Émile Jalley

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Émile Jalley (né en 1935) est un épistémologue, psychologue, spécialiste d'Henri Wallon, de Sigmund Freud et Jean Piaget, critique de la psychologie scientifique, philosophe français d'obédience hégélo-marxienne .

Wallon, lecteur de Freud et Piaget, 1981[modifier]

L'un des reproches que Wallon exprime à l'égard de la conception piagétienne, c'est d'interpréter l'apparition de la fonction symbolique dans le droit fil du schème moteur, en continuité avec la motricité inconsciente propre, en définitive, au comportement animal. Or, « l'esprit et le symbole » ne sauraient surgir du perfectionnement, par exemple sous la forme d'un accroissement de rapidité des conduites motrices, mais bien plutôt de l'échec, de la mise en déroute des programmes automatiques de comportement. C'est à ce point de rupture qu'interviendraient les apprentissages sociaux propres à l'espèce humaine, à cet être « génétiquement social » qu'est l'homme.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. Édition Sociale, 1981, chap. 5.16 affectivité et intelligence, p. 294-295


L'activité intellectuelle ne peut être séparée, ni dans ses origines ni dans son fonctionnement actuel, de l'affectivité.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. Édition Sociale, 1981, chap. 5.16 affectivité et intelligence, p. 295


Personnalité : caractère et intelligence. Le caractère s'enracine dans le système tonico-postural réglé par les sensibilités intéro-propioceptives (stade 1). Sa matière est l'affectivité, modulée par l'ambiance humaine (stades 2 et 4) et contrôlée par l'intelligence (stades 3 et 5). L'intelligence, qui dote la conduite de représentations, trouve ses origines dans l'interaction des sensibilités extéroceptives et de l'activité clonique (stade 3). Mais l'imitation ne devient représentation par le biais des attitudes et postures, des expressions émotionnelles, produits des interactions de l'affectivité et de l'entourage (stade 2). D'autre part la représentation ne s'achève que grâce au langage, dont la racine archaïque est l'émotion.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. Édition Sociale, 1981, chap. 5.16 affectivité et intelligence, p. 295


Or un modèle construit à l'aide de dispositions trop généraux ne possède aucune valeur explicative.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. Édition Sociale, 1981, chap. 5.20 la logique dialectique et psychologie, p. 306


Ce qui rend difficile le texte de Wallon, c'est ce double et contradictoire procès par lequel l'alternance des intégrations (synchroniques) travail avec l'intégration des alternances (diachroniques). En bref, continuité et discontinuité du développement
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. Édition Sociale, 1981, chap. 5.20 la logique dialectique et psychologie, p. 306


Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, 2006[modifier]

Première Partie : La discussion entre Wallon et Piaget (1928-1970)[modifier]

Les différents débats, dans des champs majeurs divers mais d'une grande importance historique, entre
  • le béhaviorisme et la psychologie de la forme
  • Lacan et Lagache
  • Freud et Jung
  • Anna Freud et Mélanie Klein
  • Marx et Hegel
  • Kant et Hume
  • Aristote et Platon
  • Janséniste et Jésuites
  • Anciens et Modernes au XVII

Toute la culture occidentale repose sur les traces de pareils débats, pas sur les notices d'utilisation des ordinateurs. Ce sont ces controverses qui ont formé les bases sur lesquels se sont organisés les piliers de notre mémoire culturelle. Leur évitement conduit à terme à l'infirmité mentale.

  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine..., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 1.8 - La mise en place du modèle épistémologique définitif de Wallon (1941), p. 21



Abolir un des termes de la contradiction, c'est ce que fait le modèle piagétien d'une psychologie de l'intelligence, au lieu de confronter également celle-ci à la fonction antithétique que représente pour elle l'affectivité, dans le cadre global, comme le fait Wallon, d'une psychologie du développement de la personnalité. Une psychologie à laquelle manque un morceau de la réalité psychique est forcément partielle, partiale, abstraite.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 1.8 - La mise en place du modèle épistémologique définitif de Wallon (1941), p. 55


Deuxième partie : Le thème de la dialectique chez Wallon et Piaget[modifier]

Le noyau rationnel de la dialectique, que nous spécifions comme paradigme hégélo-marxien de la contradiction, se laisse envisager, en termes généraux, comme l'opposition des contraires au sein d'une unité. Or le paradoxe propre au processus de la contradiction dialectique, c'est de donner lieu à une définition marquée elle-même par la contradiction.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 5.5 - Le paradigme hégélo-marxien de la contradiction, p. 209


En fait, « la connaissance procède de l'action sur les choses avant de la guider.» Et la science en tant que « conscience des rapports entre le réel et la pensée », est adaptation active des cadres de la connaissance à l'objet, « réaction » des forces humaines en réponse aux forces de la nature, selon un cycle d'interactions. C'est "une création, non pas une continuité [E. J. : théorie de Descartes], mais perpétuelle et progressive qui rend compte à la fois du monde et de la science. Entre les deux, il y a continuité, « foncière identité ». C'est pourquoi, les lois de la pensée sont en homologie essentielle, en conformité avec celles de l'univers : « sans dialectique dans le monde, il n'y aurait pas de dialectique dans la pensée. Il faut bien que la pensée du monde soit inscrite par le monde dans la pensée ».
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, p. 256-257


La psychologie, c'est-à-dire « l'étude de la vie mentale » y est donc définie, ceci pour la première fois par Henri Wallon comme « science de la nature et science de l'homme ». En fait, le but et l'objet de la psychologie se spécifient plus précisément comme « l'homme en contact avec le réel ».
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 7.7 - La méthode de la psychologie comme analyse des ensembles, p. 263


La psychologie qui s'intéresse à l'ensemble des capacités et des activités de contact de l'homme réel est donc « l'étude concrète d'une réalité concrète ». De ce point de vue, l'homme n'est pas tout fait. Il se construit au cours d'un processus de développement, qui élargit et enrichit son unité, à partir d'un double mécanisme de différenciation et d'intégration.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 7.7 - La méthode de la psychologie comme analyse des ensembles, p. 263


De façon complémentaire, la psychologie se spécifie également comme « caractérologie », ou étude du caractère. En effet, le développement de l'être humain concret détermine la réalisation de son unité sous la forme d'un caractère. La psychogenèse es envisagée avant tout par Wallon, à la différence de Piaget, comme « croissance de la personne, développement proprement personnel, individuel ». À cet égard Wallon conçoit le caractère comme « la manière habituelle et constante de réagir propre à chaque individu ». En ce sens le caractère représente « l'indice individuel de chacun », où s'exprime « la totalité de la personne ». Il se définit encore comme « la formule pratique » de la personnalité, le mode particulier de conduites où s'actualise « le sentiment de personnalité ».  
Le caractère représente, à côté de l'intelligence, c'est à dire de la composante cognitive, la composante affective de la formation de la personne, dans le contexte de cette triple détermination biosociopsychologique des faits mentaux, ... »
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 7.7 - La méthode de la psychologie comme analyse des ensembles, p. 263


