Algérie

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L’Algérie (en arabe : الجزائر) est un pays d’Afrique du Nord faisant partie du Maghreb.

Ferhat Abbas[modifier]

Nous sommes les fils d'un monde nouveau, né de l'esprit et de l'effort français.
  • Ferhat Abbas, 23 février 1936, journal L'Entente, dans Les drames de la décolonisation, 1900-1975, paru Éditions Roblot, 1975, p.77, Jean Bonnet.


Si j'avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste et je n'en rougirais pas comme d'un crime. Les hommes morts pour l'idéal patriotique sont journellement honorés et respectés. Ma vie ne vaut pas plus que la leur. Et cependant je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n'existe pas. Je ne l'ai pas découverte. J'ai interrogé les vivants et les morts, j'ai visité les cimetières, personne ne m'en a parlé [ ... ]. On ne bâtit pas sur le vent.
  • Ferhat Abbas, 23 février 1936, journal L'Entente, dans L'Afrique du Nord en marche, paru Éditions Julliard, 1972, p.123, Charles-André Julien.


Nous sommes chez nous. Nous ne pouvons aller ailleurs. C’est cette terre qui a nourri nos ancêtres, c’est cette terre qui nourrira nos enfants. Libres ou esclaves, elle nous appartient, nous lui appartenons et elle ne voudra pas nous laisser périr. L’Algérie ne peut vivre sans nous. Nous ne pouvons vivre sans elle. Celui qui rêve à notre avenir comme à celui des Peaux-Rouges d’Amérique se trompe. Ce sont les Arabo-Berbères qui ont fixé, il y a quatorze siècles, le destin de l’Algérie. Ce destin ne pourra pas demain s’accomplir sans eux.


L'Algérie, pays mal aimé, ballotté par le vent des passions humaines, fut meurtrie, appauvrie, mutilée. Après le drame de la guerre, les musulmans connaîtront celui du vide et de la solitude. La communauté française, à cause des erreurs qu'elle a commises, s'est exilée de l'autre côté de la Méditerranée. Malgré l'accueil de la France, ces Français pleurent le pays qui les a vu naître. Les Algériens, de leur côté, pleurent un grand nombre d'entre eux. D'autres cadres sont venus de toute l'Europe. Ces cadres ne valent pas ceux que l'Algérie a perdus. L'Algérie est un vaste pays où beaucoup de choses restent à faire. Tous ses enfants y avaient leur place. La République algérienne, édifiée par les uns et les autres, pouvait dans les meilleures conditions, multiplier les richesses du pays, assurer son développement et sa prospérité et guérir ses blessures. Ces Français qui avaient grandi au milieu de nous et qui étaient aussi Algériens que nous, étaient un maillon qui rattachait notre pays à la civilisation et à la technique française. Nous, Musulmans, étions un autre maillon qui liait ce même pays à l'Orient et à l'Afrique. Nos chances de succès étaient doubles.
  • Autopsie d'une guerre: l'aurore (1980), Ferhat Abbas, éd. Garnier, 1980, p. 325


Hocine Aït Ahmed[modifier]

Les religions, les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. Avec les Pieds-Noirs et le dynamisme - je dis bien les Pieds-Noirs et non les Français - l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine, méditerranéenne. Hélas ! Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques, stratégiques. Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens.
  • Propos de Hocine Aït Ahmed, ancien chef historique du FLN, en juin 2005, Revue Ensemble, n°248
  • L'Europe face à son passé colonial, Daniel Lefeuvre, éd. Riveneuve, 2008, p. 31


Avant ? vous voulez dire du temps de la colonisation ? du temps de la France ? mais c'était le paradis! des fleurs, des fruits, des légumes partout, des restaurants. Maintenant nous manquons de tout : de crèches, d'écoles, d'hôpitaux, de dispensaires, mais le Parti et la police ont des immeubles neufs... La plus grande misère ici est intellectuelle.
  • Réponse de Hocine Aït Ahmed au journaliste français du Figaro magazine en février 1990 qui lui demandait comment était l'Algérie avant l'indépendance


