Mère

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Un baiser de mère, Carl Adolf Gugel
Un baiser de mère, Carl Adolf Gugel, (XIXe siècle).

La mère est le parent biologique ou social de sexe féminin d'un enfant, ou de toute autre personne.

Littérature[modifier]

Antoine de Saint-Exupéry, Lettres à sa mère, 1955[modifier]

Ma mère, vous vous penchiez sur nous, sur ce départ d'anges et pour que le voyage soit paisible, pour que rien n'agitât nos rêves, vous effaciez du drap ce pli, cette ombre, cette houle…


C'est un peu pour Consuelo que je suis rentré, mais c'est par vous, maman, que l'on rentre. Vous si faible, vous saviez-vous à ce point ange gardienne, et forte, et sage, et si pleine de bénédictions, que l'on vous prie, seul, dans la nuit ?


Daniel Boulanger, Table d'hôtes, 1982[modifier]

J’ai dix-neuf ans et je n’ai pas encore compris ma mère, ses caresses, sa sucrerie, ses mamours, puis ses refus, ses silences suivis de larmes, et de nouveau l'œil en coulisse et ses appels à la raison.
  • « Au seuil de la Pampa », dans Table d’hôtes, Daniel Boulanger, éd. Gallimard, 1982, p. 61


…Je sais. Votre mère. Vous me l’avez déjà dit.
- Elle m’a toujours refusé son entrée. La mère ne serait-ce donc qu’une sortie ? Une porte doit se pousser dans les deux sens il me semble.

  • « Au seuil de la Pampa », dans Table d’hôtes, Daniel Boulanger, éd. Gallimard, 1982, p. 64


Henri Laborit, Éloge de la fuite, 1985[modifier]

Ne sachant pas qu'il existe dans un milieu différent, l'enfant va mémoriser […] l'odeur de sa mère, sa chaleur et son visage. Il s'agit sans doute là d'un processus analogue à celui de "l'empreinte" décrit par K. Lorenz chez ses oies. En résumé, des réflexes conditionnés établissent des rapports entre une récompense, l'assouvissement d'un besoin fondamental et les stimuli sensoriels d'origine externe qui les accompagnent. Lorsque vers le huitième ou dixième mois, son action progressive sur le milieu lui fera prendre conscience de son existence distincte du milieu qui l'entoure, il va découvrir que sa mère […] n'appartient pas qu'à lui seul. L'enfant comprendra d'un seul coup qu'il peut perdre en partie sa gratification et découvrira l'œdipe, la jalousie et l'amour malheureux.


Albert Caraco, Post Mortem, 1968[modifier]

Je n'aime ni la douleur ni la jouissance, le monde de la femme a beau me charmer qu'il ne me convainc, la femme présente en ma Mère ne m'attira jamais, mes profondeurs sont impassibles, je hais le désir et la crainte, Madame Mère n'était pas sans admirer ces dispositions, elle y voyait la source de ma liberté. La mort ne m'ébranlera pas longtemps, puisque rien ne m'affecte désormais et que Madame Mère emporte le reliquat de mes angoisses, sa fin achève de me libérer et je ne vois plus qu'ordre sous mes pieds, le chaos se dissipe, la lumière est partout et je sens naître en moi comme une tranquille assurance.


Pierre Choderlos de Laclos, Traité sur l'éducation des femmes, 1903[modifier]

La femme naturelle est plus heureuse ; rien ne la prive, rien ne la sépare de l'objet de son affection ; tous ses soins lui vont être consacrés ; peu d'heures après l'enfantement, elle se lève, elle va baigner son enfant dans un ruisseau voisin; elle s'y baigne elle-même ; puis après s'être séchée sur le gazon, elle le sèche à son tour, non par des frictions irritantes, non en l'exposant à une chaleur dessicative, mais en le plaçant sur son sein; c'est là qu'il trouve à la fois une chaleur salutaire et une nourriture qui lui convient.


