Paul Éluard

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Paul Éluard

Paul Éluard (1895 — 1952) (de son vrai nom Eugène Emile Paul Grindel) est un poète français. Il choisira, à l’adolescence, le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhéra au dadaïsme et fut l'un des piliers du surréalisme en ouvrant la voie à une action artistique engagée.

Citations[modifier]

Capitale de la douleur, 1926[modifier]

Venez à moi, si je vais à vous c'est un jeu,
Les anges des bouquets dont les fleurs changent de couleur.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Répétitions, Porte ouverte, p. 19


Petite table enfantine,
il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Mourir ne pas mourir, Dans la danse, p. 59


Petite table dorée des jours de fête,
il y a des femmes de bois vert et sombre
celles qui pleurent,
de bois sombre et vert :
celles qui rient.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Mourir ne pas mourir, Dans la danse, p. 59


Une couleur madame, une couleur monsieur,
Une aux seins, une aux cheveux,
La bouche des passions
Et si vous voyez rouge
La plus belle est à vos genoux.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Les petits justes, IV. Une couleur madame, p. 80


Je sors au bras des ombres,
Je suis au bas des ombres,
Seul.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Absence — II, p. 92


La vertu se fait l'aumône de ses seins
Et la grâce s'est prise dans les filets de ses paupières.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Absence — II, p. 92


Elle est plus belle que les figures des gradins,
Elle est plus dure,
Elle est en bas avec les pierres et les ombres.
Je l'ai rejointe.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Absence — II, p. 92


Si je m'endors, c'est pour ne plus rêver.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Absence — II, p. 92


Dans mes yeux grands ouverts le soleil fait les joints,
O jardin de mes yeux !

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Absence — II, p. 92


Le soir, la noblesse est partie de ce ciel. Ici, tout se blottit dans un feu qui s'éteint.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Baigneuse du clair au sombre, p. 95


Le soir. La mer n'a plus de lumières et, comme aux temps anciens, tu voudrais dormir dans la mer.
  • Cette citation de Paul Éluard provient d'une revue dirigée par André Breton. Elle figurera plus tard dans son recueil Capitale de la douleur (1926).
  • « Baigneuse du clair au sombre », Paul Éluard, Littérature, nº 8, Octobre 1919, p. 19


Le soir. La mer n'a plus de lumière et, comme aux temps anciens, tu pourrais dormir dans la mer.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Baigneuse du clair au sombre, p. 95


Sous la menace rouge d'une épée, défaisant sa chevelure qui guide des baisers, qui montre à quel endroit le baiser se repose, elle rit. L'ennui, sur son épaule, s'est endormi. L'ennui ne s'ennuie qu'avec elle qui rit, la téméraire, et d'un rire insensé, d'un rire de fin du jour semant sous tous les ponts des soleils rouges, des lunes bleues, fleurs fanées d'un bouquet désenchanté.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Sous la menace rouge, p. 99


Elle est comme une grande voiture de blé et ses mains germent et nous tirent la langue. Les routes qu'elle traîne derrière elle sont ses animaux domestiques et ses pas majestueux leur ferment les yeux.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Sous la menace rouge, p. 99


Le jardinage est la passion, belle bête de jardinier.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Cachée, p. 100


Ce sont ses yeux qui la ramènent dans mes songes. Presque immobile, à l'aventure.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'as de trèfle, p. 101


Dans l'accolade de ses mains, une hirondelle aux cheveux plats se débat sans espoir. Elle est aveugle.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'as de trèfle, p. 101


Ces beaux murs blancs d'apothéose
Me sont d'une grande utilité.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, A la flamme des fouets, p. 102


Tout au sérieux, celui qui ne paie pas les dégâts
Jongle avec ton trousseau, reine des lavandes.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, A la flamme des fouets, p. 102


O régicide ! ton corset appartient aux mignons
Et aux mignonnes de toutes sortes. Ta chair simple s'y développe,
Tu t'y pourlèches dans la pourpre, ô nouveau médiateur !

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, A la flamme des fouets, p. 102


Par les fentes de ton sourire s'envole un animal hurleur.

