École

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Albert Anker (1896)

On trouvera ici des généralités sur l'école.

Principes, positions idéologiques, débats et positions diverses sur l'école[modifier]

XVIIIe siècle[modifier]

Gracchus Babeuf[modifier]

L'éducation est une monstruosité lorsqu'elle est inégale, lorsqu'elle est le patrimoine exclusif d'une portion de l'association ; puisqu'alors elle devient la main de cette portion, un amas de machines, une provisions d'armes de toutes sortes, à l'aide desquelles cette première portion combat l'autre qui est désarmé.
  • Manifeste des Plébéiens
  • in Gracchus Babeuf avec les Egaux, Jean-Marc Shiappa, éd. Les éditions ouvrières, 1991  (ISBN 27082 2892-7), p. 49


Nul ne peut par l'accumulation de tous les moyens priver l'autre de l'instruction nécessaire pour son bonheur ; l'instruction doit-être commune.
  • Manifeste des Plébéiens
  • in Gracchus Babeuf avec les Egaux, Jean-Marc Shiappa, éd. Les éditions ouvrières, 1991  (ISBN 27082 2892-7), p. 49


XIXeme siècle[modifier]

Georges Jacques Danton[modifier]

La Chose la plus importante après le pain, c'est l'éducation.
  • Discours à l'Assemblée, 13 août 1793 (rapporté dans Le Moniteur du 15 août 1793)
  • Danton : documents authentiques pour servir à l'histoire de la révolution, Alfred Bougeart, éd. Lacroix, 1861, chap. VII, p. 270


Victor Hugo[modifier]

l'enfant ne sera plus
Une bête de somme attelée à Virgile ;
Et l'on ne verra plus ce vif esprit agile
Devenir, sous le fouet d'un cuistre ou d'un abbé,
Le lourd cheval poussif du pensum embourbé.
Chaque village aura, dans un temple rustique,
Dans la lumière, au lieu du magister antique,
Trop noir pour que jamais le jour y pénétrât,
L'instituteur lucide et grave, magistrat
Du progrès, médecin de l'ignorance, et prêtre
De l'idée; et dans l'ombre on verra disparaître
L'éternel écolier et l'éternel pédant.

  • Les Contemplations, Victor Hugo, éd. Hachette, 1858, t. 1, p. 64-65


Edouard Laboulaye[modifier]

Oppose-t-on à ces doctrinaires de la République que du même coup ils tueront la liberté ? Ils ont une réponse toute prête. Ceux qui demandent la liberté d'enseignement sont des ultralibéraux, des utopistes, des rêveurs.
  • Propos tenus en 1880, à propos de la liberté d'enseignement et de ceux qui s'y opposent
  • Le parti libéral, suivi de La liberté d'enseignement et les projets de loi de M. Jules Ferry (1880), Edouard Laboulaye, éd. Les Belles Lettres, coll. « Bibliothèque classique de la liberté », 2007  (ISBN 978-2251390451), partie La liberté d'enseignement et les projets de loi de M. Jules Ferry, chap. 2, p. 174-175


XXeme siècle[modifier]

Alexandre Zinoviev[modifier]

L'école n'est pas seulement une préparation des hommes à recevoir une instruction et une spécialité. L'école est une sphère de la vie sociale qui est soumise aux mêmes lois que l'ensemble. Elle reflète en elle toute la société avec toutes ses propriétés et ses problèmes, qui ne font que se transformer en rapport avec l'âge et la position des citoyens.
  • Les hauteurs béantes, Alexandre Zinoviev, éd. L'Âge d'Homme, 1977, chap. l'école, p. 502


Paul Langevin[modifier]

« L'école, dit Paul Langevin, est une véritable entreprise de culture dont l'individu ne profite pleinement que s'il est entrainé et soutenu par la milieu scolaire. L'école fait faire à l'enfant l'apprentissage de la vie sociale et, singulièrement, de la vie démocratique... Ainsi se dégage se dégage la notion de groupe scolaire à structure démocratique auquel l'enfant participe comme future citoyen et où peuvent se former en lui, non pas mes cours et les discours, mais par la vie de l'expérience, les vertus civiques fondamentales : le sens de la responsabilité, discipline consentie, sacrifice à l'intérêt général, activités concertées et où on utilisera les diverses expérience de “self-government” dans la vie scolaire. »
  • Le Rapport Langevin-Wallon (1946), Paul Langevin cité dans le rapport Langevin-Wallon, éd. Mille et une Nuits, 2004, chap. Éducation morale et civique - Formation de l'homme et du citoyen, p. 71


Jean-Paul Brighelli[modifier]

L'enseignement a suivi l'air du temps, qui magnifie l'individu. C'est pour certains un titre de gloire : l'école s'est enfin ouverte au monde... Elle s'y est dissoute.
  • La Fabrique du Crétin, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawséwitch, coll. « Folio documents », 2005, p. 155