Troisième partie : Pour une critique de la psychologie contemporaine[modifier]

Effectivement personne n'arrive à définir clairement ce qu'est une représentation, autrement que par référence à un ensemble de dénomination purement verbales, toujours plus ou moins empruntée au langage de l'informatique. Comme on le souligne ailleurs (Jalley, 2006, 14.7.), la tendance moderne, concernant la nature et la source de la représentation, semblerait avoir parcouru le chemin d'une critique de Piaget consistant d'une part à jeter par-dessus-bord le côté fort de la doctrine piagétienne, celui consistant dans le versant opératif du schème sensori-moteur et de ses dérivés (concept), et trouvant sa source directe dans l'action, d'autre part à valoriser le versant mineur d'une telle doctrine, l'aspect figuratif du schème et ses rejetons (image mentale), ce qui ne peut ramener le modèle de la représentation qu'à la source très ancienne, mais jamais tarie, de la doctrine empiriste et associationniste, quand ce n'est pas nativiste, offerte par la perception, et à la figure par sa sœur, la mémoire, devenue pour sa part - avec ses trois niveaux [Long Terme, de Travail, Court terme], le cheval de bataille de la psychologie cognitive moderne, ce qui est d'ailleurs n'est pas très nouveau non plus (Taine, Bergson).
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 10.7 - La querelle moderne de l'irreprésentable statut de la représentation, p. 370


Alors que Piaget posait la double nature opérative et figurative de la représentation en privilégiant l'opérativité sur la figurativité, c'est-à-dire grosso modo le calcul logique, vecteur du signifié, pour venir informer l'image mentale et le langage, supports du signifiant, le cognitivisme tend à privilégier au contraire les significations représentatives organisées par un calcul d'espèce plus automatique et plutôt moins riches que la composante logique piagétienne.
Le nouvel appareillage installé par la perspective cognitiviste est largement spéculatif
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 10.7 - La querelle moderne de l'irreprésentable statut de la représentation, p. 371


...: on appelle aujourd'hui « modèles » ce que Platon appelait jadis « idées ».
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 10.7 - La querelle moderne de l'irreprésentable statut de la représentation, p. 372


...: pour Piaget, ce sont les opérations qui contraignent et informent les représentations, alors que c'est le contraire pour le cognitivisme.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 10.7 - La querelle moderne de l'irreprésentable statut de la représentation, p. 372


Le progrès technologique, dont il n'est pas évident qu'il s'identifie à un véritable progrès scientifique, au moins pour la psychologie, présente la particularité dans la période actuelle de s'accompagner d'une véritable régression philosophique.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 11.2 - L'intelligence artificielle et les neurosciences comme modèle en psychologie objective, p. 394


Il ne suffit pas de faire des expériences, il faut aussi avoir le talent d'en extraire les résultats et de les commenter avec pertinence et sagacité.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 11.5 - Autres traits de la sociologie professionnelle de la recherche en psychologie, p. 405


La science n'est pas toujours une langue bien faite, bien loin de là.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 11.5 - Autres traits de la sociologie professionnelle de la recherche en psychologie, p. 406


Une autre idée très étrange de Descartes, c'est que les grandes inventions sont le fait de l'homme solitaire, ce qui est fondamentalement vrai, même si cette idée n'est pas très populaire aujourd'hui. [...]. L'idée connexe de celle-ci chez Descartes, et qui est très provocante, c'est que l'erreur quand elle se produit, est d'autant plus massive que le groupe est grand. La foule ne corrige jamais l'erreur, au contraire elle la multiplie. Point de vue qui n'est pas non plus très populaire chez les psychologues actuels qui croient au contraire dur comme fer dans la véracité foncière de la démocratie groupale.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 11.6 - Opportunité des repères philosophiques dans le débat scientifique contemporain, p. 410


Le sentiment que tout est mortel n'ouvre la porte à aucune espèce de pitié, il renforce encore davantage le penchant à la cruauté.
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 11.6 - Opportunité des repères philosophiques dans le débat scientifique contemporain, p. 413


Le public cultivé actuel pompe à grands traits de la mamelle américaine ce qu'il croit de bonne foi, sur le crédit de journalistes connus, le vrai lait de la science
  • Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2006, chap. 11.6 - Opportunité des repères philosophiques dans le débat scientifique contemporain, p. 416


La psychanalyse et la psychologie - aujourd'hui en France, 2006[modifier]

La psychologie objective, Partie 2[modifier]

La psychologie cognitive (chapitre 13)[modifier]

... les trois principaux événements institutionnels [...] qui ont marqué l'apparition du mouvement cognitiviste : le symposium sur la théorie de l'information organisée au MIT en 1956 avec N. Chomsky, A. Newell et H. Simon, ainsi que G. Miller, la conférence sur les machines informatiques intelligentes organisée la même années au Dartmouth College de Hanover toujours avec Newell et Simon, ainsi que M. Minsky et J. McCarthy, et enfin la création à Harvard du Center for Cognitive Studies en 1960 par Jerome Bruner et Georges Miller.
  • La psychanalyse et la psychologie - aujourd'hui en France, Émile Jalley, éd. Vuibert, 2006, chap. 13.1 - Le paradigme du traitement de l'information, p. 250


Le développement accéléré de l'informatique au cours de ces dernières décennies, en posant des problèmes technologiques de stockage et de récupération de l'information, introduisit la notion de système de traitement de l'information, rapidement assimilée par la psychologie, dans une perspective consistant à considérer, de manière analogique, l'homme comme un système particulièrement complexe de traitement d'information. Cette représentation du sujet humain comme système de codage et de traitement de l'information (general problem solver, GPS) s'appuiera tout naturellement sur le modèle de l'ordinateur
  • La psychanalyse et la psychologie - aujourd'hui en France, Émile Jalley, éd. Vuibert, 2006, chap. 13.1 - Le paradigme du traitement de l'information, p. 251


Sans même parler du cas des langues idéographiques, on ne peut supposer que la lecture s'effectue via un processus unique fondée sur le transfert biunivoque de rapports graphènes-phonèmes, ceci parce que la manière dont est représentée l'information orthographique est rarement régulière, comme c'est le cas en italien, en espagnole et en serbo-croate.
  • La psychanalyse et la psychologie - aujourd'hui en France, Émile Jalley, éd. Vuibert, 2006, chap. 15. La neuropsychologie - Les troubles de la lecture, p. 282-283


