Méthode globale

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La méthode globale ou « l’activité globalisatrice » est une méthode pédagogique surtout connue pour son apprentissage de la lecture. Si dans les médias, elle est réduite à une technique de lecture, la méthode globale appliquée met en relation à travers l'expression et la pratique toutes les disciplines sans cloisonnement. Cependant, cette pratique pédagogique est amalgamée avec la méthode disciplinaire de lecture globale ou idéo-visuelle qui part de l'écrit qui est explicitée par Jean Foucambert dans ces livres dès les années 70 dans le cadre des études linguistiques.

Bien qu'il existe des précurseurs, la méthode globale a été actualisée par les mouvements de l'éducation nouvelle et par l'apport de la psychologie notamment par le médecin et pédagogue Ovide Decroly. Elle a également été soutenue en France par Henri Wallon et institutionnalisée par le rapport de la commission Langevin-Wallon du CNR. La méthode globale prend en compte le développement complexe de la psychologie de l'enfant. C'est une méthode dite « active » dont Decroly est un des initiateurs. Le principe général de la méthode globale en est les « Centres d'intérêts » d'où la primauté du regard sur l'écoute.

Ovide Decroly[modifier]

Elle (l'activité globalisatrice) fait le pont entre l’activité instinctive et l’activité intelligente supérieure... Elle (la méthode globale) fonctionne spontanément chez les enfants et permet des acquisitions importantes telles que le langage, les connaissances sur le milieu matériel, vivant, social et aussi l’adaptation à une série de formes d’activités. La mère l’utilise inconsciemment pour éduquer l’enfant et lui faire acquérir diverses techniques importantes, notamment le langage. ...elle peut être appliquée non seulement dans l’initiation aux techniques (lecture, écriture, orthographe) mais aussi aux branches de connaissances relatives à la nature et l’homme (sciences naturelles, histoire, géographie) et à l’expression de ces connaissances dans la langue maternelle ou une autre langue...


Enfin la méthode visuelles des phrases n'exclut pas une décomposition (puisque décomposition il faut), et même une décomposition plus précise, plus prompte, plus logique et plus naturelle que celle du mot, de la syllabe et de la lettre, car dans la phrase, il y a une série de petits mots tels que le, la, les, une, ou, en, dès, a, y, qui par eux-même et pris isolément ne signifie rien, mais qui dans la phrase joue un rôle que l'enfant admet et saisit. Or, ces syllabes, il les retrouvera avec leur signification dans des phrases inconnues que finalement il finira par lire.
  • cité par J.-E. Segers in La psychologie de la lecture, 1939 (1907 in La méthode naturelle de lecture et ses bases), Ovide Decroly, éd. Boekhandel, 1939, p. 43


Amélie Hamaïde[modifier]

La méthode idéo-visuelle permet d'associer étroitement la lecture aux branches du programme. Elle permet par conséquent l'application rationnelle de la méthodes des centres d'intérêt, puisqu'elle permet de lire, en transportant dans le langage, des choses vécues et observées.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 128


Grâce à cette méthode l'esprit de l'enfant prend son envolée naturelle, sa spontanéité n'est plus enchaînée. Le champ d'observation s'en trouve naturellement élargi, et comme il n'y a pas de limites fixées d'avance, toutes les facultés de l'enfant peuvent se développer librement et harmonieusement.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 129


Avant de soumettre les enfants à cet enseignement de la lecture par la méthode idéo-visuelle, nous soumettons nos enfants à des tests de mémoire et d'attention visuelles.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 129


Notre expérience des cinq dernières années dans l'application de la méthode globale de lecture nous oblige à supprimer le chapitre « précisions de technique » qui a paru dans les deux premières éditions. Au début de l'application de la méthode globale nous n'étions pas très certains des résultats que nous allions obtenir. Le désir d'obtenir des résultats rapides, et aussi une certaine crainte des critiques des parents, nous a fait commettre une grave erreur. C'est celle de mécaniser, de faire généraliser trop tôt.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 134