Qui ne jouit que dans les hauteurs.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, A la flamme des fouets, p. 102


La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue. L'amant des ailes prend des visages bien clos, les flammes de la terre s'évadent par les seins et le jasmin des mains s'ouvre sur une étoile.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Le ciel tout engourdi, le ciel qui se dévoue n'est plus sur nous. L'oubli, mieux que le soir, l'efface. Privée de sang et de reflets, la cadence des tempes et des colonnes subsiste.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Les lignes de la main, autant de branches dans le vent tourbillonnant.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Rampe des mois d'hiver, jour pâle d'insomnie, mais aussi, dans les chambres les plus secrètes de l'ombre, la guirlande d'un corps autour de sa splendeur.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Sur la pente fatale, le voyageur profite
De la faveur du jour, verglas et sans cailloux.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Paul Klee, p. 106


Le supplice est plus dur aux bourreaux qu'aux victimes.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Paul Klee, p. 106


Vous échangez un regard clair pour un printemps,

Le tour de votre taille pour un tour de fleur,
L'audace et le danger pour votre chair sans ombre,
Vous échangez l'amour pour des frissons d'épées
Et le rire inconscient pour des promesses d'aube.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Les Gertrude Hoffmann girls, p. 107


Vos danses sont le gouffre effrayant de mes songes
Et je tombe et ma chute éternise ma vie,
L'espace sous vos pieds est de plus en plus vaste,
Merveilles, vous dansez sur les sources du ciel.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Les Gertrude Hoffmann girls, p. 107


Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu,
Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières,
Les terribles ciels jaunes tout nus
Ont, en toute saison, fêté cette statue.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Paris pendant la guerre, p. 108


Silence. Le silence éclatant de ses rêves
Caresse l'horizon.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Paris pendant la guerre, p. 108


Ses rêves sont les nôtres
Et les mains de désir qu'elle impose à son glaive
Enivrent d'ouragans le monde délivré.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Paris pendant la guerre, p. 108


De l'arabesque qui fermait les lieux d'ivresse, la ronce douce, squelette de ton pouce et tous ces signes précurseurs de l'incendie animal qui dévorera en un clin de retour de flamme ta grâce de la Sainte-Claire.
Dans les lieux d'ivresse, la bourrasque de palmes et de vin noir fait rage.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Le diamant, p. 111


Es-tu sûre, héroïne aux sens de phare, d'avoir vaincu la miséricorde et l'ombre, ces deux sœurs lavandières, prenons-les à la gorge, elles ne sont pas jolies et pour ce que nous voulons en faire, le monde se détachera bien assez vite de leur crinière peignant l'encens sur le bord des fontaines.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Le diamant, p. 111


L'hiver sur la prairie apporte des souris.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'hiver sur la prairie, p. 112


J'ai rencontré la jeunesse.
Toute nue aux lis de satin bleu,
Elle riait du présent, mon bel esclave.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'hiver sur la prairie, p. 112


Les regards dans les rênes du coursier,
Délivrant le bercement des palmes de mon sang,
Je découvre soudain le raisin des façades couchées sur le soleil,
Fourrure du drapeau des détroits insensibles.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'hiver sur la prairie, p. 112


La consolation graine perdue,
Le remords pluie fondue,
La douleur bouche en cœur
Et mes larges mains luttent.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'hiver sur la prairie, p. 112


L'absolue nécessité, l'absolu désir, découdre tous ces habits, le plomb de la verdure qui dort sous la feuillée avec un tapis rouge dans les cheveux d'ordre et de brûlures semant la pâleur, l'azurine de teinte de la poudre d'or du chercheur de noir au fond du rideau dur et renâclant l'humide désertion, poussant le verre ardent, hachure dépendant de l'éternité délirante du pauvre, la machine se disperse et retrouve la ronde armature des rousses au désir de sucre rouge.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'absolue nécessité, p. 120


Le fleuve se détend, passe avec adresse dans le soleil, regarde la nuit, la trouve belle et à son goût, passe son bras sous le sien et redouble de brutalité, la douceur étant la conjonction d'un œil fermé avec un œil ouvert ou du dédain avec l'enthousiasme, du refus avec la confiance et de la haine avec l'amour, voyez quand même la barrière de cristal que l'homme a fermée devant l'homme.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'absolue nécessité, p. 120


Revenir dans une ville de velours et de porcelaine, les fenêtres seront des vases où les fleurs, qui auront quitté la terre, montreront la lumière telle qu'elle est.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Revenir dans une ville, p. 123


Voir le silence, lui donner un baiser sur les lèvres et les toits de la ville seront de beaux oiseaux mélancoliques, aux ailes décharnées.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Revenir dans une ville, p. 123


Ne plus aimer que la douceur et l'immobilité à l'œil de plâtre, au front de nacre, à l'œil absent, au front vivant, aux mains qui sans se fermer, gardent tout sur leurs balances, les plus justes du monde, invariables, toujours exactes.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Revenir dans une ville, p. 123


