rigore (« rigueur obstinée ») […] Destinato rigore ou « Rigueur déterminée » et, dans la marge, « celui qui a une telle étoile fixe ne dévie pas de son chemin »
  • Léonard de Vinci : le génie en dessin, Martin Clayton, éd. Flammarion/Royal collection trust, 2018  (ISBN 9782081459816), p. 186


Une tempête cataclysmique submergeant la terre ! Voilà l’un des sujets favoris de Léonard durant ses dernières années, tant dans ses dessins que dans ses écrits. […] Il n’y a rien de fantaisiste à considérer cette obsession de la mort et de la destruction comme l’expression éminemment personnelle d’un artiste frappé par la maladie et sentant sa fin approcher - un artiste qui a vu quelques-unes de ses plus belles créations détruites sous ses yeux ou rester inachevées, et qui a une conscience aigüe du caractère éphémère de toute chose, jusqu’à la terre elle-même.
  • Léonard de Vinci : le génie en dessin, Martin Clayton, éd. Flammarion/Royal collection trust, 2018  (ISBN 9782081459816), p. 231

Musée du Louvre (2019-2020)[modifier]

Léonard invite l’artiste à ne pas contraindre l’exercice d’invention par l’impératif d’une fidèle imitation des formes extérieures. Il faut avant tout étudier le mouvement des figures, qui est la conséquence de leurs sentiments intérieurs. Il faut également rechercher l’interaction la plus naturelle entre les protagonistes, pour faire comprendre l’histoire par le simple langage du corps.
  • Vincent Delieuvin
  • Léonard de Vinci [exposition, Paris, Musée du Louvre, 24 octobre 2019-24 février 2020 (catalogue)], sous la direction de Vincent Delieuvin et Louis Frank, éd. Louvre/Hazan, 2019  (ISBN 9782754111232), chap. Liberté : la licence dans la règle, p. 92


Inhérente à cette pratique d’une nouvelle liberté créatrice, apparaît la tendance de l’artiste, tout aussi novatrice et fondatrice, à laisser ses peintures inachevées. […] L’inachèvement semble donc le résultat d’une tendance a toujours vouloir conserver la liberté de parfaire l’ouvrage, mais elle devient également une expérience picturale, le non finito, qui a sa propre ambition artistique.
  • Vincent Delieuvin
  • Léonard de Vinci [exposition, Paris, Musée du Louvre, 24 octobre 2019-24 février 2020 (catalogue)], sous la direction de Vincent Delieuvin et Louis Frank, éd. Louvre/Hazan, 2019  (ISBN 9782754111232), chap. Liberté : la licence dans la règle. Liberté d’achever, p. 96


Daniel Arasse[modifier]

Voir le recueil de citations : Daniel Arasse
Dieu mis à part, Léonard de Vinci est sans doute l’artiste sur lequel on a le plus écrit. […] Il a inspiré les fantasmes les plus légitimes et les déductions les plus saugrenues.
  • Léonard de Vinci : le rythme du monde (1997), Daniel Arasse, éd. Hazan, 2019  (ISBN 978-2-7541-1071-6), p. 7


Incontestablement, pour reprendre la formule de Paul Klee (dont les textes et les préoccupations font si souvent écho à ceux de Léonard), un aspect essentiel de l’art de Léonard tient à ce qu’il veut, en accord avec ce qu’il perçoit du monde, y faire sentir « la formation sous la forme ».
  • Léonard de Vinci : le rythme du monde (1997), Daniel Arasse, éd. Hazan, 2019  (ISBN 978-2-7541-1071-6), p. 17-18


Serge Bramly[modifier]

Voir le recueil de citations : Serge Bramly
Il ne note pas ses souvenirs; il évite d’en parler, mais, ne pouvant leur échapper, s’interroge, comme pour les conjurer, sur le mécanisme de la mémoire : « notre jugement n’évalue pas dans leur ordre exact et raisonnable, dit-il, les choses qui se sont passées à des périodes différentes, car maints événements ayant eu lieu il y a bien des années semblent toucher au présent, tandis que beaucoup d’autres, récents, nous font l’effet d’être anciens et de remonter à l’époque lointaine de notre jeunesse. »
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. IV. La peur et le désir, p. 136


Mais ces phrases ne révèlent-elles pas, à son insu, son système de défense, la méthode qu’il a élaborée pour réduire une pensée importune? Plutôt que de donner prise, de se laisser atteindre, de s’apitoyer, il retourne cette sorte de pensée, en fait son champ d’étude ; il va du rôle passif au rôle actif : il neutralise tout sentiment succeptible de l’affecter en lui opposant un œil froid de philosophe, d’homme de science. « Les sens appartiennent à la terre, avoue-t-il ; la raison, à l’écart, demeure contemplative ». Serait-ce, en partie, le premier moteur de sa quête intellectuelle, la genèse de ses carnets ?
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. IV. La peur et le désir, p. 137