Saïd Boualam[modifier]

Sur les drapeaux des régiments de tirailleurs algériens et sur les étendards des spahis est gravée une devise. Ce n'est même pas « Honneur et Fidélité » mais « Honneur et Patrie », notre Patrie, c'est la France, et nous n'admettons pas qu'on l'arrache de nos cœurs. Nous n'admettons pas, après le 13 mai, après le référendum du 28 septembre, qu'on revienne sur notre volonté de vivre et de mourrir français. Nous n'admettons pas non plus que la Métrople soit consultée pour savoir si l'on nous autorise à être français. C'est une injure qui nous est faite, à nous Musulmans, qui avons défendu sur tous les champs de bataille un patrimoine commun, un honneur commun, une patrie unique et qui sommes d'ailleurs un mélange de races, de confessions et de peuples ni plus ni moins divers que le peuple français lui-même.
  • Déclaration du Bachaga Boualam, vice-président de l'Assemblée nationale, le 28 janvier 1960
  • De Psichari à de Gaulle, Marcel Gallienne, éd. La pensée universelle, 1978, p. 187


Quand les Français débarquèrent sur nos côtes, le mot Algérie n’existait pas. Notre histoire commence en 1845 comme celle de la France, en tant que peuple, a commencé avec les Capétiens. 1830, en cette terre d’Afrique du Nord, c’est le chaos, deux millions d’esclaves rançonnés par les pillards ou les féodaux, rongés par la syphilis, le trachome, le choléra, la malaria ; des déserts, des marais pestilentiels, plus rien de ce qui avait été la paix romaine.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 23


Tout Algérien raisonnable reconnait à la France le mérite de l'avoir arraché, sur tous les plans, au stade moyenâgeux.
  • Les Harkis au service de la France (1963), Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 178


On peut tourner la page d'une histoire qui a duré cent trente ans, mais on ne peut pas effacer l'Histoire. On ne peut pas effacer ce que la France a apporté à l'Algérie, cette présence qui est dans le cœur de ses pires ennemis, dans les pierres des villes et des villages, dans les champs, dans les vignes et jusque dans ce paysage qui a été modelé par la France.
  • Les Harkis au service de la France (1963), Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 264


Albert Camus[modifier]

Je sais les prestiges et le pouvoir sournois de ce pays, la façon insinuante dont il retient ceux qui s'y attardent, dont il les immobilise, les prive d'abord de questions et les endort pour finir dans la vie de tous les jours. La révélation de cette lumière, si éclatante, qu'elle en devient noire et blanche, a d'abord quelque chose de suffocant. On s'y abandonne, on s'y fixe et on s'aperçoit que cette trop longue splendeur ne donne rien à l'âme et qu'elle n'est qu'une jouissance démesurée.
  • L'Été, Albert Camus, éd. Gallimard,, 1954, p. 92


Louis Chevalier[modifier]

C'est la France qui a contribué au progrès de l'Islam [en Algérie], en rendant par exemple l'usage de l'arabe obligatoire dans les justices de paix. L'islamisation de la Kabylie en particulier est d'époque récente.
  • Le problème démographique nord-africain (1947), Louis Chevalier, éd. Presses universitaires de France, 1947, p. 196


Aziz Chouaki[modifier]

Il y a aussi un concept sur lequel j'aime bien faire friser les cheveux des gens : c'est dire que l'Algérie a été inventée par la France, qu'elle a été créée de toute pièce en 1830 dans des bureaux. La France, quand elle est arrivée, avait affaire à une Régence, avec les beylicats, des tribus qui prêtaient allégeance ou qui acceptaient l'impôt turc ; c'est tout ce qu'il y avait. Il n'y avait ni frontière, ni drapeau, ni nom, ni Algérie, ni Djazaïr, ni rien du tout. A l'époque Djazaïr, c'était un terme marin, qui désignait des petites îles qu'il y avait au port d'Alger, c'est tout.
  • Les mots du Bled: Création contemporaine en langues maternelles, Les artistes ont la parole, Fellag, Dominique Caubet, éd. L'Harmattan, 2004, p. 164


