Histoire de l'URSS sous Staline

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L’URSS sous Staline (1927–1953) fut un État souvent qualifié de « totalitaire », modelé d'abord par le peuple, puis de la prise de conscience du pouvoir par les dirigeants que cela imposaient, ces derniers disposèrent du pouvoir absolu et se firent entourer d'un intense culte de la personnalité autour de Staline.

Winston Churchill[modifier]

la politique de l'Union soviétique : « C'est une devinette, doublée d'énigme, le tout enveloppé d'un grand mystère. »
  • Le sourire du flamant rose (1985), Stephen Jay Gould (trad. Domique Teyssier avec Marcelle Blanc), éd. Point, coll. « Sciences », 1993  (ISBN 2-02-019416-3), chap. 15 - La clé du mystère, p. 261


Du côté des Soviets, il faut dire que c'était une nécessité vitale de maintenir les armées allemandes sur des bases de départ aussi éloignées à l'Ouest que possible (...) Aujourd'hui leurs frontières passaient beaucoup plus loin à l'Est que lors de la précédente guerre. Il leur fallait occuper les États baltes et une grande partie de la Pologne par la force ou par la ruse avant d'être eux-mêmes attaqués. La politique qu'ils pratiquaient dénotait un grand sang-froid et elle était même, en l'occurrence, réaliste au plus haut point.
  • Citation des Mémoires de Winston Churchill rapportée In De l'accord de Munich au Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, Roger Maria, éd. Harmattan, coll. « Recherches et documents/La Seconde Guerre mondiale », 2000, p. 6


Alexandre Zinoviev[modifier]

Des millions de personnes ont participé au processus historique qui a donné naissance à la société communiste de l'Union soviétique. Ces personnes ont accompli des milliards d'actions différentes. Elles les ont accomplies dans leur propre intérêt. Elles ont agi selon les lois de la conduite communautaire et non pas seulement selon les lois de l'histoire, lesquelles n'interviennent pas dans la conduite des individus. Une partie de ces actions ont œuvré en faveur de la société nouvelle, l'autre contre. Parfois les même actions ont œuvré soit en faveur de cette société, soit contre. Les partisans de la nouvelles sociétés n'ont pas toujours forcément agi pour elle, et inversement ses adversaires ne lui ont pas toujours nui. Les révolutionnaires ont fait beaucoup contre la révolution et les contre-révolutionnaires beaucoup en sa faveur, sans s'en douter.
  • Le Communisme comme réalité, Alexandre Zinoviev, éd. Julliard/L'Age d'Homme, 1981, p. 41


Ne crois pas que je sois stalinien, disait l’Inspirateur. Je veux simplement dire que jusqu’à présent on a considéré le stalinisme soit de l’extérieur (à travers le regard des observateurs occidentaux), soit du point de vue de l’autorité personnelle de Staline et du système de répression. Le temps est venu de voir le stalinisme par en bas, c'est-à-dire en tant que phénomène de masse, en tant que grand processus historique d’accès de millions de gens des couches inférieures de la société à l’éducation, à la culture, à la création, à l’activisme. Beaucoup de gens ont péri, c’est vrai. Mais il y en a plus encore qui en sont sortis, qui ont radicalement changé leur mode de vie ; dont la situation s’est élevée, dont la vie est devenue plus intéressante comparée à ce qu’elle était auparavant. Cela a été pour une masse énorme de la population un essor culturel, spirituel, matériel sans précédent dans l’histoire, un processus créateur dans tous les domaines fondamentaux de la vie. On n’en a pas encore mesuré tout le prix. Je pense qu’il faudra des siècles pour lui rendre objectivement ce qui lui revient.


Si un nouveau Staline me proposait, disons deux ou trois ans de pleins pouvoirs dans mon domaine tout en me prévenant qu’après ça je serais fusillé, j’accepterais sa proposition. Je voudrais au moins une fois dans ma vie, et fût-ce un court moment, fondre ma pensée et ma volonté dans l’un des courants de la grande histoire. Sous Staline c’était possible. Maintenant plus. Je sais que ce qui est en cause ici ce n’est pas la personnalité de Staline, mais le caractère mêlé de l’époque qui a entre autre donné naissance à Staline. Mais nous avons l’habitude de personnifier les époques et de lier des espérances chimériques à des personnalités.


Au cours des années 30, le personnel dirigeants du district de Partgrad fut arrêté dans sa totalité par deux fois, et l'appareil régional par trois fois. Tous ce monde fut d'ailleurs coffré à juste titre, pour des délits administratifs et de droit commun, et si les chefs d'accusation prenait une couleur "politique", c'était pour répondre aux goûts du temps. Les victimes elles-même l'acceptaient volontiers, préférant passer pour des ennemis du peuple plutôt que des escrocs, des débauchés, des imbéciles, des incapables, des ivrognes.
  • Katastroïka, Alexandre Zinoviev (trad. Jacques Michaut), éd. Julliard L'âge d'homme, 1984, p. 35


