La Rose blanche

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Monument dédié à la Rose blanche

La Rose blanche (en allemand Die Weiße Rose) est le nom d'un groupe de résistants allemands, fondé en juin 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, et composé de quelques étudiants et de leurs proches. Ce groupe a été arrêté en février 1943 par la Gestapo et ses membres ont été exécutés.

Tracts[modifier]

Qui a dénombré les morts ? Hitler ou Goebbels ? Aucun des deux, certes. Tous les jours, il en tombe des milliers en Russie. C’est le temps de la moisson et le faucheur taille à grands gestes dans la graine mûre. Le deuil s’installe dans les chaumières du pays, et personne n’est là pour sécher les larmes des mères. Mais Hitler ment à celles dont il a volé le bien le plus cher pour l’expédier dans une mort absurde. Chaque mot qui sort de la bouche de Hitler est un mensonge. Parle-t-il de la paix, il veut dire la guerre, et si la scélératesse lui fait prononcer le nom du Tout-Puissant, il pense à la puissance du Mal, de l’Ange déchu, de Satan. Sa bouche est la gorge puante de l’enfer, et son pouvoir est au fond maudit. Il faut certes combattre contre l’État terroriste des nationaux-socialistes avec des moyens rationnels, mais celui qui doute aujourd’hui encore de l’existence des forces démoniaques est loin d’avoir compris l’arrière-plan métaphysique de cette guerre. Derrière les choses concrètes, derrière ce qui tombe sous le sens, derrière toutes les réflexions logiques, il y a l’irrationnel, c’est-à-dire la lutte contre le démon, contre le message de l’Antéchrist. »


Aussi faut-il que tout individu prenne conscience de sa responsabilité en tant que membre de la civilisation occidentale chrétienne ; qu'il se défende, en cette dernière heure, selon tous se moyens ; qu'il combatte ce fléau de l'humanité, le fascisme, ou tout autre système de dictature semblable. Où que vous soyez, organisez une résistance passive, — une résistance —, et empêchez que cette grande machine de guerre athée continue de fonctionner. Faites ceci avant qu'il ne soit trop tard, avant que nos dernières villes ne soient devenues des amoncellement de ruines, comme Cologne, et que la jeunesse allemande ne disparaisse, immolée à la démence du monstre. N'oubliez pas que chaque peuple mérite le gouvernement qu'il supporte.

  • La rose blanche. Six Allemands contre le nazisme (1953), Inge Scholl (trad. Jacques Delpeyou), éd. Les éditions de minuit, coll. « Minuit double », 2015  (ISBN 978-2-7073-2051-3), p. 122


Et maintenant, la fin est proche, il s'agit de se reconnaître les uns les autres , de s'expliquer clairement d'hommes à hommes ; d'avoir ce seul impératif sans cesse présent à l'esprit ; de ne s'accorder aucun repos avant que tout allemand ne soit persuadé de l'absolue nécessité de la lutte contre ce régime. Si une telle vague de soulèvement traverse le pays, si quelque chose est enfin « dans l'air », alors et alors seulement, ce système peut s'écrouler. Le dernier sursaut exigera toutes nos forces. La fin sera atroce, mais si terrible qu'elle doive être, elle est moins redoutable qu'une atrocité sans fin.

  • La rose blanche. Six Allemands contre le nazisme (1953), Inge Scholl (trad. Jacques Delpeyou), éd. Les éditions de minuit, coll. « Minuit double », 2015  (ISBN 978-2-7073-2051-3), p. 128


Notre « État » actuel est la dictature du mal. On me répond peut-être : « Nous le savons depuis longtemps, que sert-il d'en reparler ? » Mais alors, pourquoi ne vous soulevez-vous pas, et comment tolérez-vous que ces dictateurs, peu à peu, suppriment tous vos droits, jusqu'au jour où il ne restera rien qu'une organisation étatique mécanisée dirigée par des criminels et des salopards ? Êtes-vous à ce point abrutis pour oublier que ce n'est pas seulement votre droit, mais aussi votre devoir social, de renverser ce système politique ? Qui n'a plus la force de faire respecter son droit, doit, en toute nécessité, succomber. Nous mériterons de nous voir dispersés sur la terre, comme la poussière l'est par le vent, si nous ne rassemblons pas nos forces et ne retrouvons, en cette douzième heure, le courage qui nous a manqué jusqu'ici. Ne cachez pas votre lâcheté sous le couvert de l'intelligence. Votre faute s'aggrave chaque jour, si vous tergiversez et cherchez des prétextes pour éviter la lutte.

