Edgar Allan Poe

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Edgar Allan Poe

Edgar Allan Poe (1809-1849) est un écrivain américain, poète, romancier et nouvelliste du XIXe siècle.

La Philosophie de la composition, 1846[modifier]

Pour moi, la première de toutes les considérations, c'est celle d'un effet à produire. Ayant toujours en vue l'originalité (car il est traître envers lui-même, celui qui risque de se passer d'un moyen d'intérêt aussi évident et aussi facile), je me dis, avant tout : parmi les innombrables effets ou impressions que le cœur, l'intelligence ou, pour parler plus généralement, l'âme est susceptible de recevoir, quel est l'unique effet que je dois choisir dans le cas présent ? Ayant donc fait choix d'un sujet de roman et d'un vigoureux à produire, je cherche s'il vaut mieux le mettre en lumière par les incidents ou par le ton, — ou par des incidents vulgaires et un ton particulier, ou par des incidents singuliers et un ton ordinaire, — ou par une égale singularité de ton et d'incidents ; — et puis je cherche autour de moi, ou plutôt en moi-même, les combinaisons d'événements ou de tons qui peuvent être les plus propres à créer l'effet en question.
  • « La Philosophie de la composition », Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), dans Œuvres complètes, vol. 10 (« Traductions de Poe »), Charles Baudelaire, éd. NRF, 1928, p. 68 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Eureka, 1848[modifier]

Ainsi, dans la construction du plan d'une fiction littéraire, nous devrions nous efforcer d'arranger les incidents de telle façon qu'il fût impossible de déterminer si un quelconque d'entre eux dépend d'un autre quelconque ou lui sert d'appui. Prise dans ce sens, la perfection du plan est, dans la réalité, dans la pratique, impossible à atteindre, simplement parce que la construction dont il s'agit est l'œuvre d'une intelligence finie. Les plans de Dieu sont parfaits. L'Univers est un plan de Dieu.
  • « Eureka », Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), dans Œuvres complètes, vol. 9, Charles Baudelaire, éd. Princeton University Press, 1923, p. 125 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Histoires extraordinaires, 1856[modifier]

Révélation magnétique, 1844[modifier]

Ne jamais souffrir serait équivalent à n’avoir jamais été heureux.
  • « Révélation magnétique », dans Histoires extraordinaires, Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 1972  (ISBN 2-253-00692-0), p. 332 (texte intégral sur Wikisource)


Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall[modifier]

Dans cette disposition d’esprit, désirant vivre encore, et cependant fatigué de la vie, le traité que je lus à l’échoppe du bouquiniste, appuyé par l’opportune découverte de mon cousin de Nantes, ouvrit une ressource à mon imagination. Je pris enfin un parti décisif. Je résolus de partir, mais de vivre, — de quitter le monde, mais de continuer mon existence ; — bref, et pour couper court aux énigmes, je résolus, sans m’inquiéter du reste, de me frayer, si je pouvais, un passage jusqu’à la lune.


Nouvelles Histoires extraordinaires, 1857[modifier]

Ombre, 1835[modifier]

Vous qui me lisez, vous êtes encore parmi les vivants ; mais moi qui écris, je serai depuis longtemps parti pour la région des ombres. Car, en vérité, d’étranges choses arriveront, bien des choses secrètes seront révélées, et bien des siècles passeront avant que ces notes soient vues par les hommes. Et quand ils les auront vues, les uns ne croiront pas, les autres douteront, et bien peu d’entre eux trouveront matière à méditation dans les caractères que je grave sur ces tablettes avec un stylus de fer.
  • « Ombre », dans Nouvelles Histoires extraordinaires, Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Michel Lévy frères — Librairie nouvelle, 1875, p. 155


Silence, 1837[modifier]

C'était la nuit, et la pluie tombait ; et quand elle tombait, c'était de la pluie, mais quand elle était tombée, c'était du sang.
  • Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006  (ISBN 978-2-07-033897-9), Silence, p. 296


L'homme des foules, 1840[modifier]

— Ce vieux homme, — me dis-je à la longue, — est le type et le génie du crime profond. Il refuse d'être seul. Il est l'homme des foules.
  • Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006  (ISBN 978-2-07-033897-9), L'homme des foules, p. 110


L'Ile de la Fée, 1841[modifier]

L’eau transparente jouait si bien le miroir qu’il était presque impossible de deviner à quel endroit du talus d’émeraude commençait son domaine de cristal.
  • Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006  (ISBN 978-2-07-033897-9), L'Ile de la Fée, p. 316


Colloque entre Monos et Una, 1841[modifier]

Le cœur fatigué d'angoisses qui tiraient leur origine du désordre et de la décadence générale, je succombai à la cruelle fièvre. Après un petit nombre de jours de souffrance, après maints jours pleins de délire, de rêves et d'extases dont tu prenais l'expression pour celle de la douleur, pendant que je ne souffrais que de mon impuissance à te détromper, — après quelques jours je fus, comme tu l'as dis, pris par une léthargie sans souffle et sans mouvement, et ceux qui m'entouraient dirent que c'était la Mort.
  • Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006  (ISBN 978-2-07-033897-9), Colloque entre Monos et Una, p. 288


Le Puits et le Pendule, 1843[modifier]