La période stalinienne est l'une des plus intéressantes de l'histoire de l'humanité. Or il est pratiquement impossible d'en faire une description scientifique à la fois complète et exacte. Les documents de cette époque ont été détruits ou falsifiés. D'ailleurs en général les faits significatifs se sont déroulés sans laisser de traces écrites. Mais le peu qui a été conservé est inaccessible, tant aux chercheurs qu'aux écrivains. Les gens alors ne rédigeaient pas leurs mémoires. Ils avaient peur. Ils n'espéraient guère que cela puisse servir dans l'avenir. Et d'ailleurs ils n'avaient rien à dire. Les souvenirs qui sont publiés actuellement sont des falsifications antidatées.
  • Le Héros de notre jeunesse, Alexandre Zinoviev (trad. Jacques Michaut), éd. Julliard L'âge d'homme, 1984, p. 100


Dans la société soviétique, les tendances à l'asservissement réciproque qui se manifestaient déjà à l'époque de Tchékhov se sont renforcées démesurément. Par rapport à la société du passé l'esclavage communiste multiplie considérablement le nombre de ceux qui deviennent les dépositaires de l'autorité officielle de sorte que presque tous les membres ordinaires de la société sont en fait investis d'une parcelle de pouvoir qu'ils exercent sur les autres. Cette société a étendu la masse du pouvoir qui a atteint des dimensions sans précédents et elle en a confié l'exécution à des millions de simples gens. Elle les a investis suivant la lois qui y déterminent la distribution des biens : à chacun selon sa position sociale. Mais chacun y reçoit sa part.C'est un esclavage particulier, où la soumission de chacun est compensée par la possibilité de voir autour de lui des créatures soumises à sa propre autorité. Ainsi, ç la place de la liberté s'offre la possibilité de priver les autres de leur liberté, c'est-à-dire d'obtenir la participation dans l'asservissement. Un ersatz de liberté est proposé ici aux citoyens: ce n'est pas l'aspiration à être libre, mais l'aspiration à priver les autres de leur volonté de liberté. Ce qui est beaucoup plus facile que de lutter pour ne pas être un esclave.


... [le] stalinisme historique (ou simplement stalinisme) est la forme sous laquelle la société communiste s'est créé en Union Soviétique sous l'impulsion de Staline, de ces lieutenants et de tous ceux qui exécutaient leurs volontés et agissaient conformément à leurs idées et directives (ces derniers peuvent-être qualifiés de « staliniens historiques ». La société communiste n'est pas le produit de la volonté d'un homme. Elle surgi en obéissant à des lois sociales objectives, qui se sont révélées à travers l'activité de certains individus, de sorte que la forme qu'elles ont prise porte la marque de Staline et des staliniens."
  • Les confessions d'un homme en trop, Alexandre Zinoviev, éd. éditions Folio, 1991, p. 337


Toute guerre révèle d'une manière ou d'une autre les caractéristiques fondamentales des sociétés qui y sont impliquées. Celle de 1941-1945 a permis au système communiste de montrer son étonnante capacité à assurer sa survie, se perpétuer et se renforcer dans des situations limites, au point qu'il est permis de dire que ce sont les conditions particulièrement hostiles et non la prospérités, qui sont les plus favorables aux systèmes.
  • Les confessions d'un homme en trop, Alexandre Zinoviev, éd. éditions Folio, 1991, p. p.196


Jacques Sapir[modifier]

[les campagnes militaires soviétique] s'inscrivent dans une histoire plus globale, celle de la société soviétique, voire de l'histoire russe. L'art militaire soviétique n'est pas sorti tout armé du crâne de quelques théoriciens. Il est le produit d'un processus de maturation qui débuta du temps du régime tsariste et en particulier des suites d'un autre conflit qui eut la Mandchourie pour terrain, la guerre russo-japonaise de 1904-1905. L'évolution de l'art militaire renvoie alors à celle de la société; elle met en valeur les relations particulières et difficiles entre logique professionnelle et logique politique de l'URSS.
  • La Mandchouri oubliée, Jacques Sapir, éd. Du Rocher, 1996, p. 15


Jean‑Paul Depretto[modifier]

La victoire sur Hitler prouva que le système fonctionnait. Les années 1941‑1945 ont été marquées par des tendances contradictoires : centralisation accentuée dans le Comité d'État à la Défense, décentralisation de la gestion. Le régime se concentra sur ce qu’il assurait le mieux : produire du matériel militaire en recourant à la coercition. Pendant ce temps, il abandonna aux citoyens les domaines où ils excellaient : se débrouiller grâce à leurs relations, s’occuper de leur jardin, mettre en commun des ressources, aider famille et amis. C’est dans cette centralisation‑décentralisation qu'Edele trouve le secret de la victoire de Stalin.


Georges Gastaud[modifier]

Staline et ses conceptions exagérément rigides et souvent antidialectique ne sont pas nés du néant mais d'une configuration mondiale marquée par le retard économique russe, par l'encerclement capitaliste de l'U.R.S.S., par la montée connexe du fascisme en Europe et au Japon (...), par les guerres d'extermination antisoviétique menée par Hitler (...), puis par la course aux armements insensée menée de manière par le complexe militaro-industriel américain pour saigner économiquement l'U.R.S.S. Faire la part des choses, produire une critique marxiste des expériences socialistes nées de la Révolution d'Octobre puis de la défaite du fascisme (dont le moment-clé s'appelle Stalingrad), ne doit jamais conduire à nier si peu que ce soit les formidables exploits économiques et militaires réalisés par l'U.R.S.S. et par ses travailleurs pionniers, y compris à l'époque où Djougachvili dirigeait ce pays.
  • Lumières Communes, Georges Gastaud, éd. Delga, 2018, t. 5 - Fin(s) de l'histoire, p. 708


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