François-René de Chateaubriand
François-René, vicomte de Chateaubriand (Saint-Malo, 4 septembre 1768 - Paris, 4 juillet 1848) est un écrivain et homme politique français.
Citations
[modifier]Essai sur les révolutions, 1797
[modifier]Chaque âges
est un fleuve qui nous entraîne selon le penchant des destinées quand nous nous y abandonnons. Mais il me semble que nous sommes tous hors de son cours. Les uns (les républicains) l'ont traversé avec impétuosité et se sont élancés sur le bord opposé. Les autres sont demeurés de ce côté-ci sans vouloir s'embarquer. Les deux partis crient et s'insultent, selon qu'ils sont sur l'une ou sur l'autre rive. Ainsi les premiers nous transportent loin de nous dans des perfections imaginaires, en nous faisant devancer notre âge, les seconds nous retiennent en arrière, refusent de s'éclairer, et veulent rester les hommes du XIVe siècle dans l'année 1797.
- René ou la vie de Chateaubriand (1938), André Maurois, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1956 (ISBN 2-246-18904-7), chap. III « L'Exil », III Le premier livre, p. 97
Voilà mon système, voilà ce que je crois. Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l'honneur, la richesse, la vertu même : et comment croire qu'un Dieu intelligent nous conduit ? Voyez les fripons en place, la fortune allant au scélérat, l'honnête homme volé, assassiné, méprisé. Il y a peut-être un Dieu, mais c'est le Dieu d'Epicure ; il est trop grand, trop heureux pour s'occuper de nos affaires.
- René ou la vie de Chateaubriand (1938), André Maurois, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1956 (ISBN 2-246-18904-7), chap. III « L'Exil », III Le premier livre, p. 100
Génie du christianisme, 1802
[modifier]- Génie du christianisme (1802), François-René de Chateaubriand, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 2-08-070104-5), t. 1, partie 1 « Dogmes et doctrines », chap. III « Des mystères chrétiens », Livre premier « Mystères et sacrements », p. 62 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 10 août 2010.
- Génie du christianisme (1802), François-René de Chateaubriand, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 2-08-070104-5), t. 1, partie 2 « Dogmes et doctrines », chap. I « Que la Mythologie rapetissait la nature; que les Anciens n'avaient point de poésie proprement dite descriptive », Livre quatrième « Du merveilleux, ou de la poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels », p. 315 (texte intégral sur Wikisource)
- Génie du christianisme (1802), François-René de Chateaubriand, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 2-08-070104-5), t. 1, partie 3 « Beaux-arts et littérature », chap. II « Chimie et histoire naturelle », Livre second « Philosophie », p. 416 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 29 août 2021.
- Génie du christianisme (1802), François-René de Chateaubriand, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 2-08-070104-5), t. 1, partie 3 « Dogmes et doctrines », chap. III, p. 881 (texte intégral sur Wikisource)
Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811
[modifier]- Itinéraire de Paris à Jérusalem (1861), François-René de Chateaubriand, éd. Garnier, coll. « ŒUVRES COMPLÈTES », 1861, chap. VII « Voyage de Tunis et retour en France », t.II Itinéraire de Paris à Jérusalem, p. 422
Mémoires d'Outre-Tombe, 1848
[modifier]- Mémoires d'Outre-Tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. GF Flammarion, coll. « Grand Format », 1997 (ISBN 2-08-070906-2), livre 1, chapitre 1, p. 49 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 27 décembre 2008.
- Mémoires d'Outre-Tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. GF Flammarion, coll. « Grand Format », 1997 (ISBN 2-08-070906-2), livre 1, chapitre 6, p. 95 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 11 novembre 2011.
- Mémoires d'Outre-Tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. GF Flammarion, coll. « Grand Format », 1997 (ISBN 2-08-070906-2), livre 2, chapitre 2, p. 104 (texte intégral sur Wikisource)
- Mémoires d'Outre-Tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. GF Flammarion, coll. « Grand Format », 1997 (ISBN 2-08-070906-2), livre 2, chapitre 5, p. 116 (texte intégral sur Wikisource)
- Mémoires d'Outre-Tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. Eugène et Victor Penaud Frères, 1849, tome 6 (troisième partie, livre 22, chapitre 16), p. 262 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 26 novembre 2016.