La psychologie différentielle (chapitre 16)[modifier]

Ainsi le test de Binet-Simon et celui de Wechsler ne relèvent pas de la même conception de l'intelligence, la notion de dépendence-indépendence du champ a relativement changé de contenu de ses origines à l'époque actuelle... .
  • La psychanalyse et la psychologie - aujourd'hui en France, Émile Jalley, éd. Vuibert, 2006, chap. 16.3 - Le modèle composite de l'intelligence selon Binet et Wechsler, p. 365


C'est certainement à propos de la notion du quotient intellectuel que l'apparence laborieuse des approches métrologiques, le caractère minutieux mais sans principes de manipulations parfois proche du bricolage, a été le plus souligné depuis quelques décennies déjà dans la littérature, surtout de vulgarisation. Le soupçon, touchant la valeur quasi ontologique accordée jusqu'alors à la notion de QI, s'est d'abord introduit avec l'ouvrage de Michel Tort (Le Quotient intellectuel. Maspero. 1974), où se trouvait évoquée avec autant de drôlerie que de pertinence la nature de tripotage empirique de certaines recettes présidant à l'art de ce qu'il appelait la « QI-sine », au grand scandale de certaines autorités universitaires qui le lui ont fait payer le prix de sa carrière.
  • La psychanalyse et la psychologie - aujourd'hui en France, Émile Jalley, éd. Vuibert, 2006, chap. 16.3 - Le modèle composite de l'intelligence selon Binet et Wechsler, p. 368


Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ? (2007)[modifier]

Or, il semble bien que la psychologie française contemporaine soit malade entre autres facteurs pour ne pas avoir tiré parti de l'idée que le bon usage de la raison consiste pour une large part à savoir modérer, la tenir en laisse, et que le moyen le plus propre à cet égard est l'éducation du jugement critique, en premier lieu sur ses propres productions, ses hypothèses, ses modèles, et ses résultats, et pas seulement sur ses outils techniques et ses méthodologies.
  • Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ?, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2007, p. 24


La manie d'invoquer sans cesse la nécessité de l'ÉVALUATION - terme probablement importé de l'anglais - pour remplacer ce qui s'appelait jadis tout simplement JUGEMENT DE VALEUR - n'empêche pas que l'éducation de la raison scientifique soit laissée pratiquement à l'état sauvage, d'où résulte nombre d'effets pervers, dont deux en particulier sont fréquents :

1_ soit du haut vers le bas (top down) l'hypothèse, le modèle s'abouchent de façon défectueuse aux faits d'observation (elle flotte comme un habit trop large, ou parfois se les invente 'ad hoc', selon divers procédés dont la chosification) : c'est ce que Kant appelle le concept vide sans intuition (leerer Begriff ohne Anschauung)

2_ soit à l'inverse du bas vers le haut (bottom up) le fourmillement des données observables ne parvient pas à se resserrer sous l'hypothèse : et c'est alors ce que Kant appellera cette fois l'intuition aveugle sans concept (blide Anschauung ohne Begriff).
  • Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ?, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2007, p. 24-25


Ce que devrait apprendre une éducation correcte de la raison scientifique, c'est l'art d'ajuster convenablement l'une à l'autre les deux parties de la connaissance, le concept et l'intuition, l'hypothèse et l'observation, sans parler de l'art de repérer les contradictions dans le tissu des diverses espèces de représentations scientifiques. L'art d'inventer aussi bien des hypothèses que les observations leur convenant est encore bien autre chose.
  • Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ?, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2007, p. 24


en fait, essentiellement donc, c'est la théorie qui au contraire, dans bien des cas, dévore le versant des faits, dans la mesure où elle les anticipe à titre de présupposé, de préjugé, et à la limite, les informe et les modèle, les tripote et les rabote, les suscite, les refait et les recrée, se les donne, voire parfois se les inventerait sur mesure. Il y a là une affaire de degré dans la mise en forme de l'expérience, puis de sa manipulation, et enfin de son adultération complète. Alors on voit le champion du réalisme tomber dans l'idéalisme. Mais ne pensons pas qu'il l'admettrait facilement.
  • Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ?, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2007, p. 37


Il semble que la psychologie contemporaine ait à se situer, ce qu'elle fait avec toutes sortes de difficultés, entre ces deux paradigmes à certains égards contradictoires, l'un technologique (esprit-ordinateur), l'autre biologique (esprit-cerveau), avec pour zone maximale de confusion le modèle esprit-cerveau ordinateur, où l'esprit est assimilé à un cerveau et tous deux ordinateurs, sous le chef fallacieux de la notion omnibus de « système de traitement de l'information », dont il existe aujourd'hui un usage illicite - Kant disait « transcendantal » -, dans le cadre d'une métaphysique scientiste, qui outre passe la légitimité de son usage scientifique. On trouve déjà ces deux modèles antithétiques dans la démarche de Freud créant la psychanalyse, avec la double métaphore de l'appareil optique (photographique et télescopique) et la forme vivante (amibe, boule primitive de la Vie, etc.)
  • Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ?, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2007, chap. 11, p. 327


Six Manifestes contre le DSM, 2011[modifier]

Volume 1[modifier]

Introduction[modifier]

… la configuration des divers visages de l’empirisme nord-américain. En font partie, comme source des contenus d’idées, l’empirisme, l’associationnisme, le pragmatisme, le positivisme logique, la philosophie analytique, le modèle courant de la techno-science, le poppérisme, et bien entendu le néolibéralisme économique, tous plus ou moins les fantassins de la même armée de coalition. Telle est l’hydre de Lerne dont il conviendrait de trancher d’un coup toutes les têtes , pour qu’aucune ne repousse, …
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 15


L’esprit d’hégémonie scientiste panmondiale et d’autoritarisme idéologique orbi universo propre à l’empirisme nord-américain est présent partout dans notre espace vital, en d’autres champs que la psychiatrie, y imposant un cadre de censure diffus dans la circulation de l’information et au profit de la propagation d’une pensée unique, elle inhérente aussi à l’entreprise de formatage présidant à la pédagogie de la jeune génération vouée à fournir l’armée d’appoint des hommes-cybermachines nécessaires au fonctionnement de Métropolis. Qui ne voit qu’il ne s’agit dans de tels secteurs de la machine sociale - l’information générale et culturelle, l’enseignement primaire et secondaire et supérieur - des mêmes troupeaux de populations que ceux qu’entendent gérer les gestionnaires en chef du DSM ?
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 17


