Théophile Gautier

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Théophile Gautier par Nadar (1856)

Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d'art français, né à Tarbes le 31 août 1811 et mort à Neuilly le 23 octobre 1872.


Albertus, 1832[modifier]

Aux vitraux diaprés des sombres basiliques,
Les flammes du couchant s’éteignent tour à tour ;
D’un âge qui n’est plus précieuses reliques,
Leurs dômes dans l’azur tracent un noir contour [...]

  • « Sonnet I », dans Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1 (1832), Théophile Gautier, éd. Lemerre, 1890, p. 22


Lorsque le lambris craque, ébranlé sourdement,
Que de la cheminée il jaillit par moment
Des sons surnaturels, qu’avec un bruit étrange
Pétillent les tisons entourés d’une frange
D’un feu blafard et pâle, et que des vieux portraits
De bizarres lueurs font grimacer les traits,
Seul, assis, loin du bruit, du récit des merveilles
D’autrefois aimez-vous bercer vos longues veilles ?

  • « Veillée », dans Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1 (1832), Théophile Gautier, éd. Lemerre, 1890, p. 60


Tu dors sans faste, au pied de la colline,
            Au dernier rang,
Et sur ta fosse un saule pâle incline
            Son front pleurant ;

Ton nom déjà par la nuit et la neige
            Est effacé
Sur le bois noir de la croix qui protège
            Ton lit glacé.

  • « Clémence », dans Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1 (1832), Théophile Gautier, éd. Lemerre, 1890, p. 63


Mademoiselle de Maupin, 1835[modifier]

Il n'y a rien au monde qui coure plus vite qu'une virginité qui s'en va et qu'une illusion qui s'envole.

  • Préface à Mademoiselle de Maupin (1835), Théophile Gautier, éd. Gallimard, 1973, p. 40


Quand je vois quelque chose de beau, je voudrais le toucher de tout moi-même, partout et en même temps. Je voudrais le chanter et le peindre, le sculpter et l’écrire […] je voudrais ce qui ne se peut pas et ne se pourra jamais.

  • Préface à Mademoiselle de Maupin (1835), Théophile Gautier, éd. Garnier-Flammarion, 1866, p. 192


Je m’ennuie, il est vrai, mais d’une manière tranquille et résignée, qui ne manque pas d’une certaine douceur que je comparerais assez volontiers à ces jours d’automne pâles et tièdes auxquels on trouve un charme secret après les ardeurs excessives de l’été.
  • Mademoiselle de Maupin (1835), Théophile Gautier, éd. Charpentier, 1880, chap. I, p. 37


Voir aussi : Sur Théophile Gautier, en fin d'article.

Poésies diverses, 1833-1838[modifier]

Son visage de femme est le plus beau du monde ;
Son col est si charnu que vous l’embrasseriez ;
Mais quand on fait le tour, on voit sa croupe ronde,
On s’aperçoit qu’elle a des griffes à ses pieds.


La Morte amoureuse, 1939[modifier]

Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d’une minute pour vous faire perdre l’éternité.


Le pin des Landes, 1840[modifier]

Le poète est ainsi dans les Landes du monde;
Lorsqu'il est sans blessure il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or!


La Croix de Berny, 1845[modifier]

Le hasard, c'est peut-être le pseudonyme de Dieu, quand il ne veut pas signer.
  • La Croix de Berny, Théophile Gautier, éd. Librairie Nouvelle, 1855, lettre III (« À monsieur le prince de Monbert »), p. 28


Émaux et camées, 1852[modifier]

Oui, l'œuvre sort plus belle
D'une forme au travail
     Rebelle


Le Roman de la momie, 1858[modifier]

Je vous dédie ce livre, qui vous revient de droit : en m’ouvrant votre érudition et votre bibliothèque, vous m’avez fait croire que j’étais savant et que je connaissais assez l’antique Égypte pour la décrire (…) L’histoire est de vous, le roman est de moi ; je n’ai eu qu’à réunir par mon style, comme par un ciment de mosaïque, les pierres précieuses que vous m’apportiez.
  • Extrait de la dédicace à Ernest Feydeau.
  • Le Roman de la momie, Théophile Gautier, éd. Librio, 1997  (ISBN 2-277-30081-0), p. 7


D'autres auteurs à son sujet[modifier]

Depuis la première édition [de Mademoiselle de Maupin], Théophile Gautier, cédant à divers scrupules, avait apporté des modifications à son œuvre, surtout dans la fameuse préface [...].
Ainsi, primitivement, Gautier avait écrit :
« Dans Molière, la vertu est toujours cocue et rossée... » Il a mis à la place : « Dans Molière, la vertu est toujours honnie et rossée. »
À « mon pot de chambre » il a substitué « certain vase » ;
À des « pessaires élastiques », des « ceintures élastiques ».
Et ainsi de suite.
On ne comprend guère ces restrictions de la part d’un homme aussi peu pudibond que notre Théo.

  • Curiosités littéraires et bibliographiques., Charles Monselet, éd. Librairie des Bibliophiles, 1890, p. 38-39


Théophile Gautier, qui a une figure assez agréable, assez noble, la chevelure parfumée, le gilet écarlate, a l'haleine gâtée, détestable : ainsi dans sa poésie, à travers toutes les couleurs et les formes spécieuses, il revient toujours un petit souffle fétide, qui corrompt.


Les défauts de Hugo sont déjà énormes et, comme s'il avait peur qu'on ne les vît pas il les a placés entre deux miroirs grossissants, Gautier et Vacquerie.


Les poèmes de Théophile Gautier sont un condensé de sa littérature : il y fait du roman, du récit de voyage, du souvenir, du sarcasme, et même de la poésie. Et si son principal défaut, une certaine mollesse, s'y retrouve comme dans sa prose, c'est quand même un grand poète.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 663


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