Tyrannicide

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Le tyrannicide consiste en l'homicide volontaire commis à l'encontre d'un tyran.

Chants[modifier]

Rouget de Lisle[modifier]

Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)

  • Couplet n°4 de La Marseillaise
  • La Marseillaise, Rouget de Lisle, Rouget de Lisle (1792).


Littérature[modifier]

Albert Camus[modifier]

Dora: Ce n'est pas lui que je tue. Je tue le despotisme.
  • Les Justes, Acte I
  • Les Justes (1949), Albert Camus, éd. Edward Owen Marsh, 1960, p. 50


Mario Vargas Llosa[modifier]

—Je vais assassiner Trujillo, monseigneur. Y aura-t-il un pardon pour mon âme ?
Sa voix se brisa. Il restait les yeux baissés, respirant avec anxiété. Il sentit sur son dos la main paternelle de monseigneur Zanini. Quand enfin il leva les yeux, le nonce tenait à la main le livre de saint Thomas d'Aquin. Un de ses doigts signalait un passage, sur la page ouverte. Salvador se pencha et lut : "L'élimination physique de la Bête est bien vue par Dieu si grâce à elle on libère un peuple."
  • (es) —Voy a matar a Trujillo, monseñor. ¿Habrá perdón para mi alma?
    Permenacia con los ojos bajos, respirando con ansiedad. Sintió en su espalda la mano paternal de monsenor Zanini. Cuando, por fin, levantó los ojos, el nuncio tenia un libro de santo Tomas de Aquino en las manos. Su cara fresca le sonreia con aire picaro. Uno de sus dedos senalaba un pasaje, en la pagina abierta. Uno de sus dedos señalaba un pasaje, en la página abierta. Salvador se inclinó y leyó : Salvador se inclinó y leyó: «La eliminación física de la Bestia es bien vista por Dios si con ella se libera a un pueblo».
  • La Fiesta del Chivo
  • La Fête au Bouc (2000), Mario Vargas Llosa, éd. Gallimard, 2002, p. 287


William Shakespeare[modifier]

—Si vous suez pour abattre un tyran, — vous dormirez en paix, le tyran une fois tué.
  • (en) If you do sweare to put a Tyrant downe,
    You sleepe in peace, the Tyrant being slaine:
  • Richard III, scène XXII (1592)
  • Les tyrans, William Shakespeare, éd. Pagnerre, 1859, p. 429


Philosophes et théologiens[modifier]

Saint Thomas d'Aquin[modifier]

De regno ad regem Cypri[modifier]

Mais, si cet excès de tyrannie est intolérable, il a paru à certains qu’il appartenait à la vertu d’hommes courageux de tuer le tyran et de s’exposer à des risques de mort pour la libération de la multitude; il y a même un exemple de ceci dans l’Ancien Testament (Juges III, 15 et suiv.). En effet un certain Aioth tua, en lui enfonçant son poignard dans la cuisse, Eglon, roi de Moab, qui opprimait le peuple de Dieu d’une lourde servitude, et il devient juge du peuple. Mais cela n’est pas conforme à l’enseignement des Apôtres. Saint Pierre, en effet, nous enseigne d’être respectueusement soumis non seulement aux maîtres bons et modérés, mais aussi à ceux qui sont difficiles (I Pierre II, 18)
  • (la) Et si sit intolerabilis excessus tyrannidis, quibusdam visum fuit ut ad fortium virorum virtutem pertineat tyrannum interimere, seque pro liberatione multitudinis exponere periculis mortis : cuius rei exemplum etiam in veteri testamento habetur. Nam Aioth quidam Eglon regem Moab, qui gravi servitute populum Dei premebat, sica infixa in eius femore interemit, et factus est populi iudex. Sed hoc apostolicae doctrinae non congruit. Docet enim nos Petrus non bonis tantum et modestis, verum etiam dyscolis dominis reverenter subditos esse.
  • De regno ad regem Cypri, livre I, chapitre VI (13ème siècle)
  • De regno ad regem Cypri (13ème siècle), Thomas d'Aquin, éd. Egloff, 1946, p. 59