Il a pris l’habitude, lorsqu’il se sert d’une nouvelle plume, après l’avoir taillée, de l’essayer dans un coin de page ; il écrit alors des phrases sans suite qui commencent toujours par les mêmes mots : Dis, dis-moi. Cela donne : « Dis, dis-moi si jamais… », « Dis-moi comment les choses se passent… », « Dis-moi si jamais fut fait… »
  • L’auteur précise en note (p. 246) que Carlo Pedretti compte une trentaine d’occurrences dans son The Literary Works of Leonardo da Vinci : A Commentary to Jean Paul Richter's Edition.
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. V. Dispero, p. 228


« Toutes nos connaissances, dit Léonard, découlent de ce qu’on ressent ». Éprouver par les sens - au premier rang desquels il place la vue - et discerner, juger, réfléchir, tels sont pour lui les vecteurs fondamentaux de la sapieta - de la « sapience », qui est à la fois savoir et sagesse.
« Ce qu’on acquiert dans sa jeunesse, écrit-il, permet de lutter contre les misères du grand âge ; et si veux que ta vieillesse se nourrisse de sapience, fais en sorte, tant que tu es jeune, que ta vieillesse ne manque pas de vivres. »
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. VIII. L’homme universel, p. 369


Il est facile de devenir universel, dit-il, car la Nature obéit dans tous ses développements à des lois similaires et invariables, de sorte que connaissant l’un de ses processus on peut comprendre les autres par analogie.
Se perfectionner en jouant : il indique ainsi des « récréations profitables » par lesquelles on s’entraîne « à bien juger de la longueur et de la largeur des choses », à comparer les proportions, à évaluer les distances.
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. VIII. L’homme universel, p. 370


Michel-Ange lui lance encore : « Et ces idiots de Milanais t’ont fait confiance ? » […] Le trait de Michel-Ange a touché juste : Léonard a laissé derrière lui tant d’ouvrages inachevés ! Combien de fois, le cœur amer, a-t-il noté dans le passé, machinalement, en essayant une plume neuve : « Dis-moi si rien à jamais été accompli ; dis-moi… », « Dis-moi si j’ai jamais fait une chose qui… », « Dis, dis-moi si jamais… »
  • Léonard de Vinci : une biographie, Serge Bramly, éd. JC Lattès, 2019  (ISBN 978-2-7096-6323-6), chap. IX. Lauriers et orages, p. 486


André Breton[modifier]

Voir le recueil de citations : André Breton
On répète volontiers que Léonard de Vinci recommandait à ses élèves, en quête d’un sujet original et qui leur convînt, de regarder longtemps un vieux mur décrépi : « Vous ne tarderez pas, leur disait-il, à remarquer peu à peu des formes, des scènes qui se préciseront de plus en plus… Dès lors vous n’aurez plus qu’à copier ce que vous voyez, et à compléter au besoin. » Quelques allusions qu’on ait continué d’y faire, on peut dire que cette leçon a été perdue[n 2].
  • « Le message automatique », Minotaure, no3-4, décembre 1933 [texte intégral] .
  • « Point du jour », dans Œuvres complètes II, André Breton, éd. Gallimard, 1992  (ISBN 2-07-011234-9), p. 377


La leçon de Léonard, engageant ses élèves à copier leurs tableaux sur ce qu’ils verraient se peindre (de remarquablement coordonné et de propre à chacun d’eux) en considérant longuement un vieux mur, est loin d’être comprise. Tout le problème du passage de la subjectivité à l’objectivité y est implicitement résolu et la portée de cette résolution dépasse de beaucoup en intérêt humain celle d’une technique, quand cette technique serait celle de l’inspiration même. C’est tout particulièrement dans cette mesure qu’elle a retenu le surréalisme. Le surréalisme n’est pas parti d’elle, il l’a retrouvée en chemin et, avec elle, ses possibilités d’extension à tous les domaines qui ne sont pas celui de la peinture. Les nouvelles associations d’images que c’est le propre du poète, de l’artiste, du savant, de susciter ont ceci de comparable qu’elles empruntent pour se produire un écran d’une texture particulière, que cette texture soit concrètement celle du mur décrépi, du nuage ou de toute autre chose : un son persistant et vague véhicule, à l’exclusion de toute autre, la phrase que nous avions besoin d’entendre chanter.
  • Chapitre V, publié sous le titre « Le Château étoilé », Minotaure, no8, juin 1936 [texte intégral] .
  • « L’Amour fou », dans Œuvres complètes II, André Breton, éd. Gallimard, 1992  (ISBN 2-07-011234-9), p. 753


Pascal Brioist[modifier]

Voir le recueil de citations : Pascal Brioist
  • Les Audaces de Léonard de Vinci, Pascal Brioist, éd. Stock, 2019, p. ..