- Mémoires d'outre-tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. Librairie Générale Française, coll. « Le livre de poche », 1973 (ISBN 2-253-01674-8), tome 2, p. 471
- Mémoires d'outre-tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. Librairie Générale Française, coll. « Le livre de poche », 1973 (ISBN 2-253-01675-6), tome 3, p. 543
Quelle serait une société universelle qui n'aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni portugaise, ni italienne, ni russe, ni tartare, ni turque, ni persanne, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu'en résulterait-il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? Comment s'exprimeraient des passions ressenties à la fois à la manière des différents peuples dans les différents climats ? Comment entrerait dans le langage cette confusion de besoins et d'images produits des divers soleils qui auraient éclairé une jeunesse, une virilité et une vieillesse communes ? Et quel serait ce langage ? De la fusion de sociétés résultera-t-il un idiome universel, ou bien y aura-t-il un dialecte de transaction servant à l'usage journalier, tandis que chaque nation parlerait sa propre langue, ou bien les langues diverses seraient-elles entendues de tous ? Sous quelle règle semblable, sous quelle loi unique existerait cette société ? Comment trouver place sur une terre agrandie par la puissance d'ubiquité, et rétrécie par les petites proportions d'un globe fouillé partout ? Il ne resterait qu'à demander à la science le moyen de changer de planète.
- Mémoires d’outre-tombe (1848), François-René de Chateaubriand, éd. Gallimard, coll. « Pléiade », 1976, t. II, p. 924
Propos rapportés de Chateaubriand
[modifier]- Ces propos sont de Chateaubriand lui-même.
- « Textes oubliés », Robert André, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 24
En 1831, Chateaubriand fulmine contre la monarchie bourgeoise « débiffée » de juillet [...].
L'égalité, en passant par l'État, secrète en effet une égalité qui lui est consubstantielle. Certes, la Restauration décorera-t-elle la France napoléonienne — la vraie, celle qui survit à travers tout le XIXe siècle — de « fictions » aristocratiques (le mot est de Chateaubriand). Les journées de juillet 1830 en emporteront les lambeaux dérisoires.
En Angleterre, en revanche, estime Chateaubriand, « l'esprit aristocratique a tout pénétré : tout est privilèges, associations, corporations. Les anciens usages, comme les antiques lois et les vieux monuments, sont conservés avec une espèce de culte. Le principe démocratique n'est rien; quelques assemblées tumultueuses qui se réunissent de temps en temps, en vertu de certains droits de comtés, voilà tout ce qui est accordé à la démocratie. Le peuple, comme dans l'ancienne Rome, client de la haute aristocratie, est le soutien et non le rival de la noblesse ». Il ajoute : « On conçoit, messieurs, que dans un pareil état de choses, la couronne n'a rien à craindre du principe démocratique ; on conçoit aussi comment des pairs de trois royaumes, comment des hommes qui auraient tout à perdre à une révolution, professent publiquement des doctrines qui sembleraient devoir détruire leur existence sociale: c'est qu'au fond, ils ne courent aucun danger. Les membres de l'opposition anglaise prêchent en sûreté la démocratie dans l'aristocratie ; rien n'est si agréable que se donner les discours populaires en conservant des titres, des privilèges et quelques millions de revenus. » On peut, à bon compte, être démocrate sans risque. Chateaubriand ne se prétendait-il pas « bourbonien par honneur » et « républicain par goût », mais aristocrate par la naissance et les manières ?
- « Chateaubriand et l'Angleterre », Jean-Paul Clément, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 59
- Ces propos sont de Chateaubriand lui-même.
- « Aux origines des Mémoires d'Outre-tombe — Les beaux arts et le Voyage en Italie », Hans Peter Lund, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 73
« Les cavernes d'alentour retentirent » : c'est l'éternel Orphée descendu parmi l'éternelle sauvagerie des Enfers. Jamais prisonnier — l'intéressé s'en flatte avec quelque coquetterie — demanda-t-il un traité de métrique à ses bourreaux ? Mais comprendront-ils la leçon ? Chateaubriand se divertit du contraste entre sa situation objective et son incroyable liberté intérieure : juché sur son « trépied » (ce qui l'apparente à la Pythie), il s'abandonne avec délices à l'enfantement du poème, jusqu'à ce que tout à trac des huissiers fassent irruption au milieu d'un vers et l'« appréhendent au corps sur les rives du Permesse ». Retour brutal au réel, fuite de la Muse à tire d'ailes. La métaphore ornithologique s'impose : encagé, l'écrivain envie les moineaux, qui fréquentent même les cours de prison et se posent avec autant d'insouciance sur la guillotine que sur le rosier ; avec une cruelle ironie, il salue les acquis de Juillet : « Comme nous sommes libres maintenant ! comme j'étais libre surtout à ma fenêtre, témoin ce bon gendarme en faction au bas de mon escalier et qui se préparait à me tirer au vol s'il m'eût poussé des ailes ! »
Le seul moyen de s'élargir, dans la coercition qui lui est imposée, est soit de nier ce qui l'entoure, soit — dans la deuxième phase, adoucie, de son incarcération — de le magnifier en le mythologisant : des réminiscences anacréontiques voltigent dans le boudoir de Mademoiselle Gisquet, d'« agréables commis de la police » sont entrevus « comme de belles nymphes parmi des lilas » ; bref ; c'est Ovide à Paris (et presque déjà Proust...), et il est clair que Chateaubriand commence à trouver du plaisir à ce qui lui arrive, et du plaisir spécifiquement littéraire.
