Nazisme

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Le Nazisme ou national-socialisme est l'idéologie politique du NSDAP, parti politique fondé en Allemagne en 1920. Cette vision du monde divisait hiérarchiquement l'espèce humaine en races, dont la « race allemande » était supposée être au sommet de cette hiérarchie.

Aimé Césaire[modifier]

Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est que l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les nègres d'Afrique.


Pierre Desproges[modifier]

Le nazisme tombé en désuétude en 1945 – excellente année pour les bordeaux rouges, encore qu’on puisse lui préférer 1947 -, prônait le racisme, le militarisme, le progrès social et l’assiduité aux carnavals métalliques avec flambeaux et oriflammes à grelots.
  • Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis, Pierre Desproges, éd. Seuil, 1985, p. 55


George M. Fredrickson[modifier]

C'est avec l'adoption des lois de Nuremberg en 1935 que l'Allemagne devint effectivement un régime raciste comparable à celui qui existait déjà dans le Sud de États-Unis ou à celui qui était en gestation en Afrique du Sud. L'une de ces lois restreignait le bénéfice de la citoyenneté à ceux qui avaient une ascendance allemande ou apparentée, ce qui excluait d'office les Juifs (Les Noirs du Sud des États-Unis étaient des citoyens américains, mais ils s'étaient vus privés de tous les droits afférents à la nationalité américaine.) Les Juifs allemands devinrent ainsi, dans leur pays natal, des résidents étrangers. Une autre loi interdisait les mariages et les relations sexuelles entre Juifs et allemands. Les lois américaines contre les mariages entre Blancs et personnes de couleur, alors en vigueur dans une majorité d'États, étaient les principaux précédents d'un telle législation. [...] D'un point de vue comparatif, il est intéressant de noter, cependant, que la définition nazie du Juif ne fut jamais aussi rigoureuse que la « règle de l'unique goutte de sang » (one-drop rule) qui, dans le sud des États-Unis, déterminait la classification des Noirs dans les lois sur la pureté de la race.


Vladimir Jankélévitch[modifier]

Le nazisme se distingue par une inclinaison pédérastique très prononcée qui a toujours été en honneur chez les Allemands et que les traditions militaires ont exaltée ; l'austérité spartiate, la nudité grecque, la gymnosophie furent, au XIXe siècle, les formes classiques du délire allemand. L'athlète hitlérien du XXe siècle est habillé, armé, sanglé, botté, casqué, décoré, mais l'inclinaison homosexuelle est plus forte que jamais. Tout l'indique : l'étalage de la force brutale et l'idolâtrie du muscle, des pectoraux de gladiateur sous les baudriers éblouissants, la folie des uniformes qui fascinèrent jadis la France vaincue comme la fascinèrent les beaux barbares blonds : la France à genoux, séduite, subjuguée, se livre misérablement à son grand dolichocéphale pour être délicieusement violée par lui : car la défaite a eu pour cause le consentement voluptueux à la défaite et l'abandonnement maladif à la race des seigneurs.
  • « Une monstrueuse apothéose », Vladimir Jankélévitch (1976), dans Quel corps ?, collectif, éd. Passion, 1986  (ISBN 2-906229-01-6), p. 42


Hermann von Keyserling[modifier]