Le caractère exceptionnel du cas Léonard de Vinci réside en outre dans le fait que la plupart de ses manuscrits contiennent des notes à usage personnel. Il s’agit ici d’un processus d’enregistrement d’idées, de faits, de projets sur le long terme, c’est-à-dire sur la durée de toute une vie, de sorte que les écrits techniques de Léonard de Vinci constituent sans aucun doute le fond le plus dense en notre possession dans le champ des techniques et des arts de la Renaissance. Un long monologue de l’artiste avec lui-même sur les problèmes de la technologie nous permet ici de pénétrer, avec toutes les difficultés classiques relatives à l’interprétation de ses papiers, dans le processus même d’invention et de production technique.
  • Construire à la Renaissance : Les engins de chantier de Léonard de Vinci, Andrea Bernardoni et Alexander Neuwahl, éd. Presses universitaires François-Rabelais, Presses Universitaires de Rennes, 2014  (ISBN 9782869065345), p. en ligne


Leur nature évidente de « feuille de laboratoire » confère aux feuillets léonardiens, qui se caractérisent par leur non systématisation, leur incomplétude et leur état provisoire, le concept de « trading zones » : bien qu’ils fassent apparaître des processus mentaux d’invention et de création de projets, ils permettent en réalité de reconstruire les relations multiples et complexes que Léonard entretient avec le monde de son temps et qui l’ont inspiré.
  • Pascal Brioist, Avant-propos.
  • Construire à la Renaissance : Les engins de chantier de Léonard de Vinci, Andrea Bernardoni et Alexander Neuwahl, éd. Presses universitaires François-Rabelais, Presses Universitaires de Rennes, 2014  (ISBN 9782869065345), p. en ligne


André Chastel[modifier]

Voir le recueil de citations : André Chastel

Sophie Chauveau[modifier]

Voir le recueil de citations : Sophie Chauveau
Kenneth Clark, un des meilleurs connaisseurs de Léonard de Vinci, a émis l’idée assez fine qu’à chaque génération cet étonnant personnage devait être réinterprété. Quand on est le symbole personnifié de la peinture, de la beauté, voire du génie, on se doit de s’adapter au goût de chaque époque.
  • Léonard de Vinci (2008), Sophie Chauveau, éd. Gallimard, coll. « Folio Biographies », 2021  (ISBN 9782072782831), chap. Prologue, p. 9


Son nom, dans le monde entier, synonyme de beauté, d’art et de dilettantisme, de magie et de grâce, d’absolu, voire de génie, fait rêver à l’aune du mystère qui le nimbe. Car le plus célèbre peintre de l’univers n’a laissé au monde qu’une douzaine de tableaux de sa main. Inachevés ou altérés… Le plus grand sculpteur de l’humanité n’a livré à la postérité aucun témoignage de son génie… Le meilleur architecte, pas davantage… L’ingénieur militaire qui se flattait d’avoir mis au point le plus grand nombre de moyens techniques propres à gagner toutes les guerres, à « tuer la guerre », disait-il…, rien non plus… Quant à l’immense savant, le plus prodigieux inventeur de machines à tout faire qu’ait jamais porté l’univers, on ne retrouva ses fameux Carnets que très longtemps après que la nécessité eut contraint l’époque à se passer de lui pour, à son heure, inventer « ses » découvertes…
  • Léonard de Vinci, Sophie Chauveau, éd. Gallimard, coll. « Folio Biographies », 2021  (ISBN 9782072782831), chap. Prologue, p. 12-13

Kenneth Clark[modifier]

Voir le recueil de citations : Kenneth Clark
Léonard chercha en tant qu’artiste à accroître sa connaissance du monde physique par l’observation, la comparaison, l’analyse. Il a, certes, à un moment donné, consigné ses recherches dans des notes et des diagrammes, et non dans des dessins ou des peintures, mais ces deux formes d’expression sont finalement inséparables et elles ont réagi l’une sur l’autre a chacune des phases de son existence.
  • Léonard de Vinci [Leonardo da Vinci : an account of his development as an artist] (1939), Kenneth Clark (trad. Eleonor Levieux et Françoise-Marie Rosset), éd. Librairie générale française, coll. « Livre de poche », 2005  (ISBN 9782253114413), chap. Introduction, p. 14


Di mi se mai fu fatta alcuna cosa - a-t-on jamais fini, je vous le demande, quoi que ce soit - c’était la phrase qui coulait de la plume de Léonard à chaque pause de sa pensée. Di mi se mai, di mi se mai, nous trouvons cette phrase dix fois, cent fois, sur des feuilles de dessins, parmi des gribouillages et des formules de mathématiques, avec les calculs les plus compliqués, à tel point qu’elle devient une sorte de refrain, et le symptôme de son désarroi.
  • Léonard de Vinci [Leonardo da Vinci : an account of his development as an artist] (1939), Kenneth Clark (trad. Eleonor Levieux et Françoise-Marie Rosset), éd. Librairie générale française, coll. « Livre de poche », 2005  (ISBN 9782253114413), chap. IX. 1513-1519, p. 341-342


Léonard de Vinci est l’Hamlet de l’histoire de l’art, que chacun de nous doit recréer pour son propre compte.
  • Léonard de Vinci [Leonardo da Vinci : an account of his development as an artist] (1939), Kenneth Clark (trad. Eleonor Levieux et Françoise-Marie Rosset), éd. Librairie générale française, coll. « Livre de poche », 2005  (ISBN 9782253114413), chap. IX. 1513-1519, p. 371


Martin Clayton[modifier]

Voir le recueil de citations : Martin Clayton
  • Léonard de Vinci anatomiste, Martin Clayton, éd. Actes Sud, 2019, p. ..