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 71
- « Aux origines des Mémoires d'Outre-tombe — Les beaux arts et le Voyage en Italie », Hans Peter Lund, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 82
- « Dernier chant, dernier témoin », Maria-Concepcion Perez, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 88
- « Dernier chant, dernier témoin », Maria-Concepcion Perez, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 91
- Burlet - La politique, ses vrais principes, Lucien Burlet, éd. Auguste Cote, Libraire, 1875, t. 1, chap. Burlet - La politique, ses vrais principes, p. 1-17 (texte intégral sur Wikisource)
Citations et propos rapportés concernant le talent de Chateaubriand
[modifier]- René ou la vie de Chateaubriand (1938), André Maurois, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1956 (ISBN 2-246-18904-7), chap. IV « Le Génie du Christianisme », II La petite société — « Atala », p. 124
- René ou la vie de Chateaubriand (1938), André Maurois, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1956 (ISBN 2-246-18904-7), chap. IV « Le Génie du Christianisme », II La petite société — « Atala », p. 132
D'autres auteurs le concernant
[modifier]- « L'homme de la mort — La présence du prédécesseur », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 9
- « L'homme de la mort — Mythification de l'écrivain », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 10
- « L'homme de la mort — Mythification de l'écrivain », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 11
- « Chateaubriand et l'Angleterre », Jean-Paul Clément, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 60
- Il est ici question de Chateaubriand et de son incarcération.
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 67
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 67
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 68
Le dernier des purs dans un monde vendu, il restera la vox claman in deserto, le prophète maigre et nu prêchant en vain une parousie que personne n'attend plus.
Reste qu'au-delà de l'insoumission instantanée, la seul manière efficace de renverser à son profit le rapport de force, l'arme absolue du (provisoirement) faible est évidemment l'écriture. Sa fonction restauratrice (c'est le cas de le dire) de justice et de vérité, mais aussi libératrice, s'affirme avec une force particulière lorsque l'imposture régnante paralyse le corps de ses antagonistes. L'écrivain retenu dans les chaînes — fussent-elles, comme ici, toutes métaphoriques — témoigne pour l'inaliénable souveraineté d'un principe spirituel. La Préfecture de police se voit ainsi, par la grâce de son hôte forcé, transfigurée en laboratoire de littérature en soi, elle est déjà littérature, et pas la meilleure : son arsenal de clefs, de grilles, ses échos glaçants de pas sur les dalles suintantes d'immenses corridors, renvoient au bric à brac du roman « gothique », de même que la nudité, la saleté de la cellule, son « meuble infâme », ses graffiti [...] répondent aux canons d'un topos misérabiliste qui ne manque jamais d'être exploité par les feuilletons populaires, au cours d'un épisode d'embastillement rigoureusement incontournable et non moins convenu. Or tout se passe comme si, très vite, Chateaubriand se débarrassait de ce décor bon marché pour s'évader intérieurement, grâce à la poésie, vers des régions sublimes, inaccessibles aux cerbères qui l'ont sous bonne garde. Son premier soin, à peine bouclé, est de se nettoyer le corps (et l'âme) de toute cette souillure primaire en faisant le ménage avec une bonne humeur inattendue, et l'étrange sentiment d'un regain de jeunesse : après avoir procédé à ses ablutions et rangé ses petites affaires, Chateaubriand n'a plus l'impression d'être dans un bouge, mais « dans la cabine d'un vaisseau » ; le voilà en partance pour une traversée immobile, sur l'océan du souvenir et du songe ; le rite lustral lui a redonné ses vingt ans : il saute sur la table comme un jeune homme pour regarder par son hublot (hélas, aucune vue: on n'est pas à la tour Farnèse) ; il se retrouve magiquement revenu en arrière, démuni comme dans son galetas londonien, lorsque flottaient dans sa tête les premiers rêves de René. Et aussitôt, pour estampiller l'authenticité de cette expérience régénératrice, il reçoit la récompense réservée aux poètes pauvres : la visite rayonnante de la Muse, qui vient tout inspirée embrasser son favori. Lorsque la vie débarrasse de l'inessentiel par lequel elle se laisse trop souvent encombrer, elle redonne toutes ses chances à la création : si quelqu'un a jamais été persuadé qu'en art « qui perd gagne », c'est bien Chateaubriand.
