Utilisateur:Motisse38/Citations à revoir

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.

Je vais mettre ici, provisoirement, les citations que j'enlève des pages où elles se trouvent mais dont je n'ai pas le temps de m'assurer qu'il en reste un exemplaire ailleurs, celles dont je pense qu'elles seraient mieux sur d'autres pages, éventuellement raccourcies ... Bref, toutes celles dont je compte m'occuper plus tard

Nudité[modifier]

Pierre Louÿs, Les Aventures du Roi Pausole, 1900[modifier]

– Je me résume, dir M. Lebirbe. En combattant la licence des intérieurs, en répandant le discrédit sur les pavillons clandestins et sur les vieillards abjects qui ne dénigrent la nudité que pour la retrouver moins fade entre le corset et les bas noirs, nous faisons effort passionnément dans le sens du nu antique et pur, nous favorisons la vie au grand jour, la franchise des moeurs, l'exemple et l'enseignement direct de l'étreinte, en un mot l'expansion de la volupté publique sur le territoire de Tryphême.
  • Les Aventures du Roi Pausole (1900), Pierre Louÿs, éd. GF, 2008  (ISBN 978-2-0807-1214-1), partie Livre troisième, VI. Où M. Lebirbe et le roi Pausole s'aperçoivent avec surprise qu'ils ne s'entendent pas sur tous les points, p. 226

Poète[modifier]

René Char, Fureur et mystère, 1948[modifier]

Partage formel

Inexpugnable sous sa tente de cyprès, le poète, pour se convaincre et se guider, ne doit pas craindre de se servir de toutes les clefs accourues dans sa main. Cependant il ne doit pas confondre une animation de frontières avec un horizon révolutionnaire.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 78

Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927[modifier]

Mais le Corsaire Sanglot, la chanteuse de music-hall, Louise Lame, les explorateurs polaires et les fous, réunis par inadvertance dans la plaine aride d’un manuscrit, hisseront en vain du haut des mâts blancs les pavillons noirs annonciateurs de peste s’ils n’ont auparavant, fantômes jaillis de la nuit profonde de l’encrier, abandonné les préoccupations chères à celui qui, de cette nuit liquide et parfaite, ne fit jamais autre chose que des taches à ses doigts, taches propres à l’apposition d’empreintes digitales sur les murs ripolinés du rêve et par là capables d’induire en erreur les séraphins ridicules de la déduction logique persuadés que seul un esprit familier des majestueuses ténèbres a pu laisser une trace tangible de sa nature indécise en s’enfuyant à l’approche d’un danger comme le jour ou le réveil, et loin de penser que le travail du comptable et celui du poète laissent finalement les mêmes stigmates sur le papier et que seul l’œil perspicace des aventuriers de la pensée est capable de faire la différence entre les lignes sans mystère du premier et le grimoire prophétique et, peut-être à son insu, divin du second, car les pestes redoutables ne sont que tempêtes de cœurs entrechoqués et il convient de les affronter avec des ambitions individuelles et un esprit dégagé du stupide espoir de transformer en miroir le papier par une écriture magique et efficace.


Jean-Luc Rispail[modifier]

Il est très important de lire entre les lignes la chaleur de la vie. De la réalité quotidienne les poètes cherchent à extraire le suc. Ce qui ne se voit pas est aussi important que ce qui se voit.
  • Les surréalistes — Une génération entre le rêve et l'action (1991), Jean-Luc Rispail, éd. Gallimard, coll. « Découverte Gallimard Littérature », 2000  (ISBN 2-07-053140-6), chap. I. De Dada au surréalisme (1916-1924), Jacques Baron à propos de Littérature, p. 19


Emotion[modifier]

Colette, Le Blé en herbe, 1923[modifier]

