Voyage
Un voyage est un déplacement effectué vers un point plus ou moins éloigné dans un but personnel (tourisme) ou professionnel (affaires). Le voyage s'est considérablement développé et démocratisé, au cours du XXe siècle avec l'avènement de moyens de transports modernes et de plus en rapides et confortables, le chemin de fer d'abord, puis l'automobile et l'avion.
Littérature
- Ma confession, Albert Caraco, éd. L'Âge d'Homme, 1975, p. 62
Le seul voyage qui vaille n’est pas d’aller vers d’autres paysages, mais de considérer les anciens avec de nouveaux yeux.
Le XIXe siècle a beaucoup voyagé. Stendhal évidemment, habitué aux postes entre Rome et Paris, aux bateaux sur le Rhône, aux chemins de traverse en France, mais aussi Balzac qui va en diligence en Ukraine, Victor Hugo qui va voir des choses, George Sand, Byron, Shelley, Custine et sa Russie, Boucher de Perthes qui se promène de Lille au fin fond du Maghreb par l'Espagne, pousse jusqu'à Constantinople, revient par le Danube, les Portes de fer, etc., à pied, à cheval, en voiture, en bateau, en palanquin ; Alexandre Dumas qui parcourt la Suisse, L'Italie, l'Arabie, l'Espagne, l'Allemagne, le Caucase, la Syrie, la Russie, etc., à pied également la plupart du temps ; Chateaubriand, quoi qu'on dise (et quoi qu'il dise), le marquis de Virmont, Toppfer, Mme de Rémusat, Jules d'Abrantès, Arago, Victor Jacquemont, Monsieur Perrichon qui représente des milliers d'épiciers en mouvement.
On me répondra que le XXe siècle voyage encore plus. Non, il ne voyage pas, il se fait transporter, il se transporte, c'est tout autre chose, c'est presque le contraire.
- Les Misérables, Victor Hugo, éd. J. Hetzel et A. Quantin, 1882, partie I, chap. 5, p. 441 (texte intégral sur Wikisource)
Il ne faudrait jamais entreprendre de raconter un voyage : on est d'avance vaincu. Comment restituer à la flèche son mouvement une fois qu'elle est tombée au pied du but ? Comment parler d'une traversée alors que le roulis du bateau ne verse plus aux veines son balancement sensuel, peindre le désert immobile alors que les roues d'une voiture ne crissent pas sur son sable doré ? Comment goûter jusqu'à l'angoisse, jusqu'à la volupté l'expression d'une figure nouvelle, le jeu d'un rayon, d'une guenille quand ce ne sont plus des spectacles passagers, mais des souvenirs fixés et morts, enfouis dans le cimetière de la mémoire ? Mais que faire ? Si l'on aime, il faut parler de l'objet de son amour.
- Incipit
- Tristes Tropiques, Claude Lévi-Strauss, éd. Pocket, 2001 (ISBN 2-266-11982-6), p. 92 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 13
Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux.
- Propos recueillis par Serge Sanchez concernant le dernier roman de Jean-Claude Guillebaud, La Traversée du monde — Guillebaud cite ici un passage de La Prisonnière de Marcel Proust parut à titre posthume en 1925.
- « « Le voyage contraint à ne pas tricher » », Jean-Claude Guillebaud, Le Magazine Littéraire, nº 493, Janvier 2010, p. 35
- Incipit
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 9
– Il faut renouer avec le voyage, mon vieux. J'en ai marre de cette croisière de Mormons, dis-je.
– Un vrai voyage, c'est quoi ? dit-il.
Philosophie
- Dernières nouvelles des choses, Roger-Pol Droit, éd. Odile Jacob, 2003, p. 178
Sciences exactes
Physique
- Esthétique de la disparition (1989), Paul Virilio, éd. Galilée, coll. « folio essais », 1994, p. 109