Vincent Delieuvin[modifier]

Voir le recueil de citations : Vincent Delieuvin

Max Ernst[modifier]

Voir le recueil de citations : Max Ernst
Max Ernst (1968)
Q. : Pourquoi avez-vous peint Léonard de Vinci ?
R. : Parce qu’il s’est demandé « Pourquoi une peinture semble-t-elle plus belle vue dans un miroir qu’en réalité ? »
  • « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe » (1959), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 333


J’ai suivi l’exemple de Léonard de Vinci, qui corrigeait dans ses écrits ce que Botticelli avait dit au sujet de l’art du paysagiste […]. Léonard avait alors constaté que tous ces effets mystérieux du hasard ou de la nature, entre autres taches d’humidité sur un vieux mur, peuvent nous suggérer un paysage, un visage ou tout autre sujet, mais que l’artiste doit ensuite élaborer ce qu’il a cru découvrir afin de créer une œuvre qui lui est propre.
  • Miró, Ernst, Chagall : propos sur l’art, Édouard Roditi, éd. Hermann, 2006  (ISBN 2-7056-6575-7), p. 30


Louis Frank[modifier]

Voir le recueil de citations : Louis Frank

Paolo Galluzzi[modifier]

Voir le recueil de citations : Paolo Galluzzi

Bertrand Gille[modifier]

Voir le recueil de citations : Bertrand Gille

Walter Isaacson[modifier]

Voir le recueil de citations : Walter Isaacson
Les conflits intérieurs que vit Léonard contribuent sans doute à sa faculté à dépeindre les émotions. […] Il griffonne cette phrase à de multiples reprises, dès qu’il étrenne une nouvelle plume ou qu’il a du temps à perdre : « Dis-moi si jamais rien ne fut fait […] Dis-moi […] Dis-moi. » Un jour, il couche sur le papier un cri d’angoisse : « Alors que je croyais apprendre à vivre, j’apprenais à mourir ».
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 3. Seul, p. 97


Léonard prend progressivement conscience de l’importance des mathématiques, langage des lois de la nature, pour passer de l’observation à la théorie. « Il n’est point de certitude scientifique là où les mathématiques ne peuvent être appliquées », déclare-t-il. Il a raison. Le recours à la géométrie pour comprendre les lois de la perspective lui montre comment les mathématiques permettent d’extraire les secrets de la beauté de la nature et de mettre en lumière la beauté de ces secrets. […] Cependant, son aisance à manipuler les formes ne trouve pas son égale dans le domaine arithmétique, qui lui est nettement plus obscur.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 13. Mathématiques, p. 203


Léonard défend l’expérience comme base de la connaissance, mais se laisse aussi aller à son penchant pour la fantaisie. Il se délecte autant des merveilles visibles que des délices de l’imagination. C’est ainsi que son esprit peut se jouer, tantôt magiquement, tantôt frénétiquement, des limites floues séparant la réalité de la fantaisie.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 17. La science et l’art, p. 262


Léonard est l’un des observateurs de la nature les plus disciplinés de l’Histoire, mais ses talents d’observateur s’allient à son imagination au lieu de la réprimer. À l’instar de son amour pour l’art et la science, ses facultés d’observation et d’imagination s’entremêlent pour constituer la trame de son génie.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 17. La science et l’art, p. 263


Dans les marges d’une page très fournie du Codex Leicester, Léonard dessine 14 magnifiques croquis montrant comment différents obstacles peuvent perturber l’écoulement de l’eau. En associant textes et illustrations, il explore la manière dont le détournement d’un cours d’eau peut contribuer à l’érosion des rives et comment la présence d’obstacles perturbe l’écoulement des eaux sous la surface. […] Mais plus il plonge dans le sujet, plus il cède à sa curiosité pour le mouvement de l’eau, hors de toute autre considération.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 28. Le monde et ses eaux. Détournements, tourbillons, turbulences et vortex, p. 425


Dessin d'une étude du mouvement de l'eau, vers 1510-1512. Royal Collection of the United Kingdom n°912660.
Léonard trace d’abord les courbes entrelacées de l’eau dont le débit s’accélère au contournement des obstacles. Les courant ressemblent à des fanions qui s’entremêlent dans le vent à l’occasion d’un cortège, à la crinière d’un cheval au galop ou encore aux boucles de cheveux angéliques […] il établit une analogie, en comparant les forces qui créent les tourbillons d’eau à celles qui créent une boucle de cheveux : « observe le mouvement de l’eau à sa surface, combien il ressemble à celui de la chevelure […] ». Cette brève note contient l’essence de ce qui motive Léonard : la joie de découvrir les correspondances entres deux choses qui l’enchantent, en l’occurrence, les boucles de cheveux et les tourbillons dans l’eau.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 28. Le monde et ses eaux. Détournements, tourbillons, turbulences et vortex, p. 426-427


L’intérêt de Léonard pour l’art et la science du mouvement, et en particulier pour l’écoulement et les tourbillons de l’eau et du vent, culmine dans une série de dessins impétueux qu’il réalise durant ses dernières années en France. […] Profondément personnels mais froidement analytiques par endroits, ils fournissent une expression puissante et sombre de plusieurs thèmes qui lui sont chers : l’art et la science, la frontière floue qui sépare expérience et fantaisie, et le terrifiant pouvoir de la nature.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 32. La France. Les dessins du Déluge., p. 494-496