Il serait, en effet, dangereux pour la multitude et pour ceux qui la dirigent, si, présumant d’eux-mêmes, certains se mettaient à tuer les gouvernants, même tyrans. Car, le plus souvent, ce sont les méchants plutôt que les bons qui s’exposent aux risques d’actions de ce genre. Or le commandement des rois n’est habituellement pas moins pesant aux méchants que celui des tyrans, parce que selon la sentence de Salomon (Prov. XX, 26) : "Le roi sage met en fuite les impies." Une telle initiative privée menacerait donc plus la multitude du danger de perdre un roi qu’elle ne lui apporterait le remède de supprimer un tyran. Mais il semble que contre la cruauté des tyrans il vaut mieux agir par l’autorité publique que par la propre initiative privée de quelques-uns.
  • (la) Esset autem hoc multitudini periculosum et eius rectoribus, si privata praesumptione aliqui attentarent praesidentium necem, etiam tyrannorum. Plerumque enim huiusmodi periculis magis exponunt se mali quam boni. Malis autem solet esse grave dominium non minus regum quam tyrannorum, quia secundum sententiam Salomonis, Prov. : dissipat impios rex sapiens. Magis igitur ex huiusmodi praesumptione immineret periculum multitudini de amissione regis, quam remedium de subtractione tyranni. Videtur autem magis contra tyrannorum saevitiam non privata praesumptione aliquorum, sed auctoritate publica procedendum.
  • De regno ad regem Cypri, livre I, chapitre VI (13ème siècle)
  • De regno ad regem Cypri (13ème siècle), Thomas d'Aquin, éd. Egloff, 1946, p. 59


Commentaire sur les Sentences de Pierre Lombard[modifier]

Il faut remarquer que Cicéron parle du cas où quelqu'un s'empare du pouvoir par violence, malgré les sujets, ou en forçant leur consentement, et sans recours possible à un supérieur qui puisse juger l'envahisseur. Alors celui qui pour l'affranchissement de sa patrie, tue le tyran, est loué et obtient une récompense.
  • (la) Ad quintum dicendum, quod Tullius loquitur in casu illo quando aliquis dominium sibi per violentiam surripit, nolentibus subditis, vel etiam ad consensum coactis, et quando non est recursus ad superiorem, per quem judicium de invasore possit fieri: tunc enim qui ad liberationem patriae tyrannum occidit, laudatur, et praemium accipit.
  • Commentaire sur les Sentences de Pierre Lombard, L. II, d. 44, qu. 2 (1254-1256)
  • Histoire de la Philosophie Morale et Politique, Paul Janet, éd. Ladrange, 1858, p. 337


Boccace[modifier]

Le honorerai-je comme prince? lui garderai-je foi comme à seigneur? Nenni. Il est ennemi, et contre lui puis prendre armes et mettre espies. C'est fait de courageux, c'est très sainte chose et du tout nécessaire, car à Dieu n'est fait plus agréable sacrifice que du sang du tyran.
  • De casibus virorum illustrium (1355-1373)
  • Choix de chroniques et mémoires sur l'histoire de France (c. 1450), Enguerrand de Monstrelet, éd. A. Desrez, 1836, p. 77


Jean Bodin[modifier]

