Courage

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Le courage (étymologiquement l'action du cœur) est un trait de caractère qui désigne la capacité à surmonter la peur pour faire face à un danger. Le terme peut aussi être employé pour exprimer l'endurance, notamment à l'égard de la douleur.

Citations[modifier]

Même s'il faut regarder le taureau dans les yeux, ce n'est pas la peine de lui taper sur le mufle.


Être très courageux, c'est parfois se montrer très idiot.


Fernand : Le courageux [a] peur avant, le lâche pendant et le téméraire après.


Littérature[modifier]

Roman[modifier]

Marie d'Agoult, Nélida, 1866[modifier]

Nulle transaction ne se présentait dans son esprit entre la liberté illimitée et le rigide devoir. Ô saint orgueil des chastetés délicates, tu ne fus pas insulté un moment dans le cœur de cette noble femme. Abriter sous le toit conjugal un sentiment parjure, céder à un amant en continuant d'appartenir à un époux, marcher environnée des hommages que le monde prodigue aux apparences hypocrites, jouir enfin, à l'ombre d'un mensonge, de lâches et furtifs plaisirs, ce sont là les vulgaires sagesses de ces femmes que la nature a faites également impuissantes pour le bien qu'elles reconnaissent et pour le mal qui les séduit ; également incapables de soumission ou de révolte ; aussi dépourvues du courage qui se résigne à porter des chaînes que de la hardiesse qui s'efforce à les briser !
Nélida, on l'a vu, n'était pas faite ainsi.


Elle avait subi la grande épreuve de la destinée humaine ; l'épreuve qui brise les cœurs faibles, qui dégrade les âmes comunes, mais qui initie à la sagesse les caractères véritablement vertueux ; elle avait failli. Nul homme ne saurait concevoir dans toute son étendue ni la vraie justice ni la vraie bonté s'il n'a senti au moins une fois en sa vie les contrastes de sa nature et la fragilité de son être. Dans toute faute reconnue, portée avec courage, il y a un germe d'héroïsme ; ce germe était dans l'âme de Nélida, il y grandissait depuis un an, il s'y fortifiait dans le sentiment de jour en jour plus intense d'un dévouement désespéré et d'un sacrifice inutile.


Notre pays, me disais-je, depuis la dernière révolution, n'a pas repris son équilibre. Deux classes de la société, la noblesse et le peuple, sont en proie à de vives souffrances ; l'une subit un mal imaginaire, l'autre un mal réel ; la noblesse, parce qu'elle se voit dépouillée de ses privilèges et de ses honneurs par une bourgeoisie arrogante ; le peuple, parce que le triomphe de cette bourgeoisie, amenée par lui au pouvoir, n'a été qu'une déception cruelle. Il commence à regretter, par comparaison, ses anciens maîtres. Comme il lit peu l'histoire, il ne se souvient que des manières affables et des largesses du grand seigneur. Pourquoi ces deux classes, éclairées par l'expérience, ne s'entendraient-elles pas contre leur commun adversaire ? Pourquoi les instincts courageux du peuple, l'esprit d'honneur de la noblesse, ne triompheraient-ils pas d'une bourgeoisie égoïste et déjà énervée par le bien-être ?


Marguerite Yourcenar, Alexis ou le Traité du Vain Combat, 1929[modifier]

Le courage consiste à donner raison aux choses quand nous ne pouvons les changer.


Colette, Chambre d'hôtel, 1940[modifier]

J'aime le courage féminin, son ingéniosité à organiser une vie blessée.


Jean-François Deniau, Histoires de courage, 2000[modifier]

On quitte le port, la côte, le bruit, la chaleur, les autres, la vie! On entre dans l'inconnu et le froid. Le courage a toujours été d'abord d'affronter le mystère. Si la nuit vient, c'est une seconde nuit à traverser. Et si on est seul, la solitude est une troisième nuit. Salut aux vainqueurs de la triple nuit.


En passant du singulier au pluriel, le trio célèbre, amours, délices et orgues, change de sexe et devient féminin. D'autres se dégradent profondément. Les honneurs ont peu à voir avec l'honneur, les devoirs avec le devoir, les droits avec le droit, les espérances, langage des notaires de Labiche, avec l'espérance qui est la volonté d'espoir quand il n'y a pas d'espoir. Il y a des objets perdus, des soldats perdus, des enfants perdus. Il y a aussi des mots perdus. Quelle peine à frappé le mot courage ?


