Louis-Ferdinand Céline

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Louis-Ferdinand Céline en 1932

Louis-Ferdinand Destouches, plus connu sous son nom de plume Louis-Ferdinand Céline, généralement abrégé en Céline, (27 mai 1894, Courbevoie - 1er juillet 1961, Meudon), médecin et écrivain français, le plus traduit et diffusé dans le monde parmi ceux du XXe siècle.

Bibliographie sélective[modifier]


Guerre, 1934 ?[modifier]

Je sentais de la vie qu'il en restait encore beaucoup en dedans, qui se défendait pour ainsi dire. J'aurais jamais cru ça possible si on m'avait raconté. Je marchais même pas trop mal à présent, enfin deux cent mètres à chaque coup. C'était abominable partout comme souffrance, du bas du genou au dedans de la tête. L'oreille c'était la bouillie sonore à part ça, les choses n'étaient pas tout à fait les mêmes ni plus comme avant. Elles avaient l'air en mastic, les arbres pas fixés du tout, la route sous mes godasses faisait des montées et des petites descentes. j'avais plus rien sur moi que ma tunique et de la pluie. Toujours personne. Ma torture de tête je l'entendais bien fort dans la campagne si grande et si vide.


Y avait bien encore quatre heures de marche à cloche-pied comme on allait, à travers les sentiers et surtout les champs. Je voyais plus très clair mais je voyais rouge par dessus. Je m'étais divisé en parties tout le corps. La partie mouillée, la partie qu'était saoule, la partie du bras qu'était atroce, la partie de l'oreille qu'était abominable, la partie de l'amitié pour l'anglais qu'était bien consolante, la partie du genou qui s'en barrait comme au hasard, la partie du passé déjà qui cherchait, je m'en souviens bien, à s'accrocher au présent et qui pouvait plus — et puis alors l'avenir qui me faisait plus peur que tout le reste, enfin une drôle de partie qui voulait par-dessus les autres me raconter une histoire. C'était plus même du malheur qu'on peut appeler ça, c'était drôle.


Les deux jetées sont devenues toutes minuscules au-dessus des mousses cavaleuses, pincées contre leur petit phare. La ville s'est ratatinée derrière. Elle a fondu dans la mer aussi. Et tout a basculé dans le décor des nuages et l'énorme épaule du large. C'est fini cette saloperie, elle avait [répandu] tout son fumier de paysage la terre de France, enfoui ses millions d'assassins purulents, ses bosquets, ses charognes, ses villes multichiots et ses fils infinis de frelons myriamerdes. Y en avait plus, la mer avait tout pris, tout recouvert. Vive la mer !


Londres, 1934 ?[modifier]

- Si tu savais Ferdinand combien certains martyrs m'inspirent d'inquiétude et de doutes. Dans une révolution le zèle des provocateurs est plus utile que la générosité des militants, les provocateurs savent ce qu'ils font, les militants l'ignorent.


La consolation d’avoir trouvé Yugenbitz et la route et la manière qu’il m’avait donné l’espoir de comprendre son beau boulot, ça m’avait grisé je l’admets. Je suis un peu trop enthousiaste pour les choses de l’esprit. J’aurais voulu je crois guérir toutes les maladies des hommes, qu’ils souffrent plus jamais les charognes. On est étrange, si on l’avouait. Bien.


Au fond, ça me transformait la mentalité aussi moi, ce boulot-là. J’aimais ça moi me trouver là où tout devient sensible. C’est là à Tabard Street que je m’ai rendu compte bien profondément. J’ai jamais voulu depuis aller ailleurs qu’au bord de l’âme. Et pourtant on m’a offert bien des occasions. C’est marrant au fond. C’est comme une petite maison dans la campagne, les âmes, j’y vais chaque fois que je peux. Je peux plus aller ailleurs. C’est peut-être pas très bien.


Ce qui m’angoisse, et pour toujours je crois, c’est la façon qu’un petit enfant cesse de jouer pour s’en aller tout de suite, si vite, c’est presque rien à trépasser, le temps de lever un deux trois son petit pinceau, de rire bien encore deux ou trois fois, quatre, et puis voilà. Cette façon de n’être entré dans nos ombres que pour y porter un petit peu de lumière, comme un papillon entre au soir au jardin et s’en va devant la nuit. Vingt ans sont passés depuis, cependant bien des choses encore, des biens étranges et biens lourdes, et petit Peter qu’est toujours là, pour un dixième, pour un petit soupir.