Celui-là qui ne s'est jamais évanoui n'est pas celui qui contemple, flottantes au milieu de l'air, les mélancoliques visions que le vulgaire ne peut apercevoir ; ce n'est pas lui qui médite sur le parfum de quelque fleur inconnue, — ce n'est pas lui dont le cerveau s'égare dans le mystère de quelque mélodie qui jusqu'alors n'avait jamais arrêté son attention.
  • Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006  (ISBN 978-2-07-033897-9), Le Puits et le Pendule, p. 159


Conversation d'Eiros avec Charmion, 1850[modifier]

Ton esprit qui vacille trouvera un allègement à son agitation dans l'exercice du simple souvenir. Ne regarde ni autour de toi ni devant toi, — regarde en arrière. Je brûle d'impatience d'entendre les détails de ce prodigieux événement qui t'a jeté parmi nous. Parle-moi de cela. Causons de choses familières, dans le vieux langage familier de ce monde qui a si épouvantablement péri.
  • Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006  (ISBN 978-2-07-033897-9), Conversation d'Eiros avec Charmion, p. 296


Histoires grotesques et sérieuses, 1865[modifier]

Le Mystère de Marie Roget, 1850[modifier]

Or, l'opinion populaire, dans de certaines conditions, n'est pas faite pour être dédaignée. Quand elle se lève d'elle-même, quand elle se manifeste d'une manière strictement spontanée, nous devons la considérer comme un phénomène analogue à cette intuition qui est l'idiosyncrasie de l'homme de génie. Dans quatre-vingt--dix-neuf cas sur cent, je m'en tiendrais à ses décisions. Mais il est très important que nous ne découvrions pas de traces palpables d'une suggestion extérieure.
  • « Le Mystère de Marie Roget », dans Histoires grotesques et sérieuses, Edgar Allan Poe, éd. GF Flammarion, 2008, p. 65


Eleonora, 1861[modifier]

Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis.
  • « Eleonora », dans Histoires grotesques et sérieuses, Edgar Allan Poe, éd. Michel Lévy frères, 1871, p. 169


Au sujet d'Edgar Allan Poe[modifier]

Charles Baudelaire, Hygiène , 1887[modifier]

De Maistre et Edgar Poe m'ont appris à raisonner.
  • « Hygiène », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 401


Charles Baudelaire, L'Art romantique, chapitre 10 : « Edgar Poe, sa vie et ses œuvres »[modifier]

Aucun homme, je le répète, n’a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature: les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, l’hallucination convaincue et raisonnée comme un livre. L’absurde s’installe dans l’intelligence et la gouverne avec une épouvantable logique. Poe fut toujours grand, non seulement dans ses conceptions nobles, mais encore comme farceur. Chez lui, toute entrée en matière est attirante, sans violence, comme un tourbillon. Sa solennité surprend et tient l’esprit en éveil. On sent tout d’abord qu’il s’agit de quelque chose de grave. Et lentement, peu à peu, se déroule une histoire dont tout l’intérêt repose sur une imperceptible déviation de l’intellect, sur une hypothèse audacieuse. Le lecteur, lié par le vertige, est contraint de suivre l’auteur dans ses entraînantes déductions. C’est l’écrivain des nerfs.
  • « Edgar Poe, sa vie et ses œuvres », dans Histoires extraordinaires, Edgar Allan Poe, éd. Michel Lévy, 1856, p. XXIX


Fedor Dostoïevski[modifier]

[Poe] choisit presque toujours la réalité la plus exceptionnelle, met son personnage dans la situation la plus exceptionnelle sur le plan extérieur ou psychologique
  • Introduction à la littérature fantastique, Tzvetan Todorov, éd. Le Seuil, 1970, p. 53


Paul Valéry[modifier]

Edgar Allan Poe a emprunté la voie royale du grand art. Il a découvert l’étrange dans le banal, le neuf dans le vieux, le pur dans l’impur. C'est un être complet.
  • Cahiers, Paul Valéry, éd. Gallimard, 1973, p. 1048 (vol. 2)


Gaston Bachelard[modifier]

Dans la rêverie d'Edgar Poe, pour un rêveur vivant, fidèle à la clairvoyance du rêve, comme Edgar Poe, une des fonctions du végétal est de produire de l'ombre comme la seiche produit de l'encre. A chaque heure de sa vie la forêt doit aider la nuit à noircir le monde.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie IV, chap. II Les eaux profondes — Les eaux dormantes — Les eaux mortes, «L'eau lourde» dans la rêverie d'Edgar Poe, p. 67


Parmi les écrivains trop rares qui ont travaillé à la limite de la rêverie et de la pensée objective, dans la région confuse où le rêve se nourrit de formes et de couleurs réelles, où réciproquement la réalité esthétique reçoit son atmosphère onirique, Edgar Allan Poe est l’un des plus profonds et des plus habiles. Par la profondeur du rêve et par l’habileté du récit, il a su concilier dans ses œuvres deux qualités contraires: l’art de l’étrange et l’art de la déduction.
  • Le Droit de rêver, Gaston Bachelard, éd. Presses universitaires de France, 1973, p. 134


Jules Verne[modifier]

Je suis bon nageur, sans prétendre égaler Byron et Edgar Poe, qui sont des maîtres.
  • le professeur Aronnax
  • Vingt Mille Lieues sous les mers, Jules Verne, éd. Hetzel, coll. « Voyages extraordinaires », 1870, chapitre VII, p. 42 (lire en ligne)


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