Dessin d'une tempête au-dessus d'une vallée, vers 1506-1510. RCIN n°912409.
L’observation attentive et détaillée du mouvement est l’une des spécialités de Léonard, tout comme l’extension de ses observations dans le domaine du fantastique. Ses dessins du Déluge s’appuient sur des tempêtes dont il a été le témoin et qu’il décrit dans ses carnets, mais ils sont aussi le produit d’une imagination enfiévrée et frénétique. Il est le maître dans l’art de brouiller les lignes, comme en témoignent ses dessins d’inondations qui oscillent entre réalité et fantaisie.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 32. La France. Les dessins du Déluge., p. 497


Les dessins du Déluge évoquent le récit de la Genèse, un sujet traité par Michel-Ange et beaucoup d’autres artistes au fil des ans. Léonard choisit de l’envisager différemment en ne faisant pas mention de Noé et d’aller bien au-delà du conte biblique en ajoutant à la mêlée des dieux grecs et romains : « L’on montrera, au milieu des eaux, Neptune avec son trident, Éole et ses vents qui enchevêtrent les arbustes déracinés et confondus au sein des ondes immenses. »
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 32. La France. Les dessins du Déluge., p. 498


Dessin d'un déluge, vers 1517-1518. RCIN n°912380.
À aucun moment dans ses écrits ou ses dessins représentant le Déluge, Léonard n’évoque la colère de Dieu ni ne laisse entendre qu’elle puisse être à l’origine de l’événement. Il exprime davantage sa conviction que le chaos et la destruction sont inhérents au pouvoir de la nature. Le résultat est plus poignant du point de vue psychologique que s’il s’agissait d’un simple récit de la punition d’un Dieu en colère. Léonard nous transmet ses propres émotions, suscitant ainsi les nôtres. Hallucinatoires et hypnotiques, les dessins du Déluge marquent le point d’orgue d’une vie entière passée à dépeindre la nature, depuis cette esquisse du placide Arno s’écoulant près de son village natal.
  • Léonard de Vinci : La biographie, Walter Isaacson, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2019  (ISBN 978-2-88915-263-6), chap. 32. La France. Les dessins du Déluge., p. 499


Martin Kemp[modifier]

Voir le recueil de citations : Martin Kemp
La littérature sur Léonard est si vaste qu’elle illustre presque tout le spectre de l’écrit historique : de la clairvoyance poétique à la platitude anecdotique, de l’académisme borné à la généralisation irrecevable, de la brillance à l’ineptie.
  • Léonard de Vinci [Leonardo da Vinci : The marvellous works of nature and man (2006)] (1981), Martin Kemp (trad. Christian Vair), éd. Citadelles & Mazenod, coll. « Les Phares », 2019  (ISBN 9782850888007), chap. Préface, p. 7


Quiconque étudie Léonard rencontre les deux facettes de cette médaille : miracle du précieux héritage que constituent les manuscrits conservés, frustrante rareté des produits un tant soit peu aboutis qui nous sont parvenus.
  • Léonard de Vinci [Leonardo da Vinci : The marvellous works of nature and man (2006)] (1981), Martin Kemp (trad. Christian Vair), éd. Citadelles & Mazenod, coll. « Les Phares », 2019  (ISBN 9782850888007), p. 227


Dimmi semmai fu fatto chose, « dis-moi si jamais rien fut fait ». La formule, abrégée en Dimmi semmai ou déclinée en diverses variantes, semble surgir chaque fois qu’il griffonne pour étrenner une nouvelle plume, ou qu’il s’abstrait un instant de ses affaires quotidiennes.
  • Léonard de Vinci [Leonardo da Vinci : The marvellous works of nature and man (2006)] (1981), Martin Kemp (trad. Christian Vair), éd. Citadelles & Mazenod, coll. « Les Phares », 2019  (ISBN 9782850888007), p. 105


Domenico Laurenza[modifier]

Pietro C. Marani[modifier]

Voir le recueil de citations : Pietro C. Marani

Johannes Nathan[modifier]

Voir le recueil de citations : Johannes Nathan
Pour Léonard […] l’image était le média privilégié de toute communication.
  • Léonard de Vinci : tous les dessins, Johannes Nathan et Frank Zöllner, éd. Tashen, 2014  (ISBN 9783836554404), chap. La perfection du dessin, p. 14


Charles Nicholl[modifier]

Voir le recueil de citations : Charles Nicholl
Signes graphiques évoquent des notes de musique, vers 1487-1490. RCIN n°912697.
Aucune composition de Léonard ne nous est parvenue, mais certaines devinettes, qu’il a inventées, conservent la trace de phrasés musicaux : dans le recueil de Windsor, une demi-douzaine d’entre elles comportent des notes de musique. Elles combinent généralement des signes graphiques, musicaux et verbaux. L’exemple suivant se comprend aisément, sachant qu’en italien hameçon se dit amo : "Amo [dessin d’un hameçon] ; re sol la mi fa re mi [notes de musique] ; rare [écrit] ; la sol mi fa sol [notes de musique] ; lecita [écrit]". Ce qui donne la phrase suivante : "Amore sola mi fa remirare, la sol mi fa sollecita" : "Seul l’amour me fait revoir [l’objet aimé], lui seul m’exalte."
  • Léonard de Vinci : biographie, Charles Nicholl, éd. Actes Sud, 2006  (ISBN 2-7427-6237-X), chap. Le Musicien, p. 195


