Tigre

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Le tigre est un grand félin d'Asie au pelage orange rayé de noir.

Littérature[modifier]

Paroles idioties de Nas Eddin Hodja, XIIIe-XXe siècles[modifier]

L'un de ses voisins trouva Nasr Eddin occupé à semer des miettes tout autour de sa maison.
"Pourquoi fais-tu cela ? demanda-t-il.
— C'est un répulsif contre les tigres, répondit Nasr Eddin.
— Mais il n'y a aucun tigre par ici, objecta son voisin.
— Tout juste, triompha Nasr Eddin. Tu vois comme ça fonctionne bien ?"

  • (en)

    One of the neighbors found Nasreddin scattering crumbs all around his house.
    "Why are you doing that?" he asked.
    "I'm keeping the tigers away," replied Nasreddin.
    "But there aren't any tigers around here," said the neighbor.
    "That's right," said Nasreddin. "You see how well it works?"

  • Nasr Eddin Hodja est un personnage mythique de la culture musulmane, ingénu et fux naïf.
  • Teaching English Literature (XIIIe-XXIe siècles), Engelbert Thaler (trad. Wikiquote), éd. UTB GmbH Schöningh (Stuttgart), 200, p. 82


William Blake, Les Chants d'Innocence et d’Expérience, 1794[modifier]

Tigre, tigre qui flamboie
Dans les forêts de la nuit
Quelle main, quel œil immortel
Put ajuster ta terrifiante symétrie ?

  • (en)

    Tyger! Tyger! burning bright
    in the forests of the night,
    What immortal hand or eye
    Could frame thy fearful symmetry?

  • Première strophe du Tigre (Les Chants d’Expérience, 1794).
  • « Le Tigre », William Blake (trad. n. c.), épigraphe, dans Gilles de Rais, Michel Bataille, éd. J’ai Lu, 1968, p. 4


Victor Hugo, Odes et poésies diverses, 1822[modifier]

Le rétablissement de la statue de Henri IV

Tel, troublant le désert d'un rugissement sombre,
Le tigre, en se jouant, cherche à dévorer l'ombre
Du cadavre qu'il a rongé.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958[modifier]

Pierre de soleil

[...] vêtue de la couleur de mes désirs
comme ma pensée tu vas nue,
je vais par tes yeux comme dans l'eau,
les tigres boivent du rêve à ces yeux,
le colibri se brûle à ces flammes.

  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Benjamin Péret), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie IV. PIERRE DE SOLEIL (1957), p. 162


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958[modifier]

Ma vie avec la vague

Parmi tous ces poissons, il y en avait quelques-uns particulièrement repoussants et féroces, petits tigres d'aquarium aux grands yeux fixes et à la gueule fendue et carnassière. Je ne sais par quelle aberration mon amie se complaisait à jouer avec eux, leur témoignant sans rougir une préférence que je veux ignorer. Elle passait de longues heures enfermée avec ces horribles créatures. Un jour, je ne pus attendre plus longtemps, je défonçai la porte et me jetai sur eux. Agiles et fantomatiques, ils s'échappèrent de mes mains tandis qu'elle me frappait en riant jusqu'à me faire tomber. Je sentis que je me noyais. Et Lorsque je fus sur le point de mourir, déjà violacé, elle me déposa doucement sur le bord, et se mit à me baiser, me disant je ne sais quoi. Je me sentais faible, moulu et humilié. En même temps, la volupté me faisait fermer les yeux. Sa voix était suave et me parlait de la mort délicieuse des noyés. Quand je revins à moi, je commençai à la craindre et la haïr.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Sables mouvants — Ma vie avec la vague, p. 76


A. Thomas-Anquetil, Une chasse au tigre en Birmanie, 1866[modifier]

Le tigre, au contraire [du lion], cherche à surprendre son ennemi. S'il juge que le péril soit imminent pour lui, son premier mouvement sera de songer à fuir ; mais, pressé par la faim ou irrité par quelque blessure, il vend chèrement sa vie.
  • (fr) Une chasse au tigre en Birmanie, A. Thomas-Anquetil, éd. E. Dentu, 1866, chap. VII, p. 94


A chacun son choix : nous sommes matricés depuis notre naissance par immersion dans un système, le même système qu'un dresseur utilise pour exploiter des tigres ; ils sont nés au biberon, puis ont grandi à la gamelle dans une cage, pansés, nourris, on leur a appris à être dociles pour être utiles. Cet univers est familier donc rassurant. Un tigre né en cage, assisté pour se nourrir, à l'abri de tout danger, ne revient pas délibérément à la liberté ; ils sont comme nous, ont peur de l'inconnu. Certains ne pourront pas aller au delà de leur univers connu, ils vieilliront dans une vie qu'on leur aura fabriqué, d'autres reprendront la liberté pour laquelle la nature les a conçus, avec plus ou moins de facilité. Maintenant, certains préfèrent faire partie du grand cirque, c'est leur droit, d'autres montent un grand cirque et exploitent des tigres d'élevage, d'autres encore, s'aventurent vers une grande inconnue, pleine d'incertitudes : la liberté de travailler à leur indépendance, celle de choisir leurs domaines, celle d'exploiter comme bon leur semble leurs propres capacités, et de les améliorer au gré de leurs objectifs, celle de ne plus avoir recours à des excuses qui justifient qu'ils ne doivent pas croire en leurs rêves ou juste à travers la chance, qui justifient qu'il est noble d'être réducteur au point de juste se contenter. C'est toute la différence entre être l'outil des rêves d'un autre, et être l'architecte de ses propres rêves. Être tigre d'élevage est une éducation.
  • (fr) Le tigre, S. Predy, éd. Serge Predy, 2010, chap. III, p. 20


