Sénèque

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Sénèque (Lucius Annaeus Seneca) (né v. 4 av. J.-C. et mort en 65) était un philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain.

Citations de ses œuvres[modifier]

De la brièveté de la vie (De breuitate uitæ)[modifier]

Nous avons coutume de dire qu’il n’est pas de notre ressort de choisir nos parents, à nous donnés par hasard : en vérité, il nous est permis de naître à la vie selon notre choix. Il existe des familles de très nobles esprits : choisis celle dans laquelle tu veux être admis ; tu n’y seras pas seulement adopté en ce qui concerne le nom, mais aussi les biens, qui n’auront pas besoin d’être surveillés avec une sordide avarice : ils deviendront d’autant plus grands que tu les distribueras à davantage de personnes.

  • De la brièveté de la vie (49-55), Sénèque, éd. Mille et une nuits, 2011  (ISBN 978-2-755-50835-2), p. 38


Consolation à ma mère Helva (Ad Helviam matrem de consolatione)[modifier]

La Mort de Sénèque, Joseph-Noël Sylvestre musée des Beaux arts, Béziers (34).
La mauvaise Fortune ne brise que celui que la bonne Fortune a aveuglé.


Il a été, dis-je, voulu que seules nos possessions sans valeur soient à la merci d'autrui.


On n'est jamais méprisé par autrui que si on commence par se mépriser soi-même.


Si un grand homme tombe, c'est un grand homme qui est à terre et je dirai qu'on ne le méprise pas plus qu'on ne piétine les ruines d'un temple consacré que les personnes pieuses révèrent tout autant que si les murs étaient encore debout.


Consolation à Marcia (Ad Marciam de consolatione)[modifier]

Si on nous donnait le choix entre ne pas être longtemps heureux et ne jamais l'être, mieux vaudrait un bonheur prêt à s'envoler que pas de bonheur du tout.


[…] un malheur n'a jamais que l'importance que nous lui accordons.


La mort n'est ni un bien ni un mal : en effet, il faut être quelque chose pour pouvoir être bon ou mauvais ; mais ce qui en soi n'est rien et ramène tout au néant, ne nous abandonne à aucune Fortune : en effet, les maux et les biens s'exercent sur la matière. La Fortune n'a pas prise sur ce que la Nature a laissé échapper et celui qui n'est plus ne peut-être malheureux.


Personne ne meurt trop tôt puisque personne n'était destiné à vivre plus longtemps qu'il n'a vécu.


Là où il n'y a plus d'amélioration possible, le déclin est proche.


Lettres à Lucilius (Epistulae morales ad Lucilium)[modifier]

La véritable joie est une chose sérieuse.
  • Lettres à Lucilius, Sénèque (trad. Henri Noblot — traduction revue par Paul Veyne), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1995, p. 657


C'est d'âme qu'il faut changer, et non de climat.
  • (la) Animum debes mutare, non cœlum.
  • « Lettres à Lucilius », dans Œuvres complètes, Sénèque (trad. Baillard, Charpentier, Du Rozoir, Trognon), éd. C.L.F. Panckoucke, 1833, t. 1, vol. 5, lettre XXVIII, p. 183 (texte intégral sur Wikisource)
  • (la) « Lettres à Lucilius », dans Œuvres complètes, Sénèque, éd. C.L.F. Panckoucke, 1833, t. 1, vol. 5, lettre XXVIII, p. 182 (texte intégral sur Wikisource)


Nul ne sait répondre aux bienfaits que le sage : l’insensé aussi y répondra d’une manière telle quelle, selon sa portée ; le savoir lui manquera plutôt que la volonté. La volonté ne s’apprend point.
  • (la) Nemo referre gratiam scit nisi sapiens : stultus quoque, utcumque scit et quemadmodum potest, referat ; scientia illi potius, quam voluntas desit. Velle non discitur.
  • Œuvres complètes de Sénèque le philosophe. Lettres à Lucilius, t. II, Sénèque (trad. Joseph Baillard), éd. L. Hachette et cie, 1861, p. 227 (texte intégral sur Wikisource)
  • (la) « Épitres à Lucilius », dans Œuvres complètes, Sénèque (trad. sous la dir. de Désiré Nisard [d'après l'éd. de Friedrich Ernst Ruhkopf]), éd. Firmin Didot frères, 1869 (1re

éd. Dubochet et Cie, 1838), [Livre X] lettre LXXXI, § 14, p. 697 (texte intégral sur Wikisource)


Questions naturelles (Quaestiones Naturalis)[modifier]