La propriété du mot Tyran ignorée en a trompé plusieurs, [ce] qui a causé beaucoup d'inconvénients. Nous avons dit que le tyran est celui qui, de sa propre autorité, se fait Prince souverain, sans élection, ni droit successif, ni sort, ni juste guerre, ni vocation spéciale de Dieu : c'est celui duquel les écrits des anciens s'entendent, et les lois qui veulent, que celui-là soit mis à mort.
  • Les Six Livres de la République, L. II, c. 5 ("S’il est licite d’attenter a la personne du tyran, & après sa mort
 anuller, & casser ses ordonnances.")
  • Les Six Livres de la République (1576), Jean Bodin, éd. Librairie générale française, 1993, p. 220-229
Quant aux sujets, il faut savoir si le Prince est absolument souverain, ou bien s'il n'est pas souverain, car s'il n'est pas absolument souverain, il est nécessaire que la souveraineté soit au peuple, ou bien aux Seigneurs. En ce cas, il n'y a de doute qu'il ne soit licite de procéder contre le tyran par voie de justice, si on peut prévaloir contre lui ; ou bien par voie de fait et force ouverte, si autrement on n'en peut avoir la raison, comme le Sénat fit enlever Néron au premier cas, et envers Maximin en l'autre cas. D'autant que les Empereurs Romains n'étaient rien autre chose que des princes de la République.
  • Les Six Livres de la République, L. II, c. 5 ("S’il est licite d’attenter a la personne du tyran, & après sa mort
 anuller, & casser ses ordonnances.")
  • Les Six Livres de la République (1576), Jean Bodin, éd. Librairie générale française, 1993, p. 220-229
Mais le prince est absolument souverain, comme sont les vrais Monarques de France, d'Espagne, d'Angleterre, d'Écosse, d'Éthiopie, de Turquie, de Perse, de Moscovie, desquels la puissance n'est point révoquée en doute, ni la souveraineté répartie avec les sujets. En ce cas il n'appartient à pas un des sujets en particulier, ni à tous en général, d'attenter à l'honneur, ni à la vie du Monarque, soit par voie de fait, soit par voie de justice, [alors même] qu'il eût commis toutes les méchancetés, impiétés et cruautés qu'on pourrait dire.
  • Les Six Livres de la République, L. II, c. 5 ("S’il est licite d’attenter a la personne du tyran, & après sa mort
 anuller, & casser ses ordonnances.")
  • Les Six Livres de la République (1576), Jean Bodin, éd. Librairie générale française, 1993, p. 220-229
Cicéron ayant mis cette question en avant, dit que l'amour de la patrie est encore plus grand. Or le Prince de la patrie est toujours plus sacré, et doit être plus inviolable que le père, étant ordonné et envoyé de Dieu. Je dis donc que jamais le sujet n'est recevable de rien attenter contre son Prince souverain, pour méchant et cruel tyran qu'il soit ; il est bien licite de ne lui obéir pas en chose qui soit contre la loi de Dieu ou de nature, s'enfuir, se cacher, parer les coups, souffrir la mort plutôt que d'attenter à sa vie, ni à son honneur.
  • Les Six Livres de la République, L. II, c. 5 ("S’il est licite d’attenter a la personne du tyran, & après sa mort
 anuller, & casser ses ordonnances.")
  • Les Six Livres de la République (1576), Jean Bodin, éd. Librairie générale française, 1993, p. 220-229
Ô qu'il y aurait de tyrans s'il était licite de les tuer : celui qui tire trop de subsides serait tyran, comme le vulgaire l'entend ; celui qui commande contre le gré du peuple serait tyran, ainsi qu’Aristote le définit ès Politiques ; celui qui aurait gardes pour la sûreté de sa vie serait tyran ; celui qui ferait mourir les conjures contre son état serait tyran. Et comment seraient les bons Princes assurés de leur vie ?
  • Les Six Livres de la République, L. II, c. 5 ("S’il est licite d’attenter a la personne du tyran, & après sa mort
 anuller, & casser ses ordonnances.")
  • Les Six Livres de la République (1576), Jean Bodin, éd. Librairie générale française, 1993, p. 220-229


Marcus Tullius Cicéron[modifier]

Seconde philippique[modifier]

Vous ne comprenez pas qu'il suffit aux âmes généreuses d'avoir appris que rien n'est plus beau, que rien ne donne plus de droits à la reconnaissance publique, plus de titres à la gloire, que d'exterminer un tyran?
  • (la) Haec non cogitas, neque intellegis satis esse uiris fortibus didicisse, quam sit re pulchrum, beneficio gratum, fama gloriosum tyrannum occidere?
  • Seconde philippique, discours 44, XLVI (44 et 43 av. J.-C.)
  • Œuvres complètes de Cicéron: avec la traduction en français, Cicéron, éd. J. J. Dubochet, Le Chevalier et compagnie, éditeurs, 1848, p. 310


De officiis[modifier]