Dès le commencement de la révolution allemande, je fus impressionné par la parenté du national-socialisme avec l'islam et cette impression n'a fait que se préciser et s'affermir depuis. L'islam, qui à l'origine était la foi d'une obscure tribu nomade, conquit avec une rapidité vertigineuse la plus grande partie de l'Orient qui comptait alors, historiquement parlant, et cela parce qu'il constituait un mouvement puriste et purificateur au milieu d'un monde civilisé à l'extrême et moralement pourri. Sans la corruption monstrueuse de l'époque précédente, corruption plus contraire que tout au monde au tréfonds du caractère allemand, Adolf Hitler n'eut jamais pu, en un temps si court réunir autour de lui l'écrasante majorité du peuple. Mais la lutte contre la corruption entraine la suprême estime accordée aux valeurs de caractères;et par la, le critère auparavant valable de la culture et de l'esprit tombe en désuétude. Les vertus les plus simples et les plus élémentaires deviennent déterminantes, et ainsi nait du jour au lendemain, qu'il s'agisse du national-socialisme ou de l'islam, une nouvelle unité, dont la force et la tension sont immenses; et en face de cette unité on voit s'écrouler et se réduire à néant la plupart des différences précédemment importantes (dans le cas de l'islam, les différences entre les peuples et les cultures; en Allemagne, les classes et les partis). En outre les deux mouvements sont essentiellement religieux, et non pas politiques. Si l'on observe les points essentiels, ils se distinguent surtout en ceci : l'esprit de l'islam était originellement nomade et partant conquérant et il le resta durant des siècles; le national-socialisme, par contre représente une rupture avec le déracinement provoqué par l'ère intellectualiste, et un retour aux racines du Sang et de la Terre.
  • La révolution Mondiale et la responsabilité de l'Esprit (1934), Hermann von Keyserling, éd. Librarie Stock, 1934, p. 134-135


Stetson Kennedy[modifier]

La plupart des lois raciales américaines ne doivent pas être comparées à celles appliquées par l'Allemagne nazie, ces dernières étant relativement plus libérales. Pour les nazis, les individus ayant moins d'un quart de sang juif pouvaient être qualifiés d'Aryens, alors que bon nombre de lois américaines précisent que les personnes ayant un huitième, un seizième, ou toute trace de sang noir, sont noirs aux yeux de la loi et soumis à toutes les restrictions régissant la conduite des Noirs. Le Code nazi de Nuremberg faisait une distinction entre les demi-Juifs et les quarts de Juifs, qui étaient classés respectivement comme Mischlings (mongrels) du premier et deuxième degrés, et les deux ne pouvaient se marier à des Aryens. Les lois américaines ne permettent pas de telles nuances: vous êtes blanc ou vous êtes noir.
  • (en) Most of the American laws defining race are not to be compared with those once enforced by Nazi Germany, the latter being relatively more liberal. In the view of the Nazis, persons having less than one fourth Jewish blood could qualify as Aryans, whereas many of the American laws specify that persons having one-eighth, one-sixteenth, or any ascertainable " Negro blood " are Negroes in the eyes of the law and subject to all restrictions governing the conduct of Negroes. The Nazi Nurnberg Code made a distinction between half-Jews and quarter-Jews, who were classified respectively as Mischlings (mongrels) of the first and second degrees, and both were forbidden to marry Aryans. The American laws permit no such gradations: you are either white or nonwhite
  • Jim Crow Guide: The Way It Was (1955), Stetson Kennedy, éd. Florida Atlantic University, 1990, chap. Who is colored where, p. 48


François Mitterrand[modifier]

Ce qui prête à la Seconde Guerre mondiale son caractère abominable tient à la perversion née — très au-delà des conflits nationaux, que j'appellerai, faute de mieux, traditionnels — de l’idéologie nazie, du racisme érigé en doctrine : l’humanité découpée en race supérieure et en races inférieures avec, au bas de l’échelle, les « sous-hommes », tout étant permis à la race supérieure, chargée par je ne sais quel décret de je ne sais quel dieu de conduire les affaires du monde, de distinguer le bien du mal, de refabriquer les individus par la médecine, la biologie et la rééducation mentale selon des critères aberrants. De ce point de vue, Nuit et Brouillard et le sort réservé aux déportés dans les camps de la mort représentaient un sommet d’iniquité et de barbarie.
  • Mémoires interrompus, François Mitterrand, éd. Odile Jacob, 1996, chap. 1 « Le temps du stalag, le temps des évasions », p. 62


Enzo Traverso[modifier]