Le cœur de l'homme ne rougira plus, il ne se perdra plus, je reviens de moi-même, de toute éternité.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Revenir dans une ville, p. 123


Dans la brume où des verres d'eau s'entrechoquent, où les serpents cherchent du lait, un monument de laine et de soie disparaît. C'est là que, la nuit dernière, apportant leur faiblesse, toutes les femmes entrèrent. Le monde n'était pas fait pour leurs promenades incessantes, pour leur démarche languissante, pour leur recherche de l'amour.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Dans la brume, p. 125


Grand pays de bronze de la belle époque, par tes chemins en pente douce, l'inquiétude a déserté.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Dans la brume, p. 125


Un jour, ils en seront las, un jour ils seront en colère, aiguilles de feu, masques de poix et de moutarde, et la femme se lèvera, avec des mains dangereuses, avec des yeux de perdition, avec un corps dévasté, rayonnant à toute heure.

Et le soleil refleurira, comme le mimosa.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Dans la brume, p. 125


Caresse l'horizon de la nuit, cherche le cœur de jais que l'aube recouvre de chair.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, La nuit, p. 127


Ce n'est pas la nuit qui te manque, mais sa puissance.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, La nuit, p. 127


Tourne sans reflets aux courbes sans sourires des ombres à moustaches, enregistre les murmures de la vitesse, la terreur minuscule, cherche sous des cendres froides les plus petits oiseaux, ceux qui ne ferment jamais leurs ailes, résiste au vent.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Arp, p. 128


« [...] L'œillet de poète sacrifia les cieux pour une chevelure blonde. Le caméléon s'attarda dans une clairière pour y construire un minuscule palais de fraises et d'araignées, les pyramides d'Égypte faisaient rire les passants, car elles ne savaient pas que la pluie désaltère la terre. Enfin, le papillon d'orange secoua ses pépins sur les paupières des enfants qui crurent sentir passer le marchand de sable. »
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'image d'homme, p. 132


L'image d'homme rêve, mais plus rien n'est accroché à ses rêves que la nuit sans rivale.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'image d'homme, p. 132


La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur.
  • Capitale de la douleur (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1997, p. 139


Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, La courbe de tes yeux, p. 139


L'Amour la poésie, 1929[modifier]

Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer

  • Capitale de la douleur (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1997, p. 150


La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas

  • Capitale de la douleur (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1997, p. 153


La brûlure de toutes les métamorphoses
La chaîne entière des aurores dans la tête
Tous les cris qui s'acharnent à briser les mots

Et qui creusent la bouche et qui creusent les yeux
Où les couleurs furieuses défont les brumes de l'attente
Dressent l'amour contre la vie les morts en rêvent.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Seconde nature, V. En l'honneur des muets, p. 181


La faim couverte d'immondices
Etreint le fantôme du blé.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Répétitions, IX. Les yeux brûlés du bois, p. 185


La peur en loques perce les murs.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Répétitions, IX. Les yeux brûlés du bois, p. 185


Bouquet des sèves le brasier que chevauche le vent
Fumées en tête les armées de la prise du monde
L'écume des tourments aériens la présence
Les attaches du front le plus haut de la terre.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, III. Bouquet des sèves, p. 203


La fleur de chardon construit un château
Elle monte aux échelles du vent.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, IV. Armure de proie, p. 204


Des étoiles d'ébène sur les vitres luisantes
Promettent tout à leurs amants
Les autres qui simulent
Maintiennent l'ordre de plomb.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, IV. Armure de proie, p. 204


Pour en finir
Une tombe ornée de très jolis bibelots
Un voile de soie sur les lenteurs de la luxure
Pour en finir
Une hache dans le dos d'un seul coup.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, IV. Armure de proie, p. 205


Dans les ravins du sommeil
Le silence dresse ses enfants
Voici le bruit fatal qui crève les tympans
La poussiéreuse mort des couleurs
L'idiotie.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, IV. Armure de proie, p. 205


Aux alentours de l'espoir
En pure perte
Le calme fait le vide.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, IV. Armure de proie, p. 206


Aux marches des torrents
Des filles de cristal aux tempes fraîches
Petites qui fleurissent et faibles qui sourient
Pour faire la part de l'eau séduisent la lumière

Des chutes de soleil des aurores liquides

Et quand leurs baisers deviennent invisibles
Elles vont dormir dans la gueule des lions.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, IX. Révolte de la neige, p. 212