Le lait est le lien naturel qui unit la mère et l'enfant ; s'il est nécessaire à l'un de le recevoir, il est au moins dangereux à l'autre de l'en frustrer. Heureuse société dont la base est un bienfait réciproque !


Cherchons, au moins, dans notre imagination, ce que la société ne nous présente pas. Créons à notre gré une femme parfaitement heureuse, autant au moins que l'humanité le comporte ; ce sera celle qui, née d'une mère tendre, n'aura pas été livrée en naissant aux soins d'une mercenaire
  • Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Pierre Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009  (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. VIII. Réflexions sur ce qui précède, p. 63


Joyce Mansour, Infiniment… sur le gazon, 1963[modifier]

« Tu aurais pu attendre de me mettre en terre avant de me narguer comme ça, tous les jours à l'heure de la sieste. Moi qui n'ai jamais regardé un autre homme que ton père », disait-elle quand je me levais précipitamment sans entamer le dessert pour appeler l'ascenseur, répondre au téléphone, fermer la fenêtre, m'habiller, me déshabiller, m'agiter enfin en attendant l'arrivée bruyante de mon amant. La vieille se plaignait mais, le moment venu, c'était toujours elle qui ouvrait la porte à Arnaud. Bégayante, la langue alourdie par une épaisse couche de honte, ma mère aux jambes de crapaud et sexe à grosses mailles ne pouvait s'empêcher de le saluer avec le cérémonial dû à un roi. « Elle se surpasse, ta vieille », dit Arnaud le jour où elle lui offrit spontanément là, dans l'entrée, sous la lampe en fer forgé et le portrait du général, la pipe et les pantoufles de mon père. Geste qui n'empêcha nullement celui-ci de se promener, vêtu seulement des cuisses poilues de sa brune compagne drapées artistiquement autour de son cou et, de son éternelle cigarette, vite allumée, salement éteinte, jamais posée sans intention de faire mal, nu sous les yeux horrifiés de ma mère.
  • « Infiniment… sur le gazon », Joyce Mansour, La Brèche, nº 4, Février 1963, p. 62


Antonin Artaud, L'Osselet toxique , 1928[modifier]

Tu as gagné, psychiatrie, tu as GAGNE et il te dépasse. La fourmilière du rêve agace ses membres en sommeil. Un rassemblement de volontés adverses le détend, élevé en lui comme de brusques murailles. Le ciel s'effondre avec fracas. Que sent-il ? Il a dépassé le sentiment de soi-même. Il t'échappe par mille et mille ouvertures. Tu crois le tenir et il est libre. Il ne t'appartient pas.

Il ne t'appartient pas, DENOMINATION. Ta mauvaise sensibilité vise à quoi ? A le remettre entre les mains de sa mère, à faire de lui le conduit, l'égoût de la plus petite confrérie mentale possible, du plus petit dénominateur commun conscient ?

Sois tranquille. IL EST CONSCIENT.
  • Repris dans le présent recueil, L'Osselet toxique figura initialement dans La Révolution Surréaliste N° 11, revue datée de mars 1928.
  • L'Ombilic des Limbes suivi du Pèse-nerfs et autres textes, Antonin Artaud, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1956, partie Textes de la période surréaliste, « L'Osselet toxique », p. 235


Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961[modifier]

Certains pays rocailleux, oubliés dans la putréfaction de la genèse, loin, loin derrière l'horizon du possible, voient ainsi naître un homme doué de méchanceté exceptionnelle. Dolman dépassait de beaucoup le plus mauvais : sa mère, prise comme une omelette de pieuse frayeur, était morte avant sa naissance. Son père, un brave pêcheur sans personnalité particulière, se sachant dénué de solides raisons de croire à sa paternité, partit en haussant les épaules vers l'Orient, sans marquer le moindre regret et sans laisser de testament.
  • « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 46


Anne Calife, Paul et le Chat, 2004[modifier]

À trois heures, je dus sortir, mon portable ne recevait pas bien à l'intérieur. Le Chat me suivit dans le jardin, abandonnant panier et chatons. Elle ne cessait de miauler en me fixant. Je ne comprenais plus ce qu’on me disait. Partagée, divisée, en deux moitiés de Chat, elle ne savait plus quoi faire : abandonner sa portée ou demeurer seule avec les cinq tyrans. Elle aurait préféré l’abandon plutôt que le tête-à-tête avec eux.