Général Jean Delaunay[modifier]

Pour trop de nos contemporains, les campagnes de Tunisie et d'Italie restent des inconnues, éclipsées qu'elles ont été par les récits de la Résistance et de la Déportation et l'épopée de la 2e D.B. Juin n'a pas, comme Leclerc, une rue dans toutes nos villes. Et pourtant ses soldats ont contribué à la Libération, sur le plan stratégique en perçant le redoutable front défensif allemand d'Italie, et sur le plan moral, en montrant aux Alliés et au monde que l'armée française était redevenue crédible.
[...] Les engagés algériens et marocains constituaient l'essentiel des troupes du Corps Expéditionnaire Français d'Italie. Ils ont fait la preuve de leur bravoure et de leur fidélité à la France [...]. Il en résulte que nous avons une immense dette de reconnaissance à la fois vis-à-vis de ces soldats maghrébins et de leurs descendants, et vis-à-vis de leurs chefs.

  • De Sétif à Marseille, par Cassino : Carnets de guerre de Jean Lapouge, sous-lieutenant au 7e RTA, Jean Lapouge, éd. Anovi, 2006, préface du général Jean Delaunay, ancien Chef d'état-major de l'armée de terre française de 1980 à 1983, p. 9


Jacques Derrida[modifier]

Je parle ici, comme Algérien devenu français un moment donné, ayant perdu sa citoyenneté française, et l'ayant retrouvée. Parmi toutes les richesses culturelles que j'ai reçues, que j'ai héritées, ma culture algérienne est parmi celles qui m'ont le plus fortement soutenu. L'héritage que j'ai reçu de l'Algérie est quelque chose qui a probablement inspiré mon travail philosophique. Tout le travail que j'ai poursuivi, à l'égard de la pensée philosophique européenne, occidentale, comme on dit, gréco-européenne, les questions que j'ai été amené à lui poser depuis une certaine marge, une certaine extériorité, n'auraient certainement pas été possibles si, dans mon histoire personnelle, je n'avais pas été une sorte d'enfant de la marge de l'Europe, un enfant de la Méditerranée, qui n'était ni simplement français ni simplement africain, et qui a passé son temps à voyager d'une culture à l'autre et à nourrir les questions qu'il se posait à partir de cette instabilité. Tout ce qui m'a intéressé depuis longtemps, au titre de l'écriture, de la trace, de la déconstruction de la métaphysique occidentale - que je n'ai jamais, quoi qu'on en ait répété, identifiée comme une chose homogène ou définie au singulier -, tout cela n'a pas pu ne pas procéder de cette référence à un ailleurs dont le lieu et la langue m'étaient pourtant inconnus ou interdits.


Maurice Faivre[modifier]

Cette histoire de 130 années, ou combattants français et musulmans ont combattu côte à côte pour la défense des valeurs de liberté et de démocratie, s'est achevée dans la guerre civile et le sang, contrairement à ce qui s'est passé en Tunisie et au Maroc. Les accords d'Evian, qui devaient consacrer la coopération de nos deux peuples, n'ont été qu'une paix ratée. En livrant l'Algérie à la domination d'un parti totalitaire, dont les responsables se battaient "au couteau" pour accaparer richesses et pouvoir, la France a condamné les adeptes des valeurs républicaines au massacre et à l'exil, et conduit le peuple algérien, non à la liberté, mais à l'oppression et à la misère, suivies de la révolte, de l'intolérance et du retour à l'obscurantisme. Notre responsabilité de Français dans la situation dramatique de l'Algérie de 1995 est donc grande.
  • Les combattants musulmans de la Guerre d'Algérie, Maurice Faivre, éd. L'Harmattan, 1995, p. 231