Une main blanche plongea trois doigts dans le verre et les retira aussitôt. Le feu d'un diamant brilla, reflété dans le cube de glace que serraient les trois doigts. La gorge serrée, Philippe but, en fermant les yeux, deux petites gorgées, dont il ne perçut même pas le goût d'orange acide ; mais quand il releva les paupières, ses yeux habitués discernèrent le rouge et le blanc d'une tenture, le noir et l'or assourdi des rideaux. Une femme, qu'il n'avait pas vue, disparut, emportant un plateau tintant. Un ara rouge et bleu, sur son perchoir, ouvrit son aile avec un bruit d'éventail, pour montrer son aisselle couleur de chair émue...
— Il est beau, dit Phil d'une voix enrouée.
— D'autant plus beau qu'il est muet, dit Mme Dalleray.
Elle s'était assise assez loin de Philippe, et la fumée verticale d'un parfum qui brûlait, répandant hors d'une coupe l'odeur de la résine et du géranium, montait entre eux. Philippe croisa l'une sur l'autre ses jambes nues, et la Dame en blanc sourit, pour accroître la sensation de somptueux cauchemar, d'arrestation arbitraire, d'enlèvement équivoque qui ôtait à Philippe tout son sang-froid.

  • Le Blé en herbe (1923), Colette, éd. Flammarion, 2004  (ISBN 2-08-06-8641-1[à vérifier : ISBN invalide]), p. 54


Philippe ne répondit pas. Il tendait le reste de sa lucidité vers son propre épuisement progressif, et s'attendait à entendre tomber sur le tapis, régulières, étouffées, les dernières gouttes d'un sang qui quittait son coeur.
— Vous l'aimez, n'est-ce pas ?
 — Qui? dit-il en sursaut.
— Cette côte cancalaise ?
— Oui...
— Monsieur Phil, vous n'êtes pas souffrant ? Non ? Bon. Je suis une très bonne garde-malade, d'ailleurs... Mais par ce temps-là, vous avez mille fois raison : mieux vaut se taire que de parler. Taisons-nous donc.
— Je n'ai pas dit ça...
Elle n'avait pas fait un mouvement depuis leur entrée dans la pièce obscure, ni risqué une parole qui ne fût parfaitement banale. Pourtant le son de sa voix, chaque fois, infligeait à Philippe une sorte inexprimable de traumatisme, et il reçut avec terreur la menace d'un mutuel silence. Sa sortie fut piteuse et désespérée. Il heurta son verre à un fantôme de petite table, proféra quelques mots qu'il n'entendit pas, se mit debout, gagna la porte en fandant des vagues lourdes et des obstacles invisibles, et retrouva la lumière avec une aspiration d'asphyxié.

  • Le Blé en herbe (1923), Colette, éd. Flammarion, 2004  (ISBN 2-08-06-8641-1[à vérifier : ISBN invalide]), p. 54


Domination[modifier]

Cédric Roos, La relation d'emprise dans le soin, 2006[modifier]

La relation d'emprise (cadre psychanalytique)

Dorey distingue trois dimensions principales dans la relation d’emprise qui sont : une action d’appropriation par dépossession de l’autre, une action de domination où l’autre est maintenu dans un état de soumission et de dépendance, une empreinte sur l’autre, qui est marqué physiquement et psychiquement.
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, La relation d'emprise (cadre psychanalytique), dans [1], paru Textes Psy, Cédric Roos.

Repas[modifier]

André Pieyre de Mandiargues, Le Musée noir, 1924[modifier]

Le sang de l'agneau

Un très jeune garçon aux poignets velus presque à l'excès, même pour sa race, et à la chemise peu fraîche, leur avait servi une purée de tomates, d'aubergines et d'olives noires écrasées avec des herbes et des aromates ; des petites pieuvres et de très grosses crevettes frites ensemble dans une singulière union de queues, de pinces, d'antennes et de tentacules ; des beignets de miel, des confitures de cédrats et de roses. Elles avaient bu du vin résiné, horriblement amer, et du café bourbeux, mais suave.


Maison rêverie[modifier]

Gaston Bachelard, L'Eau et les rêves, 1942[modifier]

La plus belle des demeures serait pour moi au creux d'un vallon, au bord d'une eau vive, dans l'ombre courte des saules et des osières.