Pour les personnalités politiques, reviennent sans cesse les mêmes questions: est-il compétent, honnête et surtout proche de vos préoccupations ? Lui voyez-vous un avenir ? Jamais je n'ai lu la question: a-t-il du courage ?, alors que cela devrait-être la qualité fondamentale d'un homme public prétendant à des charges publiques. Le ministère de l'Éducation ne connait ni le fait ni le mot. Il n'est pas un thème de lecture et d'instruction. La réflexion sociologique et philosophique française l'ignore. Pourtant Napoléon a dit de lui : « C'est la seule vertu qu'on ne peut pas contrefaire. » On ne peut pas faire semblant d'être courageux.


Amélie Nothomb, Les Catilinaires, 1995[modifier]

Le cérémonial a toujours servi à se mettre du plomb dans la cervelle. Sans la grandiloquence des rites, on n'aurait de force pour rien.


Alexandre Najjar, Kadicha, 2011[modifier]

Le courage est comme un brasier endormi. Il suffit d’un peu de souffle pour qu’il s’enflamme !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 177


Essai[modifier]

Gilbert Keith Chesterton, Le monde comme il ne va pas, 1910[modifier]

De nos jours, nous voyons souvent mentionner le courage ou l'audace avec lesquels certain rebelle s'en prendra à une tyrannie séculaire ou une superstition désuète. Ce n'est pas faire preuve de courage que de s'en prendre à des choses séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L'homme réellement courageux est celui qui brave des tyrannies jeunes comme le matin ou des superstitions fraîches comme les premières fleurs. Le seul et authentique libre penseur est celui dont l'esprit est aussi libre de l'avenir qu'il l'est du passé. Il se soucie aussi peu de ce qui sera que de ce qui fut ; il ne se soucie que de ce qui devrait être.
  • Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994  (ISBN 2-8251-0482-5), p. 30


Gilbert Keith Chesterton, Orthodoxie, 1908[modifier]

Le courage est presque une contradiction dans les termes. C'est un puissant désir de vivre qui prend la forme d'un empressement à mourir. « Celui qui perdra sa vie la sauvera » n'est pas une sentence mystique à l'usage des saints et des héros. C'est le conseil quotidien aux marins et aux montagnards. On pourrait l'imprimer dans un guide des Alpes ou dans un manuel de manœuvres maritimes. Ce paradoxe est tout le principe du courage, même du courage tout à fait terrestre ou tout a fait brutal.


Hélie de Saint Marc, Que dire à un jeune de vingt ans[modifier]

Enfin, je lui dirai
que de toutes les vertus,
la plus importante, parce qu'elle est motrice de toutes les autres
et qu'elle est nécessaire à l'exercice des autres,
de toutes les vertus,
la plus importante me paraît être le courage, les courages,
et surtout celui dont on ne parle pas
et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.
Et pratiquer ce courage, ces courages,
c'est peut-être cela
« L'Honneur de Vivre »

  • extrait de Que dire à un jeune de vingt ans


Alexandre Soljenitsyne, Le déclin du courage, 1978[modifier]

Le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l'Occident d'aujourd'hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son ensemble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis, ainsi que, bien entendu, l'Organisation des Nations Unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d'où l'impression que le courage a déserté la société toute entière.
  • Le déclin du courage (1978), Alexandre Soljenitsyne, éd. Fayard, coll. « Les Belles Lettres », 2015  (ISBN 978-2-251-20046-0), p. 22


Biographie[modifier]

Jerzy Popiełuszko, Le chemin de ma croix, 1984[modifier]

« Malheur à la société dont les citoyens ne sont pas guidés par le courage ! Ils cessent alors d'être des citoyens pour devenir de simples esclaves. Si le citoyen renonce à la vertu du courage, il devient esclave et se cause le plus grand des torts, à lui-même, à sa personne, mais aussi à sa famille, à son groupe professionnel, à La Nation, à l'État et à l'Église, même si la peur et la crainte lui font facilement obtenir du pain et des avantages secondaires... »
Et encore : « Malheur aux gouvernants qui veulent acheter au prix de la peur et de la crainte servile !... Si le pouvoir gouverne des citoyens effrayés, il ravale son autorité, il appauvrit la vie nationale, culturelle et les valeurs de la vie professionnelle... »
  • Le chemin de ma croix, Jerzy Popieluszko (trad. Michel de Wieyzka), éd. cana, 1984, p. 180


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