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Identité nationale

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L'identité nationale est le sentiment que ressent une personne de faire partie d'une nation. Ainsi, un individu peut se déclarer français quand il est officiellement de nationalité française, mais aussi quand il se sent partager assez de « points communs » avec les français pour appartenir à leur communauté. L'appellation « identité nationale » désigne aussi l'ensemble de ses « points communs » entre les personnes se reconnaissant d'une même nation, et qui forment un ensemble d'habitus socialisant.

C'est d'une extrême simplicité les composante de l'identité nationale : communauté de culture, communauté de valeurs, communauté de destin. Vous l'avez l'identité nationale, alors à partir de cela, colloque, séminaire, livre, édition; on a pas besoin pour ca d'aller débattre dans les préfectures sous la houlette du président de la République .
  • Robert Badinter, Interview par Nicolas Demorand dans le 7/10 de France Inter, France Inter, 13 novembre 2009


[L]a fusion des races a commencé dès les âges préhistoriques. Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation.


La France [...] fut le résultat d'une action politique séculaire de la monarchie, puis des républiques. La France est donc une nation artificielle et « politique ». D'autres pays d'Europe sont des pays « ethniques ». [...] Rien de tel en France. Il y a davantage de différence entre un Alsacien (ethnie germanique), un Breton (ethnie celte), un Dunkerkois (ethnie flamande) et un Marseillais (Méditerranéen métissé) qu'entre, par exemple, un Serbe et un Croate. Mais une volonté politique séculaire a tissé des liens affectifs forts [...]. Une langue commune, imposée par Paris [...] est parlée par tous. [...] Surtout, une mentalité commune a surgi qui paraît aujourd'hui étrange aux étrangers.[...] Jamais le peuple français n'a été plus réel. Et pourtant il a génétiquement beaucoup changé [...], l'immigration a considérablement métissé les ethnies françaises originelles. [...] Le plus inattendu, c'est que l'intégration des nouveaux arrivants finit pas se faire quand même. La France, ce pays politique, est aussi un creuset puissant, un dissolvant efficace qui efface avec sa laïcité les différences trop marquées.


Hélas! Il n'y a point de race française, mais un peuple français, une nation française.
  • Scènes et Doctrines du nationalisme (1902), Maurice Barrès, éd. Plon-Nourrit, 1925, t. 1, p. 85


Il n'existe pas de race française. La France est une nation, c'est-à-dire une œuvre humaine, une création de l'homme; notre peuple [...] est composé d'autant d'éléments divers qu'un poème ou une symphonie.
  • Le chemin de la Croix-des-Âmes, Georges Bernanos, éd. Gallimard, 1948, p. 423


La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage.


Tant d'« immigrés », depuis si longtemps, depuis notre Préhistoire jusqu'à l'histoire très récente, ont réussi à faire naufrage sans trop de bruit dans la masse française que l'on pourrait dire, en s'amusant, que tous les Français, si le regard se reporte aux siècles et aux millénaires qui ont précédé notre temps, sont fils d'immigrés. Très diverse, la France ne peut-elle courir le risque de le devenir, biologiquement, davantage encore ?
  • L'identité de la France - Les Hommes et les Choses (1986), Fernand Braudel, éd. Flammarion, 1990, p. 215


— Alors les Gaulois seraient vraiment nos ancêtres ?
— Oui, ils le sont, mais seulement parmi d'autres qui sont venus, après eux, s'ajouter à la grande famille à laquelle nous appartenons. Il y a eu les Romains, des peuples nordiques, des Sarrasins ensuite, puis tous les soldats étrangers amenés par les armées conquérantes, Espagnols, Anglais, etc., enfin tous les travailleurs immigrés depuis plus d'un siècle, Italiens, Polonais, Algériens…

  • Les Gaulois expliqués à ma fille (2010), Jean-Louis Brunaux, éd. Seuil, 2010, p. 105


D'abord la France n'est pas une race. C'est un pays, une nation. A l'heure actuelle, il y a moins de Français que sous Louis XIV. Quatorze millions au plus sur quarante millions. Le reste, c'est du métis. C'est de l'italote, de l'espagnote, du germinote, etc. Les genres sont tellement mêlés qu'on pourrait retrouver à la rigueur une chose qui ressemblerait à une ethnie au nord de la Loire et encore...
  • Réponse de Céline à une enquête de Paris-Midi en 1943 sur le thème « La race française court-elle à son déclin »
  • Une inconnue des sciences sociales: la Fondation Alexis Carrel, 1941-1945, Alain Drouard, éd. MSH, 1992, p. 134


