Solitude
La solitude (du latin solus signifiant « seul ») est l'état ressenti par un individu seul qui n'est engagé dans aucun rapport durable avec autrui.
- Le Désert des Tartares, Dino Buzzati (trad. Michel Arnaud), éd. Pocket, 1994, chap. 10, p. 88
- Le Désert des Tartares, Dino Buzzati (trad. Michel Arnaud), éd. Pocket, 1994, chap. 24, p. 223
- Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline, éd. Gallimard, 1972 (ISBN 2-07-036028-8), p. 380 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Citation choisie pour le 21 octobre 2008.
Je pense à ces couples de gisants qu’on voit parfois dans les églises, allongés l’un à coté de l’autre, les plis des vêtements soigneusement repassés, tuyautés, frisés, godronnés, gaufrés, les mains jointes, un oreiller brodé glissé sous la tête, le chien familier leur servant de repose-pied. Qui peut aujourd’hui espérer connaître un pareil repos ? Une telle amitié dans la mort ? Les gens vivent seuls, mourront seuls, seront déposés seuls dans la terre ou préféreront, face à la peur de pareille solitude, se faire incinérer, devenir poussière parmi les poussières, cendre perdue au vent, quand même l’Église requérait qu’il y eût un peu de chair, un front par exemple, pour déposer la poudre grise, l’honorer – car on honorait en effet la cendre -, et par là lui donner un sens.
- Journal atrabilaire, Jean Clair, éd. Gallimard, coll. « l'un et l'autre », 2006 (ISBN 2-07-077700-6), p. 88
- La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), IV. La brigade des jeux, p. 46
- La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN 2070363732), p. 132
- Pensées, Cécile Fée, éd. Madame Huzard, 1832, p. 108
- Journal du voleur (1949), Jean Genet, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN 2-07-036493-3), p. 277
Cécile Guilbert
- Cécile Guilbert parlant de Nabokov dans une préface
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. X
- Les châteaux de la subversion, Annie Le Brun, éd. Garnier Frères, coll. « Folio Essais », 1982 (ISBN 2-07-032341-2), partie III, Sans lieu ni date, p. 238
- Les Passions schismatiques, Gabriel Matzneff, éd. Stock, 1977, chap. L'écriture, p. 104
Ô solitude ! Toi ma patrie, solitude ! Comme ta voix me parle, bienheureuse et tendre !
Nous ne nous questionnons point, nous ne nous plaignons pas l’un à l’autre, librement nous franchissons ensemble les portes ouvertes.
- Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche, éd. Gallimard, coll. « Le Livre de poche classique », 1947, partie 3, sect. « Le retour », p. 213
Où cesse la solitude commence le marché ; et où commence le marché, commence aussi le vacarme des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.
(...) C'est à l'écart du marché et de la gloire que se passe tout ce qui est grand : c'est à l'écart de la place du marché et de la gloire qu'ont, de tout temps, habité les inventeurs de valeurs nouvelles.
- Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972 (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Des mouches du marché », p. 69
Tout homme d'élite aspire instinctivement à sa tour d'ivoire, à sa retraite mystérieuse, où il est délivré de la masse, du vulgaire, du grand nombre, où il peut oublier la règle « homme », étant lui-même une exception à cette règle.
- Par-delà le bien et le mal (1886), Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1991 (ISBN 978-2-253-05614-0), partie II, chap. « Le libre esprit », § 26, p. 93
- L’Antéchrist suivi de Ecce Homo (1888-1908), Friedrich Nietzsche, éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 2006 (ISBN 978-2-07-032557-3), partie Pourquoi je suis si sage, Ecce Homo, p. 110
- Pensées, Blaise Pascal, éd. Gallimard (édition de Michel Le Guern), coll. « Folio classique », 1977 (ISBN 2070316254), fragment 126, p. 118 (texte intégral sur Wikisource)
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — VII, p. 52
Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c'est à cela qu'il faut parvenir. Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elles font.
- Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke (trad. Bernard Grasset et Rainer Biemel), éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 2016 (ISBN 978-2-246-63971-8), p. 56
- Rêveries du promeneur solitaire (1782), Jean-Jacques Rousseau, éd. Le Livre de Poche, coll. « Classiques », 2001 (ISBN 978-2-253-160991), Troisième Promenade, p. 71
- Rêveries du promeneur solitaire (1782), Jean-Jacques Rousseau, éd. Le Livre de Poche, coll. « Classiques », 2001 (ISBN 978-2-253-160991), Septième Promenade, p. 139
- Rêveries du promeneur solitaire (1782), Jean-Jacques Rousseau, éd. Le Livre de Poche, coll. « Classiques », 2001 (ISBN 978-2-253-160991), Première Promenade, p. 48
- Mes Poisons, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. II. Sur lui-même, p. 25
Elle est un baume appliqué sur les blessures. Elle fait caisse de résonance : les impressions sont décuplées quand on est seul à les faire surgir. Elle impose une responsabilité : je suis l'ambassadeur du genre humain dans la forêt vide d'hommes. Je dois jouir de ce spectacle pour ceux qui en sont privés. Elle génère des pensées puisque la seule conversation possible se tient en soi-même. Elle lave de tous les bavardages, permet le coup de sonde en soi. Elle convoque à la mémoire le souvenir des gens aimés. Elle lie l'ermite d'amitié avec les plantes et les bêtes et parfois un petit dieu qu passerait par là.