Chapitre 1 : Manifeste Pour en finir avec le carcan du DSM[modifier]

le DSM n’est pas un objet isolé, il appartient à une bien plus vaste configuration de l’idéologie anglo-américaine, où figurent également la psychologie à visée scientifique et ses sous disciplines (dont la nouvelle psychologie cognitive développementale), les neurosciences, les sciences cognitives, la philosophie de l’esprit. Lesquelles relèvent d’un même esprit à bien cerner d’abord.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 37


Cette obsession de l’auto-équilibration des systèmes est la même déjà aussi en sociologie avec l’École de Chicago des années 20, centrée par la réfutation du marxisme, précisément une autre forme de ce paradigme européen de la conflictualité endogène. En conformité avec ce présupposé de base empiriste et aconflictuel, le DSM juxtapose ses « faits » disparates dans un large éventail d’hyper-catégories élastiques, sans rapport intrinsèque évident entre elles, en ne se préoccupant d’emblée que de graduer ces faits sur le cas considéré de façon intensive, pour enfin les rassembler et en condenser le résultat final sous forme d’une absurde note d’« évaluation globale de fonctionnement » EGF ( !) de la machine humaine.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 38


Au terme, si invraisemblable que cela paraisse, et comme on le montrera plus tard, la personnalité [pour le DSM] n’est que du chiffre, et même un seul chiffre, comme les voitures, par exemple la 406, la 407, la 507, la 508.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 38


Chapitre 2 : Annotation au Manifeste Pour en Finir avec le carcan du DSM[modifier]

Pour la perspective idéologique propre à l’american way of thinking, il s’est toujours agi, dès la fin de la Première Guerre mondiale, de s’opposer d’abord à la diffusion du marxisme, comme plus tard de contrôler l’expansion de la psychanalyse. Popper a déclaré publiquement que sa critériologie particulière de la falsifiabilité visait explicitement l’impérialisme doctrinal des conceptions de Freud et de Marx, étant à remarquer par ailleurs que ces deux grands penseurs ont été formés dans la culture hébraïque, ce qui est certes une autre affaire, mais à ne pas perdre tout à fait de vue non plus. Sert de prétexte à une telle entreprise de lutte idéologique contre la pensée d’une certaine tradition du patrimoine européen (plus germanique que britannique) l’appareil rhétorique mis en jeu et qui n’est qu’un trompe-l’œil dont le clinicien entraîné devrait percevoir immédiatement que ces termes signifient aussi bien leurs contraires : neutralité théorique, méthodologie strictement descriptive, ignorance de toute conceptualité psychologique (en fait celle du béhaviorisme de tradition classique), classification objective et scientifique.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 45


Il n’y a pas plus d’objectivité scientifique que dans le DSM dans de larges secteurs de la psychologie cognitive - la cognition-traitement de l’information -, des neurosciences - l’esprit-cerveau (mind-brain) -, les sciences économiques étatsuniennes nobélisées - l’autorégulation du marché financier par la « main invisible » d’Adam Smith.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 45


L’absence de présupposé c’est justement ce que prétend mettre en œuvre la méthodologie scientiste faisant cortège au DSM, laquelle relève d’une certaine tradition philosophique, rien d’autre que le positivisme d’Auguste Comte : on ne peut rien savoir des causes profondes, il s’agit seulement de relier simplement les phénomènes par des connexions de surface. C’est l’univers de la totale superficialité.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 46


De nos jours, la question des applications utiles s’insère de plus en plus dans une orientation particulière de la science moderne de qualité essentiellement anglosaxonne, et que l’on désigne couramment aujourd’hui sous le vocable de technoscience, alimentant des faisceaux de technologies.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 46


La plupart du temps les acquisitions positives de la science se conservent. Bien qu’il existe aussi des états transitoires de la science dont la valeur se modifie avec l’évolution du savoir.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 49


e type de construction propre au DSM IV reflète le même esprit essentiel, dans le champ de la psychopathologie, que celui de la tradition béhavioristo-cognitiviste dont il n’est somme toute que l’un des avatars. Même si l’organicisme transparaît de manière moins évidente dans l’héritage cognitiviste du béhaviorisme, il n’en est pas moins l’une des dimensions fondamentales de ce dernier, avec les origines avouées de celui-ci dans la réflexologie de Pavlov et de Betcherew, tropisme organiciste qui contredit d’ailleurs directement le soi-disant caractère athéorique dont le DSM fait l’étendard de son approche dans le domaine de la psychopathologie.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 50


Ce prétendu athéorisme est du reste déjà tout autant le slogan du béhaviorisme historique, qui accentue le seul privilège de « décrire » (Naville), de la simple observabilité et mesurabilité de « ce que l’organisme fait et dit », de « la condition physiologique de l’animal », aux dépens même et en deçà de la recherche et de la formulation de lois (ibid. : « on ne peut formuler de lois »). Ce qui ramène de telles doctrines à un empirisme et à un pragmatisme vulgaires, en dessous même du positivisme scientiste comtien, au moins soucieux lui de connexions en termes de légalité de surface. Du reste, c’est dans le même cadre du paradigme naturaliste que se trouvent avoir été rangés plus haut divers modèles de psychopathologie qui se trouvent tous être des cousins de même figure et de la même descendance : modèles dits athéorique (DSM), mais aussi béhavioriste, biologique, cognitiviste, expérimental.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 51


Il est paradoxal que le modèle de la falsifiabilité de Popper persiste à faire l’objet d’un respect quasi-unanime dans le registre de l’épistémologie actuelle, cependant que l’étroitesse d’esprit propre à son origine d’un positivisme platement scientiste reste mal perçu, et alors que son insistance dans le champ des sciences humaines en fait l’instrument d’un considérable obstacle épistémologique.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 51


Effectivement, en faisant de l’invalidité de la contre-expérience le test essentiel de la validité de l’ « hypothèse » scientifique, le postulat de Popper dissimule l’un des caractères fondamentaux de l’activité scientifique, qui consiste dans la présence en de multiples champs de contradictions qui y jouent un rôle actif, dans la mesure où la thèse comme l’antithèse peuvent l’une et l’autre y acquérir une certaine validité relative, jusqu’à être confirmée par des observations de contenu opposé.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 51


Effectivement, en faisant de l’invalidité de la contre-expérience le test essentiel de la validité de l’ « hypothèse » scientifique, le postulat de Popper dissimule l’un des caractères fondamentaux de l’activité scientifique, qui consiste dans la présence en de multiples champs de contradictions qui y jouent un rôle actif, dans la mesure où la thèse comme l’antithèse peuvent l’une et l’autre y acquérir une certaine validité relative, jusqu’à être confirmée par des observations de contenu opposé.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 51


