Pierre Choderlos de Laclos
Apparence
Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos (le 18 octobre 1741 à Amiens - le 5 septembre 1803 à Tarente, Italie) est un écrivain et officier français.
Les liaisons dangereuses, 1782
[modifier]Marquise de Merteuil
[modifier]Je suis sûre que si j'avais le bon esprit de le quitter à présent, il en serait au désespoir ; et rien ne m'amuse comme un désespoir amoureux. Il m'appellerait perfide, et ce mot de perfide m'a toujours fait plaisir ; c'est, après celui de cruelle, le plus doux à l'oreille d'une femme.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. Folio plus classiques, 2005, partie Lettre V (5), p. 28 (texte intégral sur Wikisource)
L'amour est, comme la médecine, seulement l'art d'aider à la nature.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 1, partie Lettre X (10), p. 40 (texte intégral sur Wikisource)
Une occasion manquée se retrouve, tandis qu'on ne revient jamais d'une démarche précipitée.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 1, partie Lettre XXXIII (33), p. 102 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 14 janvier 2017.
L'amour, la haine, vous n'avez qu'à choisir, tout couche sous le même toit ; et vous pouvez, doublant votre existence, caresser d'une main et frapper de l'autre.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 1, partie Lettre LXXIV (74), p. 221 (texte intégral sur Wikisource)
Je dis mes principes, et je le dis à dessein : car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard, sans examen et suivis par habitude, ils sont le fruit de mes profondes réflexions; je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. Pocket, 2005, partie Lettre LXXXI(81), p. 212 (texte intégral sur Wikisource)
Le luxe absorbe tout : on le blâme, mais il faut l’imiter ; et le superflu finit par priver du nécessaire.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 2, partie Lettre CIV (104), p. 62 (texte intégral sur Wikisource)
Le ridicule qu’on a augmente toujours en proportion qu’on s’en défend.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 2, partie Lettre CXLI (141), p. 200 (texte intégral sur Wikisource)
Ou vous avez un rival, ou vous n’en avez pas. Si vous en avez un, il faut plaire pour lui être préféré ; si vous n’en avez pas, il faut plaire encore pour éviter d’en avoir.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 2, partie Lettre CLII (152), p. 232 (texte intégral sur Wikisource)
Vicomte de Valmont
[modifier]Je serais tenté de croire qu’il y a vraiment du plaisir à faire du bien et qu’après tout ce que nous appelons les gens vertueux n’ont pas tant de mérite qu’on se plaît à nous le dire.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 1, partie Lettre XXI (21), p. 70 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 7 novembre 2011.
Je réussis, et j'obtins qu'elle lui ferait une querelle de cette même partie de chasse, à laquelle, bien évidemment, il n'avait consenti que pour elle. On ne pouvait prendre un plus mauvais prétexte : mais nulle femme n'a mieux que la Vicomtesse ce talent, commun à toutes, de mettre l'humeur à la place de la raison, et de n'être jamais si difficile à apaiser que quand elle a tort.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. Folioplus classiques, 2005, partie Lettre LXXI (71), p. 178 (texte intégral sur Wikisource)
On a toujours assez vécu, quand on a eu le temps d’acquérir l’amour des femmes et l’estime des hommes.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 1, partie Lettre LXXIX (79), p. 245 (texte intégral sur Wikisource)
On n'est heureux que par l'amour.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 2, partie Lettre CLV (155), p. 242 (texte intégral sur Wikisource)
Madame de Volanges
[modifier]Le scélérat a ses vertus, comme l'honnête homme a ses faiblesses.
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 1, partie Lettre XXXII (32), p. 98 (texte intégral sur Wikisource)
Madame de Rosemonde
[modifier]L’homme jouit du bonheur qu’il ressent, et la femme de celui qu’elle procure. Cette différence, si essentielle et si peu remarquée, influe pourtant, d’une manière bien sensible, sur la totalité de leur conduite respective. Le plaisir de l’un est de satisfaire ses désirs, celui de l’autre est surtout de les faire naître. Plaire, n’est pour lui qu’un moyen de succès ; tandis que pour elle, c’est le succès lui-même. Et la coquetterie, si souvent reprochée aux femmes, n’est autre chose que l’abus de cette façon de sentir, et par là même en prouve la vérité. Enfin ce goût exclusif, qui caractérise particulièrement l’amour, n’est dans l’homme qu’une préférence, qui sert, au plus, à graduer un plaisir, qu’un autre objet affaiblirait peut-être, mais ne détruirait pas ; tandis que dans les femmes, c’est un sentiment profond, qui non seulement anéantit tout désir étranger, mais qui, plus fort que la nature, et soustrait à son empire, ne leur laisse éprouver que répugnance et dégoût, là-même où semble devoir naître la volupté..