Abderrahmane Farès[modifier]

S'il est en Algérie un domaine où l'effort de la France ne se discute pas, c'est bien le domaine de l'enseignement. On peut et on doit dire que l'école a été un succès certain. Les vieux maîtres, les premiers instituteurs ont apporté toute leur foi pédagogique sans arrière pensée et leur influence a été extrêmement heureuse.
  • Abderrahmane Farès était un homme politique algérien, président de l'Exécutif provisoire algérien en 1962
  • Aïn-Témouchent de ma jeunesse, Louis Abadie, éd. Serre Editeur, 2004, p. 110


Mouloud Feraoun[modifier]

Quand l'Algérie vivra, je souhaite qu'elle se souvienne de la France et de tout ce qu'elle lui doit.


Eugène Guernier[modifier]

Il n'est pas sans intérêt de noter que cette appellation [Algérie] consacrait la conquête arabe et on peut se demander pourquoi les hommes politiques français du moment, tenant mieux compte du passé, n'ont pas adopté les noms de Numidie ou de Kabylie.
  • La Berbérie, l'islam et la France, Eugène Guernier, éd. Union française, 1952, t. 2, p. 53


Cette disposition [reconnaissant la langue arabe comme langue officielle et son enseignement], qui apparait comme logique et naturelle aux esprits sincères, comporte des conséquences d'une exceptionnelle gravité. Tout d'abord, elle sanctionne la déroute et la disparition de la civilisation berbère qui, appelée à perdre sa langue, est aussi à la veille de perdre son âme. En cette matière la France a pris là une responsabilité immense dont elle pourrait un jour subir le poids. [...] Après avoir sanctionné l'islamisation des Berbères, elle reconnait la légitimité de leur arabisation. L'ensemble constitue la plus grande victoire remportée par les Arabes au Maghreb. Il constitue la plus lourde faute de la France devant l'Histoire et devant elle-même.
  • La Berbérie, l'islam et la France, Eugène Guernier, éd. Union française, 1952, t. 2, p. 71-72


Général André Lenormand[modifier]

Les tirailleurs algériens écrivirent pour l'armée française des pages parmi les plus glorieuses de son histoire. Au cours de la guerre 1914-1918, leur discipline et leur courage leur valurent les plus hautes distinctions. Au cours de la 2° guerre mondiale, ils renouvelèrent leurs exploits, en Tunisie, puis en Italie. Ils furent parmi les remarquables combattants qui, à Cassino, obligèrent la Wehrmacht à se replier. C'est la 3° division algérienne, sous le commandement du général de Monsabert, qui, au prix de combats acharnés et de lourdes pertes, enleva le Belvédère et ouvrit une brèche dans la ligne Gustav. Les tirailleurs algériens participèrent avec les pieds-noirs au débarquement en Provence et à la libération de la France. A leur retour d'Indochine, la majorité d'entre eux reprit le combat en Algérie, essentiellement dans les montagnes, pour mener une guerre, qui, au départ, leur était incompréhensible.
  • Historia Magazine n°218, Général André Lenormand, éd. Historia, 6 mars 1972, la guerre d'Algérie, p. 25


Jacques Marquette[modifier]

Il serait inadmissible que dans la communauté française de demain, les héros de la campagne de libération, descendants des glorieux tirailleurs qui à l'Alma, à Solférino, à Wissembourg, à Verdun et devant la ligne Maginot versèrent leur sang pour la France continuent à être traités en Français auxiliaires.
  • Une France nouvelle pour le monde nouveau‎ (1944), Jacques Marquette, éd. Maison française, 1944, p. 133


Colonel Abd-El-Aziz Méliani[modifier]