Suzanne Citron

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Il faut réinventer l'identité française par référence à : une nation non plus gauloise, homogène et passéiste, mais plurielle, métissée et ouverte sur l'avenir; une République plus fraternelle, capable de reconnaître et de valoriser l'unité sociale et la dignité de tous les travaux et métiers propres et sales, manuels et intellectuels, nécessaires, indispensables à l'Être-ensemble de notre société.
  • « Histoire de France : crise de l'identité nationale », Suzanne Citron, Dialogues Politiques, nº 2, Janvier 2003, p. 15


L’histoire de France traditionnelle nous a masqué le caractère « multinational » du royaume de France. Le mythe des ancêtres Gaulois revenait à dire que tous les Français avaient la même origine par le biais d’un ancien peuple, parlant une même langue, ayant les mêmes coutumes. On gommait ainsi plus de mille ans de brassages ethnique, culturel et politique !
  • L’Histoire de France autrement, Suzanne Citron, éd. Éditions de l’Atelier, 1992, p. 63


Inventée pour et transmise par l'école de la IIIe République, notre histoire multiculturelle et poly-ethnique doit être réécrite dans la France d'aujourd’hui, une France post-vichyste, post-coloniale, amarrée au char de l'Europe, insérée dans la complexité du monde du XXIe siècle.


L'école gratuite, obligatoire et laïque a fait croire aux Français qu'ils descendent des Gaulois. Le Petit Lavisse, le manuel phare de la 3e République, commençait ainsi: "Autrefois, notre pays s'appelait la Gaule et ses habitants, les Gaulois."

[...] Cette lecture du passé français à travers la grille d'une Gaule qui préfigurerait la "nation" est obsolète et non sans effets pervers. D'une part elle conditionne spatialement le passé autour du seul Hexagone, excluant de ce passé tout ce qui géographiquement lui est extérieur, comme les Antilles ou même la Corse. Elle confère à la durée de la présence sur le sol hexagonal présumé "gaulois" une vertu quasi-magique au nom d'une antériorité généalogique qui serait synonyme de supériorité.[...] D'autre part, et c'est le plus grave, l'idée d'une souche gauloise ethnicise fantasmatiquement la "véritable" nation et nie la diversité raciale et culturelle qui a constamment accompagné la création historique de la France.[...]

L'histoire de la France "Gaule" et d'un peuple français d'origine "gauloise" fabriquée au XIXe siècle correspond à la vision des fondateurs de la République et garantit à leurs yeux l'unité et l'indivisibilité nationale. [...] Mais cette histoire de la France "Gaule" est aujourd'hui obsolète pour décrypter une identité française aux multiples racines post-coloniales et mondiales.


Jean-Paul Demoule

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Ernest Renan voyait juste en voyant la nation française comme une communauté librement consentie de citoyens que réunit un « plébiscite de chaque jour ». Il y a 1,5 million d'années, le premier Français était l'immigré Erectus qui donna Neandertal. Il s'est mêlé à Sapiens, venu d'Afrique, lequel a fait place à des agriculteurs venus du Proche-Orient. Et les migrations ont continué avec les Romains, les peuples germaniques et ainsi jusqu'à l'arrivée de la main-d'œuvre des anciennes colonies. L'identité française est née de ce remodelage permanent et l'archéologie peut permettre de nous éloigner d'une vision à court terme et de relativiser ce qu'on ressent comme inédit.


Je ne suis pas plus moderne qu'ancien, pas plus Français que Chinois, et l'idée de la patrie c'est-à-dire l'obligation où l'on est de vivre sur un coin de terre marqué en rouge ou en bleu sur la carte et de détester les autres coins en vert ou en noir m'a paru toujours étroite, bornée et d'une stupidité féroce.
  • Lettre du 26 août 1846 à Louise Colet.


La France n'est pas une race, mais une nation. Si le racisme était la vérité, la France n'aurait qu'une chose à faire : se dissoudre.
  • J'étais l'ami de maréchal Pétain, René Gillouin, éd. Plon, 1966, p. 274


Ne soyons plus anglais ni français ni allemands. Soyons européens. Ne soyons plus européens, soyons hommes. - Soyons l'humanité. Il nous reste à abdiquer un dernier égoïsme : la patrie.
  • « Choses vues » (1887), dans Œuvres complètes, Histoire, Victor Hugo, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1987, p. 1313


Samuel Huntington

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Les Français sont toutefois plus attachés à leur culture que racistes à proprement parler.
  • Le Choc des civilisations (1996), Samuel Huntington (trad. Jean-Luc Fidel et Geneviève Joublain, Patrice Jorland, Jean-Jacques Pédussaud), éd. Odile Jacob, 2007, p. 219