Son travail de metteur en scène lui permettait le recours au fantastique pur ou au grotesque, que n’autorisait pas la peinture. Dans le Trattato, il dit ceci : "Si le peintre veut voir des beautés capables de lui inspirer l’amour, il a la faculté de les créer, et s’il veut voir des choses monstrueuses qui font peur, ou bouffonnes pour faire rire, ou encore propres à inspirer la pitié, il est leur maître et dieu".
  • CU, 5r, Traité de la peinture, p. 76, 46.
  • Léonard de Vinci : biographie, Charles Nicholl, éd. Actes Sud, 2006  (ISBN 2-7427-6237-X), chap. Inventions scéniques, p. 310


  • Léonard de Vinci : biographie, Charles Nicholl, éd. Actes Sud, 2006  (ISBN 2-7427-6237-X), chap. Fêtes milanaises, p. 51.


Nietzsche[modifier]

Voir le recueil de citations : Nietzsche
Il faut avoir une force et une mobilité tout à fait différentes pour se maintenir fermement dans un système inachevé, aux perspectives libres et ouvertes que pour se tenir dans un monde dogmatique. Léonard de Vinci occupe un rang plus élevé que Michel-Ange, Michel-Ange un rang plus élevé que Raphaël
  • 1885


Carlo Pedretti[modifier]

Voir le recueil de citations : Carlo Pedretti

Mark Rothko[modifier]

Voir d’autres citations de Mark Rothko.
Léonard de Vinci fut le premier à entrevoir avec succès la solution pour réduire à nouveau l’art au subjectif. […] Même son travail scientifique se distingue par des envolées sans retenue de son imagination pour réaliser ce qui était alors impossible - reflet dans cette œuvre d’une préoccupation réellement mystique. Cette intuition de Léonard fut la qualité subjective de la lumière.
  • La réalité de l’artiste, Mark Rothko (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), éd. Flammarion, 2004  (ISBN 978-2-0812-1896-3), p. 193


Leonard de Vinci se mit à expérimenter la peinture à l’huile, et c’est ce nouveau médium qui lui permit de rendre les nuances infinies des formes passant de la lumière aux ténèbres, de conférer de la tactilité à l’atmosphère et d’introduire une sorte de brume ou de fumée pour la rendre.
  • La réalité de l’artiste, Mark Rothko (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), éd. Flammarion, 2004  (ISBN 978-2-0812-1896-3), p. 193-194


Mais la découverte de Léonard, qui devait trouver son plein développement un demi-siècle plus tard à Venise, permit d’unifier tactilement le tableau à travers la participation de tous les objets à une atmosphère enveloppante commune, mais aussi d’offrir un moyen tactile de représenter la sensualité. Jusque là, le clair-obscur attirait l’attention sur chaque objet avec une force insistante qui, loin d’unifier la composition, la divisait. Mais la méthode de Léonard créa un médium tactile pénétrant à l’essence duquel tous les objets participaient.
  • La réalité de l’artiste, Mark Rothko (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), éd. Flammarion, 2004  (ISBN 978-2-0812-1896-3), p. 194-195


Paul Valéry[modifier]

Voir le recueil de citations : Paul Valéry
Il y eut une fois Quelqu’un qui pouvait regarder le même spectacle ou le même objet, tantôt comme l’eût regardé un peintre, et tantôt en naturaliste ; tantôt comme un physicien, et d’autres fois, comme un poète : et aucun de ces regards n’était superficiel.
  • « Préface de l’édition de 1942 », Paul Valéry, dans Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019  (ISBN 978-2-07-284486-7), p. 101


Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait trouvé l’attitude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ; les échanges heureux entre l’analyse et les actes, singulièrement probables : pensée merveilleusement excitante. Mais pensée trop immédiate, — pensée sans valeur, — pensée infiniment répandue, — et pensée bonne pour parler, non pour écrire.
  • Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, Paul Valéry, éd. La Nouvelle Revue, 1919, chap. Notes et digressions, p. 11 (texte intégral sur Wikisource)


Si légèrement que je l’eusse étudié, ses dessins, ses manuscrits m’avaient comme ébloui. De ces milliers de notes et de croquis, je gardais l’impression extraordinaire d’un ensemble hallucinant d’étincelles arrachées par les coups les plus divers à quelque fantastique fabrication. Maximes, recettes, conseils à soi, essais d’un raisonnement qui se reprend ; parfois une description achevée ; parfois il se parle et se tutoie…

Mais je n’avais nulle envie de redire qu’il fut ceci et cela : et peintre, et géomètre, et…

Et, d’un mot, l’artiste du monde même. Nul ne l’ignore.
  • Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, Paul Valéry, éd. La Nouvelle Revue, 1919, chap. Notes et digressions, p. 12 (texte intégral sur Wikisource)


Trois emblèmes, vers 1508-10. RCIN n°912701.
C’est à l’univers qu’il songe toujours, et à la rigueur.
  • La rigueur est une allusion à la devise de Léonard de Vinci, Hostinato rigore ("Rigueur obstinée").