À cet endroit du texte, je me rends compte que j'emploie l'article défini « elle » pour désigner le Chat. Je l'ai corrigé puis rétabli. Le « il » ne sonne pas. Le Chat était devenu féminin, non par une logique de reproduction, mais en raison de sa division, de son hésitation.

Dissociée, divisée, elle relevait de la Mère : partagée entre soi et d'autres êtres.


Mère… et donc chargée de le soulever pour le poser devant ce qu’il convoitait. Ainsi les croquettes du Chat le fascinent : il hurle pour que je le place à côté de l’écuelle. Lorsque Paul manifeste sa volonté de changer d’endroit, une pointe de vert apparaît dans le bleu de ses yeux.

Sans cris, sans pleurs, sans phrases, je sais deviner son désir aux variations de couleur de son iris. Et je le change aussitôt de place.

Oui, j’accours à un anneau bleu repoussé par la dilatation d’une pupille, à un iris verdi par la colère. Je me précipite sans mots formés avant le geste.

Paul-bleu-verdi surgit dans ma tête et je vois mes genoux se plier, mes bras se tendre vers lui. J’ignore pourquoi mais j’accours…

Un explosif lui aurait arraché un bras rond, un char l’aurait broyé que je serais arrivée aussi vite. Pas assez de mots pour décrire cette sirène qui retentit, cette force qui me jette sur lui. Qui me dépasse.

Pire que l'explosion des bombes.


Sabrina Champenois[modifier]

Chaque livre est très différent, c'est assez dur de juger. C'est, j'imagine, comme pour une mère de famille nombreuse. Elle ne peut pas dire quel fils elle préfère, mais elle saura lequel aura le plus de succès avec les filles, qui est le plus romantique, et elle saura en elle-même, en fin de compte, qui elle préfère, même si c'est dur pour elle de l'avouer officiellement, surtout à un journaliste…
  • Jérôme Mulot, à qui l'on demande le regard qu'il jette sur 6 ans de publication.
  • « Notre tasse d'athée », Sabrina Champenois, Libération, nº 9257, 17-02-2011, p. II


Christian Bobin, La Plus que vive, 1996[modifier]

Toutes les mères sont impossibles — qu'elles aiment trop ou qu'elles n'aiment pas assez. Il n'y a pas en la matière de juste mesure. Tu as tout donné à tes enfants. Tu leur as même donné des armes pour résister à ta folie d'amour, pour trouver cet espace, en eux, qui leur était nécessaire, où personne n'a le droit d'entrer — et surtout pas une mère.


Colette, La Maison de Claudine, 1922[modifier]

Ma mère renversait la tête vers les nuées, comme si elle eût attendu qu’un vol d’enfants ailés s’abattît. Au bout d’un moment, elle jetait le même cri, puis se lassait d’interroger le ciel, cassait de l’ongle le grelot sec d’un pavot, grattait un rosier emperlé de pucerons verts, cachait dans sa poche les premières noix, hochait le front en songeant aux enfants disparus, et rentrait. Cependant au-dessus d’elle, parmi le feuillage du noyer, brillait le visage triangulaire et penché d’un enfant allongé, comme un matou, sur une grosse branche, et qui se taisait. Une mère moins myope eût-elle deviné, dans les révérences précipitées qu’échangeaient les cimes jumelles des deux sapins, une impulsion étrangère à celle des brusques bourrasques d’octobre… Et dans la lucarne carrée, au-dessous de la poulie à fourrage, n’eût-elle pas aperçu, en clignant les yeux, ces deux taches pâles dans le foin: le visage d’un jeune garçon et son livre ? Mais elle avait renoncé à nous découvrir, et désespéré de nous atteindre.
  • La Maison de Claudine (1922), Colette, éd. Imprimerie Moderne de Nantes, coll. « Super-Bibliothèque », 1976  (ISBN 2-261-00093-6), Où sont les enfants ?, p. 11