Suzanne Citron[modifier]

Inventée pour et transmise par l’école de la IIIe République, notre histoire multiculturelle et poly-ethnique doit être réécrite dans la France d’aujourd’hui, une France post-vichyste, post-coloniale, amarrée au char de l’Europe, insérée dans la complexité du monde du XXIe siècle.
  • « Dénationaliser l’histoire de France », Suzanne Citron, Libération, jeudi 30 décembre 2004, p. 10


Paul Guth[modifier]

Jadis les analphabètes étaient ceux qui n'allaient pas à l'école ; aujourd'hui ce sont ceux qui y vont.
  • Lettre ouverte aux futurs illettrés, Paul Guth, éd. Albin Michel, 1980, p. 64


Ivan Illich, Une société sans école, 1971[modifier]

L’école est l’agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu’elle est.
  • Une société sans école, Ivan Illich (trad. Gérard Durand), éd. Seuil, 1971, p. 185


Le but qu'il faut poursuivre, qui est réalisable, c'est d'assurer à tous des possibilités éducatives égales. Confondre cet objectif et la scolarité obligatoire, c'est confondre le salut et l'Église. L'école est devenue la religion mondiale d'un prolétariat modernisé et elle offre ses vaines promesses de salut aux pauvres de l'ère technologique.
  • Une société sans école, Ivan Illich (trad. Gérard Durand), éd. Seuil, 1971, p. 27


Christopher Lasch[modifier]

Dans la plupart des sociétés connues des historiens et des anthropologues, les jeunes font leur éducation au côté des adultes. Le fait d'exiger des adolescents qu'ils passent le gros de leur temps à l'école est une innovation récente, intimement liée à l'essor des États-nations modernes.
  • Les femmes et la vie ordinaire (1997), Christopher Lasch (trad. Christophe Rosson), éd. Climats, coll. « Sisyphe », 2006, p. 185-186


Gilbert Keith Chesterton, Le monde comme il ne va pas, 1910[modifier]

Ce que je cherche à mettre à l'évidence, c'est qu'à Londres, les pauvres ne sont pas abandonnés mais plutôt assourdis et abrutis à coup de conseils bruyants et tyranniques. Ils ne sont pas comme des brebis sans berger. Ils sont plutôt comme une brebis au milieu de vingt-sept bergers hurlants. C'est contre toute la presse, toute la publicité, tous les nouveaux médicaments, toutes les nouvelles théologies, tout l'éblouissement et le fracas des lampions et de la fanfare des temps modernes que l'école devrait prémunir le pauvre, si tant est qu'elle en fût capable.
  • Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994  (ISBN 2-8251-0482-5), p. 148


XXIeme siècle[modifier]

Anne Coffinier[modifier]

Comme Hannah Arendt le démontre, l'école est conservatrice par nature : sa vocation est de transmettre des connaissances objectives ainsi qu'une forme de sagesse, faisant de chaque enfant un héritier de notre civilisation dans ce qu'elle a de plus abouti et de plus fécond. L'école n'enseigne que ce qui est sûr, et il ne lui revient pas de jouer les apprentis sorciers d'une humanité nouvelle : nos enfants ne sont pas des cobayes.

  • « À l'école des Free Schools », Anne Coffinier, Revue Boussole, nº 2, Été-Automne 2015, p. 82


Pascal Jacob[modifier]

(...) l'École s'est soumise progressivement à une logique étrangère à sa véritable mission. Créée à l'origine pour transmettre une culture universelle qui permette à l'enfant de devenir un homme libre, l'École a été progressivement réduite à deux fonctions idéologiquement marquées; arracher l'enfant à sa famille pour en faire un individu rationnel chez qui la loi républicaine tienne lieu de conscience, et lui donner des "compétences" qui lu permettront de s'inscrire dans des mécanisme économiques qui ne relèvent pas de sa décision, autrement dit une formation professionnelle.
  • « Mauvaise note pour l'école », Pascal Jacob, L'homme nouveau (ISSN 0018 4322), nº 1580, 20 décembre 2014, p. 4


Écoles à travers le temps et l'espace[modifier]

Romain Graziani sur Confucius[modifier]

L'école qu'il fonde est moins un lieu de formation pour faire carrière qu'un milieu autarcique où chacun peut s'épanouir entre soi, entre amis habités par les mêmes aspirations éthiques et esthétiques. Confucius semble même tout faire pour retenir indéfiniment ses disciples, retardant toujours le moment où ils quitteront pour de bon sa compagnie afin de se lancer dans la carrière publique.
Il fait régner une atmosphère d'amitié studieuse en faisant toujours prévaloir la présence d'esprit sur l'étalage des connaissances. Il désinstrumentalise le processus d'éducation des jeunes nobles impatients d'obtenir une charge, pour en faire un exercice infini de perfectionnement de soi. Les taoïstes une fois encore donneront une riche résonance à cette idée de l'amitié affranchie des considérations d'intérêt, de hiérarchie et de réseaux sociaux, s'ébattant à loisir à l'écart du monde officiel.