Il ne s'agit pas de gommer la singularité de la violence nazie en l'assimilant tout simplement aux massacres coloniaux. Il s'agit plutôt de reconnaître qu'elle fut perpétrée au milieu d'une guerre de conquête et d'extermination entre 1941 et 1945, conçue comme une guerre coloniale au sein de l'Europe. Une guerre coloniale qui empruntait largement son idéologie et ses principes - mais avec des moyens et des méthodes bien plus modernes, puissants et meutriers - à celles menées tout au long du XIXe siècle par l'impérialisme classique. Si les victimes de la "Solution finale" incarnaient l'image de l'altérité dans le monde occidental, objet de persécution religieuses et de discriminations raciales depuis le Moyen Age, les circonstances historiques de leur destructions indiquent que cette stigmatisation ancienne et certes particulière avait été revisitée après l'expérience des guerres et des génocides coloniaux. Le nazisme réalisait la rencontre et la fusion entre deux paradigmatiques : le Juif, l'"autre" du monde occidental, et le "sous-homme", l'autre du monde colonisé.
  • La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, chap. Introduction, p. 26-27


Les lois nazies de Nuremberg étaient choquantes dans l'Europe des années trente dans la mesure ou elles frappaient un groupe émancipé depuis un siècle, parfaitement intégré dans la société et dans la culture allemande, mais elles avaient déjà été envisagées par l'ensemble des puissance coloniales comme des mesures normales et naturelles à l'égard du monde non européen.
  • La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, chap. II-Conquérir, p. 63


Les dispositifs de déportation, les mesures de déshumanisation et les projets d'extermination raciale mis en œuvre par l'Allemagne de Hitler recouvrent des idées anciennes, bien ancrées dans l'histoire de l'impérialisme occidental.
  • La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, chap. II-Conquérir, p. 84


L'idée que la civilisation implique la conquête et l'extermination des "races inférieures" ou "nuisibles", la conception instrumentale de la technique comme moyen d'élimination organisées de l'ennemi n'ont pas été inventées par le nazisme, elles constituaient un "habitus mental" de l'Europe depuis le XIXe siècle et l'avènement de la société industrielle.
  • La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, Conclusions, p. 163


Entre les massacres de l'impérialisme conquérant et la «Solution finale» il n'y a pas seulement des «affinités phénoménologiques», ni des analogies lointaines. Il y a une continuité historique qui fait de l'Europe libérale un laboratoire des violences du XXe siècle et d'Auschwitz un produit authentique de la civilisation occidentale.
  • La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, Conclusions, p. 167


La violence nazie ne doit rien au hasard : elle a une généalogie, qui n'est pas spécifiquement allemande, et un laboratoire, l'Europe libérale du XIXe siècle. Les camps d'extermination sont l'aboutissement d'un long processus de déshumanisation et d'industrialisation de la mort, amorcé par la guillotine et qui a progressivement intégré la rationalité du monde moderne, celle de l'usine, de la bureaucratie, de la prison. On peut trouver les origines culturelles du nazisme dans le «racisme de classe» qui triomphe après la Commune, dans le discours impérialiste sur l'«extinction des races inférieures» visant à légitimer les génocides coloniaux, enfin dans l'émergence d'une nouvelle image du juif - axée sur la figure de l'intellectuel - comme métaphore d'une maladie du corps social. Le nazisme réalisera la convergence entre ces différentes sources matérielles et idéologiques. Auschwitz se révèle ainsi [...] comme la synthèse d'un ensemble de modes de pensée, de domination et d'extermination profondément inscrits dans l'histoire occidentale.
  • La violence nazie, une généalogie européenne, Enzo Traverso, éd. La Fabrique, 2003, Conclusions, p. 4e de couverture


Rosa Amelia Plumelle-Uribe[modifier]