La Grande Guerre voit l'Algérie fournir un lourd contingent de soldats [...] ils versent généreusement leur sang sur les principaux champs de bataille immortalisés par l'histoire: Verdun, la Somme, la Champagne, l'Artois. Ils sont 170 000 à traverser la Méditerranée [...] Ils sont 36 000 à donner leur vie pour que la France retrouve sa liberté et la paix. C'étaient les grands-pères des harkis. Pendant la seconde guerre mondiale, alors que la France est captive et muette 230 000 soldats musulmans dont 120 000 à 150 000 algériens luttent entre 1942 et 1945, certains jusqu'au sacrifice suprême. [...] ils inscrivent dans le livre d'or de l'histoire de France des pages de gloire qui ont pour nom Belvédère, Monte Cassino, Rome, le Rhin, Strasbourg, Belfort. Pour la seconde fois au cours de ce siècle, ces soldats rendent sa dignité à la patrie et lui restituent sa place dans le monde.

C'étaient les pères des harkis.

  • Le drame des harkis: la France honteuse, Aziz Meliani, éd. Perrin, 1993, p. 31


Marcel-Edmond Naegelen[modifier]

Dans l'œuvre française en Algérie, il y a, certes, bien des insuffisances, bien des erreurs, bien des fautes, peut-être quelques crimes. Mais ce n'est pas sur quelques taches qui parsèment sa façade que l'on juge un édifice. C'est sur architecture générale. L'Algérie est une création française, dont la France doit et peut être fière. Avant notre arrivée [...] il n'y avait pas d'Algérie. C'était de la côte au Sahara et de Tébessa à Tlemcen le chaos et l'anarchie. Les tribus se combattaient, la guerre et le brigandage étaient partout. Ce pays n'avait pas de nom parce qu'il n'avait pas d'unité, parce qu'il n'existait pas. Ce sont les Français qui lui donnèrent son nom : Algérie [...]. Nous avons fait ce pays, économiquement et même politiquement. Et si nous n'y avons pas tout fait, si nous y avons péché par sous-développement, sous-administration, sous-encadrement, du moins lui avions-nous apporté la paix intérieure et peu à peu le sentiment de son existence.
  • 15 janvier 1957, Marcel-Edmond Naegelen fut député socialiste, ministre et gouverneur général de l'Algérie de 1948 à 1951.
  • Algérie, 1830-1962, Jeanne Caussé, Bruno de Cessole, éd. Maisonneuve & Larose, 1999, Marcel-Edmond Naegelen, 15 janvier 1957, p. 473


Jean-Claude Perez[modifier]

Il ne faut pas avoir peur des mots : c'est un véritable racisme anti-arabe qui constitua en dernière analyse le fondement majeur du rejet de l'Algérie. Les grands motifs philosophiques et généreux que l'on invoquait : liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, lutte contre l'impérialisme, décolonisation, furent des leurres politiques, agités devant l'opinion, des leurres de propagande, habilement utilisés pour camoufler cette répugnance de se mélanger avec ces gens de là-bas, ceux qui ne seront jamais des Français.


Boualem Sansal[modifier]

Le Figaro : Avez-vous la nostalgie de la présence française ?
Boualem Sansal : Comme 80% des Algériens. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes nostalgiques de la colonisation. Mais au temps de la présence française, l'Algérie était un beau pays, bien administré, plus sûr, même si de criantes inégalités existaient. Beaucoup d'Algériens regrettent le départ des pieds-noirs. S'ils étaient restés, nous aurions peut-être évité cette tragédie.