Les travaux du Dr Decroly sur la globalisation, les nombreuses conversations que nous eûmes avec lui à ce sujet nous donnèrent le courage d'appliquer la méthode globale pure. Nous pouvons dire que les dernières expériences faites à l'École de l'Hermitage viennent confirmer les affirmations du Dr Decroly. Nous pouvons apprendre à lire aux enfants en nous basant complétement sur les procédés employés par la maman pour apprendre à parler à ses enfants.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 134


... nous pouvons affirmer qu'i suffit de suivre cette méthode maternelle pour permettre d'acquérir la lecture sans avoir aucun exercice de systématisation et sans avoir appris ni les lettres ni les syllabes. Le résultats, pour chaque enfant, est différent au point de vue de la rapidité d'acquisition comme il a été différent pour l'acquisition du langage.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 134


Grâce à [la] méthode [globale] nous ne divisons plus les mots en sons intelligibles, nous avons aboli l'étude des sons n'ayant aucun sens, ainsi que tout entraînement systématique sur les lignes monotones de l'alphabet.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


Nous suivons la route naturelle aussi bien pour le maître que pour l'élève.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


De cette façon [par méthode globale], la lecture devient ce qu'elle devait toujours être, à savoir un exercice d' expression de la pensée (un parmi beaucoup d'autres) et en très peu de temps, un moyen d'acquérir de nouvelle connaissance.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


Grâce à cette méthode [globale], l'esprit de l'enfant suit son cours naturel et sa spontanéité n'est plus entravée.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


Et que dirons-nous des opérations ultérieurs de l'analyse et de la généralisation ? Celles-ci viendront d'elles même en temps voulu. La question est donc simplement de fournir à l'enfant un certain nombre de phrases qui représentent pour lui un résumé de ce qu'il a observé.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


L'intérêt et le jeu devrait être le facteur principaux dans ce procédé et nous voyons souvent des réussissent à lire sans connaître ni lettres ni syllabes. Le résultat est naturellement entièrement individuel.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


Il n'y a donc, à proprement parler, pas de méthode, mais une évolution naturelle.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 135


Nous faisons de nombreuses répétitions sous forme de jeux.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 138


Les résultats [avec la méthode globale] sont souvent rapide, mais aussi quelquefois lents. Cela dépend des aptitude de l'enfant. Mais nous pouvons affirmer qu"après une année complète d'exercice de ce genre tous les enfants lisent couramment et avec intelligence.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 147


Nous voyons donc que la méthode globale est une simplification apportée à l'enseignement de la lecture et de l'écriture. Au moyen de cette méthode l'enfant acquiert les associations nécessaires entre l' image verbale du mot et les éléments phonétiques dont il est composé, et cela sans apprendre ses lettres. Et si l'on désire appliquer la méthode des « centres d'intérêt », c'est la seule façon de le faire.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 147


Et nous en arrivons ainsi à la période de décomposition. L'enfant intelligent fait seul cette décomposition rapidement, car elle est un exercice naturel et nécessaire. ... . L'enfant moins intelligent met plus de temps à atteindre la période de décomposition, mais y arrive également après une période plus ou moins longue. Mais ce qui est important, c'est que le travail mental, le travail de généralisation et d'association soit fait par l'enfant
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 147


Et contrairement à ce que nous faisions il y a quatre ans et d'après les indications données dans les deux premières éditions, nous avons supprimé entièrement le travail de mécanisation et de groupement. Et nous avons constaté que la majorité des cas, les résultat obtenu était plus rapide et l'orthographe plus parfaite.
  • La méthode Decroly, Amélie Hamaïde, éd. Delachaux & Niestlé, 1946, p. 147


J.E. Segers[modifier]