C’est bon de parler de progrès. Ça fait des beaux télégrammes, des articles qu’on lit avec bien du plaisir. Au fond c’est comme l’Armée du Salut les mecs du progrès. Ça chante, et ça passe le temps. C’est des âmes un peu fainéantes.


On a sa poésie quand même, du moment qu’on vit encore. La mienne elle est forte. Elle est plus violente que la mort en somme. J’ai toujours été violé par elle au nom d’une connerie quelconque, chaque fois que je voulais terminer la chose. C’est pas tant que j’étais lâche, mais j’étais surtout sensible aux petites attentions. Je me disais que tout allait changer, la nature des hommes, d’un moment à l’autre. On sait pas à vingt ans que rien ne change. On a peur de rater la grande représentation qui va commencer, avec un triomphe sûrement tout au bout. On se croit tombé dans les moments d’un grand miracle.


J’ai repensé en voyant le square si joliment fleuri en face moi, à tous les amis qu’étaient là-bas, si violent alors j’ai pensé à eux que j’y tenais plus. C’est comme ça la poésie, de la torture pire que la mort quand ça s’y met. Je reste pas en place, je fais un petit paquet des quatre chaussettes, de mes quatre chemises, mon savon. Je ficelle. Je dévale l’escalier, je suis dans la rue. J’ai peur qu’on me retienne, me voilà barré. Je prends la direction. L’autobus Poplar le 416 passe juste au coin. C’est bon ça seulement de retourner d'où qu’on vient.

  • Londres (1934 ?), Louis-Ferdinand Céline, éd. Galimard, 2022  (ISBN 978-2-07-298337-5), p. 426, 427


Hier encore on devait travailler ici, ce matin même peut-être. Un atelier, l’endroit des hommes, devient adorable, irrésistible, dès que les hommes sont partis. Toute la tendresse qu’on n’ose pas vient sans crainte alors prendre leur place. L’Humble, dès qu’il s’en va, n’est ni vivant ni mort, il est tout.


Les Beaux Draps, 1941[modifier]

Propagée aux races viriles, aux races aryennes détestées, la religion de « Pierre et Paul » fit admirablement son œuvre, elle décatit en mendigots, en sous-hommes dès le berceau, les peuples soumis, les hordes enivrées de littérature christianique, lancées éperdues imbéciles, à la conquête du Saint Suaire, des hosties magiques, délaissant à jamais leurs Dieux, leurs religions exaltantes, leurs Dieux de sang, leurs Dieux de race.

Ce n’est pas tout. Crime des crimes, la religion catholique fut à travers toute notre histoire, la grande proxénète, la grande métisseuse de races nobles, la grande procureuse aux pourris (avec tous les saints sacrements), l’enragée contaminatrice.

La religion catholique fondée par douze juifs aura fièrement joué tout son rôle lorsque nous aurons disparu, sous les flots de l’énorme tourbe, du géant lupanar asiate qui se prépare à l’horizon.

Ainsi la triste vérité, l’aryen n’a jamais su aimer, aduler que le dieu des autres, jamais eu de religion propre, de religion blanche.

Ce qu’il adore, son cœur, sa foi, lui furent fournis de toutes pièces par ses pires ennemis.

Il est bien normal qu’il en crève, le contraire serait le miracle.
  • Les Beaux Draps (1941), Louis-Ferdinand Céline, éd. Nouvelles Éditions françaises, 1941, p. 81-82


Correspondance[modifier]

Ah certes vous avez bien raison Paulhan ce « Voyage » est un véritable « Classique ». Mais foutre qui n'en veut ? le me réédite et le douille ? Je meurs de « soif auprès de la fontaine »! Cent là qui se tâtent se touchent et ne se finissent pas!… même la Voilier toute Julotte qu'elle est, flageole au but… Le Fasquelle flanelle… fiasque… et la nénéref ? Ils ne veulent traiter qu'avec ma veuve.
  • Lettres à la NRF, Choix 1931-1961 (1948), Louis-Ferdinand Céline, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1991, p. 59


Les Romains trop métissés se sont donné deux capitales, j’en ferais tout autant. Marseille et Paris. L’une pour la France méridionale, latine si l’on veut, byzantine, « Suralgérique », tout aux métis, tout aux zazous […]. L’autre pour la France « nord de la Loire » la France travailleuse et raciste,[…], c’est à tenter. Je crois qu’il est peut-être temps que s’opèrent quelques grandes réformes.
  • Lettre de Louis-Ferdinand Céline du 15 juin 1942 à Henri Poulain, secrétaire de rédaction du journal antisémite Je suis partout
  • L'embarcadère des lettres, Rémi Duchêne, éd. JC Lattès, 2013, p. 135