Un modèle quelconque ne peut pas se présenter comme de caractère à la fois athéorique et scientifique. C’est le mouton à cinq pattes, et même le « nègre blanc ». Il y a contradiction de ce fait même, car tout propos prétendant à la scientificité ne peut se présenter qu’encadré dans une théorie scientifique d’extension comme de compréhension d’un registre au moins raisonnable.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 51


L’évaluation des experts sur le réel ne peut remplacer dans tous les cas et par principe le réel évalué.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 52


Que la critériologie du diagnostic médical puisse être présentée comme susceptible d’être contrainte par un appareil imposé par le pouvoir administratif représente la négation de tout art médical et n’est rien d’autre qu’un acte de tyrannie politique, sans la moindre garantie que soit atteinte l’efficacité que l’on se propose. Les liens privilégiés de la nomenklatura médicale avec le pouvoir politique, bien connus en France, contredisent par ailleurs ce mépris que celle-ci laisse répandre par ses alliés mêmes à ce niveau sur l’art médical.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 52


La notion d’Evidence Based Medicine, « médecine basée sur les faits », ou encore « sur la preuve » rappelle en un sens mais d’assez loin tout de même, par la différence de rigueur méthodologique, la notion française de « médecine expérimentale » due à Claude Bernard.
  • Six Manifestes contre le DSM, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2011, vol. 1, p. 53


La crise de la philosophie en France au 21e siècle, 2013[modifier]

De même que la démarcation entre science et idéologie n'est pas toujours si claire, celle entre science et philosophie non plus.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, p. 231


La science pure et dure est rarement exempte d'une philosophie implicite, dont la distinction avec l'idéologie vulgaire fait parfois prob..
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, p. 232


Remarques sur la polémique sur l'autisme[modifier]

Créez de nouvelles catégories DSM pour illustrer l'hyper-catégorie d'autisme, alors on verra fleurir et se multiplier les observations d'autistes, soit que les observateurs en voient là où ils n'en voyaient pas encore (y avait-il déjà la même chose à voir ou alors une chose autrement nommée ?), soit que les sujets se mettent à fonctionner réellement de cette manière. Donc ici ce qui s'appellerait prendre des lanternes pour des vessies.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 301


Le terme d'« autisme » est un nom qui renvoie à des réalités anciennes et actuelles très différentes.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 301


..., dans le champ « psy », ce qui est valable pour un invividu ne l'est pas forcément pour tous. Et ce qui vaut pour beaucoup ne s'applique pas forcément à tous les cas singuliers.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 301


Dans le champ « psy » enfin, il n'y a pas de vérité absolue, mais que des vérités relatives, susceptibles dans certains cas de se composer, de se compléter, mais dont chacune n'est qu'un mi-dire s'appliquant à pas-tou(te)s.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 301


Mais voilà ce qui est plus grave : on avoue de manière contradictoire que l'on dispose d'un « bon socle de connaissances sur l'autisme » (Christel Prado), cependant, à l'encontre, que (Marie-Arlette Carlotti à « les chiffres ne sont pas du tout les même suivant que l'un parle de troubles du spectre autistique, de troubles envahissant du développement, d'autisme sévère, etc. L'absence de données chiffrées fiables révèle par ailleurs des difficultés dans l'établissement du diagnostique. » Tiens donc ! Comment peut-on alors affirmer avec l'accent de la certitude que « l'autisme affecte au moins 67 millions de personnes dans le monde (source HAS, ONU) » ? Ce n'est que pour bluff, pure rodomontade de statisticien. La fiabilité en ce domaine est en fait postulé comme de l'ordre du devoir kantien : « il faut s'assurer qu'une plateforme commune de savoir spécifiques à l'autisme existe. » Oui, mais cela ne se fait pas sur commande avec résultat garanti avant les prochaines élections présidentielles
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 308


On ((DSM, CIM) cassait donc en pièces détachées mais en même temps, par des processus inverse et paradoxal, on étendait de manière implicite le champ d'extension de certains entités. C'est ce qui s'est produit pour la schizophrénie, que la psychiatrie américaine a toujours entendue, tout en le démembrant aujourd'hui, de manière plus expansive et plus vague que la psychiatrie de tradition européenne. Mais, il semble que ce soit arrivé aussi pour l'autisme, qui représentait voici une trentaine d'années une ou plusieurs entités à l'intérieur du cadre plus vaste des « organisations psychotiques infantiles » (Bergeret, 1972).
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 308


Il est possible que certains cas d'autisme, comme peut-être aussi de dyslexie, puissent être liés à une origine (tout ou en partie ?) neurobiologique. Mais ce n'est pas pour autant la preuve que ce soit dans tous les cas.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 308


L'autisme serait devenu un grand sac fourre-tout où l'on jette pêle-mêle toutes sortes de choses sous forme de boudins plus ou moins gonflables - troubles envahissants du développement, troubles du spectre autistique avec autisme infantile, autisme atypique (?!), syndrome d'Asperger, syndrome de Rett (pour les filles), syndrome de Landrau-Kleffner, trouble désintégratif de l'enfance, troubles envahissant du développement non spécifiques (? !) - ce qui n'empêche pas l'incohérence de prétendre soigner par un petit nombre de méthodes contraignantes précises.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 308-309


Des recherches en cours ont repris également à propos de l'autisme le schéma ridicule consistant à déterminer « la part héritée ou environnementale de l'autisme », même si cela contredit la proclamation initiale d'une origine postulée comme exclusivement neurobiologique de l'autisme. On devrait se rappeler ces polémiques nuageuses de jadis entre psychologues où il était question de répartir en pourcentage les parts respectives de l'inné et de l'acquis - comme on disait alors, à propos du Quotient Intellectuel.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 312



La pratique régulière de la philosophie donne des instruments de répartie dans la lutte idéologique et la confrontation critique avec les adversaire de « thèses » opposées. Faute de quoi on est condamné à rester muet devant les combattants les plus effrontés et à l'envi introduits dans le discours médiatique ambiant.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 321


On se dit entre soi que l'on ne répond pas aux imbéciles. Ce qui est une erreur : il faut essayer de les écraser, de leur faire mordre la poussière sans honte, ni remord. Ainsi faisait le chevalier Bayard sans peur ni reproche
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 321


Badiou se réclame le droit à l'insulte, et je lui donne raison, à condition qu'elle soit d'une certaine qualité rhétorique, disons homérique. Certains adversaires le méritent bien.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 321


Tout ce qui existait de l'héritage de la Libération en ce domaine a été détruit comme la création des diables communistes Wallon - le plus grand psychologue (et psychiatre) français - et de son disciple René Zazzo. C'est Zazzo lui-même qui a parlé de l'acharnement des pouvoirs de droite contre les diables rouges de l'école (Jalley, GP2, 718). La « psychologie scolaire » d'abord crée par Wallon et Zazzo a été détruite jusqu'aux racine, peu à peu comprimée puis ces années dernières transformée en RASED pour être presque aussitôt radiée sous cette nouvelle identité.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 323