Il y a assez pour comprendre que l'entreprise nazie de déshumanisation, s'inscrit dans une continuité, jalonnée sans interruption par la barbarie coloniale. A la fin de la guerre, les puissances coloniales, victorieuses, ont décrété que le nazisme était incompréhensible et effroyable parce que derrière ses atrocités il n'y avait aucune rationalité économique. La motivation utilitaire ayant toujours servi à cautionner les entreprises de déshumanisation menées contre d'autres peuples non-Européens, il fallait absolument que l'entreprise nazie de déshumanisation soit dépourvue de toute motivation utilitaire. De là, cette approche réductionniste qui a historiquement isolé le nazisme, et focalisé l'attention sur les atrocités commises par les nazis, en faisant abstraction des facteurs sans lesquels, chacun devrait le savoir, ce désastre effrayant n'aurait jamais atteint la disproportion que nous savons.
  • Rosa Amelia Plumelle-Uribe, 15 juin 2006, Berlin, Forum de Dialogue organisé par la section européenne de la Fondation AfricAvenir, dans De la barbarie coloniale à la politique nazie d'extermination, paru 15 juin 2006.


Vladimir Volkoff[modifier]

La couleur du nazisme était vraiment le noir le plus profond. Imaginez que je me sois trouvé en présence de nazis charitables, humanitaires, capables… je ne sais pas, moi, de donner une tablette de chocolat à une petite fille affamée : nous aurions été dans de beau draps ! Heureusement il n'en fut rien : les monstres étaient bien des monstres — et qu'ils pleurassent en faisant de la musique de chambre en famille n'y changeait rien : les païens aussi aiment leurs proches, note l'Écriture. Un point fixe, donc : le Mal était bien de leur côté. Mais il faut deux points pour tracer une droite, et le Bien était-il immuablement installé dans notre camp ?


Simone Weil[modifier]

L'hitlérisme consiste dans l'application par l'Allemagne au continent européen, et plus généralement aux pays de race blanche, des méthodes de la conquête et de la domination coloniales. [...] Si on examine en détail les procédés des conquêtes coloniales, l'analogie avec les procédés hitlériens est évidente. [...] L'excès d'horreur qui depuis quelque temps semble distinguer la domination hitlérienne de toutes les autres s'explique peut-être par la crainte de la défaite. Il ne doit pas faire oublier l'analogie essentielle des procédés, d'ailleurs venus les uns et les autres du modèle romain. Cette analogie fournit une réponse toute faite à tous les arguments en faveur du système colonial. Car tous ces arguments, les bons, les moins bons et les mauvais, sont employés par l'Allemagne, avec le même degré de légitimité, dans sa propagande concernant l'unification de l'Europe. Le mal que l'Allemagne aurait fait à l'Europe si l'Angleterre n'avait pas empêché la victoire allemande, c'est le mal que fait la colonisation, c'est le déracinement. Elle aurait privé les pays conquis de leur passé. La perte du passé, c'est la chute dans la servitude coloniale. Ce mal que l'Allemagne a vainement essayé de nous faire, nous l'avons fait à d'autres.
  • Écrit à Londres en 1943 pour les services de la France Libre (note de l'éditeur)
  • « À propos de la question coloniale dans ses rapports avec le destin du peuple français » (1943), dans Œuvres, Simone Weil, éd. Gallimard, 1999, p. 431


Martin Heidegger[modifier]

Je vois la tâche de la pensée, comme un moyen pour l'homme d'atteindre une relation satisfaisante avec la technicité. Le National Socialisme a pris en fait cette direction.
  • (en) I see the task of thought precisely in this, that within its own limits it helps man as such achieve a satisfactory relationship to the essence of technicity. National Socialism did indeed go in this direction.
  • (en) « Gestalt Structure Pattern », Martin Heidegger (trad. William Richardson) (1966), dans Risk and Meaning, Nicolas Bouleau (trad. Dené Oglesby & Martin Crossley), éd. Springer, 2011  (ISBN 978-3-642-17646-3), p. 102


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