Lesbianisme

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Famille lesbienne de Wellington en 2004

Le lesbianisme est l'attirance sentimentale et/ou sexuelle exclusive entre femmes. On parle aussi, pour qualifier cette attirance, d’homosexualité féminine ou de saphisme. Le terme lesbienne est utilisé pour désigner une femme homosexuelle. Comme adjectif, lesbien est utilisé pour décrire un objet ou une activité relié à l'amour entre lesbiennes ou femmes qui leur sont assimilées.

Littérature[modifier]

Sappho, VIe siècle avant J.-C.[modifier]

Filles splendides, ma pensée envers vous
ne peut pas changer.

  • (grc)
  • Fragment 41.
  • (grc) Odes et fragments, Sappho (trad. Yves Battistini), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2005, 41, p. 40-41


Puisses-tu dormir sur le sein de la douce amie qui te ressemble ! ...

  • (grc)
  • Fragment 126.
  • (grc) Odes et fragments, Sappho (trad. Yves Battistini), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2005, 126, p. 66-67


Renée Vivien[modifier]

On m'a montrée du doigt en un geste irrité
Parce que mon regard cherchait ton regard tendre...
En nous voyant passer, nul n'a voulu comprendre
Que je t'avais choisie avec simplicité.

  • Huitième strophe de « Paroles à l'amie » (publié dans le recueil A l'heure des mains jointes en 1906).
  • Choix de poèmes, Renée Vivien, éd. Thi-Van Phuong Nguyen, 2010 (1e éd. 2001), p. 23


Laissons-les au souci de leur morale impure,
Et songeons que l'aurore a des blondeurs de miel,
Que le jour sans aigreur et que la nuit sans fiel
Viennent, tels des amis dont la bonté rassure...

Nous irons voir le clair d'étoiles sur les monts...
Que nous importe, à nous, le jugement des hommes ?
Et qu'avons-nous à redouter, puisque nous sommes
Pures devant la vie et que nous nous aimons ?

  • Les deux dernières strophes du poème « Paroles à l'amie » (publié dans le recueil A l'heure des mains jointes en 1906).
  • Choix de poèmes, Renée Vivien, éd. Thi-Van Phuong Nguyen, 2010 (1e éd. 2001), p. 23


Anaïs Nin[modifier]

Juin (1932)

Je comprends maintenant comment l'on peut jouer un instant avec ces sentiments que j'ai trop longtemps tenus pour sacrés. La semaine prochaine, au lieu de sortir avec mon gentil « mari », Henry, j'irai voir l'Espagnol. Et les femmes — je veux des femmes. Mais les lesbiennes viriles du cabaret Le Fétiche ne m'ont pas plu du tout.
J'ai également compris l'œillet dans la bouche de Carmen. Je respirais du seringa. Les fleurs blanches encore en boutons effleurèrent mes lèvres. On aurait dit la peau d'une femme. Mes lèvres pressèrent les boutons, s'entrouvrant puis se refermant doucement sur eux. De doux baisers en forme de pétales. Je mords les fleurs blanches. Morceau de chair parfumée, peau comme de la soie. La bouche charnelle de Carmen mordant son œillet ; et moi, Carmen.

  • Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007  (ISBN 978-2-234-05990-0), Juin (1932), p. 226


Musique[modifier]

Mecano, Une femme avec une femme, 1990[modifier]

Ce qu'ils en pensent ou disent ne pourrait rien y faire
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux au ras du sol
Une femme avec une femme

  • (es)

    Y lo que opinen los demás está de más
    Quien detiene palomas al vuelo
    Volando a ras de suelo
    Mujer contra mujer

  • Une femme avec une femme (Mujer contra mujer), José María Cano, Pierre Grosz, Ana Torroja et Mecano, album Descanso dominical (1990 chez Ariola, BMG).


Juliette[modifier]

C’est toute une culture qui a été oubliée. Les femmes sont toujours les oubliées de l’histoire, alors les femmes qui aiment les femmes… L’homosexualité féminine est souvent vue comme un fantasme pour les hommes hétéros. C’est pour montrer que c’était autre chose que j’ai fait cette chanson.
  • A propos de sa chanson « Monocle et col dur » sur l'album Irrésistible qui évoque les lesbiennes du début du XXe siècle.


Cinéma[modifier]

Catherine Lara[modifier]

Michel Denisot : Quelle est la première chose que vous regardez chez un homme ?
Catherine Lara : Sa femme ! (Rire.)

  • Lors d'une interview dans l'émission Mon Zénith à moi sur la chaîne Canal+ en 1986. Par cette réponse, Catherine Lara faisait son coming out lesbien.
  • « Ces coming out lesbiens qui ont marqué l'histoire », Catherine Lara, citée par Tessa Lanney, Têtu, 26 avril 2022 (lire en ligne)


Sociologie[modifier]

Marie-Jo Bonnet[modifier]

Pour la lesbienne, l'amour est un risque et une conquête, non une pulsion. C'est un acte gratuit, conscient de ne déboucher sur rien socialement.
  • Les Relations amoureuses entre les femmes (1995), Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1981, Introduction, p. 12


Pour Mirabeau, le mot vient « du grec anandros, au féminin anandré. Pour un homme : sans virilité, pour une femme : sans époux ». Le chapitre VI d' Erotika Biblion est d'ailleurs intitulé « L'Anandryne ou les vestiges de l'androgynat primitif d'Adam et notamment le saphisme». Pour L'Espion anglais, le mot « veut dire en français anti-homme », ce qui change radicalement la perspective, car la femme non mariée, dans la culture latine, est précisément la vierge, celle qui n'appartient pas à l'homme, ou, pour parler comme Georges Devereux, une « femme sexuellement active mais non assujettie à un homme. Une telle femme indomptée (admêtis) était jadis appelée parthénos, mot qui n'acquit que bien plus tard la signification de vierge ». Le sens d'anti-homme, en revanche, se situe bien dans la tradition française du discours sur les tribades. Alors que Mirabeau exprime un point de vue intellectuel, nourri de solides lectures, L'Espion anglais paraît mieux informé sur les mœurs de son temps. Il appuie ses observations sur la rumeur publique et les parsème de références savantes qui lui donnent ce faux air d'autorité qui plaît tant à ses lecteurs, montrant que ce n'est pas tant le regard sur les tribades qui change avec le libertinage, que le modèle référentiel. Elles ne sont plus représentées par deux, trompant les hommes sur ce qui leur manque, mais assemblées en « collège », « sérail », « loge », « secte », célébrant un culte collectif à la jouissance féminine dans le reflet exact du mode de vie « éclairée »..
  • Les Relations amoureuses entre les femmes (1995), Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1981, partie 2. Des mystères de la nature à ceux de Lesbos (XVIIIè siècle), chap. II Les mystères de Lesbos, Introduction, p. 163


La nouveauté du siècle des Lumières n'est pas tant dans l'existence d'une Françoise Raucourt vivant ouvertement sa passion pour les femmes que dans l'apparition des tribades comme groupe identitaire où chacune est reconnue à travers ses relations à d'autres femmes et non plus en référence à l'homme.
Le groupe des anandrynes est l'expression dans la fiction de cette naissance d'une conscience de groupe qui plonge ses racines dans la culture des salons.

  • Les Relations amoureuses entre les femmes (1995), Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1981, partie 2. Des mystères de la nature à ceux de Lesbos (XVIIIè siècle), chap. II Les mystères de Lesbos, Introduction, p. 211


Articles connexes[modifier]

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