Vent

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Pieter Kluyver (1816–1900)

Le Vent est le mouvement d’une atmosphère, masse de gaz située à la surface d'une planète.

Philibert Joseph Le Roux, Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, 1750[modifier]

Petite pluie abat grand vent. Pour dire que quelques paroles flatteuses apaisent un grand emportement.
  • Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, Philibert Joseph Le Roux, éd. Beringos, 1752, t. 1, p. 2


Jetter la paille,ou la plume au vent. Se dit quand on est incertain de ce qu'on doit faire, quand on s'en rapporte au hasard.
  • Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, Philibert Joseph Le Roux, éd. Beringos, 1750, t. 1, p. 318


Paul Valéry, Œuvres I, 1957[modifier]

Le vent se lève !... Il faut tenter de vivre !
  • Œuvres I, Paul Valéry, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1957, p. 151


Albert Bensoussan, Confessions d'un traître, 1995[modifier]

La parole est nomade, aérienne, supérieure, l'écriture la fige, la ramène à terre, l'emprisonne. Ainsi cette historiette arabe :

- Qu'est-ce que la parole ? demande l'un.
- Un vent qui passe, dit le sage.
- Et qui peut l'enchaîner ? interroge l'autre.

- L'écriture.
  • Confessions d'un traître, Albert Bensoussan, éd. Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 25-26


Les surréalistes, La Révolution surréaliste n°1, 1924[modifier]

La route est une sentinelle dressée contre le vent qui nous enlace et nous fait trembler devant nos fragiles apparences de rubis.
  • Les surréalistes — Une génération entre le rêve et l'action (1991), Jean-Luc Rispail, éd. Gallimard, coll. « Découverte Gallimard Littérature », 2000  (ISBN 2-07-053140-6), chap. Témoignages et documents, Préface à La Révolution surréaliste, n°1, 1924, p. 169


Victor Hugo, Les Contemplations, 1856[modifier]

La cendre ne sait pas ce que pense le marbre ;
L'écueil écoute en vain le flot ; la branche d'arbre
Ne sait pas ce que dit le vent.

  • Les Contemplations, Victor Hugo, éd. Hachette, 1858, t. 1, p. 285


Jules Laforgue, Complainte d'un autre dimanche, 1885[modifier]

C’était un très-au vent d’octobre paysage,
Que découpe, aujourd’hui dimanche, la fenêtre.

  • « Complainte d'un autre dimanche », dans Les Complaintes et les premiers poèmes (1885), Jules Laforgue, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1979, p. 61


Victor Hugo, La Fin de Satan, 1886[modifier]

La Marche au Supplice

Quatre anges se tenaient aux quatre coins du monde ;
Ces anges arrêtaient au vol les quatre vents,
Pour qu'aucun vent ne pût souffler sur les vivants,
Ni troubler le sommet des montagnes de marbre,
Ni soulever un flot, ni remuer un arbre.

  • La Fin de Satan, Victor Hugo, éd. Nelson, 1912, partie La Marche au Supplice, p. 384


Henri de Régnier, Les jeux rustiques et divins, 1897[modifier]

Pour le porte mortuaire

[...] et que l’âpre vent d’un souffle rauque éteigne
Au poing nu des porteurs qu’il courbe sous les porches,
La lueur des flambeaux et la flamme des torches.

  • « Pour la porte mortuaire », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 204


Si tu disais : Voici l’Hiver.
Le soleil saigne sur la mer,
La barque est prise aux glaces du port,
L’âtre fume, le vent halète
Ou ricane, glapit ou guette
Et jappe et mord ;
Le jour finit en soir amer...
Si tu disais : Je suis la douleur et l’hiver ;
Je t’aimerais.

  • « Odelette VI », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 237-238


Avril a fondu la neige ;
Le vent chuchote, hésite et tremble,
Lui qui parlait si haut avec sa voix d’hiver,

  • « Odelette IX », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 251


William Butler Yeats, Quarante-cinq poèmes[modifier]

Ah pourquoi aurais-tu la crainte
De l’horreur que clame le vent ?

  • Quarante-cinq poèmes (1889-1938), William Butler Yeats (trad. Yves Bonnefoy), éd. Gallimard, 1993  (ISBN 2070327809), À l’enfant qui danse dans le vent, p. 49


Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926[modifier]

André Masson

Les lignes de la main, autant de branches dans le vent tourbillonnant.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Robert Desnos, Pénalités de l'enfer, 1922[modifier]

Une pythonisse me fait des signes. Une foule m'acclame. Les hommes ont retiré leur pantalon et leur caleçon ; ils les agitent audessus de leur tête. Le vent joue avec leurs sexes négligemment. Il en a même emporté quelques-uns. Leurs propriétaires furent portés en triomphe autour de la statue d'une carafe et d'une lunette d'approche. Les femmes, elles, ne relevaient pas leurs jupons. Elles peignaient au ripolin des phrases en mon honneur sur le ventre de leurs maris.
  • « Pénalités de l'enfer », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 4, Septembre 1922, p. 9


André Breton, Poisson soluble, 1924[modifier]

La jeune Irlandaise troublée par les jérémiades du vent d'est écoutait dans son sein rire les oiseaux de mer.


Quel vent le pousse, lui que la bougie de sa langue éclaire par les escaliers de l'occasion ?


Par ces soirs de pierre de lune où il remuait sur une table de vent un verre à moitié vide, qu'écoutait-il sur le tranchant de l'air, comme l'Indien ?


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927[modifier]

À la Porte Maillot, je relevai la robe de soie noire dont elle s’était débarrassée. Nue, elle était nue maintenant sous son manteau de fourrure fauve. Le vent de la nuit chargé de l’odeur rugueuse des voiles de lin recueillie au large des cotes, chargé de l’odeur du varech échoué sur les plages et en partie desséché, chargé de la fumée des locomotives en route vers Paris, chargé de l’odeur de chaud des rails après le passage des grands express, chargé du parfum fragile et pénétrant des gazons humides des pelouses devant les châteaux endormis, chargé de l’odeur de ciment des églises en construction, le vent lourd de la nuit devait s’engouffrer sous son manteau et caresser ses hanches et la face inférieure de ses seins.


Ce sont les hommes qui sont imbéciles, ayant basé les voiles des navires sur le même principe que la tornade, de trouver le naufrage moins logique que la navigation.
Que je les méprise ceux qui ignorent jusqu’à l’existence du vent.


Victor Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874[modifier]

La Convention a toujours ployé au vent ; mais ce vent sortait de la bouche du peuple et était le souffle de Dieu.


André Breton, L'Amour fou, 1937[modifier]

Le bon vent qui nous emporte ne tombera peut-être plus puisqu'il est dès maintenant chargé de parfums comme si des jardins s'étageaient au-dessus de nous. Nous touchons en effet le Quai aux Fleurs à l'heure de l'arrivage massif des pots de terre roses, sur la base uniforme desquels se prémédite et se concentre toute la volonté de séduction active de demain.


C'est par-dessus les têtes, puis entre elles, une pluie de flèches empoisonnées, si serrées que bientôt à ne plus se voir. L'égoïsme odieux s'emmure en toute hâte dans une tour sans fenêtres. L'attraction est rompue, la beauté même du visage aimé se dérobe, un vent de cendres emporte tout, la poursuite de la vie est compromise. Est-il besoin de dire que ces instants sont comptés, qu'ils sont à la merci d'un signe d'intelligence du cœur – un mouvement involontaire de détente, un geste familier – pour prendre fin sans laisser la moindre trace. Vénus, parce qu'elle a voulu intervenir dans la guerre des hommes, est blessée à la main, c'est-à-dire paralysée momentanément dans son action même. Au-delà elle redevient elle-même et revêt sa ceinture magique.


Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939[modifier]

Je ne regrette rien. j'ai joué, j'ai perdu. C'est dans l'ordre de mon métier. Mais, tout de même, je l'ai respiré, le vent de la mer. Ceux qui l'ont goûté une fois n'oublient pas cette nourriture.


Patrick Cauvin, Le sang des roses, 2002[modifier]

Le vent. Il semblait venir de l’autre bout de la Terre. Rien autant que ce souffle courant sur les rochers ne pouvait procurer une telle impression d’éternité.
       Il serait là, il avait toujours été là, depuis les origines de l’univers. La même plainte douloureuse et invincible murmurait à l’oreille du voyageur une chanson cosmique, la musique du monde d’avant l’homme...l’opéra des montagnes, des déserts et des forêts. Il s’apaisait parfois pour revenir, inlassable, triomphant ou brisé.
  • Le sang des roses, Patrick Cauvin, éd. Albin Michel, 2002, p. 75-76


Jean Giraudoux, Amphitryon 38, 1929[modifier]

Jupiter  : Tu vois la fenêtre éclairée, dont la brise remue le voile. Alcmène est là ! Ne bouge point. Dans quelques minutes, tu pourras peut-être voir passer son ombre.
Mercure : A moi cette ombre suffira. Mais je vous admire, Jupiter, quand vous aimez une mortelle, de renoncer à vos privilèges divins et de perdre une nuit au milieu de cactus et de ronces pour apercevoir l'ombre d'Alcmène, alors que de vos yeux habituels vous pourriez si facilement percer les murs de sa chambre, pour ne point parler de son linge.
Jupiter : Et toucher son corps de mains invisibles pour elle, et l'enlacer d'une étreinte qu'elle ne sentirait pas !
Mercure : Le vent aime ainsi, et il n'en est pas moins, autant que vous, un des principes de la fécondité.


Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1885[modifier]

Vous vous tenez là, honorables, raides et le dos droit, sages illustres, aucun grand vent, aucune grande volonté ne vous pousse. N'avez-vous jamais vu passer les voiles sur la mer, gonflées, arrondies, tremblantes sous la violence du vent impétueux ? Pareille à la voile tremblantes sous la violence du vent impétueux, ma sagesse passe sur la mer, — ma sagesse sauvage !

  • Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie II, chap. « Des sages illustres », p. 129


Gaston Bachelard, L'Eau et les rêves, 1942[modifier]

Nietzsche a instruit patiemment sa volonté de puissance par ses longues marches dans la montagne, par sa vie en plein vent sur les sommets. Sur les sommets, il a aimé : « L'âpre divinité de la roche sauvage ». La pensée dans le vent ; il a fait de la marche un combat. Mieux, la marche est son combat. C'est elle qui donne le rythme énergétique de Zarathoustra. Zarathoustra ne parle pas assis, il ne parle pas en se promenant, comme un péripatéticien. Il donne sa doctrine en marchant énergiquement. Il la jette aux quatre vents du ciel.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. VIII L'eau violente, p. 183


La marche contre le vent, la marche dans la montagne est sans doute l'exercice qui aide le mieux à vaincre le complexe d'infériorité. Réciproquement, cette marche qui ne désire pas de but, cette marche pure comme une poésie pure, donne de constantes et d'immédiates impressions de volonté de puissance.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. VIII L'eau violente, p. 184


Télévision[modifier]

Alexander Valenza, Stargate SG-1, 1998[modifier]

Tonane : Vous ne pouvez jamais voir le vent Sam, mais vous savez ce que c'est. Vous pouvez l'entendre. Vous pouvez le sentir. Vous pouvez voir ses effets sur tous ces arbres. C'est la même chose avec les esprits : vous voyez un loup, mais T'akaya est là.
[...] (le loup disparaît dans un bosquet et quelques instants plus tard, en ressort SG-11)
Tonane : Ça vous fait quoi de voir le vent Sam ?


Alexandre Astier, Kaamelott[modifier]

Pour savoir s’il va y avoir du vent, il faut mettre son doigt dans le cul du coq.
  • Brice Fournier, Kaamelott, Livre II, 61 : O’Brother, écrit par Alexandre Astier.


Théologie[modifier]

Sayd Bahodine Majrouh, Le Voyageur de Minuit, 1989[modifier]

Soulagé, presque arrogant de nouveau, il se crut libre, le Grand Conquérant qu'avait envahi le désert de l'indifférence, qu'avait rongé le vent d'automne de l'angoisse.
  • Le Voyageur de Minuit (Ego-Monstre I), Sayd Bahodine Majrouh (trad. Serge Sautreau), éd. Phébus, coll. « Domaine persan », 1989  (ISBN 2-85940-123-7), Cycle I, Cercle troisième, « L'offrande d'un prisonnier du Temps », p. 59


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