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 70
La prison chateaubrianesque est hantée de hautes figures tutélaires de poètes au cachot : non seulement Cervantes, mais le pauvre Lovelace et surtout le plus emblématique de tous pour l'imaginaire collectif, le Tasse (liste à laquelle il faut ajouter, implicitement, Silvio Pellico et peut-être Chénier). [...] il existe, mutatis mutandis, une solidarité de fond, touchant aux enjeux les plus importants, entre tous les artistes qui ont peu ou prou à pâtir de la criminelle ou imbécile oppression des puissants ; vieille histoire toujours recommencée, haine immémoriale de la matière pour l'Esprit. Chateaubriand sait que, de toute légitimité (et, pour une fois, dans tous les sens du terme...), il appartient à cette famille des « immortelles victimes » — de l'immortalité mortelle des civilisations et des bibliothèques... —, et entre de plain pied dans le martyrologe. Ce qu'il a dû affronter a été à la taille de la modernité : c'est-à-dire incurablement médiocre. Mais, pour lui comme pour ses frères plus héroïques, il s'agissait bien de défendre, pour démarquer André Breton, le même « infracassable noyau » de sens.
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 72
Dans le récit de ses prisons, Chateaubriand peut [...] se donner les gants de ne pas lâcher à fond les grandes orgues outragées, voire de se divertir sous cape : ses adversaires ne sont pas seulement ignobles, ils sont bêtes. Le combat est trop inégal : il méritait mieux. Dans la fadeur de la monarchie de Juillet, on en viendrait presque à regretter l'Empire...
Avec l'Autre, au moins, l'empoignade signifiait, et puissamment. Mais avec le Prudhomme couronné, ce mode gélatineux du non-être ?
- « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 73
- « Aux origines des Mémoires d'Outre-tombe — Les beaux arts et le Voyage en Italie », Hans Peter Lund, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 79
- Il est ici question de la jeunesse de Chateaubriand à Combourg.
- « Dernier chant, dernier témoin », Maria-Concepcion Perez, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 87
Le manque du toi, dans lequel se réalise l'expérience existentielle, configure déjà ce que Chateaubriand lui-même désigne comme « le germe de René », principe de déchirure qui donnera un fruit douloureux.
Mais dans le silence, il y a toute une ambiguïté, car en même temps qu'il témoigne d'un manque, il est signifiant de pureté et il mène à la découverte d'un certain bonheur dans le repliement sur soi (voilà sans doute le sens de la « joie effrayée » ressentie par Chateaubriand dans la remémoration de son arrivée à Combourg). Le bruit de l'Histoire est alors un bruit menaçant, en tant qu'il est produit par un monde qui s'écroule à partir de l'expérience révolutionnaire.
- Il est ici question de la jeunesse de Chateaubriand à Combourg.
- « Dernier chant, dernier témoin », Maria-Concepcion Perez, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 87
Aux époques de plénitude ontologique, le moi « se suffit à soi-même, comme Dieu ». Aux époques de défaillance, vide de substance, le moi part à la recherche d'une matière qui puisse le combler ou le soutenir.
Aucun mouvement littéraire n'a vécu comme le premier romantisme cette expérience de la défaillance ontologique. Personne mieux que Chateaubriand n'a su exprimer cette situation. Dès le début de son Essai sur les révolutions, l'écrivain construit un point de vue qui soutiendra, tout au long de son œuvre, le tissu métaphorique du vide en fluence qui signifie cette insuffisance d'être.
- « Moi, métonymie, histoire », Javier del Prado, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 108
- « Moi, métonymie, histoire », Javier del Prado, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 108
- « Moi, métonymie, histoire », Javier del Prado, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 108
Le moi est en défaut parce que le présent, qui devrait fonder l'être dans son immanence, n'est qu'un point de repère pour regarder vers le passé ou le futur, à la seule fin de se rassasier dans l'expérience du manque [...].
L'ontologie de Chateaubriand se construit toujours à la croisée de ces deux constantes: le futur qui n'existe pas, utopique, même quand on a du devenir ; le passé qui n'existe pas davantage, funèbre.
- « Moi, métonymie, histoire », Javier del Prado, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 109
- « Chateaubriand et Joubert — En regard d'une amitié », Jean-Paul Corsetti, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 133
- « Chateaubriand et Joubert — En regard d'une amitié », Jean-Paul Corsetti, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 134
- « Chateaubriand et Joubert — En regard d'une amitié », Jean-Paul Corsetti, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 135
- « Chateaubriand et Joubert — En regard d'une amitié », Jean-Paul Corsetti, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 137