Livre III[modifier]
Il arrive souvent qu'une démarche illicite en général, change de caractère par circonstance. Justifions cette assertion par un exemple, dont il sera facile d'étendre l'application. Quel forfait plus odieux que le meurtre d'un homme, et sur-tout d'un ami. Est-on criminel cependant pour donner la mort à un tyran, quelque liaison qu'on ait avec lui ? Ainsi ne le pense pas le peuple Romain, qui met cette action au premier rang des plus généreuses.
  • (la) Saepe enim tempore fit, ut, quod turpe plerumque haberi soleat, inveniatur non esse turpe; exempli causa ponatur aliquid, quod pateat latius: Quod potest maius esse scelus quam non modo hominem, sed etiam familiarem hominem occidere? Num igitur se astrinxit scelere, si qui tyrannum occidit quamvis familiarem? Populo quidem Romano non videtur, qui ex omnibus praeclaris factis illud pulcherrimum existimat
  • De officiis, Livre III
  • Des devoirs de l'homme (44 av. J.-C.), Cicéron, éd. Du Pont, 1796, p. 169-170
Quant à Phalaris, la question est encore moins difficile. Il n'existe point de société avec les tyrans, qui en sont les plus cruels ennemis; et il ne peut pas être contre la nature d'ôter un vêtement à celui auquel il seroit glorieux d'ôter la vie. Or, c'est un devoir de purger la terre de ces fléaux du genre humain. On coupe un membre infecté d'un poison qui vicieroit les autres; ainsi il faut retrancher du corps de la société ces monstres farouches, qui, sous le masque de l'homme, ont la rage et la férocité des bêtes.
  • (la) Nam quod ad Phalarim attinet, perfacile iudicium est. Nulla est enim societas nobis cum tyrannis, et potius summa distractio est, neque est contra naturam spoliare eum, si possis, quem est honestum necare, atque hoc omne genus pestiferum atque impium ex hominum communitate exterminandum est. Etenim, ut membra quaedam amputantur, si et ipsa sanguine et tamquam spiritu carere coeperunt et nocent reliquis partibus corporis, sic ista in figura hominis feritas et immanitas beluae a communi tamquam humanitatis corpore segreganda est. Huius generis quaestiones sunt omnes eae, in quibus ex tempore officium exquiritur.
  • De officiis, Livre III
  • Des devoirs de l'homme (44 av. J.-C.), Cicéron, éd. Du Pont, 1796, p. 175-176


Livre IV[modifier]
La mort tragique de César, dont les armes mirent sa patrie sous le joug, et qui la tient encore en servitude après sa mort, n'est point le seul exemple de ce que peut l'indignation d'un peuple opprimé. Peu de tyrans ont évité le même sort.
  • (la) Nec vero huius tyranni solum, quem armis oppressa pertulit civitas ac paret cum maxime mortuo, interitus declarat, quantum odium hominum valeat ad pestem, sed reliquorum similes exitus tyrannorum, quorum haud fere quisquam talem interitum effugit
  • De officiis, Livre IV
  • Des devoirs de l'homme (44 av. J.-C.), Cicéron, éd. Du Pont, 1796, p. 111-112


Benjamin Franklin[modifier]

La rébellion contre les tyrans est l'obéissance à Dieu.
  • (en) Rebellion against tyrants is obedience to God.
  • Religion and the Continental Congress, 1774-1789: Contributions to Original Intent, Derek H. Davis, éd. Oxford University Press, 2000, p. 138


Isocrate[modifier]

