Douleur

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Douleur d'amourWilliam Bouguereau (1899)

La douleur est la sensation ressentie par un organisme dont le système nerveux détecte un stimulus nociceptif. Habituellement, elle correspond à un signal d'alarme de l'organisme pour signifier une remise en cause de son intégrité physique.

Littérature[modifier]

Paul Klee, Journal, 1957[modifier]

Ta tête je la veux tenir dans les mains, ferme, de mes deux mains, et jamais elle ne devra se détourner de moi. Car dans la douleur croîtrait ma force jusqu'à la ruine.


Edgar Allan Poe, Nouvelles Histoires extraordinaires, 1857[modifier]

Colloque entre Monos et Una

Le cœur fatigué d'angoisses qui tiraient leur origine du désordre et de la décadence générale, je succombai à la cruelle fièvre. Après un petit nombre de jours de souffrance, après maints jours pleins de délire, de rêves et d'extases dont tu prenais l'expression pour celle de la douleur, pendant que je ne souffrais que de mon impuissance à te détromper, — après quelques jours je fus, comme tu l'as dis, pris par une léthargie sans souffle et sans mouvement, et ceux qui m'entouraient dirent que c'était la Mort.


Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904[modifier]

La Soif ricane

Je l’aurais volontiers fait taire d’un coup de pied ou de poing, mais des expériences réitérées et douloureuses m’avaient persuadé que la vigueur physique de Polly surpassait de beaucoup la mienne.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Soif ricane, p. 27


Je ne crains pas la mort, mais la douleur m’épouvante. La perspective d’être rôti vivant me tenaillait de façon suraiguë. Polly elle-même avait l’air grave, quoique ses nerfs soient plus robustes que des tendons de bœuf.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Soif ricane, p. 33


Brune comme une Noisette

Elle était hostilement pure comme une de ces petites bêtes marines qui vivent tapies en un coquillage aux parois de nacre… Je vis la contraction douloureuse de tout son visage brun.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, Brune comme une Noisette, p. 161


Poésie[modifier]

Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926[modifier]

L'hiver sur la prairie

La consolation graine perdue,
Le remords pluie fondue,
La douleur bouche en cœur
Et mes larges mains luttent.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, L'hiver sur la prairie, p. 112


Joyce Mansour, Funéraire comme une attente à vie, 1964[modifier]

Il est un roi qui ne connaît aucune défaite
Je crève ses yeux
Deux doigts dans l'angle de la douleur suprême.

  • « Funéraire comme une attente à vie », Joyce Mansour, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 78


Roman[modifier]

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820[modifier]

Un être humain nu et couvert de sang passa comme un éclair près de moi en poussant des cris de rage et de douleur ; quatres moines portant des lumières le poursuivaient. J'avais fermé la porte au bout de la galerie et je savais qu'ils devaient revenir sur leurs pas et passer près de moi. Toujours agenouillé, je tremblais de la tête aux pieds. La victime atteignit la porte, la trouva close et s'arrêta hors d'haleine. Je me retournai et vis une scène digne de Murillo. Jamais forme humaine ne fut plus parfaite que celle de cet infortuné jeune homme. Il se tenait là, dans une attitude de désespoir, ruisselant de sang. Les moines avec leurs lumières, leurs fouets et leurs robes sombres ressemblaient à un groupe de démons faisant leur proie d'un ange errant — on eût dit les furies infernales poursuivant un Oreste fou. Et vraiment aucun sculpteur de l'Antiquité ne dessina jamais forme plus parfaitement exquise que celle de cet infortuné si sauvagement mutilé par les moines. Ce spectacle d'horreur et de cruauté éveilla en un instant mon esprit du long engourdissement dans lequel il s'était affaibli. Je me précipitai au secours de la victime ; je luttai avec les moines en proférant certaines paroles dont j'étais à peine conscient mais dont ils se souvinrent et qu'ils exagérèrent avec toute la précision de la méchanceté.
  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 146


Tonino Benacquista, Le serrurier volant, 2009[modifier]

Une victime, c'est un peu le contraire d'un rebelle. On n'aime pas entendre parler des victimes. Elles sont le miroir d'une mauvaise conscience, leur douleur est gênante, et leur cri insupportable.
  • Le serrurier volant, Tonino Benacquista, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2009, p. 120-121


Psychologie[modifier]

Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005[modifier]

Perversions narcissiques

L'attraction de l'objet (l'autre) étant vécue comme dangereuse, le pervers narcissique en fait un « objet non-objet », chosifié, sur qui les souffrances et douleurs internes, déniées, sont largement projetées. Pour lui, toujours en quête de reconnaissance, l'autre n'existe en effet que comme miroir, reflet de lui-même.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, 1.4 Perversion narcissique b) Pathologie du narcissisme, p. 105


Citations[modifier]

Dis à qui porte douleur, jamais ici chagrin ne dure.
Avec le temps passe bonheur, avec le temps douleur ne dure.


Je vis un jour une jeune fille de dix-huit ou dix-neuf ans, dont la superbe chevelure, aussi longue qu'elle-même était grande, semblait abondante jusqu'à l'extrémité. Cette jeune fille était gracieusement potelée, son teint resplendissait de blancheur. On voyait qu'elle avait un charmant visage ; mais elle souffrait d'une terrible rage de dents. Les cheveux qui retombaient sur son front étaient tout trempés de larmes. Sans même faire attention au désordre de sa chevelure, elle appuyait sa main contre sa joue rouge, et, dans cette posture, elle était ravissante.
  • Notes de chevet (~995-1005), Sei Shōnagon (trad. André Beaujard), éd. Gallimard / Unesco, 2007, p. 308


Votre douleur est ce par quoi se brise la coquille de votre entendement. Et comme il faut que le noyau du fruit se rompe pour que le cœur du fruit s'offre au soleil, ainsi vous faut-il connaître la douleur.
  • Le Prophète, Khalil Gibran (trad. Salah Stétié), éd. La renaissance du livre, 2002  (ISBN 2-8046-0633-3), p. 57


La vraie douleur est incompatible avec l'espoir.


Toute douleur qui n'aide personne est absurde.


Quand ta douleur est un peu plus grande que ma douleur, je me sens un peu cruel.
  • (es) Cuando tu dolor es un poco mayor que mi dolor, me siento un poco cruel.
  • (es) Voces, Antonio Porchia (trad. Wikiquote), éd. Hachette, 1970, p. 21


Le néant est souhaitable et paraît doux quand la douleur anéantit toute maîtrise et que le corps est transformé en architecture animale.
  • L'Art de jouir. Pour un matérialisme hédoniste, Michel Onfray, éd. Grasset, 1991  (ISBN 2-253-94198-0), p. 15


La pensée que nous naissons comme la taupe pour creuser un souterrain de douleur sous les pieds des juges et des statues est une pensée légitime du pardon
  • « De la pensée » (EAN 9782919103003), Serge Pey, Gruppen (ISSN 2106-377X), nº 1, Été 2010, p. 79


La douleur aiguise la raison et renforce le sentiment, tandis que la joie se soucie rarement de celle-là et amollit celui-ci ou le rend frivole.
  • Schubert raconté par ceux qui l'ont vu (1928), Franz Schubert, J.-G. Prod'homme (trad. J.-G. Prod'homme), éd. Stock, 1997  (ISBN 2-234-04692-0), p. 229


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