Tyran
Apparence
Un tyran désigne depuis l’Antiquité grecque un individu disposant d’un pouvoir absolu, après s’en être emparé de façon illégitime.
Daniel Boulanger
La délation est le premier devoir d’un républicain. Les bons auteurs vous le diront. C’est aussi le premier article de la tyrannie.
- Mes coquins, Daniel Boulanger, éd. Gallimard, 1990, p. 125
- Citation choisie pour le 17 septembre 2019.
Hérodote
La tyrannie est un bien mal assuré : elle a de nombreux adorateurs, […].
- (grc) Τυραννὶς χρῆμα σφαλερόν, πολλοὶ δὲ αὐτῆς ἐρασταί εἰσι
- Périandre, le tyran de Corinthe, à son fils Lycophron.
- L’Enquête, Hérodote (trad. Andrée Barguet), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1985, t. 1, III, 53, p. 296
Imre Kertész
Vous savez, je pense parfois que le martyr est le tyran le plus parfait. C’est du moins la forme la plus pure de la tyrannie, devant laquelle tout le monde s’incline…
- Le Refus, Imre Kertész (trad. Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba), éd. Actes Sud, 2001 (ISBN 2-7427-4207-7), p. 305
Montesquieu
Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice, lorsqu’on va, pour ainsi dire, noyer des malheureux sur la planche même sur laquelle ils s’étaient sauvés.
- Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), Montesquieu, éd. Imprimerie nationale, 1900, chap. XIV. Tibère, p. 88 (texte intégral sur Wikisource)
Platon
[Q]uoi qu’en pensent certaines gens, le véritable tyran est un véritable esclave, condamné à une bassesse et à une servitude extrêmes, et le flatteur des hommes les plus pervers ; ne pouvant, d’aucune façon, satisfaire ses désirs, il apparaît dépourvu d’une foule de choses, et pauvre, en vérité, à celui qui sait voir le fond de son âme ; il passe sa vie dans une frayeur continuelle, en proie à des convulsions et à des douleurs, s’il est vrai que sa condition ressemble à celle de la cité qu’il gouverne. […] Mais, outre ces maux, ne faut-il pas attribuer encore à cet homme ceux dont nous avons parlé précédemment, à savoir que c’est pour lui une nécessité d’être, et par l’exercice du pouvoir de devenir bien plus qu’auparavant, envieux, perfide, injuste, sans amis, impie, hôte et nourricier de tous les vices : tout ce par quoi il est le plus malheureux des hommes et rend semblables à lui ceux qui l’approchent ?
- La République, Platon (trad. Robert Baccou), éd. Flammarion, coll. « GF », 1966 (ISBN 2-08-070090-1), Livre IX, 579d-580a, p. 342
Jean Racine
Toujours la tyrannie a d’heureuses prémices.
- Britannicus (1669), Jean Racine, éd. Jules Delalain, 1862, acte I, scène 1, p. 3, vers 39
William Shakespeare
Le roi Henry : Nous ne sommes pas un tyran, mais un roi chrétien ; et notre colère est assujettie à notre mansuétude, tout comme les misérables mis aux fers dans nos prisons.
- (en) King Henry : We are no tyrant, but a Christian king,
Unto whose grace our passion is subject
As is our wretches fettered in our prisons;
- Henry V, William Shakespeare (trad. Sylvène Monod), éd. Flammarion, 2000 (ISBN 2-08-071120-2), acte I, scène 2, p. 50-51
- Citation choisie pour le 5 septembre 2009.
Sophocle
La démesure enfante le tyran.
- (grc) Ὕβρις φυτεύει τύραννον·
- Le Chœur
- (grc) Œdipe roi, Sophocle (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1998, p. 66-67, vers 873
- Citation choisie pour le 16 novembre 2016.
Démesure fait germer tyrannie !
- Autre traduction de la citation précédente.
- « Œdipe-Roi », Sophocle (trad. Victor-Henri Debidour), dans Les Tragiques grecs, Eschyle, Sophocle, Euripide et al., éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche / La Pochothèque », 1999 (ISBN 978-2-253-13246-2), p. 537, vers 873
Stendhal
L’idée la plus utile aux tyrans est celle de Dieu.
- Le Rouge et le Noir (1830), Stendhal, éd. Flammarion, coll. « GF », 1964 (ISBN 2-08-070011-1), partie Livre second, chap. VII. Une attaque de goutte, p. 287
Xénophon
— As-tu déjà remarqué qu’il y en a qui possèdent très peu de choses et qui non seulement se suffisent de cela, mais qui en mettent même une partie de côté, alors que d’autres ne parviennent pas à se suffire de leur grande fortune ?
— Oui, par Zeus, répondit Euthydème, et tu fais bien de me le rappeler. J’ai vu en effet des tyrans qui, poussés par le manque, sont contraints, comme les plus démunis, de commettre des injustices.
— S’il en est bien ainsi, répondit Socrate, nous mettrons les tyrans avec le peuple, et ceux qui possèdent peu de choses, s’ils sont de bons administrateurs, avec les riches.
- Mémorables, Xénophon (trad. Louis-André Dorion), éd. Les Belles Lettres, coll. « Le goût des idées », 2015 (ISBN 978-2-251-20051-4), IV 2.38-39, p. 161