Passage où la vue détourne d'un coup la pensée
Une ombre s'agrandit cherche son univers
Et tombe horizontalement
Dans le sens de la marche.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, XII. Passage où la vue détourne d'un coup la pensée, p. 215


La verdure caresse les épaules de la rue
Le soir verse du feu dans des verres de couleur
Comme à la fête
Un éventail d'alcool.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Comme une image, XII. Passage où la vue détourne d'un coup la pensée, p. 215


Les hommes errants plus forts que les nains habituels
Ne se rencontrent pas. L'on raconte
Qu'ils se dévoreraient.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Défense de savoir, V. Les hommes errants, p. 223


L'on vit de ce qu'on n'apprend pas
Comme une abeille dans un obus
Comme un cerveau tombant de haut
De plus haut.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Défense de savoir, VI. Ma mémoire, p. 223


Tu ne pleureras pas
Tu ne videras pas cette besace de poussière
Et de félicités
Tu vas d'un concret à un autre
Par le plus court chemin celui des monstres.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Défense de savoir, VII. Receleuse du réel, p. 235


Ralentir travaux, 1930 (avec André Breton et René Char)[modifier]

Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré.
  • Ralentir travaux (1930), Paul Éluard, André Breton, René Char, éd. Corti, 1968, préface, p. 13


La Rose publique, 1934[modifier]

Boire
Un grand bol de sommeil noir
Jusqu'à la dernière goutte

  • La Rose publique (1935), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1967, p. 142


L’Évidence poétique, 1936[modifier]

  • Conférence, Londres, 1936


Donner à voir, 1939[modifier]

Voir, c’est comprendre, juger, transformer, imaginer, oublier ou s’oublier, être ou disparaître.


Je reculais lentement. Je devins inactif, improductif ; je devins intangible, invisible, incompréhensible. Une nuit encore, on m’illumina, faiblement ; puis ce fut la tombe, toute panachée de racines, d’animaux luisants, d’os. Personne ne s’en doutait, personne ne m’y suivit.
  • Insomnie
  • « Juste milieu » (1938), dans Donner à voir (1939), Paul Éluard (postface de Lucien Scheler), éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-011076-1), p. 42 [34]


La mort vint toute seule, s’en alla toute seule et celui qui aimait la vie resta seul.
  • Mort
  • « Juste milieu » (1938), dans Donner à voir (1939), Paul Éluard (postface de Lucien Scheler), éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-011076-1), p. 44 [36]


Je ne suis pas de ceux qui cherchent à s’égarer, à s’oublier, en n’aimant rien, en réduisant leurs besoins, leurs goûts, leurs désirs, en conduisant leur vie, c’est-à-dire la vie, à la répugnante conclusion de leur mort.
  • « Je parle de ce qui est bien » (1935), dans Donner à voir (1939), Paul Éluard (postface de Lucien Scheler), éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-011076-1), chap. Peintres, p. 99 [91]
Fragments d’une conférence, dans Cahiers d'art, 1935, p. 165 [lire en ligne].


Rien ne se décrit si bien que ce qui se connaît à peine. On ne découvre que ce qu’on ne connaît pas.
  • « Premières vues anciennes » (1937), dans Donner à voir (1939), Paul Éluard (postface de Lucien Scheler), éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-011076-1), p. 136 [124]


Pas un jeu de mots. Tout est comparable à tout, tout trouve son écho, sa raison, sa ressemblance, son opposition, son devenir partout. Et ce devenir est infini.
  • « Premières vues anciennes » (1937), dans Donner à voir (1939), Paul Éluard (postface de Lucien Scheler), éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-011076-1), p. 146 [134]


Poèmes politiques, 1948[modifier]

Vous marchez sans but sans savoir que les hommes
Ont besoin d’être unis d’espérer de lutter
Pour expliquer le monde et pour le transformer

  • Poésies, Paul Éluard, éd. Club du meilleur livre, 1959, Poèmes politiques, poème « La poésie doit avoir pour but la vérité pratique », p. 265


Citations rapportées[modifier]

Citations sur[modifier]

Paul Éluard : « Le poète n’est pas celui qui est inspiré, mais celui qui inspire. » Paul Éluard était les deux : ses poèmes sont inspirés, son inspiration est contagieuse.
  • « Avec Édouard Roditi, 1967 », dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, partie Interviews et déclarations, p. 416


Voir aussi[modifier]

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