Interviews[modifier]

Une prison c'est toujours un endroit assez noble, alors qu'une foire est toujours un endroit très vulgaire. L'homme ne sait pas être distingué en s'amusant. Tandis que, on peut pas dire, une prison, c'est un endroit distingué, les hommes y souffrent, ça vaut la peine. C'est distingué une prison, mais pas un endroit commun, tandis que la foire à Neuilly, enfin quand elle existait, ou la foire du Trône, c'est une chose horripilante de vulgarité.
  • Louis-Ferdinand Céline, Lectures pour tous, Pierre Dumayet, Première chaîne de l'ORTF (archive INA, 11'24-11'51), 17 juillet 1957


Je vois dans ces flots d'invectives, je vois surtout des gens qui boivent, qui mangent, qui dorment, qui font toutes les fonctions humaines qui sont toutes assez vulgaires. Je dirais qu'ils sont lourds, leur esprit est lourd, c'est ça qui me semble surtout. Il n'a jamais cessé d'être lourd. Je l'ai remarqué, j'ai lu… tellement de vers, et particulièrement des vers du XVIIe, des vers soi-disant galants, j'en ai trouvé trois quatre de bons, sur des milliers n'est-ce pas ? Il y a très peu de légèreté chez l'homme, il est lourd, n'est-ce pas ? Et alors maintenant il est extraordinaire de lourdeur, depuis l'auto, l'alcool, l'ambition, la politique, le rendent lourd, encore plus lourd. Ce qui fait qu'il est extrêmement lourd. Nous verrons peut-être un jour une révolte de l'esprit contre… le poids, n'est ce pas ? mais c'est pas pour demain.
  • Louis-Ferdinand Céline, Lectures pour tous, Pierre Dumayet, Première chaîne de l'ORTF (archive INA, 16'10-17'06), 17 juillet 1957


Citation rapportée de Céline[modifier]

D'abord la France n'est pas une race. C'est un pays, une nation. A l'heure actuelle, il y a moins de Français que sous Louis XIV. Quatorze millions au plus sur quarante millions. Le reste, c'est du métis. C'est de l'italote, de l'espagnote, du germinote, etc. Les genres sont tellement mêlés qu'on pourrait retrouver à la rigueur une chose qui ressemblerait à une ethnie au nord de la Loire et encore…
  • Réponse de Céline à une enquête de Paris-Midi en 1943 sur le thème « La race française court-elle à son déclin »
  • Une inconnue des sciences sociales: la Fondation Alexis Carrel, 1941-1945, Alain Drouard, éd. MSH, 1992, p. 134


Citations sur Céline[modifier]

Cette commémoration [aurait dû] précisément servir à explorer l'énigme qui fait que l'on peut être à la fois un très grand écrivain et un parfait salaud.
  • À propos du retrait de Céline de la liste des "célébrations nationales".


En l’aidant à éplucher ses pommes de terre, au sous-sol, j’entends encore sa voix et l’entendrai tant que je vivrai : « La révolution… mais nous y assistons tous les jours… la seule, la vraie révolution, c’est le facteur nègre qui saute la bonne… dans quelques générations, la France sera métissée complètement, et nos mots ne voudront plus rien dire… que ça plaise ou pas, l’homme blanc est mort à Stalingrad. » […] L’on a souvent dit de Céline qu’il était un visionnaire : c’est le plus mauvais adjectif que l’on puisse accoler à son nom… le visionnaire a des communications surnaturelles, c’est la bergère d’esprit, ou un pape avant son trépas. Lui, avec sa tête qui dépassait, il était épouvantablement lucide, il avait diagnostiqué son époque malade et pour guérison, avait conseillé des remèdes à des sourds volontaires. […] La guerre de 1914, ce massacre forcené et imbécile entre gens de qualité, l’avait marqué à jamais. Avec un égoïsme normal et standard, il aurait vécu heureux dans l’opulence et la réussite respectée.
  • Témoignage de Pierre Duberger, six ans après la mort de Céline, dans le Magazine littéraire. Ce texte fut réédité en 2002 dans un numéro hors série,
  • « Mon ami Céline par Pierre Duberger », Pierre Duberger, Magazine littéraire, nº hors-série n°4, 4e trimestre 2002, p. 8


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