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« Beauté » : différence entre les versions

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{{Citation|Rien n’est plus beau, dit l’un, qu’une imposante armée ;<br>
L’autre : rien n’est plus beau qu’une escadre en plein vent.<br>
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| éditeur = Flammarion
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Version du 14 juillet 2021 à 18:08

La Beauté et le Papillon de Vittorio Matteo Corcos.

Le beau ou la beauté est une notion abstraite liée à de nombreux aspects de l'existence humaine. Ce concept est étudié principalement par la discipline philosophique de l'esthétique, mais il est également abordé en partie par d'autres domaines (histoire, sociologie, psychologie, art).

Cinéma

Philippe Galland, Le Quart d'heure américain, 1982

La beauté, ça ne se mange pas en salade.


Littérature

Attirée dans cette atmosphère aussi ardente que le foyer d’une forge, elle se sentait capable de toutes les transfigurations qu’il plairait à cet animateur d’opérer sur elle pour satisfaire son continuel besoin de beauté et de poésie. Elle comprenait que, dans cet esprit génial, son image était de même nature que celle de la Saison défunte, enfermée sous l’enveloppe de verre, évidente jusqu’à paraître tangible. Et elle fut assaillie par l’envie puérile de se pencher vers les yeux du poète comme vers un miroir, pour y contempler son visage véritable.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 8


Ainsi un matin, sans savoir pourquoi, nous emboîtâmes le pas à une pouliche qu'un paysan venait d'aller laver à la rivière. Une pouliche haute sur jambes, les yeux comme des marrons dans leur coque entrouverte, et une robe sans défaut sous laquelle les muscles jouaient avec une coquetterie souveraine. (…) Dans la rue, les boutiquiers se retournaient sur elle. Les pieds au frais dans la poussière nous l'avons suivie en silence, comme deux vieux «marcheurs» éperdus, le cœur entre les dents. Nous nous étions littéralement rincé l'œil. Parce que l'œil a besoin de ces choses intactes et neuves qu'on trouve seulement dans la nature: les pousses gonflées du tabac, l'oreille soyeuse des ânes, la carapace des jeunes tortues.
  • Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004  (ISBN 9 782070 770946), partie L’usage du monde, p. 133-134


Le mot « convulsive », que j'ai employé pour qualifier la beauté qui seule, selon moi, doive être servie, perdrait à mes yeux tout sens s'il était conçu dans le mouvement et non à l'expiration exacte de ce mouvement même. Il ne peut, selon moi, y avoir beauté – beauté convulsive – qu'au prix de l'affirmation du rapport réciproque qui lie l'objet considéré dans son mouvement et dans son repos. Je regrette de n'avoir pu fournir, comme complément à l'illustration de ce texte, la photographie d'une locomotive de grande allure qui eût été abandonnée durant des années au délire de la forêt vierge.


La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas.


C'était quelque être très jeune, mais de qui ce signe distinctif ne s'imposait cependant pas à première vue, en raison de cette illusion qu'il donnait de se déplacer en plein jour dans la lumière d'une lampe. Je l'avais déjà vu pénétrer deux ou trois fois dans ce lieu : il m'avait à chaque fois été annoncé, avant de s'offrir à mon regard, par je ne sais quel mouvement de saisissement d'épaule à épaule ondulant jusqu'à moi à travers cette salle de café depuis la porte. Ce mouvement, dans la mesure même où, agitant une assistance vulgaire, il prend très vite un caractère hostile, que ce soit dans la vie ou dans l'art, m'a toujours averti de la présence du beau. Et je puis bien dire qu'à cette place, le 29 mai 1934, cette femme était scandaleusement belle. Une telle certitude, pour moi assez exaltante à cette époque par elle-même, risquait d'ailleurs fort de m'obséder durant le temps qui s'écoulait entre ses apparitions réelles, puisqu'une intuition très vague, dès les premiers instants, m'avait permis d'envisager que le destin de cette jeune femme pût un jour, et si faiblement que ce fût, entrer en composition avec le mien.


Que ceux qui ont la beauté s’en montrent reconnaissants et en fassent bon usage, comme de tout autre talent ; que ceux qui ne l’ont pas s’en consolent et fassent de leur mieux pour s’en passer.
  • Agnès Grey, Anne Brontë (trad. Ch. Romey et A. Rolet), éd. Ch. Lahure et Cie, 1859, chap. Agnès Grey, p. 313-322 (texte intégral sur Wikisource)


Je me demandais pourquoi tant de beauté avait été donné à qui en faisait un si mauvais usage et refusée à quelques-unes qui en eussent fait un bienfait pour elles et pour les autres.
  • Agnès Grey, Anne Brontë (trad. Ch. Romey et A. Rolet), éd. Archipoche, 2012, chap. Chapitre 14, p. 177


La beauté est instinctivement assimilée à la vertu, aux bons penchants de l'être, comme si l'esthétisme extérieur imprégnait le caractère. Quelle incongruité serait d'attribuer à la Jeanne une mine de juvénile Carabosse. Notre attachement pour la guerrière jeune fille, s'il subsistait, perdrait l'essentiel de sa sentimentalité pour muter en respect indifférent.
  • Au Purgatoire, 11 juin 1994, dans Blogspot.com, Loïc Decrauze.