Ils savent que les hommes qui avant eux ont exercé la tyrannie ont été immolés, les uns par leurs pères, les autres par leurs enfants ; d'autres, par leurs frères ou par leurs femmes, et que leur race a disparu de dessus la terre. Néanmoins c'est par leur propre volonté qu'ils se précipitent dans de si nombreuses calamités.
  • (grc) Εἰκότως· συνίσασι γὰρ τοὺς πρὸ αὑτῶν τετυραννευκότας τοὺς μὲν ὑπὸ τῶν γονέων ἀνῃρημένους, τοὺς δ' ὑπὸ τῶν παίδων, τοὺς δ' ὑπ' ἀδελφῶν, τοὺς δ' ὑπὸ γυναικῶν, ἔτι δὲ τὸ γένος αὐτῶν ἐξ ἀνθρώπων ἠφανισμένον. Ἀλλ' ὅμως ὑπὸ τοσαύτας τὸ πλῆθος συμφορὰς ἑκόντες σφᾶς αὐτοὺς ὑποβάλλουσιν. Ὅπου δ' οἱ πρωτεύοντες καὶ δόξας μεγίστας ἔχοντες τοσούτων κακῶν ἐρῶσι, τί δεῖ θαυμάζειν τοὺς ἄλλους, εἰ τοιούτων ἑτέρων ἐπιθυμοῦσιν;
  • Sur la paix, 113 (Ἱέρων)
  • Sur la paix (356 av. J.-C.), Isocrate, éd. Librairie de Firmin Didot frères, 1863, p. 36


Jean de Salisbury[modifier]

Flatter un ami est donc défendu; mais flatter les oreilles d'un tyran est chose permise; car on peut licitement flatter celui que licitement on peut tuer. Or, tuer un tyran est non-seulement chose permise mais chose juste et raisonnable. Celui-là est digne de périr par le glaive, qui a ceint le glaive.
  • (la) Amico utique adulari non licet, sed aures tyranni mulcere licitum est. Ei namque licet adulari, quem licet occidere. Porro tyrannum occidere, non modo licitum est, sed æquum et justum. Qui enim gladium accipit, gladio dignus est interire.
  • Policraticus, III, c. 15 (1156)
  • Mélanges littéraires extraits des Pères latins, Jean-Marie-Sauveur Gorini, éd. Girard & Josserand, 1869, p. 609-610


Il faut abattre par la hache l'arbre de la tyrannie. S'il est permis de flatter et de duper le tyran, il est honorable de le tuer. Il est établi qu'il est juste de tuer les tyrans publics, et les prêtres de Dieu eux-mêmes considèrent un tel meurtre comme un acte de piété.
  • (la) Ut autem et ab alia constet historia, iustum esse publicos occidi tyrannos, et populum ad Dei obsequium liberari, ipsi quoque sacerdotes Domini, necem eorum reputant pietatem, et si quid doli videatur habere imaginem, religione mysterii dicunt Domino consecratum.
  • Policraticus, VIII, c. 20 (1156)
  • Tyrannie et tyrannicide de l'Antiquité à nos jours, Mario Turchetti, éd. Presses universitaires de France, 2001, p. 253


Thomas Jefferson[modifier]

L'arbre de la liberté doit être rafraîchi de temps en temps du sang des patriotes et des tyrans. C'est son engrais naturel.
  • (en) The tree of liberty must be refreshed from time to time with the blood of patriots and tyrants. It is its natural manure.
  • Vivre et penser la liberté, Jacques Ellul, éd. Labor et Fides, 2019, p. 57


Juan de Mariana[modifier]

Selon le sentiment des théologiens et des philosophes, un prince, qui de vive force et sans le consentement public de la nation s'est saisi de la souveraineté, est un homme à qui chaque particulier est en droit d'ôter la vie.
  • (la) Equidem in eo consentire tum philosophos, tum theologos video, eum Principem, qui vi et armis rempublicam occupavit, nullo praeterea jure nullo publico civium consensu, perimi a quocunque, vita et principatu spoliari posse.
  • De Rege et regis institutione, L. I , cap. VI (1598)
  • Dictionnaire historique et critique, Pierre Bayle, éd. Desoer, 1820, p. 264


Il est donc avoué qu'on peut mettre à mort un tyran, non-seulement à force ouverte, et les armes à la main, soit en faisant irruption dans son palais, soit en lui livrant bataille; mais encore en appellant au secours la feinte et la surprise: et c'est ce que fit Aod lorsque s'étant approché d'Eglon avec des présens à la main et feignant une révélation divine, il perça ce tyran.
  • (la) Itaque aperta vi et armis posse occidi tyrannum sive impetu in regiam facto, sive commissa pugna, in confesso est, sed et dolo atque insidiis exceptum: Quod fecit Aod, datis muneribus, confictoque divino responfo propius accedens, remotis arbitris, Eglonem moabitarum regem peremit.
  • De Rege et regis institutione, L. I , cap. VI (1598)
  • Annales de la Société des soi-disans Jésuites, Jean Antoine Gazaignes, éd. inconnu, 1765, p. 250


