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Marché

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Marché en Râmnicu Vâlcea (Amedeo Preziosi)

Le marché désigne communément un lieu public où l'on vend toutes sortes de denrées et d'objets.

Littérature

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Critique

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Cécile Guilbert, Les ruses du professeur Nabokov, 2010

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Barthes n'a-t-il pas écrit, dès 1971, que « la vraie censure, la censure profonde, ne consiste pas à interdire (à couper, à retrancher, à affamer), mais à nourrir indûment, à maintenir, à retenir, à étouffer, à engluer » — ce que fait précisément le marché ?
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. VIII


Poésie

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Pierre de Ronsard, Pour la fin d'une comédie, XVIè s.

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Et bref tout ce monde est un publique marché ;
L'un y vend, l'un dérobe , & l'autre achete & change ;
Un même fait produit le blasme & la louange,
Et ce qui est vertu, semble à l'autre péché.

  • « Pour la fin d'une comédie », Ronsard, dans Annales poétiques, ou almanach des muses, Collectif, éd. Mérigot, 1778, p. 168


Henri de Régnier, Les jeux rustiques et divins, 1897

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Avec l’aube, l’aurore et le premier soleil,
Éleveurs de bétail ou trieurs de méteil,
Vous entrerez, poussant en files devant vous
Les grands bœufs de labour qui bavent sous les jougs,
Le bouc noir qui renifle et l’agneau blanc qui bêle.
Le laboureur répond au bouvier qui le hèle ;
Et les femmes s’en vont, portant sur leurs épaules
Des coqs d’or enfermés en des cages de saule
Et la corbeille ronde où se gonflent les fruits.

  • « Pour la porte des pasteurs », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 187


Roman

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Les passants matinaux qui hanteront dans quelques heures ce marché perdront presque tout de l'émotion qui peut se dégager au spectacle des étoffes végétales lorsquelles font vraiment connaissance avec le pavé de la ville. C'est merveille de les voir une dernière fois rassemblées par espèces sur le toit des voitures qui les amènent, comme elles sont nées si semblables les unes aux autres de l'ensemencement. Tout engourdies aussi par la nuit et si pures encore de tout contact qu'il semble que c'est par immense dortoirs qu'on les a transportées. Sur le sol pour moi à nouveau immobilisées, elles reprennent aussitôt leur sommeil, serrées les unes contre les autres et jumelles à perte de vue.
  • Il est ici question du Quai aux fleurs à Paris.


Anne F. Garréta, La Décomposition, 1999

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Aujourd'hui, jour de marché, mon lecteur je vous emmène. Où ? Devant une pyramide d'asperges. Quoi faire ? Attendre que paraisse notre prochaine victime. Nous voulons, pour donner goût à notre œuvre, que ce soit l'épi même, finement pignoché de mauve et d'azur, de ces délicieuses fées comestibles qui nous désigne celle qu'au festin cruel que je vous ai promis nous devons sacrifier.
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 109


Philosophie

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L'institution d'un marché globalisé est le premier piège du dispositif et son emprise est mortelle pour les États. Dans un tel contexte, il n'est plus du tout possible pour chaque État de veiller à apaiser la concurrence que se livrent sur son territoire les différentes parties en rivalité d'intérêt de la société civile car, désormais, le champ de la concurrence excède de loin son territoire. Pis encore, les États sont eux-mêmes devenus des agents économiques en concurrence mutuelle au sein d'un marché sans régulateur, ou si peu, condamnés qu'ils sont à un dumping fiscal et donc social.


Un marché globalisé, réduisant à une peau de chagrin les capacités d'action du pouvoir proprement politique, territorialement circonscrit, ouvre en revanche une autre souveraineté : un pouvoir d’influence indirect, mais immense, abandonné à un petit nombre de décideurs économiques mondiaux, structurellement indifférents à l'intérêt général, à commencer par celui consistant à préserver l'habitabilité de la planète. Or, le pouvoir politique est le seul à nous conférer, de façon collective et concertée, les moyens d'agir sur notre destin, consciemment et volontairement. La souveraineté politique nous fait donc, à ce moment de notre histoire, cruellement défaut. Ce qu'il en reste est très souvent entre des mains criminelles eu égard à la gravité de l'enjeu.


[J]e suis persuadé qu'il se fait plus de figures [de style] un jour de marché à la Halle, qu'il ne s'en fait en plusieurs jours d'assemblées académiques.
  • Des tropes ou des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot (1730), César Chesneau Dumarsais, éd. Veuve Dabot, 1824, p. 2


Aussi nous baptiserons le culte du Marché de son nom naturel. À partir de la racine grecque agora- (le marché, la foule, la place), nous formons le terme agorathéisme.


[...] non seulement le Marché n'aplanit ni n'équilibre rien, mais c'est l'intensité de son fonctionnement même qui est en train de rompre les équilibres naturels fondés sur le climat et la biodiversité, et desquels dépend notamment la productivité du secteur primaire, donc la stabilité des sociétés.


Où cesse la solitude commence le marché ; et où commence le marché, commence aussi le vacarme des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.
Dans le monde, les choses les meilleures ne valent rien sans quelqu'un pour les mettre en scène : le peuple appelle ces metteurs en scène : de grands hommes [...].
A cause de ces esprits hâtifs, retourne à ta sécurité : ce n'est qu'au marché que l'on est assailli par oui ou par non ! [...]
C'est à l'écart du marché et de la gloire que se passe tout ce qui est grand : c'est à l'écart de la place du marché et de la gloire qu'ont, de tout temps, habité les inventeurs de valeurs nouvelles.

  • Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Des mouches du marché », p. 69


Vous, hommes supérieurs, laissez-moi vous apprendre ceci : sur la place du marché personne ne croit aux hommes supérieurs. Et voulez-vous y parler, allez-y ! Mais la populace clignera des yeux en disant : « Nous sommes tous pareils et égaux. »

  • Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1979  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie IV, chap. « De l'homme supérieur », p. 336