La méthode globale n'est pas nouvelle : elle a été réinventé à plusieurs reprises au cours des siècles derniers pour disparaître dans la suite et être supplanté par des méthode dites analytiques-synthétiques. Depuis quelques années, elle a pris un tel essor qu'il semble qu'elle doive être adoptée définitivement parce qu'elle répond le mieux à la psychologie enfantine et aux besoins de la pédagogie nouvelle. Les nombreux essais d'application, fait dans divers pays, semblent démontrer péremptoirement que la méthode globale présente sur les méthodes synthétiques de réels avantages. Depuis quelques années, on l'applique, non seulement dans les classes normaux, mais même dans les instituts de sourds-muets et d'aveugles. Tout ceci prouve également, comme cela a été d'ailleurs le cas dans d'autres domaines, que lorsqu'un progrès se prépare, on le voit surgir de divers côté à la fois : c'est précisément ce fait qui témoigne du bien fondé.
  • La psychologie de la lecture et l'initiative à la lecture par la Méthode globale, J.E. Segers, éd. Boekhandel, 1939, p. 45-46


Henri Wallon[modifier]

(Dans le cadre théorique de la méthode globale), les notions, qui sont à enseigner à l'école sont des notions que le maître pourrait rattacher aux intérêts de l'enfant, aux nécessités de la vie qui est celle de l'enfant, aux conditions du milieux auquel il appartient.
  • L'œuvre du Dr O. Decroly (pp.3-14). Pantin, (p. 165). (mars 1953 in C.F.E.P (comité Français pour l'éducation périscolaire) (rééd in Enfance, 1968, 1-2, 91-101. E1968.EL)), Henri Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, vol. Œuvres 5 (1951-1956), p. p 165


Jean Piaget[modifier]

En ce qui concerne la progression ultérieure nous savons maintenant que la pensée va de l'ensemble au détail, du syncrétisme à l'analyse et que c'est ce processus fondamental que l'on doit mettre en avant pour justifier la méthode globale
  • Traité de psychologie expérimentale, Jean Piaget, éd. Presse Universitaire, 1963, t. 8_ Psychologie expérimentale de la lecture, p. 151


Émile Jalley[modifier]

Les histoires d’enseignants abonnés à la méthode globale pure sont des contes farfelus inventés pour déconsidérer les instituteurs.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 171 sur 224


À l’origine – c’est là le hic –, la méthode globale de lecture avait été recommandée par Henri Wallon (1879-1962), le plus grand psychologue français donc, communiste de surcroît pendant la dernière partie de sa vie, sur le patronage qu’il en trouvait lui-même chez Ovide Decroly (1871-1932), grand pédagogue belge, comme satisfaisant aux principes fondamentaux de la psychologie de la forme (Gestaltpsychologie), considérée comme plus juste que le béhaviorisme.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 171 sur 224


René Zazzo a exprimé clairement (Jalley passim) les très grosses difficultés qu’avaient rencontrées dès 1950 dans les milieux du pouvoir conservateur leurs activités rénovatrices (Plan Langevin-Wallon, Psychologie scolaire), au prétexte d’être stigmatisés l’un et l’autre comme des « communistes ».
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 171 sur 224


Un aspect pittoresque aussi de cette question réside dans le fait que Wallon était partisan de la « méthode globale » dans l'apprentissage de la lecture, dont il a introduit en France la notion sous l'influence de l'éducateur belge Ovide Decroly. Mais en revanche, ce qui reste ignoré, c'est que le processus d'« expertise » aurait pu s'introduire dans les instances publiques, voici des années (quand ?) la condamnation massive et sans nuance d'une soi-disant et mythique méthode globale, dont j'ai tendance à penser personnellement qu'elle pourrait bien être due au rejet du soi-disant « marxisme » de Wallon, y compris au niveau de plan Langevin-Wallon, dont l'application a toujours été différée. Des recherches complémentaires seraient bien venues sur ce sujet.
  • Critique de la raison en psychologie - La psychologie scientifique est-elle une science ?, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2007, p. 292