Par contre, nous affirmons qu'il faut beaucoup de poudre et beaucoup de plomb pour chasser le tigre. [...] Je propose donc la carabine double, calibre de dix-huit millimètres, avec balle cylindro-conique, légèrement forée à l'arrière.
  • (fr) Une chasse au tigre en Birmanie, A. Thomas-Anquetil, éd. E. Dentu, 1866, chap. VII, p. 94


André Breton, L'Amour fou, 1937[modifier]

Orphée a passé par là, entraînant côte à côte le tigre et la gazelle. Les lourds serpents se déroulent et choient autour du banc circulaire sur lequel nous nous sommes assis pour jouir du profond crépuscule qui trouve à midi le moyen de se partager le jardin avec le grand jour. Ce banc, qui fait le tour d'un arbre de plusieurs mètres de rayon, je brûle de l'appeler le banc des fièvres.


Virginia Woolf, Les Vagues, 1952[modifier]

Par secousses intermittentes, brusques comme les bonds d'un tigre, la vie émerge faisant palpiter sa crête sombre sur la mer. Voilà à quoi nous sommes attachés ; voilà à quoi nous sommes liés, tels des corps humains à des chevaux sauvages. Et pourtant nous avons inventé des procédés pour colmater les crevasses et masquer ces fissures.


Jean-Pierre Davidts, Le petit prince retrouvé, 1997[modifier]

À nous de devenir des chasseurs de tigre pour débusquer et vaincre la méchanceté tapie au fond de nous-mêmes.
  • (fr) Le petit prince retrouvé, Jean-Pierre Davidts, éd. Les Intouchables, 1997  (ISBN 2921775387), p. 78


Philosophie[modifier]

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1885[modifier]

Tout comme vos sages illustres ne me parurent, au fond, pas tellement sages, de même j'ai trouvé la méchanceté des hommes inférieure à sa réputation.
Et souvent je me suis demandé en hochant la tête : pourquoi sonner encore, serpents à sonnettes [...] ?
Il faut d'abord que vos chats sauvages soient devenus des tigres et vos crapauds empoisonnés des crocodiles : car à bon chasseur, bonne chasse !

  • Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1979  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie II, chap. « Du discernement humain », p. 174


Politique[modifier]

Victor Hugo, Acte et parole — Depuis l'exil, 1876[modifier]

L’avenir est un dieu traîné par des tigres.


En temps de paix, rien ne sied mieux que le calme, la modestie, l'humilité, mais que vienne la guerre alors prends exemple sur le tigre.
  • (en)

    In peace there's nothing so becomes a man
    As modest stillness and humility;
    But when the blast of war blows in our ears,
    Then imitate the action of the tiger;

  • (en) Henry V (1623), William Shakespeare, éd. John K. Chapman and Co, 1923, scène I, p. 40


Shere Khan entendit le tonnerre [des sabots des buffles domestiques], se leva et rampa lourdement vers le bas du ravin, cherchant de tous côtés un moyen de s'enfuir ; mais les parois étaient à pic, il lui fallait rester là, lourd de son repas et de l'eau qu'il avait bue, prêt à tout plutôt qu'à livrer bataille. Le troupeau plongea dans la mare qu'il venait de quitter, en faisant retentir l'étroit vallon de ses mugissements. Mowgli entendit des mugissements répondre à l'autre bout du ravin, il vit Shere Khan se retourner [...]. Rama broncha, faillit tomber, continua sa route en piétinant quelque chose de flasque, puis, les autres taureaux à sa suite, pénétra dans le second troupeau à grand bruit, tandis que les buffles plus faibles étaient soulevés des quatre pieds au-dessus du sol par le choc de la rencontre.
  • Le Livre de la jungle (1894), Rudyard Kipling (trad. Louis Fabulet et Robert d’Humières), éd. ?, 1899, chap. « Au tigre, au tigre ! », p. ? (texte intégral sur Wikisource)


Agneau en peau de tigre craint encore le tigre.
  • Quelque six mille proverbes et aphorismes usuels : empruntés a notre âge aux siècles derniers, Charles Cahier, éd. Julien, Lanier, 1856, chap. Proverbes chinois, 1, p. 117-128


Qui est à cheval sur un tigre, n'en descend pas aisément.
  • Quelque six mille proverbes et aphorismes usuels: empruntés a notre age aux siècles derniers, Charles Cahier, éd. Julien, Lanier, 1856, chap. Proverbes chinois, 1, p. 117-128


Mieux vaut ne pas tirer un tigre, que de ne faire que le blesser.
  • Quelque six mille proverbes et aphorismes usuels: empruntés a notre age aux siècles derniers, Charles Cahier, éd. Julien, Lanier, 1856, chap. Proverbes chinois, 1, p. 117-128


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