Un Français ? un homme qui s'interroge sur l'Homme, en français.
  • Petit abécédaire de culture générale, Albert Jacquard, éd. Points, 2010, Nation, p. 130


La France ne contient pas un peuple mais cent, qui diffèrent par la conception de la vie et de la mort, par le système de parenté, par l'attitude face au travail ou à la violence. Du point de vue de l'anthropologie, la France ne devrait pas exister. La plupart des nations d'Europe et du monde, grandes ou petites - Angleterre, Allemagne, Russie, Japon, Suède, Irlande, Pologne par exemple - ne sont d'une certaine façon, que des systèmes originels et homogènes, tribus anciennes et minuscules, démesurément gonflées par mille ans d'expansion démographique, pour atteindre aujourd'hui l'échelle de nation. Des pays comme l'Inde, la Yougoslavie, l'Espagne sont, au contraire, absolument hétérogènes, juxtapositions de peuples n'ayant pas réalisé leur unité linguistique et administrative. [...] La France [...] n'a été fondée par aucun peuple particulier. Elle porte le nom d'un groupe germanique, parle une langue dérivée du latin, avec un fort accent gaulois nous disent les linguistes. Elle fut inventée par une communauté de peuples. Plus que tout autre nation au monde, elle est un défi vivant aux déterminations ethniques et culturelles.


On sait aujourd'hui que les ancêtres des Français sont des agriculteurs venus du Proche-Orient, arrivés il y a six mille ans.
  • « Enquête sur le peuplement de la France », Hervé Le Bras, L'Histoire, nº 326, Décembre 2007, p. 42


Au cours de cette révolution néolithique, entre 4000 et 2500 ans av.J.-C., le territoire de notre pays a vu sa population passer approximativement de 50.000 à 5 millions de personnes. [...] Au regard de ce phénomène, les apports ultérieurs, ceux qui ont nourri l'imaginaire des "grandes invasions", ont sans doute été modestes. Les Germains, les fameux Francs, les Huns, les Maures, les Wisigoths qui sont entrés en Gaule, formaient des bandes de quelques dizaines de milliers d'hommes, dont le nombre était grossi par la peur qu'ils inspiraient. [...] Le regain actuel d'interrogations sur les origines doit beaucoup aux vagues d'immigration qui ses sont succédé depuis le XIXe siècle. [...] Ils ont dépassé les 2 millions durant l'entre-deux-guerre, puis les 3 millions à partir de 1975. Le véritable apport à la population française n'est donc pas celui des Gaulois, des Basques, des Francs, des Wisigoths ou des Sarrasins, maintenant largement disséminé dans toute la population mais celui de ces nouveaux acteurs.
  • « Enquête sur le peuplement de la France », Hervé Le Bras, L'Histoire, nº 326, Décembre 2007, p. 47-49


Si toutes les autres identités auxquelles se rattache un individu (genre, classe sociale, appartenance familiale ou régionale, etc) construisent des groupes distincts les uns des autres, seule l'identité nationale rassemble et égalise.
  • Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?, Daniel Lefeuvre, éd. Larousse, 2008, p. 19


Dire que la conception française de la nation repousse toute mention de la culture pour ne retenir que le consentement et une citoyenneté abstraite, est une contrevérité.
  • Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?, Daniel Lefeuvre, éd. Larousse, 2008, p. 109


Construction historique faite de synthèses, l'identité française repose d'abord sur un héritage, sur cette « possession d'un riche legs de souvenirs » sur quoi se fonde le « plébiscite de tous les jours » cher à Ernest Renan. L'un est indissociable de l'autre : plébisciter son appartenance à la France, c'est aussi en accepter l'héritage et adhérer aux valeurs que son histoire a produite.
  • Faut-il avoir honte de l'identitè nationale ?, Daniel Lefeuvre, éd. Larousse, 2008, p. 152


Je suis homme avant d'être Français, Anglais ou Russe, et s'il y avait opposition entre l'intérêt étroit de nationalisme et l'immense intérêt du genre humain, je dirais, comme Barnave : « Périsse ma nation, pourvu que l'humanité triomphe! ».


L'égoïsme et la haine ont seuls une patrie ; la fraternité n'en a pas !
  • « Jocelyn » (1836), dans Œuvres de Lamartine, Alphonse de Lamartine, éd. Firmin Didot, 1850, t. 1, p. 386


[L]e caractère originel de la nation française, c'est de provenir d'une fusion des races les plus diverses, de n'être asservie à aucune prédominance exclusive dans le sang et dans les aptitudes intellectuelles ; d'où résulte une capacité merveilleuse pour recevoir toute idée, pour tout comprendre, pour emprunter à chaque peuple ce qu'il y a de général, de plus universellement humain dans sa pensée, et pour le transmettre à celui dont l'esprit est différent... Parmi tous les peuples qui tour à tour ont sillonné le sol des vieilles Gaules, il n'en est donc pas un qui puisse revendiquer à lui seul la paternité de la nation française.


