Faim

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Faim, tableau de Grzegorz Stec (2010).

La faim désigne la sensation, apparaissant après un certain temps sans manger, qui pousse un être vivant à rechercher de la nourriture.

Littérature[modifier]

Iliade (VIIIe siècle avant J.-C.)[modifier]

Il n'est pas de guerrier qui puisse affronter le combat une journée entière, jusqu'au soleil couché, s'il n'a goûté au pain.
  • (grc)

    Οὐ γὰρ ἀνὴρ πρόπαν ἦμαρ ἐς ἠέλιον καταδύντα
    ἄκμηνος σίτοιο δυνήσεται ἄντα μάχεσθαι.

  • L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XIX, vers 162-163, p. 117 (texte intégral sur Wikisource)


L'Odyssée (VIIIe siècle avant J.-C.)[modifier]

Toute espèce de mort est odieuse aux pauvres mortels,
mais la plus lamentable est certes la mort par la faim !

  • (grc)

    Πάντες μὲν στυγεροὶ θάνατοι δειλοῖσι βροτοῖσι,
    λιμῷ δ' οἴκτιστον θανέειν καὶ πότμον ἐπισπεῖν.

  • L'Odyssée, Homère (trad. Philippe Jaccottet), éd. La Découverte/Syros, coll. « La Découverte Poche », 2004 (première parution de cette traduction : 1955), chant XII, 342-343, p. 207 (texte intégral sur Wikisource)


Héraclite d'Éphèse (VIe siècle avant J.-C.)[modifier]

C'est la maladie qui rend agréable et bonne la santé, la faim la satiété, la fatigue le repos.


Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (IIIe siècle après J.-C.)[modifier]

Plût au ciel qu'il suffit aussi de se frotter le ventre pour ne plus avoir faim !
  • Réponse du philosophe Diogène de Sinope aux Athéniens choqués un jour qu'il se masturbait sur la place publique.
  • (fr) Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres Tome II, Diogène Laërce, éd. GF Flammarion, 1965  (ISBN 2-08-070077-4), p. 23


Victor Hugo, discours à l'Assemblée nationale française le 9 juillet 1849[modifier]

Soucieux à cause du pain, tableau d'Anna Sahlstén (1895).
Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté, après sa mort, qu'il n'avait pas mangé depuis six jours.

Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
  • « discours à l'Assemblée nationale française le 9 juillet 1849 », Victor Hugo, Assemblée nationale (site Internet), 9 juillet 1849 (lire en ligne)


Paul Éluard, L'Amour la poésie (1929)[modifier]

La faim couverte d'immondices
Etreint le fantôme du blé.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Répétitions, IX. Les yeux brûlés du bois, p. 185


Richard Wright, Black Boy (1945)[modifier]

Je savais maintenant ce que représentait le fait d’être nègre. J’étais capable de supporter la faim. J’avais appris à vivre dans la haine. Mais de sentir que certains sentiments m’étaient refusés, que l’essence même de la vie était inaccessible, cela me faisait mal, me blessant par-dessus tout. Une faim nouvelle était née en moi. La lecture me stimulait, mais me déprimait aussi, car elle me montrait ce qui était possible, tout ce qui m’avait été refusé.
  • Black Boy (1945), Richard Wright (trad. Marcel Duhamel), éd. Gallimard, coll. « Folioplus classiques », 2010  (ISBN 9782070438136), chap. XIII, p. 337-338


Jacques Prévert, Paroles (1949)[modifier]

La grasse matinée

Il est terrible
le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim [...]


Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie (1964)[modifier]

Cet enfant, dit grand-papa Joe, par un matin glacial, en sortant la tête de dessous la couverture, cet enfant doit manger à sa faim. Nous autres, ce n'est pas pareil. Nous sommes vieux, c'est sans importance. Mais un garçon en pleine croissance ! Ça ne peut plus continuer ! Il ressemble de plus en plus à un squelette !
  • Charlie et la chocolaterie (1964), Roald Dahl (trad. Élisabeth Gaspar), éd. Folio junior édition spéciale, 1987, chap. La famille commence à mourir de faim, p. 54


Markoosie Patsauq, Kamik (Le Chasseur au harpon) (1968)[modifier]

Le monde peut vous donner de belles choses à voir tout en vous faisant mourir de faim.
  • Kamik (1968), Markoosie Patsauq (trad. Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu), éd. Dépaysage, 2020, p. 62


Vincent Gerbe, Incitation au végétarisme (1984)[modifier]

   À ceux qui affichent du mépris pour le végétarisme et la diététique, estimant qu'il est bien mesquin de s'occuper du choix des aliments alors que les hommes meurent de faim par millions, on peut répondre que, précisément, il existe un lien entre ces faits ; ceux-ci devraient s'aviser que le steack qu'ils sont en train de manger affame l'Afrique ; c'est un fait : notre système alimentaire carnivore affame le globe, et pas parce que cette viande devrait être expédiée dans les contrées où la nourriture manque. [...] La production agricole est consacrée à nourrir des animaux de boucherie au lieu d'être consommée directement par l'homme [...].