« Où sont les enfants ? » Elle surgissait, essoufflée par sa quête constante de mère-chienne trop tendre, tête levée et flairant le vent. Ses bras emmanchés de toile blanche disaient qu’elle venait de pétrir la pâte à galette, ou le pudding saucé d’un brûlant velours de rhum et de confitures. Un grand tablier bleu la ceignait, si elle avait lavé la havanaise, et quelquefois elle agitait un étendard de papier jaune craquant, le papier de la boucherie ; c’est qu’elle espérait rassembler, en même temps que ses enfants égaillés, ses chattes vagabondes, affamées de viande crue…
  • La Maison de Claudine (1922), Colette, éd. Imprimerie Moderne de Nantes, coll. « Super-Bibliothèque », 1976  (ISBN 2-261-00093-6), Où sont les enfants ?, p. 13


Romain Gary, La Promesse de l'aube, 1960[modifier]

Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte la dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passés à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurai pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.


James Joyce, Ulysse, 1922[modifier]

Laid et nul ; cou tout en longueur, cheveux broussailleux et une tache d'encre bave de limaçon. Pourtant une créature l'avait aimé, porté dans ses bras et dans son cœur. Sans elle, la race des hommes l'eût foulé aux pieds, flaque limaçon en bouillie. Elle avait aimé ce faible sang acqueux tiré du sien. Cela était-il donc réel ? La seule chose sûre en ce monde ? Le corps prostré de sa mère le fougueux Colomban dans son zèle saint l'enjamba. Elle n'était plus ; le squelette tremblant d'une brindille brûlée par le feu, une odeur de bois de rose et de cendre mouillée. Elle l'avait sauvé des pieds qui écrasent et avait disparu, ayant à peine été. Une pauvre âme partie aux cieux ; et dans la lande, sous les clignotantes étoiles, l'œil implacable et brasillant, grattait la terre, écoutait, rejetait la terre ; écoutait, scrappait et scrappait.


Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, 1936[modifier]

Elle n'avait jamais eu une seule amie et cela ne lui avait pas manqué. Pour elle, toutes les femmes, y compris ses deux sœurs, étaient des ennemies naturelles lancées à la poursuite de la même proie, l'homme. Toutes les femmes, à l'exception de sa mère. Ellen O'Hara était différente et Scarlett la considérait comme un être sacré, étranger à tout le reste de l'humanité. Étant enfant, Scarlett avait confondu sa mère avec la Sainte Vierge, et maintenant qu'elle était plus âgée elle ne voyait pas pourquoi elle changerait d'opinion. Pour elle, Ellen représentait la sécurité totale que seuls le Paradis ou une mère peuvent donner. Elle savait que sa mère était l'incarnation de la justice, de la vérité, de la tendresse aimante, d'une profonde sagesse, bref, qu'elle était une grande dame.
  • Autant en emporte le vent, Margaret Mitchell (trad. Pierre-François Caillé), éd. Quarto Gallimard, 1936, partie I, chap. III, p. 77


Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages, 1998[modifier]

L’obligation d’une vraie mère continue tant qu’elle est vivante.