L'esprit français n'est spécialement ni l'esprit religieux, ni l'esprit des arts, ni l'esprit poétique, ni l'esprit utilitaire; c'est par excellence l'esprit humain. Mais quoique la race française ne provienne point exclusivement d'une seule race, le génie français se rattache néanmoins à une tradition particulière, il n'est pas seulement fils de ses œuvres, il peut citer des aïeux. L'intelligence française représente d'une manière abstraite et générale le génie même de l'humanité... Le génie français, malgré tout ce qu'il a d'essentiellement neuf et d'original dans son universalité, le génie français est fils d'une tradition, mais cette tradition n'est ni gauloise ni germanique, elle est par-dessus tout grecque et romaine.


Parler de race française, c'est ne pas savoir ce qu'est une race. Il n'y a pas de race française. Il y a une ethnie française, dans la constitution somatique de laquelle entrent les éléments de plusieurs races.


[A]u contraire de ce qui ce passe pour la Presqu'île Ibérique, pour la Scandinavie, à un moindre degré pour l'Allemagne, la France, considérée racialement, ne forme pas une race. La population de la France est une juxtaposition et un mélange d'éléments provenant de diverses races et le mélange a eu des résultantes si diverses, typologiquement et topographiquement, qu'on peut dire le tableau racial de la France kaléidoscopique. […] Il n'est donc pas invraisemblable que le tumulte des races en France conditionne ce tumulte des esprits que l'on y mentionne depuis les temps les plus reculés.


Le Français « ethnique » n'existe pas. Même en remontant très loin dans l'évolution du pays, il est impossible de déterminer une ethnicité commune à toute la France et plus vous vous rapprochez du présent, plus tout se mélange. [...] Ce n'est pas la race ou le mythe d'une origine commune qui relie les Français entre eux, c'est la culture qu'ils partagent.
  • Jean-Benoît Nadeau est un journaliste et écrivain québécois


On s'aperçoit que c'est toujours la droite qui, dans l'histoire contemporaine de la France, a remis la question de l'identité nationale sur le devant de la scène, au détriment des problèmes sociaux sur lesquels elle a toujours été en difficulté face à la gauche.
  • « Interview. «C'est toujours la droite qui a évoqué le sujet» », Gérard Noiriel (propos recueillis par Catherine Coroller), Libération, 16 juillet 2007 (lire en ligne)


Je considère que l'État-nation est un groupe social comme les autres. L'appartenance nationale est donc un élément de notre identité individuelle, parmi d'autres. Mais toutes ces identités fonctionnent de façon latente. Beaucoup de gens ne se sentent pas français en France, mais seulement quand ils vont à l'étranger ou lors d'un match de football. On pourrait dire la même chose de notre identité professionnelle, sexuelle, etc. Chaque personne est faite d'une multitude d'éléments identitaires.
  • « Interview. «C'est toujours la droite qui a évoqué le sujet» », Gérard Noiriel (propos recueillis par Catherine Coroller), Libération, 16 juillet 2007 (lire en ligne)


Journaliste de Soir 3 : Récemment, des intellectuels, des artistes ont lancé un appel pour une société multiculturelle en guise de réponse au débat sur l'identité nationale. Est-ce que ça peut-être une vraie bonne réponse ?
Michel Onfray : C'est la seule bonne réponse parce-que si on avait vraiment travaillé sur cette question d'identité nationale, on aurait découvert que personne n'était français depuis toujours. [...] Il y a un tas de peuple qui ont constitué l'identité française. C'est une espèce de mélange d'un certain nombre de métaux qui ont constitué un alliage particulier, et, à l'évidence, le métissage est la vérité de ce qui fait l'identité nationale française.

  • Au Soir 3 du dimanche 7 février 2010, le philosophe Michel Onfray donne son avis dans le cadre du "débat sur l'identité nationale".


La France est la seule identité nationale au monde qui soit en définition évolutive et constamment en train d'agglomérer de nouvelles sensibilités et de nouvelles représentations linguistiques ou de couleurs de peau. [...] Et toute idée que le cadeau de la France au monde qu'est ce texte [de la Déclaration des Droits de l'homme] puisse être terni, par le fait qu'on donnerait plus d'importance à certains hommes qui sont rassemblés dans l'hexagone sur certains autres, c'est un attentat à la grandeur de la France.