Giorgio Vasari[modifier]

Voir le recueil de citations : Giorgio Vasari

Carlo Vecce[modifier]

Voir le recueil de citations : Carlo Vecce
Leonard de Vinci est désormais entré dans le nouveau millénaire. Cinq siècles après sa mort (1519), il ne vieillit pas, bien au contraire. Comme le dieu Protée, il a cet art de la transformation, prenant un visage chaque fois diffèrent, comme un miroir qui réfléchirait l’époque qu’il est en train de traverser. Aujourd’hui, il semble aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau dans notre monde actuel. L’homme universel est devenu un homme global, célèbre dans les coins les plus reculés de la planète, surfant en souplesse sur les vagues des progrès technologiques les plus extrêmes de la communication. À l’ère du numérique, Léonard et ses œuvres sont aussi devenus immatériels, virtuels, des hologrammes qui n’ont plus rien à faire de la réalité matérielle.
  • Léonard de Vinci (1998), Carlo Vecce (trad. Michael Fusaro), éd. Flammarion, 2019  (ISBN 978-2-0814-7359-1), p. 7


Ses extraordinaires manuscrits, un labyrinthe de milliers de feuillets et de cahiers où il était auparavant si difficiles de s’orienter. Or, grâce à leur numérisation et à leur publication en ligne, ils sont devenus plus accessibles à tous, et surtout plus lisibles. Dans l’avenir, on pourra les consulter en raccordant immédiatement les idées et les images. Suivant ainsi le mouvement de la pensée et de la recherche de Léonard. Ainsi, ce qui apparaissait hier à Paul Valéry comme « un ensemble hallucinant d’étincelles arrachées par les coups les plus divers à quelques fantastiques fabrications » commence désormais à révéler ses cartographies internes, ses routes et ses points cardinaux.
  • Léonard de Vinci (1998), Carlo Vecce (trad. Michael Fusaro), éd. Flammarion, 2019  (ISBN 978-2-0814-7359-1), p. 11


Alessandro Vezzosi[modifier]

Voir le recueil de citations : Alessandro Vezzosi
L’historien de l’art Kenneth Clark écrit que « les innombrables dessins de jeux géométriques nous incitent à regretter le temps et le génie ainsi gâché par Léonard : les figures en question ont autant à faire avec la géométrie que les mots-croisés avec la littérature. » Ces jeux géométriques rappellent pourtant que, pour Léonard comme pour les avant-gardes du XXe siècle, le rapport avec la science est souvent métaphore, une allusion à des certitudes qui permettent de se projeter dans la dimension de l’art, au-delà de la « raison ».


Les aspirations rationnelles cohabitent chez Leonard avec l’irrationnel de la vie : ses manuscrits attestent de la variété et de la profusion des sujets qui le préoccupent et sont constamment parcourus de contradictions, passant des préceptes moralisateurs aux mouvements d’humeur incontrôlés, des notations sèches à une véritable poésie de l’ambiguïté.


« L’expérience ne se trompe jamais, seuls vos jugements errent, qui se promettent des résultats étrangers à notre expérimentation personnelle » (Codex Atlanticus, 471, r.) « Encore que la nature s’inspire d’abord de la raison et finisse par l’expérience, nous ferons le contraire, c’est-à-dire nous commencerons par l’expérience et de là nous irons à la recherche de la raison »(Ms. E. 55 r.) « Les choses de l’esprit qui ne sont pas passées par le sens sont vaines et n’engendrent qu’une vérité visible » (Windsor RL 19070 v.). Léonard est évidement en contradiction avec sa notation du Codex Atlanticus 398 v.


Marguerite Yourcenar[modifier]

S'il est question de tout un ensemble de transmissions plus inanalysables, c'est de la terre entière que nous sommes les légataires universels. Un poète ou un sculpteur grec, un moraliste romain né en Espagne, un peintre issu d'un notaire florentin et d'une servante d'auberge dans un village des Apennins, un essayiste périgourdin sorti d'une mère juive, un romancier russe ou un dramaturge scandinave, un sage hindou ou chinois nous ont peut-être davantage formés que ces hommes et ces femmes dont nous avons été l'un des descendants possibles, un de ces germes dont des milliards se perdent sans fructifier dans les cavernes du corps ou entre les draps des époux.
  • Le passage fait notamment allusion à Sénèque (philosophe romain né à Corduba, actuelle Cordoue, dans la province romaine de Bétique, actuelle Andalousie), à Léonard de Vinci (fils du notaire Pierre de Vinci et de la paysanne Caterina di Meo Lippi, né au village d'Anchiano en Toscane avant d'aller étudier à Florence) et à Michel de Montaigne (auteur des Essais, né dans le Périgord, fils d'Antoinette de Louppes de Villeneuve).
  • Archives du Nord, Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977  (ISBN 978-2-07-037328-4), partie I, chap. Le réseau, p. 47


Frank Zöllner[modifier]