Je suis un iconoclaste qui dénonce les mensonges de la guerre de libération. J'ose toucher à un mythe fondateur, mais un mythe est fait pour être discuté. L'Algérie a été construite par la France dont elle porte les valeurs du XIXème. Alger est une ville squattée. Ils sont loin d'avoir trouvé les clés. Aujourd'hui, elle tourne le dos à la méditerranée en regardant vers l'Iran et les pays arabes. Chez nous, les politiques s'expriment comme des imams ténébreux. La France est le centre du monde par son immense culture et sa liberté. C'est le pays de l'équilibre par excellence. La liberté est une notion riche et profonde en Occident. Ici, en guise de liberté, c'est le foutoir, l'apostrophe, l'insulte et la bagarre de rues.
  • Le serment des barbares, Boualem Sansal, éd. Gallimard, 2001, p. 325


Il faut en finit avec ces bêtes immondes, avec ces barbares des temps obscurs, ces porteurs de ténèbres, oublier les serments pleins d'orgueil et de morgue qu'ils ont réussi à nous extorquer au sortir de ces années de guerre. La lumière n'est pas avec eux et les lendemains ne chantent jamais que pour les hommes libres.
  • Le serment des barbares, Boualem Sansal, éd. Gallimard, 2001, p. 335


Quarante ans est un temps honnête, ce me semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous qui sommes ses enfants.
  • Le serment des barbares, Boualem Sansal, éd. Gallimard, 2001, p. 375


Kateb Yacine[modifier]

Pendant ces treize siècles, on a arabisé le pays mais on a en même temps écrasé le tamazight, forcément. Ça va ensemble. L’arabisation ne peut jamais être autre chose que l’écrasement du tamazight. L’arabisation, c’est imposer à un peuple une langue qui n’est pas la sienne, et donc combattre la sienne, la tuer.[...] L’Algérie arabo-islamique, c’est une Algérie contre elle-même, une Algérie étrangère à elle-même. C’est une Algérie imposée par les armes, parce que l’islam ne se fait pas avec des bonbons et des roses. Il s’est fait dans les larmes et le sang, il s’est fait par l’écrasement, par la violence, par le mépris, par la haine, par les pires abjections que puisse supporter un peuple. On voit le résultat.
  • « Aux origines des cultures du peuple : entretien avec Kateb Yacine » (1987), dans Revue Awal, n° 9/1992 - Hommage à Kateb Yacine, Kateb Yacine, éd. MSH, 1992, p. 127


L'idéologie de la « nation arabe » et l'intégrisme musulman sont les deux principales forces qui s'opposent au progrès [en Algérie].
  • Kateb Yacine, 1985, dans Le poète comme un boxeur, paru Seuil, 1994, p.164, Kateb Yacine.


Jean-Marie Le Pen[modifier]

Ce qu’il faut dire aux Algériens, ce n’est pas qu’ils ont besoin de la France, mais que la France a besoin d’eux. C’est qu’ils ne sont pas un fardeau ou que, s’ils le sont pour l’instant, ils seront au contraire la partie dynamique et le sang jeune d’une nation française dans laquelle nous les aurons intégrés. [...] J’affirme que dans la religion musulmane rien ne s’oppose au point de vue moral à faire du croyant ou du pratiquant musulman un citoyen français complet. Bien au contraire, sur l’essentiel, ses préceptes sont les mêmes que ceux de la religion chrétienne, fondement de la civilisation occidentale. D’autre part, je ne crois pas qu’il existe plus de race algérienne que de race française [...]. Je conclus : offrons aux musulmans d’Algérie l’entrée et l’intégration dans une France dynamique. Au lieu de leur dire comme nous le faisons maintenant: « Vous nous coûtez très cher, vous êtes un fardeau », disons leur : « Nous avons besoin de vous . Vous êtes la jeunesse de la Nation » [...] Comment un pays qui a déploré longtemps de n’avoir pas assez de jeunes pourrait-il dévaluer le fait d’en avoir cinq ou six millions?
  • Intervention du député Jean-Marie Le Pen pour soutenir le maintien de l'Algérie française, le 28 janvier 1958, à l'Assemblée Nationale
  • Jean-Marie Le Pen, 2e séance du 29 janvier 1958, Assemblée Nationale, dans JO - Débats parlementaires - Assemblée Nationale (1958), p.310-311, paru 1958, JO.


Voir aussi[modifier]

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