Mère Teresa, textes choisis (2010)[modifier]

La faim n’est pas seulement physique. Je perçois une grande faim d’amour. Vouloir être aimé est la plus grande des faims.


Cinéma[modifier]

Autant en emporte le vent (1939)[modifier]

Scarlett O'Hara : Je jure devant Dieu que je ne connaîtrai jamais plus la faim !
  • (en) As God is my witness, I'll never be hungry again.


We Feed the World (2007)[modifier]

Étant donné l'état actuel de l'agriculture dans le monde, on pourrait nourrir 12 milliards d'individus sans difficulté. Pour le dire autrement, tout enfant qui meurt actuellement de faim est, en réalité, assassiné.
  • Jean Ziegler, homme politique, sociologue et écrivain, interviewé dans le film.


Ernest et Célestine (2012)[modifier]

(Ernest retire Célestine d'une poubelle où elle s'était endormie et s'apprête à la manger.)
Célestine : Aaaah ! Non ! Non ! Me mange pas, me mange pas !
Ernest : Mais moi j'ai faim. (Il s'apprête de nouveau à enfourner Célestine dans sa gueule.)
Célestine (se retient au museau d'Ernest) : Comment tu t'appelles ?
Ernest (s'arrête le temps de répondre) : Ernest. (Il réessaie de la manger mais elle se retient encore.)
Célestine (en lui tendant la main) : Moi c'est Célestine. (Ernest essaie de mordre sa main mais elle lui met une gifle.) Il faut qu'on parle sérieusement, Ernest. Tu peux pas me manger. Heu… C'est dans les contes que les ours mangent les souris ! Me dis pas que tu crois aux contes, Ernest, t'es pas un ourson débile !
Ernest (crie) : Bah oui mais j'ai faim !
Célestine (criant à son tour) : T'as faim, t'as faim, et tu crois que c'est une petite souris comme moi qui va te rassasier ? Non mais regarde-moi, Ernest : j'ai que la peau sur les os. Et puis c'est très mauvais pour ta santé de manger dans les poubelles ! Y a toutes les maladies du monde dans une poubelle, y a la grippe, le typhus, l'hépatite, le choléra. Ernest, tu veux attraper toutes les maladies du monde ?
Ernest (penaud) : Ben… non, Célestine, mais, heu…


Musique[modifier]

Jacques Offenbach, La Périchole (1900)[modifier]

La Périchole : Crois-tu qu’on puisse être bien tendre,
Alors que l’on manque de pain ?
À quels transports peut-on s’attendre,
En s’aimant quand on meurt de faim ?

  • Théâtre de Meilhac et Halévy. La Périchole, Jacques Offenbach. Livret de Meilhac et Halévy, d'après Mérimée, éd. Calmann-Lévy, 1900, vol. 5, Acte I, scène 9, p. 238


La Périchole (à Don Andrès) : Dites-moi, je vous prie,
Ce qu’il faut que je fasse ?…
Don Andrès : Enfant, je vous marie.
La Périchole : Moi ! jamais de la vie !
Don Andrès et Panatella : Vous vouliez tout à l’heure…
La Périchole : Oui, lorsque j’avais faim !
J’ai dîné maintenant, seigneur, c’est autre chose.

  • Théâtre de Meilhac et Halévy. La Périchole, Jacques Offenbach. Livret de Meilhac et Halévy, d'après Mérimée, éd. Calmann-Lévy, 1900, vol. 5, Acte I, scène 14, p. 253


Georges Moustaki, Le métèque (1969)[modifier]

Avec ma bouche qui a bu,
Qui a embrassé et mordu
Sans jamais assouvir sa faim
(…)
Avec ma gueule de métèque,
De juif errant, de pâtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents,
Je viendrai, ma douce captive,
Mon âme sœur, ma source vive,
Je viendrai boire tes vingt ans
(…)
Et nous ferons de chaque jour
Toute une éternité d'amour
Que nous vivrons à en mourir.


Shurik'N[modifier]

La Fin de leur monde (2006)[modifier]

Seulement,
Les nôtres meurent de faim en Afrique,
Et y'a pas assez de fric pour eux.
Alors la dalle faudra la tempérer!
Les hommes tombent sous les rafales racistes,
Mais on peut rien pour eux.
Alors les balles faudra les éviter!


Bombe le torse (2012)[modifier]

A l'heure où les femmes crèvent frappées par la famine
D'autres meurent pour ressembler à celles des magazines
[...]
L'homme reste un loup pour l'homme pas si bête mais tellement con
On pensait voir et depuis le début on avance à tâtons.


Liens externes[modifier]

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