Ce désastre, à partir de la fondrière duquel on nous promet de tout reconstruire, alors qu'on nous clame partout que l'argent manque - n'en déplaise au mensonge flagrant : « nous avons les moyens » (Carlottti, p. 7) -, ce n'est tout de même pas la « mauvaise vision » de la psychanalyse qui en est la cause, mais bien la politique désastreuse de ministres de l'Éducation Nationale et de l'Enseignement Supérieur liés aux pouvoirs de droite [...], sans en exclure les deux PS Jacques Lang et Claude Allègre sous Mitterrand et Jospin, et qui seraient ce que l'on a connu quasiment de pire (Jalley CPUF1 et 2, GP 1 et 2). Il y a lieu de ne pas oublier non plus, du côté de la dénommé « gauche » que la sotise crasse des gauchistes et des maos ne manquait pas au rendez-vous, qui militait à l'époque au sein même des Écoles Normales Supérieures pour la destruction de celles-ci.
  • La crise de la philosophie en France au 21e siècle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2013, chap. 11_Remarques sur la polémique sur l'autisme, p. 324


La Réforme du collège, 2015[modifier]

Chez le plus génial des philosophes, Hegel, l’identité n’a de sens que par l’intégration articulée et dépassée des différences, ce qui n’est pas simple. Même chose à propos de la « particularité » du genre
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 32


La dialectique, c’est quoi ? C’est la capacité d’argumenter selon les opposés, c’est l’esprit critique, tout simplement, dont le travail consiste d’abord toujours à repérer les contradictions.
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 38


Le « genre », ce n’est un fait ni de pure nature (Benoît XVI), ni de pure culture (Judith Butler), mais l’articulation des deux dans un troisième terme : la psychologie d’une personnalité singulière (Freud).
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 38


La philosophie de ce jour est bien rapetissée, domestique, castrée, de même que le débat public est amputé de toute capacité dialectique.
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 38


c’est en cultivant chacun sa mémoire que l’on construit à la fois sa singularité intellectuelle et son appartenance à une communauté de culture et de savoirs.
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 65


Transmettre, c’est faire un tri, plutôt que se fier à « l’apparente puissance informative du numérique ».
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 65


La dispersion du savoir en morceaux est la conséquence naturelle du primat de l’analyse sur la synthèse à la mode de l’idéologie anglo-américaine.
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 83


Le passé éclaire le présent mais pas à sens unique, le présent permet aussi de reconstruire le passé de façon à restructurer l’ensemble de la culture, selon un procès en boucle.
  • La Réforme du collège - Sauver l'école, une question de vie ou de mort., Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 117


Le travail qu’a fait en définitive à partir de 1960 le nouveau structuralisme des Lévi-Strauss, Foucault, Althusser, Deleuze, Derrida, a consisté pour l’essentiel à confirmer la mort de Dieu (Nietzsche) et la fin de la métaphysique (Heidegger), en envoyant paître du même coup de balai la dialectique, l’histoire, l’humanisme, et aussi la « psychologie ».
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 139


En France, c’est le travail de sape acharné de l’école structuraliste des années 1960 (Lévi-Strauss, Foucault, Deleuze, Derrida) contre l’existentialisme sartrien et l’ensemble des concepts qui lui étaient liés, qui a préparé le vide culturel où s’est engouffrée progressivement l’idéologie française à partir des années 1980.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 108


C’est cela qu’a été le structuralisme : la paix tranquille et résignée des grands cimetières, même emplis de verdure à l’américaine, ouverts à la méditation des gestionnaires de tous ordres.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 109


J’ai expliqué ailleurs, à l’occasion d’un propos intéressant de Jean-Pierre Chevènement que les principes de l’économie néo-libérale avaient été importés en France à partir des années 1980, notamment sous l’impulsion des traductions françaises des ouvrages de Friedrich Hayek, par les socialistes droitisants Delors et Rocard (Hayek et les auteurs cités par lui : Locke (1632-1704), Mandeville (1670-1733), Hume (1711-1776), Ferguson (1723-1816), Smith (1723-1790), Burke (1729-1797), Malthus (1766-1834), Constant (1767-1830), Bastiat (1801-1850), Tocqueville (1805-1859), Stuart Mill (1806-1873 ), Walras (1834-1910), Keynes (18831946), Tullock (1922-2014), Buchanan (1919-2013), M. Friedman (1912-2006)). À prendre en compte également les auteurs cités par Thomas Piketty dans son Capital au XXIe siècle  : Boutmy (1835-1906), Leroy-Beaulieu (1843-1916), Kuznets (1901-1985), Modigliani (1918-2003), Debreu (1921-2004), Arrow (1921-), Solow (1924-).
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 107


... c’est par une illusion de la rhétorique sociale, une mystification de la conscience collective, que le PS est dit la « gauche » – la goche, alors que sa représentativité réelle concerne la minorité forte du centre du dispositif social, situation qu’il ne peut gérer qu’en parlant à gauche tout en aggissant à droite, afin de gonfler le ballon de chaque côté en vue de dégager une majorité, mais fatalement déçue et instable.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 147


En effet, l’autorité suppose le respect
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 156


sans interroger directement les faits, par économie de temps et d’argent, on dépouille la littérature d’un échantillon d’articles sur les faits, puis on fait recuire les résultats dans une marmite appelée « métaanalyse », dont il ressort, par prophétie auto-réalisatrice, des conclusions conformes à l’hypothèse de départ.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 158


À l’origine – c’est là le hic –, la méthode globale de lecture avait été recommandée par Henri Wallon (1879-1962), le plus grand psychologue français donc, communiste de surcroît pendant la dernière partie de sa vie, sur le patronage qu’il en trouvait lui-même chez Ovide Decroly (1871-1932), grand pédagogue belge, comme satisfaisant aux principes fondamentaux de la psychologie de la forme (Gestaltpsychologie), considérée comme plus juste que le béhaviorisme.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 171 sur 224


René Zazzo a exprimé clairement (Jalley passim) les très grosses difficultés qu’avaient rencontrées dès 1950 dans les milieux du pouvoir conservateur leurs activités rénovatrices (Plan Langevin-Wallon, Psychologie scolaire), au prétexte d’être stigmatisés l’un et l’autre comme des « communistes ».
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 171 sur 224


Les histoires d’enseignants abonnés à la méthode globale pure sont des contes farfelus inventés pour déconsidérer les instituteurs.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 171 sur 224