[modifier]

Philippe ne répondit pas. Il tendait le reste de sa lucidité vers son propre épuisement progressif, et s'attendait à entendre tomber sur le tapis, régulières, étouffées, les dernières gouttes d'un sang qui quittait son coeur.
— Vous l'aimez, n'est-ce pas ?
 — Qui? dit-il en sursaut.
— Cette côte cancalaise ?
— Oui...
— Monsieur Phil, vous n'êtes pas souffrant ? Non ? Bon. Je suis une très bonne garde-malade, d'ailleurs... Mais par ce temps-là, vous avez mille fois raison : mieux vaut se taire que de parler. Taisons-nous donc.
— Je n'ai pas dit ça...
Elle n'avait pas fait un mouvement depuis leur entrée dans la pièce obscure, ni risqué une parole qui ne fût parfaitement banale. Pourtant le son de sa voix, chaque fois, infligeait à Philippe une sorte inexprimable de traumatisme, et il reçut avec terreur la menace d'un mutuel silence. Sa sortie fut piteuse et désespérée. Il heurta son verre à un fantôme de petite table, proféra quelques mots qu'il n'entendit pas, se mit debout, gagna la porte en fandant des vagues lourdes et des obstacles invisibles, et retrouva la lumière avec une aspiration d'asphyxié.

  • Le Blé en herbe (1923), Colette, éd. Flammarion, 2004  (ISBN 2-08-06-8641-1[à vérifier : ISBN invalide]), p. 54


Arbre[modifier]

Colette, La Maison de Claudine, 1922[modifier]

Ma mère renversait la tête vers les nuées, comme si elle eût attendu qu’un vol d’enfants ailés s’abattît. Au bout d’un moment, elle jetait le même cri, puis se lassait d’interroger le ciel, cassait de l’ongle le grelot sec d’un pavot, grattait un rosier emperlé de pucerons verts, cachait dans sa poche les premières noix, hochait le front en songeant aux enfants disparus, et rentrait. Cependant au-dessus d’elle, parmi le feuillage du noyer, brillait le visage triangulaire et penché d’un enfant allongé, comme un matou, sur une grosse branche, et qui se taisait. Une mère moins myope eût-elle deviné, dans les révérences précipitées qu’échangeaient les cimes jumelles des deux sapins, une impulsion étrangère à celle des brusques bourrasques d’octobre… Et dans la lucarne carrée, au-dessous de la poulie à fourrage, n’eût-elle pas aperçu, en clignant les yeux, ces deux taches pâles dans le foin: le visage d’un jeune garçon et son livre ? Mais elle avait renoncé à nous découvrir, et désespéré de nous atteindre.
  • La Maison de Claudine (1922), Colette, éd. Imprimerie Moderne de Nantes, coll. « Super-Bibliothèque », 1976  (ISBN 2-261-00093-6), Où sont les enfants ?, p. 11


René Crevel, La Période des sommeils, 1932[modifier]

Tant de voix sonnaient faux en dépit des sourires que mes oreilles ne voulaient plus entendre. Sur les pavés trop quotidiens, mes pieds traînaient des distances pesantes, bordées d’une ombre qui se trouvait pourtant dépourvue d’épaisseur. Tous les arbres étaient en bois de potence, et ils étaient innombrables dans la forêt de la répression, avec leur feuillage de plomb si épais que, de l’aube au crépuscule et du crépuscule à l’aube, on n’osait imaginer qu’un jour, au-delà de l’horizon et au-delà de l’habitude, brillerait un Soleil tout de soufre et d’amour. Les feuilles répétaient les inepties druidiques des chênes, l’hypocrisie méditerranéenne des oliviers, l’amertume fatale du buis, le puritanisme glacé des saules, et les allusions malsaines chuchotées par les peupliers de la Troisième République.
  • « La Période des sommeils », René Crevel, This Quarter vol. 5, nº 1, Septembre 1932, p. 1


Pâtisserie[modifier]

==== Colette, La Maison de Claudine, 1922 ====
«  Ses bras emmanchés de toile blanche disaient qu’elle venait de pétrir la pâte à galette, ou le pudding saucé d’un brûlant velours de rhum et de confitures.
  • La Maison de Claudine (1922), Colette, éd. Imprimerie Moderne de Nantes, coll. « Super-Bibliothèque », 1976  (ISBN 2-261-00093-6), Où sont les enfants ?, p. 13


Domestique[modifier]

Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923[modifier]

Je me sentais guettée par je ne savais qui ou quoi. Tout était d'un silence massif, au-dehors. De temps à autre, seul, le train passant dans la campagne faisait résonner l'atmosphère et agrémentait son roulement métallique de sifflements enroués et sinistres. Au fond, les soirées promettaient de ne pas être amusantes. De plus, je n'ai jamais su parler à la domesticité. Cette familiarité un peu hautaine qui rehausse le prestige des patrons, ces façons intéressées et négligentes, grâce auxquelles certains arrivent à s'attacher les étrangers les plus méfiants, tout ça me fut constamment impossible. Il faut, pour savoir s'entretenir avec le peuple ancillaire, beaucoup le mépriser, et je ne le méprise pas, avoir une idée très haute de soi-même ; or, je n'ai aucune vanité, enfin savoir ne rien dire en beaucoup de mots et entendre des paroles vides sans étonnement ni attention. Je n'ai encore pas cette vertu. Quant à s'intéresser réellement aux actes et à la vie de personnages incolores et amorphes dont le destin repose sur la mécanisation totale, sur l'habitude devenue l'existence même, cela, je ne le puis. Au demeurant j'ai connu beaucoup de types qui s'affirmaient amis et frères de ce prolétariat domestique. J'ai constaté qu'ils pensaient au fond comme moi, mais ne l'avouaient point. Au contraire, ils étalaient une sympathie loquace et obscure à l'égard de travaux et de destinées fort inconnus.


Style[modifier]

Léon Bloy, Sur la tombe de Huysmans, 1913[modifier]

Les Représailles du Sphinx

Huysmans tasse des idées dans un seul mot et commande à un infini de sensations de tenir dans la pelure étriquée d’une langue despotiquement pliée par lui aux dernières exigences de la plus irréductible concision. Son expression, toujours armée et jetant le défi, ne supporte jamais de contrainte, pas même celle de sa mère l’Image, qu’elle outrage à la moindre velléité de tyrannie et qu’elle traîne continuellement, par les cheveux ou par les pieds, dans l’escalier vermoulu de la Syntaxe épouvantée.
  • Sur la tombe de Huysmans, Léon Bloy, éd. Paris, coll. « Collection des Curiosités littéraires », 1913, Avant la Conversion : Les Représailles du Sphinx, p. 19


Chercher[modifier]

Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923[modifier]

Ça et là, un genou cambre le tissu transparent et luit comme un fruit, tandis que les bouches arquées découvrent les dents nettes, au rythme des mots lents suivis de gestes rares et félins.


Jouissance ( demander la restitution de la page)[modifier]

Francis Picabia[modifier]

l'idée de jouissance fait briller le cuivre du talent minuscule que j'accorde à mes amis.
  • « Dactylocoque », Francis Picabia, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 10

Nature?[modifier]

Victor Hugo, Les Contemplations, 1858[modifier]

La nature, qui mêle une âme aux rameaux verts,
Qui remplit tout, et vit, à des degrés divers,
Dans la bête sauvage et la bête de somme,
Toujours en dialogue avec l'esprit de l'homme,
Lui donne à déchiffrer les animaux, qui sont
Ses signes, alphabet formidable et profond.

  • « La chouette », dans Les Contemplations, Victor Hugo, éd. Hachette, 1858, t. 1, p. 251

Genre[modifier]

François de Closets[modifier]

[...] à la base, en français, les genres sont aléatoires et n'ont aucune valeur signifiante. Pardonnez-moi d'apparaître trivial, mais comment appelle-t-on les attributs de la virilité ? « Verge » est un mot féminin. En revanche « sein » et « vagin » sont masculins. [...] Le neutre n'existe pas en français. Et donc on a réparti le féminin et le masculin au petit bonheur la chance.

Réputation, image, discredit?[modifier]

Léon Bloy[modifier]

Huysmans et son dernier Livre

Depuis le scandale des Sœurs Vatard, Huysmans est en pleine jouissance d’une étiquette que rien ne pourra décoller. Son nom est devenu synonyme de « pornographe », absolument comme celui du signataire de ces pages est évocateur de tout vocable scatologique. Nul remède à ces identiques radotages. On userait les plus célestes dictionnaires à raconter l’empyrée que l’augurale formule ne varierait pas. Dans une fin de siècle aussi profondément hypocrite, où le signe de la pensée paraît avoir enterré la pensée défunte, le plus légitime emploi de certains mots est un attentat que nul ne pardonne, et jusqu’à la plus défoncée des immémoriales catins récupère, un instant, sa virginité pour s’en indigner, dans son puisard !
  • Sur la tombe de Huysmans, Léon Bloy, éd. Paris, coll. « Collection des Curiosités littéraires », 1913, Avant la Conversion : Huysmans et son dernier Livre, p. 27


Chercher[modifier]

Georges Duhamel, Essai sur le roman, 1925[modifier]

Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman.

Cédric Roos, La relation d'emprise dans le soin, 2006[modifier]

Conclusion

La pulsion d’emprise pousse le moi à dominer le monde dans un sentiment de toute puissance qui ignore le sort et jusqu’à l’existence même d’un objet encore mal différencié. Cruelle, la pulsion d’emprise poursuit son but égoïste en se protégeant d’un objet pour lequel elle ne connaît aucune pitié. Elle est par la suite pondérée, dans une structure de personnalité équilibrée, par l’intégration dans le surmoi des interdits parentaux qui permettent, en contrôlant les exigences instinctuelles du çà, une adaptation sociale harmonieuse du sujet.
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, Conclusion, dans [2], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Ecriture[modifier]

Littérature, Enquête — Pourquoi écrivez-vous ?, 1919[modifier]

Vous pourrez classer les écrivains selon que leur réponse à votre enquête commencera par « afin de », « pour » ou par « parce que ».
Il y aura ceux pour qui la littérature est surtout un but, et ceux pour qui surtout un moyen.
Quant à moi, j'écris parce que j'ai une bonne plume, et pour être lu par vous... Mais je ne réponds jamais aux enquêtes.

  • André Gide donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
  • « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », André Gide, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 24



Regret? nostalgie?[modifier]

Gérard de Nerval[modifier]

Quelquefois j'ai besoin de revoir ces lieux de solitude et de rêverie. J'y relève tristement en moi-même les traces fugitives d'une époque où le naturel était affecté ; je souris parfois en lisant sur le flanc des granits certains vers de Roucher, qui m'avaient paru sublimes, — ou des maximes de bienfaisance au-dessus d'une fontaine ou d'une grotte consacrée à Pan. Les étangs, creusés à si grands frais, étalent en vain leur eau morte que le cygne dédaigne.
  • Les Filles du feu (1834), Gérard de Nerval, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1997  (ISBN 2-8771-4348-1), partie Sylvie — Souvenir du valois, XIV. Dernier feuillet, p. 142


André Pieyre de Mandiargues[modifier]

De se trouver réunis, ainsi vêtus (si peu), elle et lui, en ce lieu, à cette heure, en cette solitude, l'avait jeté dans un trouble à lui faire craindre un peu de sorcellerie ; et puis il y avait cette ancienne croyance aux apparitions qui est si forte, chez les nègres, que jamais ils ne sont bien assurés dans la campagne après le coucher du soleil. Enfin, il se décida à parler, mais non sans se méfier un peu, et en caressant de la main un sachet pendu à son cou au bout d'un cordonnet de soie sous son plastron de chemise, sachet qui était formé d'une chauve-souris réduite, transpercée de corail branchu et remplie d'ingrédients pilés très efficaces contre les loups-garous que l'on sait se cacher parfois dans la peau des plus aimables jeunes filles.


René Char[modifier]

Vivre avec de tels hommes

On tuait de si près que le monde s'est voulu meilleur. Brumaire de mon âme jamais escaladé, qui fait feu dans la bergerie déserte ? Ce n'est plus la volonté elliptique de la scrupuleuse solitude. Aile double des cris d'un million de crimes se levant soudain dans des yeux jadis négligents, montrez-nous vos desseins et cette large abdication du remords !
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Vivre avec de tels hommes, p. 45


Friedrich Nietzsche[modifier]

Où cesse la solitude commence le marché ; et où commence le marché, commence aussi le vacarme des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.
Dans le monde, les choses les meilleures ne valent rien sans quelqu'un pour les mettre en scène : le peuple appelle ces metteurs en scène : de grands hommes [...].
A cause de ces esprits hâtifs, retourne à ta sécurité : ce n'est qu'au marché que l'on est assailli par oui ou par non ! [...]
C'est à l'écart du marché et de la gloire que se passe tout ce qui est grand : c'est à l'écart de la place du marché et de la gloire qu'ont, de tout temps, habité les inventeurs de valeurs nouvelles.

  • Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Des mouches du marché », p. 69



De quels morts s'agit-il?[modifier]

Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922[modifier]

Morts férus de morale votre tribu attend-elle toujours un tribunal ?
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 19




Voir à Solitude[modifier]

George Sand[modifier]

La vie est courte, le mal et le bien y sont inutiles à quiconque ne veut plus que le repos. Traitez-moi comme un mort. Ne laissez pas insulter ma tombe, mais n'y mettez pas d'épitaphe, je suis bien comme cela.
  • Le Roman de Venise (2004), George Sand/Alfred de Musset, éd. Grasset, 1904, George Sand à François Buloz — Nohant, 5 janvier 1836, p. 471


Vivre dans l’embarras, c’est vivre à la hâte : le repos allonge la vie. Le monde nous dérobe à nous-mêmes, et la solitude nous y rend. Le monde n’est qu’une troupe de fugitifs d’eux-mêmes.
  • Œuvres de Madame la Marquise de Lambert, Anne-Thérèse, marquise de Lambert, éd. Ganeau, 1748, t. I, p. 74-75


Psy et cie, chercher[modifier]

Cedric Roos[modifier]

La relation d’emprise constitue une entreprise mortifère de par le dénigrement et les attaques souterraines qui y sont systématiques. Ce processus n’est possible que par la trop grande tolérance du partenaire, que les psychanalystes ont trop souvent tendance à interpréter — de manière réductrice — comme étant liée aux bénéfices inconscients, essentiellement masochistes, que la victime peut tirer de tels liens.
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, La relation d'emprise (cadre psychanalytique) : Du point de vue de la victime d'une relation d'emprise, dans [3], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Modèle systémique

Nous sommes des esclaves, certes, privés de tout droit, en butte à toutes les humiliations, voués à une mort presque certaine, mais il nous reste encore une ressource et nous devons la défendre avec acharnement parce que c’est la dernière : refuser notre consentement (Levi, 1947).
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, Modèle systémique : Violence punition dans une relation complémentaire avec symétrie latente Relation complémentaire, dans [4], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Traces?[modifier]

Anne F. Garréta[modifier]

Poussière de craie, chiffrant un néant qui cherche à gonfler la bulle, la fine membrane blanche qui l'enclôt, délinéant une part de nuit obscure et contournée sur le fond d'une nuit d'asphalte plus vaste, ligne hâtive silhouettant une absence et que les passants indifférents crèvent, emportent et dispersent à la semelle de leurs souliers.
  • À propos d'une silhouette de craie sur un trottoir, suite à mort violente.
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 50


Mots?[modifier]

Benoîte Groult, La Touche étoile, 2006[modifier]

Les mots aussi nous ont été confisqués. Plus personne n'est moribond, quelle indécence ! On ne meurt plus de nos jours : on s'endort dans la paix du Seigneur ou bien on décède. Expirer évoque trop le dernier souffle. À éviter. Rendre l'âme est démodé maintenant qu'on n'est pas sûr d'avoir une âme... Trépasser paraît trop littéraire, alors qu'on peut dire décès en toute indifférence tant le mot a été vidé de tout pouvoir émotionnel par les administrations qui l'emploient. Dire « Ma mère est décédée hier » fait nettement moins mal que « Maman est morte ».
  • La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 22-23