Mathieu de Montreuil, Almanach poétique, 1783[modifier]

De toutes les façons vous avez droit de plaire,
Mais surtout vous savez nous charmer en ce jour :
Voyant vos yeux bandés, on vous prend pour l'amour ;
Les voyant découverts, on vous prend pour sa mère.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 23


Fanny Raoul[modifier]

Les droits de la mère sont, ce me semble, aussi légitimes que ceux du père. Tous deux sont chefs de famille ; tous deux, par conséquent, doivent avoir la même étendue d'autorité.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 27


Psychanalyse[modifier]

Sigmund Freud, Totem et tabou[modifier]

Le langage de ces tribus australiennes présente une particularité […] un homme appelle père non seulement celui qui l'a engendré, mais aussi tout homme qui, d'après les coutumes de la tribu, aurait pu épouser sa mère et devenir son père ; il appelle mère toute femme qui, sans enfreindre les coutumes de la tribu, aurait pu devenir réellement sa mère ; il appelle frères et sœurs non seulement les enfants de ses véritables parents, mais aussi les enfants de toutes les autres personnes qui auraient pu être ses parents.


Alberto Eiguer, Le Pervers narcissique et son complice, 1989[modifier]

Si la mère « entend […] inclure l'enfant en elle-même une fois pour toutes, cet enfant narcissiquement séduit doit être comme s'il n'était pas né. Il ne faut pas qu'il opère cette seconde naissance qu'est la naissance psychique ; il ne faut pas qu'il croisse, qu'il pense, qu'il désire, qu'il rêve. Il restera pour la mère un rêve incarné : un fétiche vivant. Mais peut-il encore avoir des rêves, celui qui est un rêve ? Pas plus que de rêver, il devra penser : la séduction narcissique ne tolère ni le désir ni la pensée, qui sont preuves d'insurrection ». Et Racamier ajoute que pour éviter qu'il ne soit, il faut le nourrir sans cesse. Pour éviter qu'il ne désire, il faut désirer à sa place.
  • Il est question ici de la mère perverse narcissique.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Séduction narcissique, p. 26


Les rapports entre psychose et perversion narcissique sont étroits. P.-C. Racamier (1978) a insisté sur la présence de pervers narcissiques parmi les proches du psychotique ; nous lui devons également la formule de la perversion narcissique comme revers de la schizophrénie : cette perversion narcissique serait celle d'un autre, de la mère du patient le plus fréquemment.
Cependant le psychotique même agit souvent sur le mode pervers, à la sortie de l'épisode critique notamment.

  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie II. Applications à la psychopathologie, chap. Psychose et perversion narcissique, Emprise régressive et emprise fonctionnelle, p. 83


Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010[modifier]

Libertinage, le plaisir et la joie

Pour créer les conditions de notre plaisir, il est important pour nous d'envisager que nos mères aient admis que nous jouions avec leur peau sensible, qu'elles nous aient donné l'occasion de pénétrer leur esprit et que cela était un bonheur pour elles. Sachant que cette réciprocité leur apportait satisfaction, nous nous sentons désormais confiants dans notre capacité à donner du bonheur. Si nous avions raté cette circulation sensuelle, nous serions poussés à la chercher sans cesse, par des moyens fortuits et auprès de personnes trouvées par hasard.
Mais dans la mesure où ces partenaires nous rappellent notre mère, par quelque trait ou comportement, ce sera moins grave et moins éprouvant que si on les ressentait comme des étrangers. La blessure est toutefois bien profonde ; rien ni personne ne saura la panser, et la quête sera peut-être poursuivie infiniment.

  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie I. Libertinage, le plaisir et la joie, chap. Les libertins sont-ils des pervers ?, Le ballet des libertins, p. 24


Psychologie[modifier]

Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953[modifier]

[Les hommes] cherchent […] à prévenir le pouvoir redouté de la femme en la poussant à adopter envers eux une attitude maternelle […]. Il ne se sentira pourtant pas tout à fait délivré de son appréhension car en considérant la femme comme une mère, il se transforme lui-même en enfant et risque ainsi de pâtir de son propre enfantillage. Dans ce cas, il peut être victime de sa propre faiblesse qui, une fois de plus, rend la femme maîtresse de la situation.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. II. La lune, dispensatrice de fertilité, p. 63


Voir aussi[modifier]

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