Lucien de Samosate[modifier]

Juges deux tyrans en un seul jour sont tombés sous mes coups : l'un déjà vieux, l'autre florissant de jeunesse, mais n'en étant que plus apte à recueillir un héritage de forfaits : je viens aujourd'hui vous demander une simple récompense pour ce double meurtre. Seul de tous ceux qui ont tué des tyrans, je vous ai, d'un coup, débarrassés de deux pervers, en faisant périr le fils par l'épée, le père par la tendresse qu'il avait pour son fils. Le tyran a suffisamment expié les maux qu'il nous a faits, lui qui, de son vivant, à la fin de ses jours, a vu son fils tué avant lui, et a été forcé, chose étonnante, de devenir lui-même tyrannicide. Son fils est mort de ma main, mais il m'a servi, mort, à accomplir un autre meurtre. Durant sa vie, complice des crimes de son père ; après sa mort, parricide autant qu'il pouvait l'être
  • (grc) Δύο τυράννους ἀποκτείνας, ὦ ἄνδρες δικασταί, μιᾶς ἡμέρας, τὸν μὲν ἤδη παρηβηκότα, τὸν δὲ ἀκμάζοντα καὶ πρὸς διαδοχὴν τῶν ἀδικημάτων ἑτοιμότερον, ἥκω μίαν ὅμως ἐπ᾽ ἀμφοτέροις αἰτήσων δωρεὰν μόνος τῶν πώποτε τυραννοκτόνων πληγῇ μιᾷ δύο πονηροὺς ἀποσκευασάμενος καὶ φονεύσας τὸν μὲν παῖδα τῷ ξίφει, τὸν πατέρα δὲ τῇ πρὸς τὸν υἱὸν φιλοστοργίᾳ. ὁ μὲν οὖν τύραννος ἀνθ᾽ ὧν ἐποίησεν ἱκανὴν ἡμῖν δέδωκε τιμωρίαν, ζῶν μὲν τὸν υἱὸν ἐπιδὼν προανῃρημένον παρὰ τὴν τελευτήν, τελευταῖον δὲ ἠναγκασμένος, τὸ παραδοξότατον, αὐτὸς αὑτοῦ γενέσθαι τυραννοκτόνος. ὁ παῖς δὲ ὁ ἐκείνου τέθνηκεν μὲν ὑπ᾽ ἐμοῦ, ὑπηρέτησε δέ μοι καὶ ἀποθανὼν πρὸς ἄλλον φόνον, ζῶν μὲν συναδικῶν τῷ πατρί, μετὰ θάνατον δὲ πατροκτονήσας, ὡς ἐδύνατο.
  • Le tyrannicide (2ème siècle ap. J.-C.)
  • Œuvres complètes de Lucien de Samosate, 1, Lucien de Samosate, éd. Garnier frères, 1882, p. 419


Jean Petit[modifier]

Mais les juristes disent, que toute occision d'homme, soit juste ou injuste, est homicide; mais les autres disent qu'il y a deux manières d'homicide, juste et injuste; et que pour homicide juste nul ne doit être puni. Je répondrai donc, selon les théologiens, que l'occision dudit tyran n'est pas homicide; pour ce qu'elle fut juste et licite. Selon la loi juriste, je confesse que ce fut homicide, mais s'elle fut juste et licite, ne s'ensuit point de punition mais rémunération.
  • Discours pour la justification de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, sur le fait de la mort du duc d'Orléans (1408)
  • Chroniques, Volume 26 (c. 1450), Enguerrand de Monstrelet, éd. Verdière, 1826, p. 281


Sénèque[modifier]