  • La rose blanche. Six Allemands contre le nazisme (1953), Inge Scholl (trad. Jacques Delpeyou), éd. Les éditions de minuit, coll. « Minuit double », 2015  (ISBN 978-2-7073-2051-3), p. 128


Allemands ! Voulez-vous subir et imposer à vos enfants l'horrible sort des juifs ? [...] Serons nous pour toujours, le peuple haï de tous, exclus du monde ? Non ! Refusez avec énergie d'être plus longtemps les complices des monstres qui nous gouvernent. Prouvez clairement par votre action que vous n'êtes pas dupes ! Une nouvelle guerre de libération commence. L'indifférence n'est plus permise. Décidez-vous avant qu'il ne soit trop tard !

  • Ils étaient allemands contre Hitler, Philippe Meyer, éd. L'âge d'homme, 2015  (ISBN 978-2-7067-1116-9), p. 99


Liberté de parole, liberté de croyance, protection des citoyens contre l'arbitraire des états dictatoriaux criminels, telles sont les bases de l'Europe nouvelle. Aidez le mouvement de résistance, distribuez les tracts !

  • Ils étaient allemands contre Hitler, Philippe Meyer, éd. L'âge d'homme, 2015  (ISBN 978-2-7067-1116-9), p. 100


Étudiants, Étudiantes ! Le peuple allemand a les yeux fixés sur vous ! Il attend de nous comme en 1813, le renversement de Napoléon, en 1943 celui de la terreur nazie. Berezina et Stalingrad nous implorent ! Nous nous dressons contre l'asservissement de l'Europe par le national-socialisme, dans une affirmation de liberté et d'honneur.

  • Ils étaient allemands contre Hitler, Philippe Meyer, éd. L'âge d'homme, 2015  (ISBN 978-2-7067-1116-9), p. 106


Citations sur La rose blanche[modifier]

Leurs attitudes devant le tribunal — celle de la jeune femme en particulier — a été sublime. Ils ont craché leur mépris à la face des juges, à la face du parti, à la face de Hitler, ce minus mégalomane, et ont finalement fait une chose qui fait passer sur ceux qui sont encore en vie le souffle glacé de l'éternité. Dans leur déclaration finale ils ont en effet, comme jadis les templiers condamnés, face à leurs juges, cité leurs justiciers et ceux qui en furent les complices devant « le tribunal de Dieu dans le délai d'un an ».

  • La haine et la honte, journal d'un aristocrate allemand 1936-1944, Friedrich Reck-Malleczewen, éd. La librairie Vuibert, 2015  (ISBN 978-2-311-10085-3), p. 22


Ils ont versé leur jeune sang comme des justes, avec une dignité sublime. Que sur leur tombe s'inscrive en lettres de feu cette phrase qui un jour fera rougir ce peuple vivant dans la honte depuis dix ans : Cogi non potest quisquis mori scit.
Ne faudrait-il pas un jour que, honteux, nous allions tous en pélerinage sur leurs tombes ?
Voilà ce qu'il en est de ces jeunes gens, les derniers et, si Dieu veut, les premiers Allemands d'un grand mouvement de regénération.

  • La haine et la honte, journal d'un aristocrate allemand 1936-1944, Friedrich Reck-Malleczewen, éd. La librairie Vuibert, 2015  (ISBN 978-2-311-10085-3), p. 23


Héros ? Peut-on leur donner ce nom ? Ils n'ont rien entrepris de sublime, n'exigeant qu'un droit élémentaire, celui de vire, librement, dans un monde qui soit humain. La vraie grandeur est sans doute dans cet obscur combat où, privés de l'enthousiasme des foules, quelques individus, mettant leur vie en jeu, défendent, absolument seuls, une cause autour d'eux méprisée. Ils luttent, avec un humble héroïsme, pour ce qui est modeste, très quotidien, mais non point sans valeur ; et dans le même moment, des despotes habiles sont acclamés sur l'estrade publique, qui ne promettent, sous prétexte de puissance, qu'une gloire honteuse et la misère.


Le plus émouvant des mouvements de résistance fut sans doute celui de la Rose blanche (Die weisse Rose), à Munich, qui, de juin 1942 à février 1943, appela à la résistance contre la guerre et les nazis su six tracts successifs tirés à des milliers d’exemplaires sur une machine à ronéotyper. Cinq étudiants étaient membres du groupe, Hans et Sophie Scholl, Willi Graf, Christian Probst et Alexander Schmorell, ainsi que leur professeur de philosophie, Kurt Huber.


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :