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Zao Wou-Ki

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Zao Wou-Ki, né en 1920 et mort en 2013, est un peintre et graveur chinois naturalisé français en 1964.

Citations

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Autoportrait

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Lorsque le matin je rentre dans mon atelier, malgré une lumière grise et triste, le tableau que j’ai laissé inachevé sur le chevalet ou posé à même le sol me redonne la force de reprendre mes pinceaux. Si la couleur a eu le temps de sécher, je peux de nouveau essayer de recréer ces multiples vides et pleins, et traversé par le souffle du temps qu’il me reste à vivre, exprimer ce bonheur de peindre qui ne m’a jamais quitté.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. I, p. 25


Je ne crains pas de vieillir ni de mourir car, tant que je saurai me servir d’un pinceau ou d’un tube de couleur, il ne pourra rien m’arriver. Je voudrais seulement qu’il me restât assez de temps pour faire ce dernier tableau auquel je travaille, encore plus osé, plus libre, que celui que je viens de terminer.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. I, p. 25


Je ne cherche pas à monter comment je suis devenu peintre, mais à raconter, simplement, ce que j’ai vécu, toujours poussé par l’unique nécessité de me retrouver dans le silence de mon atelier devant une toile vierge, avec un pinceau et des couleurs.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. I, p. 26


Loin de mon chevalet et de mes couleurs, tout m’irrite, la lumière du jour, les couleurs de la nature, les formes des maisons. Je dois revenir absolument dans ce lieu qui n’a rien d’agréable, car il ressemble plus à un cube de béton, sans ouverture sur l’extérieur, qu’à un espace privilégié d’agrément et de confort. Mais je sais que là, rien ne vient m’importuner, me distraire de mon obsession : peindre. Là, enfin, je respire de nouveau légèrement et me sens heureux.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. I, p. 26


De mes souvenirs d'enfance, en dehors de mes parents, il ne me reste qu'une seule image : celle de faire des taches, de peindre. Ce désir ne m'a jamais quitté. Mais, dans ma mémoire la plus lointaine, elle est associée à celle de lutter contre ce que je voyais, enfant, quotidiennement, de l'art chinois, ce que l'on appelle à juste titre, en France, les chinoiseries. À mes yeux, la peinture chinoise a cessé d'être créatrice dès le XVIe siècle. À partir de cette date, les peintres n'ont fait que recopier ce que la grande tradition Han et Song avait inventé. L'art chinois est devenu un ensemble de recettes de fabrication, le beau étant confondu avec le savoir-faire. Les gestes de la main et les mouvements du pinceau se sont codifiés. Il n'y a plus eu place pour l'imagination et l'inattendu. Dès l'enfance, j'ai vécu cette tradition comme un carcan dont je devais me débarrasser. La nécessité de quitter la Chine pour venir m'installer en France a été le premier geste chirurgical pratiqué sur ma propre culture pour commencer à régler définitivement ce problème.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. I, p. 32


Je passais des journées entières penché sur une feuille de papier, un pinceau à la main, essayant de comprendre comment peignait Matisse, comment il articulait les couleurs, comment il organisait l'espace, pourquoi l'ensemble donnait une telle impression de fraîcheur, de légèreté, de frémissement. Mon projet était d'acquérir une technique qui m'aurait permis de faire avec le pinceau ce que je ressentais dans mon corps, d'exprimer par le trait cet espace, cette lumière. Ce que je voulais, c'était comprendre comment cela fonctionnait. Chaque matin, me retrouvant devant un chevalet, j'essayais de continuer ce qui avait été fait la veille. Parfois j'étais déçu, je restais des heures assis, sans rien faire, ou au contraire je me précipitais pour poursuivre, aller plus loin. Je n'ai pas beaucoup changé. Quand le matin je monte dans mon atelier, j'ai toujours ce même sentiment d'angoisse qui m'étreint : vais-je pouvoir continuer ou dois-je tout recommencer, tout reprendre ? Le découragement me saisit parfois, mais jamais la tentation d'abandonner.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. I, p. 42


J’ai besoin, pour peindre, de me sentir protégé du monde extérieur, quel qu’il soit.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. III, p. 55