S'il demande comme cadeau d'un grand prix des artistes scéniques, des courtisanes, de ces choses qui peuvent amollir son humeur féroce, volontiers les lui offrirai-je. Je ne lui enverrai ni trirèmes, ni bâtiments de guerre; mais des vaisseaux de plaisance et de parade et autres fantaisies de rois qui s'ébattent sur la mer, à la bonne heure. Et si la guérison de cette âme est totalement désespérée, du même coup je rendrai service au monde et m'acquitterai envers l'homme, puisque pour de tels caractères sortir de la vie est le seul remède, et que le mieux est de cesser d'être quand on ne peut plus revenir à soi.
  • (la) Si pro magno petet munere artifices scenae et scorta et quae feritatem eius emolliant, libens offeram. Cui triremes et aeratas non mitterem, lusorias et cubiculatas et alia ludibria regum in mari lascivientium mittam. Et si ex toto desperata eius sanitas fuerit, eadem manu beneficium omnibus dabo, illi reddam ; quoniam ingeniis talibus exitus remedium est optimumque est abire ei, qui ad se numquam rediturus est.
  • De beneficiis, VII, 20 (56 ap. J.-C.)
  • Œuvres complètes de Sénèque le philosophe, v. 1, Sénèque, éd. Hachette, 1860, p. 493-494


Xénophon[modifier]

Chaque citoyen vit en sûreté sous la protection de sa patrie ; mais, pour les tyrans, c'est encore absolument le contraire. Bien loin que les villes vengent leur mort, elles accordent de très-grands honneurs au tyrannicide; et, loin de leur interdire les choses sacrées, comme aux meurtriers des particuliers, elles élèvent des statues dans les temples aux auteurs de ces exploits.
  • (grc) ὥστε διὰ τὰς πατρίδας ἀσφαλῶς ἕκαστος βιοτεύει τῶν πολιτῶν. Tοῖς δὲ τυράννοις καὶ τοῦτο ἔμπαλιν ἀνέστραπται. Ἀντὶ γὰρ τοῦ τιμωρεῖν αἱ πόλεις αὐτοῖς μεγάλως τιμῶσι τὸν ἀποκτείναντα τὸν τύραννον, καὶ ἀντί γε τοῦ εἴργειν ἐκ τῶν ἱερῶν, ὥσπερ τοὺς τῶν ἰδιωτῶν φονέας, ἀντὶ τούτου καὶ εἰκόνας ἐν τοῖς ἱεροῖς ἱστᾶσιν αἱ πόλεις τῶν τοιοῦτόν τι ποιησάντων.
  • Hieron, C, iv (Ἱέρων (365 av. J.-C.)
  • Œuvres complètes de Xénophon - Volume 2, Xénophon, éd. Hachette, 1859, p. 249


Autres[modifier]

Jean-Marie Bastien-Thiry[modifier]