Ne me dites pas qu’elle est belle, elle est émouvante. Sa vue imprime à mon cœur un mouvement plus rapide, son absence emplit mon esprit.


Elle portait un jean, des huaraches, des sandales mexicaines dont on ne savait s'il fallait admirer qu'elles la rendissent émouvante, ou déplorer qu'elles ne la grandissent pas de cinq centimètres. Le front bombé de certains enfants, encadré de blond vénitien, dix-neuf ou vingt ans. Ses traits, semblables à ceux des communiantes sur les médailles, arboraient des rondeurs, des copeaux d'adolescence que l'âge se chargerait de raboter. À quarante ans, Ilona serait belle, et à soixante, évidemment.
  • L’auteur vient contempler cette jeune fille avec une telle régularité qu’il se fait éjecter du bar où elle officie (par le père).
  • De loin on dirait une île, Éric Holder, éd. Le dilettante, 2008  (ISBN 9 782842 631604), p. 14


Les productions d'un monde de l'âme et de l'expression (…) sont toujours laides à force de beauté et belles à forces de laideur, c'est la règle. Il s'agit d'une beauté spirituelle, non de la beauté de la chair, qui est absolument stupide (…) La beauté de la chair est abstraite. Il n'y a guère que la beauté intérieure qui ait de la réalité, celle de l'expression religieuse.
  • La Montagne magique (1931), Thomas Mann (trad. Maurice Betz), éd. Arthème Fayard, coll. « Le Livre de Poche », 1994, p. 576


Quand on pénètre dans ces demeures magnifiques, odieusement peinturlurées par les descendants de ces grands citoyens de la plus fière des républiques, et qu’on compare le style, les cours, les jardins, les portiques, les galeries intérieures, toute la décorative et superbe ordonnance, avec l’opulente barbarie des plus beaux hôtels du Paris moderne, avec ces palais de millionnaires qui ne savent toucher qu’à l’argent, qui sont impuissants à concevoir, à désirer une belle chose nouvelle et à la faire naître avec leur or, on comprend alors que la vraie distinction de l’intelligence, que le sens de la beauté rare des moindres formes, de la perfection des proportions et des lignes, ont disparu de notre société démocratisée, mélange de riches financiers sans goût et de parvenus sans traditions.
  • Il est ici question de la ville de Gênes.
  • La Vie errante, Guy de Maupassant, éd. P. Ollendorff, 1890, La Côte italienne, p. 34


Ta beauté est l’exemple le plus éclatant de l’existence de Dieu !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 135


Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Éternel, avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
  • Chants d’ombre suivi de Hosties noires, Léopold Sédar Senghor, éd. Seuil, 1945  (ISBN 978-2-02-001655-1), p. 22


Une femme entra. Jamais je ne vis beauté plus magnanime. La magnificence orientale des belles Juives éclatait en elle. Pâle d’extase, je contemplai les reflets roux et bleus de sa chevelure noire. Ses yeux étaient de la couleur des raisins. Le velours rouge des rideaux et des tentures l’encadrait de flammes vives et intensifiait l’ardeur mate de sa chair d’ambre et de nard. Sa bouche était pareille à la rougeur fraîche des pastèques.
Cette femme était un faste vivant… Elle ressemblait à un jardin de reine, à une parure inestimable, à un tissu ingénieusement brodé par des mains patientes. Quelque chose de grave et de lointain qui était en elle inspirait, ou plutôt imposait, un respect involontaire.

  • Description de la proxénète non encore identifiée.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Chasteté paradoxale, p. 103


Histoire

Rien n’est plus beau, dit l’un, qu’une imposante armée ;

L’autre : rien n’est plus beau qu’une escadre en plein vent.

Rien n’est plus beau pour moi que le cœur de l’aimée.
Chacune fait son choix et risque en le suivant
Des enfants, des parents, un nom, des biens quittés ;
Hélène pour Pâris fit brûler des cités. […]
Qui est beau l’est tant qu’il est sous le regard
Qui est bon aussi l’est maintenant,
Et le sera plus tard.
  • Histoire de la beauté, Girolamo de Michele et Umberto Eco (sous la direction de), éd. Flammarion, 2004  (ISBN 9782080687111), chap. L’idéal esthétique en Grèce, p. 47


Sociologie

Les traits néoténiques d'un visage (petit nez et grands yeux) sont plus attractifs […] Un visage globalement symétrique est jugé plus beau et sa forme moyenne en ovale fait référence en matière de beauté : un visage "normal" n'est ni rond, ni carré […] Autre privilège supplémentaire, le beau est spontanément associé à ce qui est bon ou bien ; la beauté est ainsi liée à l'intelligence, la gentillesse, la santé, la sympathie, etc.


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