Blaise Pascal

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Blaise Pascal.

Blaise Pascal (19 juin 1623, Clermont-Ferrand - 19 août 1662, Paris) est un mathématicien et physicien, philosophe, moraliste et théologien français.

Pensées[modifier]

Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères.


La puissance des mouches, elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d'agir, mangent notre corps.


Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
À rapprocher de Michel de Montaigne :
Quelle verité que ces montaignes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au delà ?
  • Essais, Michel de Montaigne, éd. P. Villey et Saulnier, 1595, 1977, Livre II, chapitre 12 : Apologie de Raymond Sebond, p. 94-259


Une seule pensée nous occupe, nous ne pouvons penser à deux choses à la fois.


La curiosité n'est que vanité le plus souvent ; on ne veut savoir que pour en parler.


Rien n'est si important à l'homme que son état ; rien ne lui est si redoutable que l'éternité.


Que l'âme soit mortelle ou immortelle, il est indubitable que cela doit mettre une différence entière dans la morale.


Pourquoi une vierge ne peut-elle enfanter ? Une poule ne fait-elle pas des œufs sans coq ?


Qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier, dont nous nous éveillons quand nous pensons dormir ?


Vous auriez bientôt la foi si vous aviez quitté ces plaisirs.


[...] tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.


[...] l'homme est si malheureux qu'il s'ennuierait même sans aucune cause d'ennui par l'état propre de sa complexion.


Deux excès :
Exclure la raison, n'admettre que la raison.


Opinions du peuple saines.
Le plus grand des maux est les guerres civiles. Elles sont sûres si on veut récompenser les mérites, car tous diront qu'ils méritent. Le mal à craindre d'un sot qui succède par droit de naissance n'est ni si grand, ni si sûr.


Soumission.
Il faut savoir douter où il faut, assurer où il faut, en se soumettant où il faut. Qui ne fait pas ainsi n'entend pas la force de la raison. Il y en a qui faillent contre ces trois principes, ou en assurant tout comme démonstratif, manque de se connaître en démonstration, ou en doutant de tout, manque de savoir où il faut se soumettre, ou en se soumettant à tout, manque de savoir où il faut juger.
Pyrrhonien, géomètre, chrétien : doute, assurance, soumission.

  • Pyrrhoniens : c'est ainsi que Pascal désigne habituellement les sceptiques


La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle n'est que faible si elle ne va jusqu'à connaître cela.

Que si les choses naturelles la surpassent, que dira-t-on des surnaturelles ?


[l'univers :] c'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part.


Que l'homme étant revenu à soi considère ce qu'il est au prix de ce qui est, qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature ; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes, les maisons et soi-même son juste prix.
Qu'est-ce qu'un homme, dans l'infini ?


On se croit naturellement bien plus capable d'arriver au centre des choses, que d'embrasser leur circonférence [...]


Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé.
  • Pensées, Blaise Pascal, éd. Gallimard (édition de Michel Le Guern), coll. « Folio classique », 1977  (ISBN 2070316254), fragment 392, p. 243


Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.


La vraie éloquence se moque de l'éloquence, la vraie morale se moque de la morale [...].


Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment.


Le moi est haïssable.


L'homme n'est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.


Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses.


L'homme est si grand, que sa grandeur paraît même en ce qu'il se connaît misérable.


L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant.


Ce sont deux excès également dangereux, d'exclure la raison, de n'admettre que la raison.


Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force.


Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.


Condition de l'homme : inconstance, ennui, inquiétude


Les Provinciales[modifier]

C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d'opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu'à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l'irriter encore plus. Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence que la violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement et triomphe enfin de ses ennemis ; parce qu'elle est éternelle et puissante comme Dieu même.
  • Les Provinciales (1656-57), Blaise Pascal, éd. Firmin Didot, 1853, Lettre XII, p. 227


Je n'ai fait celle-ci plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte.
  • Les Provinciales (1862), Blaise Pascal, éd. Monmerqué, 1656, Seizième lettre aux révérends pères jésuites, p. 191


De l'Esprit géométrique[modifier]

Il est question de savoir si la volonté de l'homme est la cause de la volonté de Dieu, ou la volonté de Dieu la cause de la volonté de l'homme.


De L’art de persuader[modifier]

Personne n’ignore qu’il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l’âme, qui sont ses deux principales puissances, l’entendement et la volonté.
N’entreprendre de définir aucune des choses tellement connues d’elles-meme, qu'on n'ait point de termes plus clairs pour les expliquer.

N’admettre aucun des termes un peu obscurs ou équivoques, sans définition.

N’employer dans la définition des termes que des mots parfaitement connus, ou déjà expliqués.


Citations rapportées de Blaise Pascal[modifier]

Qu'est ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.
  • Petite Philosophie à l'usage des non-philosophes, Albert Jacquard, éd. Calmann-Lévy (Livre de poche), 1997, p. 125


La chose la plus importante à la vie, c'est le choix du métier.
  • Petite Philosophie à l'usage des non-philosophes, Albert Jacquard, éd. Calmann-Lévy (Livre de poche), 1997, p. 203


Pesons le gain et la perte en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter.
  • Blaise Pascal : Commentaires, Henri Gouhier, éd. J. Vrin, 1971, p. 255


J'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre.


Citations sur Blaise Pascal[modifier]

Christian Bobin[modifier]

Pascal enfant veut toujours connaître les raisons des choses. Sa sœur raconte comment, un invité ayant heurté à table avec son couteau une assiette de faïence, cela donna un son qui cessa dès qu'il mit la main sur l'assiette : l'enfant voulut sans délai comprendre la cause de ce son, et celle de sa disparition. L'écriture est le vaisselier de l'éternel : le bruit de l'assiette de faïence résonne quatre siècles après dans la tête du lecteur.


Pascal a trois ans quand sa mère meurt. La pensée la remplace aussitôt. Elle fait le même travail impossible de rassurance.


Charles Dantzig[modifier]

On a publié les Pensées [de Blaise Pascal] après sa mort, à partir de fragments retrouvés : cela n'en fait pas un recueil de maximes. C'est un essai dont il lui restait à remplir les intervalles.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 635


Jean d'Ormesson[modifier]

J'aurais beaucoup voulu connaître Blaise Pascal qui est génial, savant, libertin et sceptique jusqu'à trente et un ans et qui meurt à trente-neuf. À trois ans, il perd sa mère. À six ans, il trace à la craie des figures géométriques sur le parquet. À seize ans, il rédige un Essai pour les coniques où, d'après le père Mersenne, le correspondant et l'ami de Descartes, « il passait sur le ventre de tous ceux qui avait traité le sujet ». À vingt-cinq ans, il est dissipé et futile. Après un Archimède enfant, il est un Rimbaud mondain. Un accident de voiture sur le pont de Neuilly lui fait voir la mort de près. Il se convertit et, en huit ans, il se hisse à la hauteur de saint Augustin et des Pères de l'Église.


Pascal n'est pas seulement un écrivain catholique. Comme Bossuet, comme Bloy, comme Péguy, comme Claudel, il est un catholique qui écrit pour convaincre. Mais son génie est tel qu'il ne s'adresse plus seulement aux croyants. Il s'adresse à tous ceux qui s'interrogent sur le mystère de l'existence. Pascal, c'est Montaigne revu à la lumière des Béatitudes.


Références[modifier]

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