Civilisation
Le terme civilisation - dérivé indirectement du latin civis signifiant « citoyen » par l'intermédiaire de « civil » et « civiliser » - a été utilisé de différentes manières au cours de l'Histoire. Il a en français trois grandes acceptions :
- la civilisation, dans l'acception la plus courante, est le fait de civiliser, c'est-à-dire de porter une société à un niveau considéré comme plus élevé et plus évolué, et c'est, par métonymie, l'état atteint par cette société évoluée. Cette acception inclut une notion de progrès. Elle s'oppose à barbarie, sauvagerie.
- la civilisation, c'est aussi l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'évolution d'une société donnée, tant sur le plan technique, intellectuel, politique que moral, sans porter de jugement de valeur. À ce titre, on peut parler de civilisations au pluriel et même de civilisations primitives.
- l'état auquel sont parvenues quelques cultures dans l'histoire de l'humanité.
Cinéma
Claude Lelouch, L'aventure c'est l'aventure, 1972
Économie
Bernard Nadoulek, L'épopée des civilisations : Le choc des civilisations n'aura pas lieu, 2005
- L'épopée des civilisations, Bernard Nadoulek, éd. Éditions d'Organisation, 2005, p. 20-21
Enseignement
Cours de littérature européenne
Vladimir Nabokov, Littératures, 1941-1958
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, p. 896
Histoire
Naomi Oreskes et Erik Conway
Jacques Le Goff, L'Europe expliquée aux jeunes, 2007
- L'Europe expliquée aux jeunes, Jacques Le Goff, éd. Seuil, 2007, p. 47
Enzo Traverso, La violence nazie, une généalogie européenne, 2003
- La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, Conclusions, p. 163
- La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, Conclusions, p. 167
Littérature
Cahier
Michel Déon, L'Herne Déon, 2009
Une civilisation est, me semble-t-il, une sorte d'état de grâce ou l'autorité tutélaire, au lieu d'étouffer ses aspirations, offre à l'homme de la Cité, protection et liberté. Par « protection », j'entends un certain nombre de règles de vie en société qui restreignent nos libertés les plus anarchiques, pour que s'épanouissent la spiritualité dans certains cas, dans d'autres la création artistique (expression très générale) qui est une des nobles aspirations de l'homme sur cette terre. Même les artistes les plus athées, les plus dépourvus de spiritualité sont encore des croyants, ou alors, c'est que leur œuvre est sans âme. L'équilibre à trouver entre la main de velours et l'ouverture à toutes les créations et un des plus difficiles problèmes de ces derniers siècles. On en connait peu d'exemples depuis l'Antiquité, je parlerais volontiers, dans ce cas, d'harmonie, une harmonie qui pour les bienheureux possédés par la foi se nimbe du mystère de la poésie, puis, pour les autres, est le terrain idéal de la spéculation esthétique et philosophique.
- L'Herne Déon, Cahier dirigé par Laurence Tacou, éd. Editions de l'Herne, 2009 (ISBN 978-285197-1623), p. 37
Essai
Georges Bernanos, La France contre les robots, 1944
- La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le castor astral, 2009 (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 101
- La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le castor astral, 2009 (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 122
Kenneth Clark, Civilisation, 1969
La civilisation signifie davantage que l’énergie, la volonté et la puissance créatrice : quelque chose que les premiers Scandinaves n’avaient pas, mais qui, même de leur temps, commençait à reparaître en Europe occidentale. Comment dire ? Il s’agissait, en trois mots, d’un sentiment de permanence.
- Civilisation, un point de vue personnel (1969), Kenneth Clark (trad. Guillaume Villeneuve), éd. éditions NEVICATA, 2021 (ISBN 978-2-87523-167-3), p. 36
Pour une raison mystérieuse, si la civilisation bénéficie d’une relative superfluité de richesse, pléthore de richesse la détruit. Peut-être faut-il penser que le faste finit par éradiquer l’humanité alors qu’un certain sens des limites est la condition de ce que l’on appelle le goût.
- Civilisation, un point de vue personnel (1969), Kenneth Clark (trad. Guillaume Villeneuve), éd. éditions NEVICATA, 2021 (ISBN 978-2-87523-167-3), p. 199
J’ai dit au début que c’est le manque de confiance, plus que tout autre chose, qui tue une civilisation. Nous pouvons nous détruire par cynisme et désillusion aussi efficacement que par des bombes. Il y a un demi-siècle, W. B. Yeats, qui tenait plus de l’homme de génie que toute autre de mes connaissances, écrivit un célèbre poème prophétique.
Tout se disloque, le centre ne tient plus ;
L’anarchie pure est lâchée dans le monde,
La marée rouge sang est lâchée et partout
Noyée la cérémonie de l’innocence ;
Les meilleurs manquent de toute conviction, mais les pires
Sont pleins d’intensité passionnée.
- Civilisation, un point de vue personnel (1969), Kenneth Clark (trad. Guillaume Villeneuve), éd. éditions NEVICATA, 2021 (ISBN 978-2-87523-167-3), p. 275
Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce, 1947
Il dépend de nous, non pas de briser la centralisation (car elle fait automatiquement boule de neige jusqu'à la catastrophe) mais de préparer l'avenir.
- La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, éd. Plon, coll. « Agora », 1988 (ISBN 978-2-266-04596-4), p. 270
Nouvelle
Jules Barbey d'Aurevilly, Les Diaboliques, 1874
- Les Diaboliques (1874), Jules Barbey d'Aurevilly, éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 2003 (ISBN 2-07-030275-X), p. 296
Roman
Renée Dunan, La Culotte en jersey de soie, 1923
— Mais, amie, rens-toi compte que normal pour moi veut dire coutumier, faisant la trame de l'existence, et non pas admissible moralement.
— Il est certain que nous ne pouvons plus tenir aucun compte des morales à cette heure, quand toutes les civilisations croulent ou vont crouler.
- La Culotte en jersey de soi (1923), Renée Dunan, éd. Le Cercle Poche, 2011 (ISBN 978-2-84714-152-8), p. 12
— Enfin quoi ! nous sommes l'ovule d'où sortira, si nous vivons, la civilisation future...
— Pourquoi non ? Crois-tu qu'au quatrième siècle de notre ère il n'a pas fallu, au milieu de ces invasions de barbares détruisant tout, qu'il subsistât, par petits îlots, de subtils et intelligents gallo-romains pour transmettre en les éduquant le flambeau à ces sombres brutes venus de la forêt hercynienne. Sans cela la civilisation actuelle serait en retard de quinze cents ans. Le nom de ces hommes a été oublié. Mais on trouve chez Sidoine Apollinaire une vision de telles choses et l'auteur les vécut.
— Rengorgeons-nous ! L'avenir du genre humain repose peut-être sur onze êtres orgueilleux, voluptueux et riches en caprices...
- La Culotte en jersey de soie (1923), Renée Dunan, éd. Le Cercle Poche, 2011 (ISBN 978-2-84714-152-8), p. 16