Critique de la raison philosophique, 2017[modifier]

La preuve par l'ordre et la mesure (Partie 1, volume 1)[modifier]

On peut penser que si une crise de la philosophie exprime d’une certaine manière une crise plus basique de la vie sociale, elle y contribue et l’entretient également en retour. La première chose est plus banale, mais la seconde plus difficile à penser. Si Marx a raison de penser que l’infrastructure économique est en dernière instance déterminante, Hegel n’en a pas moins raison de considérer que la philosophie est la clef de voûte qui tient du haut tout l’édifice de la culture, au-delà même, avance-t-il, de la société civile et de l’État, au-delà de l’art et de la religion.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 18


On peut même dire que la grande parade du cirque de la philosophie structuraliste, dans les années 60, porte la responsabilité essentielle, sans oublier celle due à la perversité des pouvoirs politiques – d’abord responsable de la mise au rancart du plan Langevin-Wallon – , de la crise majeure et même létale de l’institution éducative en France.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 32 (p.33 in pdf)


Supposé que Marx ait eu raison d’avoir considéré l’économie comme la base de l’existence sociale, ce qui a été admis depuis par ses adversaires les plus acharnés, Hegel a probablement eu raison de son côté d’envisager la philosophie comme la clef de voûte de toute la culture d’une époque.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 33


Une période historique où la philosophie ne tient plus sa place est elle-même vouée à basculer dans les poubelles de l’histoire. Une époque a existé, qui s’est éteinte en grande partie déjà après la Première Guerre mondiale, où la philosophie éducative a été extrêmement vivace , avec les représentants de ce qui s’est appelé à l’époque le courant de l’École nouvelle : Dewey, Montessori, Decroly, Claparède, Ferrière, Makarenko, Freinet, Wallon.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 33


La psychologie, la psychologia , est un savoir d’importance stratégique maximale en ce qu’elle concerne le moi, le sujet, la personne, la personnalité, et donc tient plus ou moins sous son magistère, le sujet de l’éthique, et celui de toutes les sciences humaines et sociales, y compris comme déjà chez Aristote, l’économie, la politologie, les pratiques du langage et de l’expression.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 37


La « psychologie », dans la plus vaste extension du terme, peut donc prétendre pouvoir embrasser et recouvrir deux des trois objets principaux de la philosophie, ne laissant en dehors d’elle que la nature matérielle. En trucidant la psychologie, les sicaires des années 60 assassinaient donc indirectement la philosophie . Mais tel était bien par ailleurs leur objectif non dissimulé : remplacer la philosophie par la science (Lévi-Strauss, Althusser). Mais une science excluant par principe la psychologie, c’est là une entreprise qui pose de nouveaux problèmes : on se trouve devant la situation absurde d’avoir à réduire les SHS soit aux sciences de la nature, soit aux sciences formelles – ce qui sent de partout le forçage –, soit au mélange des deux, dont résulte un insupportable mélimélo. À cette propension de la psychologie à l’aliénation dans une Psychologie majuscule tient une certaine malédiction de la psychologie, comme associée à son prestige de droit, et qui est aussi celle de toute la philosophie , ce qu’a bien mis en évidence la critique féroce mais essentielle d’un Politzer (1927). Telle est l’histoire tragique du malheureux Faust, adonné au meilleur en même temps qu’au pire.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 38


Une philosophie de l’éducation, déjà inexistante en 1939, sauf le seul nom du philosophe Alain (1932) 22 , a laissé derrière elle une science de l’éducation à peu près aussi inexistante par la suite, en dehors des noms d’Henri Wallon, le plus grand psychologue français, et de son disciple René Zazzo. Ce qui représente, dans le spectacle de la culture française contemporaine, une sorte de symptôme scandaleux, dont l’irresponsabilité des philosophes pourraient bien porter justement… la responsabilité, et qui pourrait également ouvrir une porte jusqu’ici inconnue eu égard au diagnostic et au pronostic, sinon à l’étiologie, de ce que nous avons appelé à plusieurs reprises le cancer généralisé de l’éducation nationale. .
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 42


Assurément, une telle philosophie de l’éducation a existé dans une période bien antérieure à 1939 avec ce que l’on a appelé les conceptions de l’École Nouvelle (Dewey, Montessori, Decroly 1907, Claparède 1912, Ferrière 1921, Makarenko 1934, Freinet 1927, Piaget 1970 24 ). Qu’il existe des spécialistes aujourd’hui reconnus en sciences de l’éducation, tels Meirieu ou Snyders, on ne le nie pas, mais on n’a pas trouvé leurs noms dans le corpus de l’histoire de la philosophie entre 1957 et 2015.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 42


L’inversion de la conscience peut du reste s’entendre en plusieurs sens compatibles, qu’il s’agisse de l’inversion droite-gauche propre à l’image spéculaire, et métaphore pour Lacan de la structure d’illusion propre au registre de l’imaginaire, ou alors de l’inversion du type pieds en l’air-tête en bas, dont Marx taxe la marque idéaliste de la dialectique hégélienne.

Le propre de l’expérience de la conscience est dans les deux cas, que nul ne s’en doute, cela échappe, c’est refoulé, forclos, on n’y voit que du feu, ou goutte.

L’image de Marx est possiblement une glose où se trouve déplacée et remaniée une image elle-même célèbre du Timée de Platon : l’homme serait un être à vocation céleste, dont la tête serait les racines, à chercher son véritable terreau dans le ciel (90 d). Sauf que, ne le trouvant décidément pas, c’est dans la véritable terre matérielle que la tête choisit en définitive de venir s’enliser, gardant les pieds en l’air, tout le sens de l’existence en résultant alors inversé.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 71


La preuve par le discours médiatique (Partie 4, Volume 5)[modifier]

L’homme serait fatigué parce qu’on lui demande de trop brûler, vibrer, résonner. Mais on pourrait soutenir exactement le contraire. L’homme est morne, parce qu’on lui demande de s’écraser, de subir, de ne plus rien éprouver, d’éviter « la prise de tête », comme le formule une expression courante, bête et vulgaire. C’est ce que l’on appelle l’éthique « cool ».
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 5 (La preuve par le discours médiatique), chap. 2, p. 63


L’abstentionnisme de la philosophie française depuis les années 1960, au moins dans la sphère des questions liées à l’école, à la formation de l’esprit, est un fait incontestable. À la question de l’école sont liées de proche en proche et dans le même nœud gordien celles de la laïcité, de la religion, de la société politique, de la justice économique et fiscale. Ne pensez pas que le moindre sujet de préoccupation du philosophe français contemporain soit le même que celui de Voltaire, d’« écraser l’infâme », ou de considérer, à l’instar de Hegel, que la conscience religieuse soit une forme du savoir encore aliénée et inférieure en dignité à la conscience philosophique, ou encore que la religion soit l’opium du peuple (Marx), ou encore une névrose collective de l’humanité (Nietzsche, Freud). Aussi bien les auteurs d’un tel message sont-ils devenus indésirables.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 5 (La preuve par le discours médiatique), chap. 5 (L’absentéisme à l’égard des tâches de l’éducation), p. 140