Ce droit est au cœur de l’homme, il exprime tout simplement sa volonté de vivre et de survivre, c’est le droit de légitime défense. Le droit de légitime défense existe, sur le plan collectif, contre les dictateurs et les tyrans, de même qu’il existe, sur le plan individuel, contre les voleurs et les assassins.
  • Déclaration du 2 février 1963 faite à la Cour militaire de justice le jugeant pour l'attentat du Petit-Clamart
  • Le procès du Petit-Clamart, Yves-Frederic Jaffré, éd. Nouvelles Editions Latines, 1963, p. 116-122
Nous n’avons pas agi par haine de de Gaulle, mais par compassion pour les victimes de de Gaulle et pour sauvegarder des vies humaines innocentes sacrifiées par un pouvoir tyrannique. Saint Thomas d’Aquin nous dit : "C’est le tyran qui est séditieux et qui nourrit dans le peuple les discordes et la sédition ; car le régime tyrannique n’est pas juste et n’est pas ordonné au bien commun ; sont dignes de louange ceux qui délivrent le peuple d’un pouvoir tyrannique".
  • Déclaration du 2 février 1963 faite à la Cour militaire de justice le jugeant pour l'attentat du Petit-Clamart
  • Le procès du Petit-Clamart, Yves-Frederic Jaffré, éd. Nouvelles Editions Latines, 1963, p. 116-122
Nous croyons donc que les ecclésiastiques éminents qui ont été consultés, et qui n’ont pas déconseillé notre action, n’ont fait que rappeler les commandements de Dieu, le principe et le droit de légitime défense, et la morale traditionnelle enseignée par l’Eglise en la personne d’un de ses plus grands philosophes. Il n’y a guère de place ici pour des arguties théologiques. La tyrannie du général de Gaulle n’appartient pas à ce genre de tyrannie "douce" à laquelle certains Pères de l’Eglise conseillent de se résigner par esprit de patience et de mortification chrétiennes.
  • Déclaration du 2 février 1963 faite à la Cour militaire de justice le jugeant pour l'attentat du Petit-Clamart
  • Le procès du Petit-Clamart, Yves-Frederic Jaffré, éd. Nouvelles Editions Latines, 1963, p. 116-122
Pour nous, nous avons agi contre Charles de Gaulle en tant qu’il est un citoyen, justiciable, comme les autres citoyens français, des lois de la nation ; et en tant que ce citoyen est responsable d’innombrables morts et d’immenses souffrances ; en tant que ce citoyen est responsable chaque jour de nouveaux meurtres et de nouvelles souffrances ; et en tant que c’est notre droit, et que nous avons considéré que c’était notre devoir de défendre légitimement les victimes de ces meurtres et de ces souffrances.
  • Déclaration du 2 février 1963 faite à la Cour militaire de justice le jugeant pour l'attentat du Petit-Clamart
  • Le procès du Petit-Clamart, Yves-Frederic Jaffré, éd. Nouvelles Editions Latines, 1963, p. 116-122


Hubert Beuve-Mery[modifier]

Aucun des griefs que l’on peut invoquer contre le président de la République n’entraîne ici le moindre commencement de justification. Le peuple français a toujours eu la possibilité d’opposer son veto aux décisions du chef de l’État qu’il aurait désapprouvées, et ses représentants élus avaient toute latitude, lors des récents débats, de signifier son congé au gouvernement en exercice. Que nul, juriste ou théologien, ne s’avise donc d’exhumer à propos d’une inqualifiable entreprise la vieille règle du tyrannicide. On attend du « très chrétien » et « très démocrate » Georges Bidault, du « compagnon » Soustelle et de tout officiers révoltés qui, à défaut de sens politique ou de simple bon sens, doivent avoir gardé quelque notion du véritable honneur, qu’ils désavouent publiquement ces mœurs de Bas-Empire.
  • « Des mœurs de Bas-Empire »
  • « Des mœurs de Bas-Empire », Hubert Beuve-Mery, Le Monde, 24 août 1962, p. 1


Brutus[modifier]

  • (la) Sic semper tyrannis
  • Phrase prononcée, selon certains auteurs, par Brutus lors de l'assassinat de César et actuellement devise héraldique de la Virginie. Utilisée par John Wilkes Booth lors de l'assassinat du président Lincoln
  • Tuer le pouvoir - César, Henri IV, Kennedy... Les plus grands assassinats politiques de l'histoire, Olivier Coquard, éd. edi8, 2019, p. PT217


Michel Guenaire[modifier]

Les États-Unis auraient-ils oublié les leçons de leur histoire ? Si la cible est le dictateur, le moyen est son élimination. A chaque fois que les Américains ont voulu punir un pays plutôt que soutenir les forces d'opposition qui, en son sein, pouvaient éliminer son dirigeant, ils ont échoué.
  • « La solution du tyrannicide »
La guerre que mène aujourd'hui l'OTAN sous l'égide des États-Unis ne distingue pas entre le dirigeant et son pays. Voilà sa faute. C'est le dictateur qu'elle vise, mais c'est le peuple qu'elle frappe. Si l'objectif est de priver de liberté le seul ennemi de la liberté, l'opération qui s'impose est le tyrannicide. D'aucuns jugeront la proposition cynique et surtout aventureuse. Elle est cependant légitime et efficace.
  • « La solution du tyrannicide »
  • « La solution du tyrannicide », Michel Guenaire, Le Monde, 8 mai 1999, p. 17


Voir aussi[modifier]