Voir le recueil de citations : Frank Zöllner
S’il y avait un concours entre les peintres les plus lents, Léonard l’emporterait sans conteste.
  • Léonard de Vinci : tout l’œuvre peint et graphique, Frank Zöllner et Johannes Nathan, éd. Tashen, 2019  (ISBN 978-3-8365-7628-4), chap. VII. Retour à Florence par Mantoue et Venise, p. 156


Autres[modifier]

Curiosité, désir de beauté – les voilà bien, les deux forces élémentaires du génie de Léonard : une curiosité souvent en conflit avec son désir de beauté, mais capable d’engendrer, quand ils s’unissent, un modèle de grâce étrange et subtile. Le mouvement qui anime le quinzième siècle est double […] Raphaël représente le retour à l’Antiquité, Léonard celui à la nature. Et par ce dernier, il cherchait à satisfaire une curiosité infinie pour les surprises perpétuelles que cette nature pouvait lui offrir.
  • « Discours critique et fiction biographique dans les Portraits imaginaires de Pater et les Vies imaginaires de Schwob », Agathe Salha, Recherches & travaux, nº 68, 2006-04-15 (lire en ligne)


Il met l'anatomie des muscles et des tendons à l'honneur, non pas tant pour la description détaillée des structures concernées que pour en extraire un modèle de mecanique humaine, poussé par sa curiosité d'ingénieur. Il voit certainement en L’Homme une de ces machines dont il aurait aimé concevoir le dessin comme il étudie la structure du corps humain dans le but de mieux peindre et de mieux modeler des statues à la perfection.
  • La Main De Léonard De Vinci, Dominique Le Nen, Jacky Laulan, éd. Springer, 2010, chap. 7. Préambule, p. 23


À ses yeux, du moins à une certaine période de sa vie, il y a similitude entre le corps de l'Homme, le microcosme, et celui de la Terre, le macrocosme - par exemple, le cours d'eau qui se jette dans le fleuve puis du fleuve dans la mer est assimilé par Léonard à l’écoulement du sang dans les veines -, et il entend bien par la dissection confirmer ou infirmer cette relation.
  • La Main De Léonard De Vinci, Dominique Le Nen, Jacky Laulan, éd. Springer, 2010, chap. 7. Préambule, p. 23


L’esquisse chez Léonard ne constitue pas seulement le point de départ de l’œuvre à venir, mais le vecteur d’un exercice perpétuel. En manifestant l’œuvre à l’état naissant, dans le mouvement de sa propre genèse, l’esquisse préserve sa qualité de cosa mentale, de ferment imaginaire. À cette logique expérimentale du dessin, s’intègrent les multiples analogies que Léonard explore, entre microcosme et macrocosme, comme celle qui relie le poids et l’involution d’une gerbe de fleurs ou d’une chevelure bouclée avec la chute et le rebond d’une cascade d’eau.
  • « Esquisser un monde : l’exercice de la rêverie selon Léonard de Vinci », Marina Seretti, Methodos, 2021 (lire en ligne)


La raison et l’imagination sont étroitement enchevêtrées dans les Carnets qui ne sont pas une œuvre technologique proprement dite ni une œuvre plastique au sens propre ; ce sont le lieu où se posent ses pensées, ses observations et ses rêves. D’où des machines irréelles ou irréalisables, machines rêvées autant que conçues à côté de machines déjà existantes.
  • « Les machines de Léonard de Vinci comme vision du monde », Gérard Chazal, e-Phaïstos, nº IX-1, 2021 (lire en ligne)


D’une manière générale, l’usage des mathématiques chez Léonard de Vinci, qu’il s’agisse de constructions géométriques utiles pour le tracé de différentes pièces mécaniques ou de calcul comme lorsqu’il s’agit d’établir le rapport entre la surface de l’aile (de l’oiseau ou artificielle) et le poids porté, lui permet de dépasser la simple observation, les expériences concrètes et un empirisme immédiat vers des considérations générales ; dans les dessins, le particulier est subsumé sous le général. Le particulier ne disparaît pas puisque chaque dessin demeure singulier, mais le passage au général se fait par la multiplication des décompositions et des points de vue.
  • « Les machines de Léonard de Vinci comme vision du monde », Gérard Chazal, e-Phaïstos, nº IX-1, 2021 (lire en ligne)


l’image du monde qui émerge de ce parcours que l’on peut faire à travers les Carnets est celle d’un monde dont l’homme doit acquérir la maîtrise par le savoir, celui de la médecine et celui des mathématiques, autant que par le savoir-faire à travers les objets techniques. En ce sens, Léonard de Vinci préfigure Descartes et son injonction à nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
  • « Les machines de Léonard de Vinci comme vision du monde », Gérard Chazal, e-Phaïstos, nº IX-1, 2021 (lire en ligne)


Notes et références[modifier]

  1. Ce passage est tiré du Livre XV des Métamorphoses d’Ovide.
  2. Contrairement à Max Ernst dans Au-delà de la peinture (1936), Breton ne cite pas directement le texte du Traité de la peinture de Léonard de Vinci édité en 1910, mais une formulation donnée par l’occultiste Tromelin dans une lettre à Charles Guilbert publiée dans un article de ce dernier intitulé « La Voyance », Æsculape, 1913 (voir notes p. 1532 et p. 1536 des Œuvres Complètes II).

Voir aussi[modifier]

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