  • Cette citation provient d'un dossier concernant Confucius coordonné par Minh Tran Huy
  • « Confucius, les voies de la sagesse », Romain Graziani, Le Magazine Littéraire, nº 491, Novembre 2009, p. 78


Georges Cuvier[modifier]

Au onzième siècle l'Europe ne recevait guère de lumières que des Arabes d'Espagne. La plupart des chrétiens qui cherchaient à s'instruire, surtout en médecine, se rendaient dans leurs écoles. Gerbert, archevêque de Reims, l'un des grands hommes du siècle, et qui devint pape sous le nom de Sylvestre II, avait fait ses études à Cordoue. C'est par lui que fut introduit chez les chrétiens l'usage des chiffres arabes, si commodes pour les calculs. [...] Les écoles des Arabes avaient une supériorité trop remarquable, pour qu'elles ne devinssent pas le modèle de celles qui furent établies plus tard en France et ailleurs.
  • Histoire des sciences naturelles, Georges Cuvier, éd. Fortin, Masson et cie, 1841, t. 1, p. 396


Octave Gréard[modifier]

Elle loua à Rueil, aux environs de Saint-Germain, une maison qu’elle pourvut de tout ce qui était indispensable pour recevoir soixante jeunes filles de bourgeoisie et de petite noblesse (1682) ; elle comptait, au sortir de l’école, « les placer ou établir par mariage. » Peu après, elle y adjoignit une cinquantaine d’enfants pauvres qu’elle envoya de sa terre de Maintenon. Ces « petites sœurs » furent installées dans les communs et au rez-de-chaussée : les travaux manuels étaient leur principale occupation ; il s’agissait de les dresser à un métier : c’était, pour employer les formules modernes, une sorte d’école primaire professionnelle annexée à ce qui, eu égard au temps, représentait une école secondaire.
Le succès fut tel, que, moins de dix-huit mois après l’organisation de la maison, le roi, qui venait d’acquérir, pour l’agrandissement du parc de Versailles, le château de Noisy, décida que les élèves de Rueil y seraient établies.

  • Il est ici question de Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, et des prémisses de Saint-Cyr à Reuil puis à Versailles.
  • L'éducation des femmes par les femmes (1885), Octave Gréard, éd. Hachette et cie, 1889, Madame de Maintenon, p. 108


Textes littéraires et témoignages divers[modifier]

J. M. Coetzee[modifier]

Cependant l'école était passionnante : chaque jour, semblait-il, apportait de nouvelles révélations sur la cruauté, la souffrance et la haine qui font rage sous la surface ordinaire des choses.
  • Scènes de la vie d'un jeune garçon, J. M. Coetzee (trad. Catherine Glenn-Lauga), éd. Le Seuil, coll. « Points », 1999  (ISBN 2-02-052577-1), p. 159


Fatos Kongoli[modifier]

[D]ans les écoles de banlieue, battre les élèves était une pratique tacitement admise, les instituteurs sachant qu'aucun parent ne viendrait se plaindre. On pouvait taper à loisir ; il suffisait de veiller à ne laisser aucune marque apparente. Si je passai quatre ans sans recevoir de coups, ce fut par simple chance : j'étais tombé sur une institutrice dépourvue de ce vice.
  • En Albanie
  • Le paumé, Fatos Kongoli (trad. Christiane Montécot et Edmond Tupja), éd. Payot & Rivages, 1997, p. 13


Daniel Pennac[modifier]

Nos «mauvais élèves» (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l'école. C'est un oignon qui entre dans la classe : quelques couches de chagrin, de peur, d'inquiétude, de rancœur, de colère, d'envies inassouvies, de renoncement furieux, de présent menaçant, de futur condamné. Regardez, les voilà qui arrivent, leur corps en devenir et leur famille dans leur sac à dos. Le cours ne peut vraiment commencer qu'une fois le fardeau posé à terre et l'oignon épluché.
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 2 (« Devenir »), chap. 10, p. 70


Virginia Woolf, Les Vagues, 1952[modifier]

À présent que nos malles ont été déballées dans le dortoir, nous sommes assises en groupe sous les cartes géographiques du monde entier. Il y a des bureaux avec des encriers. Nous écrirons nos devoirs à l’encre ici. Mais ici je ne suis personne. Je n’ai pas de visage. Cette grande assemblée, vêtue de serge brune, m’a volé mon identité. Nous sommes toutes sans cœur, sans amies. Je vais chercher un visage, un visage calme, un visage monumental, et je le doterai d’omniscience, et je le porterai sous ma robe comme un talisman et après (je le promets) je trouverai un petit vallon dans un bois où je pourrai étaler mon assortiment de trésors curieux. Je me le promets.


Notes[modifier]


Voir aussi[modifier]

Liens externes[modifier]

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