La France, ce n'est pas une ethnie, ce n'est pas une race ; la France est une communauté de valeurs.


L'identité nationale n'est pas en définitive un état de chose biologique - qui d'entre nous a pour ancêtre un Gaulois? - mais culturel : on est français par le fait qu'on s'exprime dans une certaine langue, qu'on intériorise une certaine culture, et qu'on participe à une vie politique et économique.
  • « Unité nationale et particularisme culturels », dans Commentaires, Dominique Schnapper, éd. Paris, été 1987, n°38, 1987, p. 361


La nation française est plus hétérogène qu'aucune autre nation d'Europe; c'est en vérité une agglomération internationale de peuples [...]. Il n'y a jamais eu de droit ni de langue communs à toute la population, et il faut une ignorance totale de l'anthropologie pour parler de "race française". La France n'a jamais eu de frontières ethnographiques ni linguistiques. Ses frontières n'ont été que géographiques ou politiques; elles ne se sont formées que très lentement et par une série d'accidents. [...] Les Français sont un peuple de métis; il n'existe ni une race française, ni un type français.
  • Histoire sincère de la nation française (1937), Charles Seignobos, éd. Presses Universitaires de France, 1982, p. 15-29


Les manuels scolaires français ont donc tort d'enseigner aux élèves « Les Gaulois, nos ancêtres, étaient grands et blonds », car ces enfants ne descendent pas des guerriers nordiques, mais des paysans établis plus anciennement. Tout ce qu'on a le droit de leur dire, c'est que leurs ancêtres ont parlé la langue celtique introduite par ces guerriers.
  • Histoire sincère de la nation française (1937), Charles Seignobos, éd. Presses Universitaires de France, 1946, p. 19


La contribution principale de la France à l'histoire de l'humanité est justement d'avoir fait échapper la démocratie à sa gangue ethnique originelle et défini un corps de citoyens sans référence aux notions de race ou de sang.


Qu'est-ce qu'être français ? [Nicolas Sarkozy] explique : « La France, ce n'est pas une race, pas une ethnie », et en cela il a raison. Il poursuit : « La France, c'est tous les hommes qui l'aiment, qui sont prêts à défendre ses idées, ses valeurs... Être français, c'est parler et écrire le français. » Ce sont là des formules inconsistantes : il y a évidemment beaucoup de non-Français, hors de France, qui aiment ce pays, qui parlent et écrivent sa langue ; réciproquement, un certain nombre de Français, on le sait hélas, sont analphabètes : cela ne les empêche pas d'être de bons Français... Mais surtout, l'amour n'a rien à faire ici (pas de ministère de l'amour) : la citoyenneté ne se définit pas par des sentiments, seuls les États totalitaires rendent l'amour de la patrie obligatoire. Le candidat poursuit : « L'identité française est un ensemble de valeurs non négociables », et il cite à titre d'exemple : « La laïcité, l'égalité homme-femme, la République et la démocratie. » Ces valeurs sont belles, et l'on doit effectivement les défendre. Mais sont-elles spécifiquement françaises ? Démocratie et République sont revendiquées bien au-delà des frontières hexagonales, égalité et laïcité font partie de la définition même de ces régimes politiques. Au vrai, ces valeurs appartiennent non à l'identité française, mais au pacte républicain auquel sont soumis les citoyens et les résidents du pays. Ce n'est pas parce qu'elle est contraire à l'identité française que la soumission des femmes est condamnable. C'est parce qu'elle transgresse les lois ou les principes constitutionnels en vigueur. L'identité nationale, elle, échappe aux lois, elle se fait et défait quotidiennement par l'action de millions d'individus habitant ce pays, la France.


Quand la France se regarde dans un miroir imaginaire, elle se voit blanche et catholique, ou non croyante. En fait, elle est devenue diverse, et elle l'est de plus en plus; il suffit pour le constater de prendre le métro ou, de façon plus révélatrice encore, d'aller visiter une école publique dans l'une des grandes agglomérations du pays ou à sa périphérie. Mais le réflexe qui associe "Français" et "Blanc", plutôt que "Français" et "citoyen", reste omniprésent. Or, les idéaux universalistes de la République n'ont rien à voir ni avec la couleur de la peau ni avec la religion. Pour la France, s'accepter diverse sur le plan ethnique et religieux ne remet en question son identité que si elle se représente elle-même comme une nation blanche et chrétienne, et non pas comme une nation "idéelle". En d'autres termes : que si elle trahit ses propres idéaux.
  • Intégrer l'Islam, Justin Vaïsse, éd. Odile Jacob, 2007, Introduction, p. 20


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