C’est la thèse que j’ai adoptée moi-même dans La réforme du collège (L’Harmattan, 2015) : de crainte d’une révolte populaire réclamant l’application intégrale du programme du Conseil National de la Résistance (CNR, 1943 ; grèves de 1948), la bourgeoisie collaboratrice revenue au pouvoir a toujours poursuivi le dessein secret depuis les années 1950 de saborder l’enseignement, et de revenir sur les acquis de « l’état social » relatif installé tout de même malgré l’application incomplète de ce programme du CNR (nationalisations, sécurité sociale, code du travail). Cet acharnement à reprendre l’ensemble des conquêtes sociales concédées en 1936 et en 1945 traverse aujourd’hui encore, 70 années plus tard, toute la vie politique française, comme un véritable appétit de vengeance.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 5 (La preuve par le discours médiatique), chap. 5 (L’absentéisme à l’égard des tâches de l’éducation), p. 140


Il est clair que toute forme de création intellectuelle suppose la double condition (pardon… dialectique) de la liberté individuelle et de la stimulation collective. Cependant, il n’est plus question depuis les années 1980 que du discours, s’écoutant parler comme le seul légitime, de l’« Évaluation par les pairs », en réalité de la cooptation par un système d’abrutissement et d’avilissement consentis, chapeauté par une nomenklatura dont les membres n’ont rien de « pair » à l’égard des animaux soumis à leurs procédures de sélection.
  • Critique de la raison philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 5 (La preuve par le discours médiatique), p. 240


Trajectoires - Autobiographie intellectuelle, 2017[modifier]

Le concept postmoderne de la science se réduit, pour l’utilitarisme anglo-saxon régnant, à une base de technosciences efficaces, surmonté d’une superstructure idéologique, qui est ce qui s’appelle communément la « science ». Or, cette couche idéologique de la science se réduit à la doxa – l’opinion – platonicienne, étant entendu qu’il existe de l’opinion droite, c’est-à-dire de la doxa plus ou moins fondée, plus ou moins probable, admissible comme une « vérité » provisoire et relative.
  • Trajectoires - Autobiographie intellectuelle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, p. 38


De façon antinomique, il (n’) y a (de) science véritablement assurée (ni) de l’objet délimité et (pas plus) de l’objet total. Toute science d’un champ délimité d’objets se formule en représentations d’objets, et de la sorte réfère à la science du sujet, conscient-inconscient, qui n’est rien d’autre que la psychanalyse, à savoir la science fondamentale. Ni plus ni moins.
  • Trajectoires - Autobiographie intellectuelle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, p. 38


Modèle de la circularité dialectique des savoirs:

Le savoir humain est comme un arbre (1), dont les racines puis le tronc sont les savoirs sur l’esprit inconscient (2) et conscient (3), les branches qui sortent de ce tronc (4) étant les sciences formelles, les sciences de la nature et les sciences de l’homme (5), le feuillage de l’arbre se formant alors de l’entrelacement de leurs applications techniques et pratiques particulières.

(1) Descartes, Hegel; (2) Freud, Lacan et col.; (3) Wallon, Piaget, Gesell et col., (4) Descartes, Hegel, Freud, Wallon, Piaget,

(5) Hegel, Marx et col.
  • Trajectoires - Autobiographie intellectuelle, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, p. 8


En Mémoire de Gilbert Simondon, 2017[modifier]

La méconnaissance de la culture postkantienne (VKBH : Von Kant bis Hegel) n’est, depuis les dernières décennies de l’activité philosophique, que l’autre versant d’une aliénation dans l’hyperempirisme technoscientiste nord-américain. Avec la résultante sans surprise d’une antidialectique, en compagnie de ses compagnons grimaçants, l'antihumanisme et l’antipsychologisme comme rejetons persistants des années 1960, et dont l’ensemble affuble, au carnaval du tribunal médiatique, le fantôme de la philosophie française contemporaine du masque d’une réelle antiphilosophie. Pour ne pas parler enfin d’un antipédagogisme dont le sarcasme est devenu monnaie courante dans tels milieux journalistiques.
  • En mémoire de Gilbert Simondon, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, p. 236


L'histoire de la Bible et la philosophie, 2019[modifier]

L’épistémologie se doit de demeurer attentive au fait que la dynamique de la contradiction se tient selon les cas aussi bien dans le réel que dans l’esprit.
  • L'histoire de la Bible et la philosophie, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2019, p. 43


L'économie au XXI siècle, 2019[modifier]

Tome 1 - Analyse[modifier]

Il y a aujourd’hui plein d’argent dans le monde, des montagnes d’argent, des Himalayas d’argent, plein les paradis fiscaux, dont les plus proches sont la Belgique, les Pays-Bas – surtout n’en parlez pas ! Le Luxembourg, Monaco (on savait un peu mieux). Et on demande aux gens, on leur explique qu’il serait raisonnable pour eux de travailler encore davantage. Et alors on se demande combien d’années il faudra encore pour que les gens aient d’abord envie de rire à écouter de pareilles sornettes. Avant d’avoir envie de se lever pour se montrer tout de même un peu plus… violents, faute d’être jamais entendus.
  • L'économie au XXI, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2019, vol. 1 - Analyse, p. 27


Il semble que le mouvement des Gilets jaunes nous mette en présence d’un type de « contradiction » inscrite dans le réel lui-même (in natura, in re) et pas seulement dans l’esprit (in anima, in mente). La France est un pays d’une économie potentielle riche, dont les impôts sont les plus élevés au monde (48 %), mais où, partout où l’on peut, on ferme les services publics : postes, gares, services hospitaliers, écoles – encore n’est-ce jamais assez selon dans le bavardage médiatique des « experts en communication » – mais où surtout 60 (65 %) des gens laissent entendre qu’ils ne parviennent plus à remplir le frigo à partir du 20 du mois.

Les « gens » (gentes) commencent à se demander dans leur bon sens manipulé par les sirènes publiques où passe tout de même tout cet argent. On apprend de-ci de-là qu’il existe des centaines, peut-être des milliers de sinécures qui gravitent dans les milieux du pouvoir avec des salaires de quelque 15 000 euros.
  • L'économie au XXI, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2019, vol. 1 - Analyse, p. 28