Féminisme

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Le féminisme est une doctrine qui a pour objet l’extension des droits civils et politiques des femmes jusqu'à obtenir l'égalité avec ceux des hommes.

Littérature[modifier]

Éliette Abécassis, Repenser le féminisme, 2012[modifier]

Même si les choses ont changé, il reste encore beaucoup à faire pour la condition féminine, si l'on entend ce dernier terme au sens fort. Ni contraire, ni égal, ni image en miroir du masculin : le féminin est autre. Or notre société est en lutte contre la féminité, au point de vouloir la nier, la caricaturer ou l'annuler.


C'est comme si l'on assistait à un retour de la domination masculine là où on l'attendait le moins, sur le propre terrain de la féminité. Le débat sur "le genre" le montre bien : les rôles des femmes et des hommes seraient construits et interchangeables. En d'autres termes, l'homme peut remplacer la femme. Par exemple, dans le cadre du divorce et du débat sur la garde alternée, les hommes en revendiquant l'égalité parfaite, pensent qu'ils sont des mères comme les femmes. Or c'est faux. La vraie mère, comme dans le jugement de Salomon, n'est-elle pas celle qui refuse de couper son enfant en deux ?

  • « Repenser le féminisme », Éliette Abécassis, HuffingtonPost, 08/03/2012 (lire en ligne)


Chaque société réinvente une nouvelle forme de domination de la femme, et la nôtre, hypocrite et pernicieuse, n'est pas en reste. Hélas, le féminisme a encore de beaux jours devant lui. C'est pourquoi il doit se réinventer et s'adapter. Aujourd'hui, il s'agit de défendre les mères, et l'image des femmes, celle qu'elles ont d'elles-mêmes, et celle que la société leur renvoie. Il est temps de repenser, d'enseigner, et de défendre la féminité.

  • « Repenser le féminisme », Éliette Abécassis, HuffingtonPost, 08/03/2012 (lire en ligne)


Le harcèlement sexuel, le commerce du corps et des enfants, la vente de bébé à travers la gestation pour autrui (GPA) : chaque époque réinvente une nouvelle façon d'asservir les femmes. [...] Le féminisme doit se réinventer.

  • « Éliette Abécassis: "Le féminisme doit se réinventer" », Amélie Cordonnier, Femme Actuelle, 19 avril 2018 (lire en ligne)


Chimamanda Ngozi Adichie, Nous sommes tous des féministes, 2014[modifier]

[...] me présenter comme féministe était synonyme de haine des hommes [...] Cela montre à quel point le terme féministe est chargé de connotations lourdes et négatives. On déteste les hommes, on déteste les soutiens-gorges, on déteste la culture africaine, on estime que les femmes devraient toujours être aux manettes, on ne se maquille pas, on ne s'épile pas, on est toujours en colère, on n'a aucun sens de l'humour, on ne met pas de déodorant.
  • Nous sommes tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie, éd. Folio, 2016, p. 19-20


Hubertine Auclert, Égalité sociale et politique de la femme et de l'homme, 1879[modifier]

C’est que je crois qu’un homme estimera sa femme, qu’une femme cessera de se croire l’obligée de son mari, quand, au point de vue économique, tous deux seront réciproquement indépendants. C’est qu’enfin, au rebours de ce qui est socialement admis, je fais passer avant l’indépendance économique de l’homme, l’indépendance économique de la femme, parce que c’est à la femme qu’incombe naturellement la charge de l’enfant.
  • Égalité sociale et politique de la femme et de l’homme, Hubertine Auclert, éd. impr. de A. Thomas, 1879, chap. Égalité sociale et politique de la femme et de l’homme, p. 1-16 (texte intégral sur Wikisource)


Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1778[modifier]

Marceline : Dans les rangs même les plus élevées, les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire ; leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! Ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
  • Le Mariage de Figaro (1778), Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, éd. Le Livre de poche, 1999, acte III, scène 16, p. 182


Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 1949[modifier]

On ne naît pas femme : on le devient.
  • Le Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir, éd. Gallimard, 1950, t. II. L'expérience vécue, partie première: Formation, chap. premier: Enfance, p. 13


Arnold Bennett[modifier]

Que nous veut le féminisme moderne, plus dangereux que le bolchevisme ? En prétendant les faire égaler l’homme dans tous les domaines, il a jeté les femmes dans une âpre lutte où se détraque leur organisme.


Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes du XVIe siècle au XXe siècle, 1995[modifier]

Si le jacobin a fait de la femme la vestale d'un nouveau culte païen au patriarcat, fonction qui sera légalisée en 1804 par le Code civil napoléonien, n'est-ce pas en réaction à l'apparition d'une nouvelle conscience identitaire des femmes, incarnée politiquement par Olympe de Gouges qui signe, avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, son acte de naissance historique ? Les républicains y ont vu une menace pour la Révolution.
  • Les Relations amoureuses entre les femmes, Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1995, partie 2. Des mystères de la nature à ceux de Lesbos (XVIIIè siècle), chap. II Les mystères de Lesbos, Introduction, p. 212


Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, 2018[modifier]

L’idée que les femmes sont des individus souverains, et non de simples appendices, des attelages en attente d’un cheval de trait, peine à se frayer un chemin dans les esprits – et pas seulement chez les politiciens conservateurs.
  • Sorcières : La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éd. éditions Zones, 2018  (ISBN 978-2-3552-2122-4), p. 47


Olympe de Gouges[modifier]

La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
  • Article premier.
  • Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges, éd. autoédition, 1791, Article premier, p. 7 (texte intégral sur Wikisource)


Marguerite Durand[modifier]

Quelque paradoxal que paraisse cet axiome, l’on peut hautement affirmer qu’à l’heure actuelle tout le monde est féministe. L’opinion contraire provient seulement de ce qu’un grand nombre de gens ont encore une conception fausse des idées qu’évoque ce mot.
  • « Préface Congrès international de la condition et des droits des femmes. 5, 6, 7 et 8 septembre 1900 », Marguerite Durand, La Fronde, 5 septembre 1900 (lire en ligne)


L’humanité a tout à gagner de concours intelligent des êtres qui la composent. Elle ne doit se priver d’aucune des valeurs qu’elle possède en atrophiant les facultés d’un sexe. C’est le rôle de ce que l’on est convenu d’appeler le féminisme, d’établir, de prouver tout cela.
  • « Préface Congrès international de la condition et des droits des femmes. 5, 6, 7 et 8 septembre 1900 », Marguerite Durand, La Fronde, 5 septembre 1900 (lire en ligne)


Le néfaste antagonisme des sexes n’a pas d’autre cause que la divergence de leur éducation.
  • « Préface Congrès international de la condition et des droits des femmes. 5, 6, 7 et 8 septembre 1900 », Marguerite Durand, La Fronde, 5 septembre 1900 (lire en ligne)


Les conquêtes du féminisme sont sûres, mais elles seront lentes tant que les femmes n’auront pas acquis ce fameux droit de vote dont les hommes ont fait leur apanage.
  • « Préface Congrès international de la condition et des droits des femmes. 5, 6, 7 et 8 septembre 1900 », Marguerite Durand, La Fronde, 5 septembre 1900 (lire en ligne)


Marianne Durano[modifier]

Il faut cesser de concevoir la carrière sur un mode linéaire, comme un progrès continu, pour penser au contraire par périodes, par cycles, comme pour le corps féminin. Il faut aligner le monde du travail sur la vie biologique des femmes, et non l'inverse ! Ainsi, des femmes peuvent se révéler très énergiques après la ménopause alors même qu'elles sont considérées comme « périmées » sur le marché de l'emploi.

Le monde du travail est conçu sur un modèle masculin : toujours productif, sans aléas ni calendrier biologique. Le féminisme officiel est un antiféminisme, construit sur la haine du corps et qui ne remet pas en cause la société. Sortir de cette hégémonie masculine : c'est ça être féministe aujourd'hui !

  • « Pour un amour vraiment libre, jouissez sans intrants ! », Marianne Durano, entretien avec Thérèse Hargot, Revue Limite, nº 3, mai 2016, p. 73


Olivia Gazalé[modifier]

Selon moi, le féminisme est un humanisme. Il ne s'agit plus de défendre un sexe contre l'autre mais de se libérer du sexisme pour émanciper les deux sexes. Et l’éveil de la conscience masculine à l'égard du sexisme et de ses effets délétères – y compris sur le masculin – est un espoir pour sortir de la guerre des sexes. Par ailleurs, c'est parce que le féminin est dégradé que l'effémination est considérée comme dégradante. Et, de ce point de vue, l'homophobie ou la transphobie découlent en partie de la gynéphobie.
  • « Entretien. Olivia Gazalé : « L’homme ne naît pas viril mais le devient » », Olivia Gazalé, propos recueillis par Amnesty International, Site d'Amnesty International, 8 mars 2018 (lire en ligne)


Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, 1975[modifier]

Car le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse ; c'est aussi la promesse, ou du moins l'espoir, d'un monde différent qui pourrait être meilleur.
  • Ainsi soit-elle, Benoîte Groult, éd. Grasset, 1975, p. 75-78


Pauline Harmange, Moi les hommes, je les déteste, 2020[modifier]

On ne peut pas comparer misandrie et misogynie, tout simplement parce que la première n'existe qu'en réaction à la seconde.