L'âme atteint à la plénitude du bonheur quand, ayant foulé aux pieds tout ce qui est mal, elle gagne les hauteurs et pénètre jusque dans les replis les plus intimes de la nature. C'est alors, quand elle erre au milieu des astres, qu'il lui plaît de se rire des dallages des riches [...]. Mais tout ce luxe des riches, l'âme ne peut les mépriser avant d'avoir fait le tour du monde, jeté du haut du ciel un regard dédaigneux sur l'étroite terre et s'être dit : "C'est donc là ce point que tant de peuples se partagent par le fer et par le feu ? Combien risibles les frontières que les hommes mettent entre eux !"
  • Questions naturelles, Sénèque (trad. Paul Oltramare), éd. Les Belles Lettres, 1929, p. préface 7-13


Médée (Medea), tragédie[modifier]

Cherche la voie du châtiment dans leurs entrailles,
Cœur, si tu vis encor, et s'il te reste une ombre
De ta force d'antan, chasse tes peurs de femme,
Cuirasse ton esprit des fureurs du Caucase,
Tous les crimes qu'ont vus le Pont et le Phase,
l'Isthme aussi les verra !

  • (la)

    Per viscera ipsa quaere supplicio viam,
    si vivis, anime, si quid antiqui tibi
    remanet vigoris ; pelle femineos metus
    et inhospitalem Caucasum mente indue.
    Quodcumque vidit Pontus aut Phasis nefas
    videbit Isthmos.

  • Médée préparant sa vengeance contre Jason qui l'a répudiée. Elle fait allusion aux crimes qu'elle a commis au cours de ses voyages et à ceux qu'elle compte commettre à Corinthe (près de l'isthme de Corinthe).
  • (la) Tragédies, Sénèque (trad. Oliviers Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2011, p. 130-131, vers 40-45


Un crime te l'offrit, quitte-le par un crime !

  • (la)

    quae scelere parta est, scelere linquenda est domus.

  • Médée préparant sa vengeance contre Jason qui vient de la répudier. Pour épouser Jason, Médée avait trahi sa famille et causé la mort de son père Aïétès, puis de son frère Apsyrtos.
  • (la) Tragédies, Sénèque (trad. Oliviers Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2011, p. 130-131, vers 55


C'est bien peu se venger que garder ses mains pures.

  • (la)

    vindicta levis est quam ferunt purae manus.

  • Médée préparant le meurtre des enfants qu'elle a eus de Jason.
  • (la) Tragédies, Sénèque (trad. Oliviers Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2011, p. 190-191, vers 901


Citations rapportées de Sénèque[modifier]

Les destins conduisent celui qui veut, ils traînent celui qui ne veut pas.


Il doit nécessairement craindre beaucoup, celui qui est craint de beaucoup.
  • La philosophie pour les nuls, Christian Godin, éd. First Éditions, 2006  (ISBN 2-87691-998-2), p. 126


Quand tu auras désappris à espérer, je t'apprendrai à vouloir.


La croissance est lente, mais la chute est rapide.
  • The Seneca Effect: Why growth is slow but collapse is rapid, Ugo Bardi, éd. Springer, 2017, p. 7


Ce serait une sorte de consolation pour notre fragilité comme pour celle des choses qui nous touchent, si tout était aussi lent à périr qu’à croître ; mais le progrès veut du temps pour se développer : la chute vient au pas de course.

Variante:

Ce serait une consolation pour la faiblesse de nous-mêmes et de nos travaux si toutes les choses devaient périr aussi lentement qu'elles viennent à être, mais tel qu'il en est, la croissance se fait lentement et le chemin de la ruine est rapide.

Citations au sujet de Sénèque[modifier]

S'il est question de tout un ensemble de transmissions plus inanalysables, c'est de la terre entière que nous sommes les légataires universels. Un poète ou un sculpteur grec, un moraliste romain né en Espagne, un peintre issu d'un notaire florentin et d'une servante d'auberge dans un village des Apennins, un essayiste périgourdin sorti d'une mère juive, un romancier russe ou un dramaturge scandinave, un sage hindou ou chinois nous ont peut-être davantage formés que ces hommes et ces femmes dont nous avons été l'un des descendants possibles, un de ces germes dont des milliards se perdent sans fructifier dans les cavernes du corps ou entre les draps des époux.
  • Le passage fait notamment allusion à Sénèque (philosophe romain né à Corduba, actuelle Cordoue, dans la province romaine de Bétique, actuelle Andalousie), à Léonard de Vinci (fils du notaire Pierre de Vinci et de la paysanne Caterina di Meo Lippi, né au village d'Anchiano en Toscane avant d'aller étudier à Florence) et à Michel de Montaigne (auteur des Essais, né dans le Périgord, fils d'Antoinette de Louppes de Villeneuve).
  • Archives du Nord, Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977  (ISBN 978-2-07-037328-4), partie I, chap. Le réseau, p. 47


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