En 1951, était organisé à Berne et à Genève par Nesto Jacometti une exposition de mes gravures. J'y suis allé et me trouvant, pour la première fois, face à la peinture de Klee, je me suis rappelé les mots de Michaux : « Un ensemble de signes. » Je restais des heures à observer ces petits rectangles de couleur, ponctués de traits et de signes, ébahi par tant de liberté dans le tracé du trait et la poésie légère et chantante qui se dégageaient de ces petits tableaux tout à coup devenus immenses par l'espace qu'ils savaient créer. Comment avais-je pu ignorer ce peintre dont les connaissances et l’amour de la peinture chinoise étaient évidents ? De ces petits signes tracés sur un fond aux multiples espaces, surgissait un monde qui m’éblouissait. Comment dire ce que j'ai éprouvé. J'ai erré de longues heures dans ce musée, tournant en rond, ne me lassant pas de regarder ces tableaux pour en percer le mystère, stupéfait par la transformation de figures en signes. Ainsi, la peinture occidentale, dont j'avais sous les yeux un pur exemple, se servait d'une manière de voir que je connaissais si bien et qui m'embarrassait. Je traversai des moments de grande confusion, mais en rentrant à mon atelier, le chemin se dessinait devant moi avec plus de clarté. Je devais travailler dans la voie que Klee me montrait. Mais ce ne fut pas si simple. Le monde de Klee, différent, poétique, permettait de voir autre chose. C’était un pont vers un monde que je recherchais mais je le considérais comme un raccourci pour trouver une autre voie.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. V, p. 105-106


Je voulais peindre ce qui ne se voit pas, le souffle de la vie, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur fusion.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. VI, p. 117


Le problème d’abstraire ma peinture de l’influence de la réalité s’est imposé comme une nécessité.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. VI, p. 120


Peindre, peindre, la seule chose que je sache faire au monde, qui m’obsède et m’empêche encore de dormir, tant que ce que j’ai commencé n’est pas achevé.
  • Autoportrait (1988), Zao Wou-Ki et Françoise Marquet, éd. Pluriel, 2022  (ISBN 978-2-8185-0689-9), chap. VII, p. 137


Entretiens

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En Chine, déjà, j'essayais de faire « moderne » sans comprendre. Je gardais les dessins de ma petite sœur qui avait sept ou huit ans. Je la copiais, car je la trouvais plus libre que moi. Je suis tombé sur Klee par hasard, vers 1945, et j'ai trouvé que son œuvre n'était pas sans rapport avec ce que me faisaient ressentir les dessins de ma sœur. Cela m'a fait pencher vers lui. Klee, c'était un moyen de connaître la nature autrement que de façon académique. Ce n'est pas tant la façon de peindre qui chez lui est moderne, que la façon de voir.
  • Les dialogues du Louvre, Pierre Schneider, éd. Adam Biro, 1991  (ISBN 2-87660-132-X), p. 276


Autres citations

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Il m’a fallu du temps pour me libérer, pour m’affirmer et trouver ma voie. Paul Klee puis Henri Matisse m’y ont aidé.
  • Notice sur la vie et les travaux de Jean Carzou, 26 novembre 2003, dans Canal Académie, paru 14 avril 2013 : lue à l'occasion de son installation comme membre de la section Peinture de l’Académie des beaux-arts [lire en ligne].


Peindre le réel peut devenir l’obsession des peintres. Mais l’imitation n’est pas la solution. J’ai été un peintre figuratif et je sais, pour m’être confronté à ce problème, qu’il ne s’agit pas de représenter le réel mais de le peindre autrement, d’inventer une autre manière de le voir et de le « donner à voir » selon la belle expression de Paul Eluard.
  • Notice sur la vie et les travaux de Jean Carzou, 26 novembre 2003, dans Canal Académie, paru 14 avril 2013 : lue à l'occasion de son installation comme membre de la section Peinture de l’Académie des beaux-arts [lire en ligne].


Citations sur

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François Cheng

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Voir le recueil de citations : François Cheng

Claude Roy

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Voir le recueil de citations : Claude Roy

Dominique de Villepin

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Voir le recueil de citations : Dominique de Villepin

Voir aussi

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