Fanny Raoul, Opinion d'une femme sur les femmes, 1801[modifier]

D'antiques préjugés, qu'un long usage a convertis en lois, ont établi dans le sort des deux sexes une différence telle, que l'un semble naître pour opprimer l'autre.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 15


Par la même raison que le concours des deux sexes est nécessaire à la formation et au maintien de la société, il est évident qu'ils doivent trouver dans cette même société une égale portion d'avantages ; et les lois qui assurent à l'un sa liberté et l'exercice de ses droits, doivent aussi les assurer à l'autre.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 26


Les droits de la mère sont, ce me semble, aussi légitimes que ceux du père. Tous deux sont chefs de famille ; tous deux, par conséquent, doivent avoir la même étendue d'autorité.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 27


Quel homme paye de sa santé, de sa vie même, l'avantage e se reproduire ? Et combien de femmes sont victimes de cette reproduction ! Combien ne donnent l'existence qu'au dépens de la leur ! Et pour prix du sacrifice qu'elles en font à l'état, elles sont bannies, chassées de l'état ! Il n'existerait pas sans elles, et elles n'y ont pas même une place au dernier rang !
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 34-35


Combien de ces malheureuses ont été et sont encore victimes de la barbarie d'un époux ! Combien ! dont les mânes gémissants réclament une juste vengeance !
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 35


Au reste, je ne pense pas seulement que l'éducation morale doive être la même pour les deux sexes ; je maintiens encore que l'éducation physique doit l'être aussi, à bien des égards.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 52-53


Car un moyen certain de propager les Lumières serait de les rendre communes aux deux sexes ; et si les progrès en ont été si lents, c’est sans doute parce qu’un absurde préjugé les a interdites à l’un.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 57-58


George Sand, Indiana, 1832[modifier]

Ceux qui m’ont lu sans prévention comprennent que j’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n’avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l’opinion ; car c’est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d’une si belle cause, et je la défendrai tant qu’il me restera un souffle de vie.
  • Extrait de la préface à l'édition de 1842. L'écrivaine parle au masculin car elle a publié le roman sous un pseudonyme masculin (seul moyen pour une femme de lettres d'obtenir un réel renom à l'époque)
  • Indiana (1832), George Sand, éd. Gallimard, coll. « Folio classiques », 1984, Première partie, chapitre 1, p. 46-47


Flora Tristan, Lettres, 1980[modifier]

Figurez-vous que je passe ici pour une révolutionnaire, une jacobine, une Sanguinaire - enfin pour une espèce de monstre femelle qui ose réclamer l'égalité de droits pour l'homme comme pour la femme.
  • Lettres, Flora Tristan, éd. éditions du Seuil, 1980, p. 105


Rebecca West, The Young Rebecca: Writings of Rebecca West, 1982[modifier]

Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.
  • (en) I myself have never been able to find out precisely what feminism is: I only know people call me a feminist whenever I express sentiments that differentiate me from a doormat.
  • The Young Rebecca: Writings of Rebecca West, Rebecca West, éd. Open Road Media, 1982, p. 219


Musique[modifier]

Debout les femmes, Mouvement de libération des femmes, 1972[modifier]

Reconnaissons-nous, les femmes,
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble on nous opprime, les femmes,
Ensemble révoltons-nous.

Levons-nous, femmes esclaves,
Et brisons nos entraves,
Debout ! Debout !

  • « Hymne », Mouvement de libération des femmes (Cathy Bernheim, Josiane Chanel, Josée Contreras, Catherine Deudon, Antoinette Fouque, Hélène Rouch, Elisabeth Salvaresi, Gille Wittig, Monique Wittig), Le Torchon brûle, 1972 (lire en ligne)


Vivir Quintana, Chanson sans peur (Cancion sin miedo), 2020[modifier]

Que l'État tremble, le ciel, les rues
que tremblent les juges et le pouvoir judiciaire
aujourd'hui, les femmes on arrête d'être calmes
ils ont semé la peur en nous, ils nous ont fait pousser des ailes.

  • (es)

    Que tiemble el Estado, los cielos, las calles
    Que tiemblen los jueces y los judiciales
    Hoy a las mujeres nos quitan la calma
    Nos sembraron miedo, nos crecieron alas

  • Chanson sans peur, Vivir Quintana (trad. Amnesty International), Vivir Quintana, album Te mereces un amor (2023 chez Universal Music).


Je fous le feu à tout, je casse tout
si un jour un type te ferme les yeux
Rien ne m'arrête, j'ai tout ce qu'il faut
s'ils touchent une femme, nous répondrons toutes.

  • (es)

    Yo todo lo incendio, yo todo lo rompo
    Si un día algún fulano te apaga los ojos
    Ya nada me calla, ya todo me sobra
    Si tocan a una, respondemos todas

  • Chanson sans peur, Vivir Quintana (trad. Amnesty International), Vivir Quintana, album Te mereces un amor (2023 chez Universal Music).


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