- Les Liaisons dangereuses (1782), Pierre Choderlos de Laclos, éd. J Rozez, 1869, t. 2, partie Lettre CXXX (130), p. 163-164 (texte intégral sur Wikisource)
Traité sur l'éducation des femmes, 1783
[modifier]Discours sur la question proposée par l'académie de Châlons-sur-Marne
[modifier]Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l'éducation des femmes ?
Ô femmes, approchez et venez m'entendre ! Que votre curiosité dirigée une fois sur des objets utiles, contemple les avantages que vous avait donnés la nature et que la société vous a ravis. Venez apprendre comment, nées compagnes de l'homme, vous êtes devenues son esclave ; comment, tombées dans cet état abject, vous êtes parvenues à vous y plaire, à la regarder comme votre état naturel ; comment enfin, dégradées de plus en plus par votre longue habitude de l'esclavage, vous en avez préféré les vices avilissants, mais commodes, aux vertus plus pénibles d'un être libre et respectable.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1783), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Discours sur la question proposée par l'académie de Châlons-sur-Marne, p. 25
Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation ; dans toute société, les femmes sont esclaves ; donc la femme sociale n'est pas susceptible d'éducation.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1783), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Discours sur la question proposée par l'académie de Châlons-sur-Marne, p. 26
[...] c'est le propre de l'éducation de diriger les facultés développées vers l'utilité sociale, le propre de l'esclavage est de rendre l'esclave ennemi de la société.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1783), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Discours sur la question proposée par l'académie de Châlons-sur-Marne, p. 26
Des femmes et de leur éducation
[modifier]La femme naturelle est plus heureuse ; rien ne la prive, rien ne la sépare de l'objet de son affection ; tous ses soins lui vont être consacrés ; peu d'heures après l'enfantement, elle se lève, elle va baigner son enfant dans un ruisseau voisin; elle s'y baigne elle-même ; puis après s'être séchée sur le gazon, elle le sèche à son tour, non par des frictions irritantes, non en l'exposant à une chaleur dessicative, mais en le plaçant sur son sein; c'est là qu'il trouve à la fois une chaleur salutaire et une nourriture qui lui convient.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. III. De l'enfance, p. 36
Le lait est le lien naturel qui unit la mère et l'enfant ; s'il est nécessaire à l'un de le recevoir, il est au moins dangereux à l'autre de l'en frustrer. Heureuse société dont la base est un bienfait réciproque !
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. III. De l'enfance, p. 36
[...] le sujet qui existe trop tôt n'existe jamais pleinement. Si surtout il se presse d'user de sa jouissance, s'il s'y livre avec trop peu de ménagement, il n'a bientôt plus qu'une vie languissante et faible ; en vain cherche-t-il des ressources dans des aphrodisiaques, souvent illusoires, et toujours dangereux, il ne fait qu'empirer son mal. Le plaisir s'obstine à le fuir ; si même il le rencontre quelquefois, ce plaisir lui semble imparfait, il n'a plus la force de le goûter ; semblable à ces fruits précoces, que l'art arrache à la nature, il n'a ni qualité ni saveur, ce n'est qu'une apparence vaine : ainsi se venge la nature de l'être imprudent qui ose violer ses lois.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. V. De la puberté, p. 45
Cherchons, au moins, dans notre imagination, ce que la société ne nous présente pas. Créons à notre gré une femme parfaitement heureuse, autant au moins que l'humanité le comporte ; ce sera celle qui, née d'une mère tendre, n'aura pas été livrée en naissant aux soins d'une mercenaire ; qui, plus grande, aura été élevée sous les yeux d'une institutrice également indulgente, sage et éclairée qui, sans jamais la contraindre, et sans l'ennuyer de ses leçons, lui aura donné toutes les connaissances utiles et l'aura exemptée de tous les préjugés.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. VIII. Réflexions sur ce qui précède, p. 63
Quelques mauvais plaisants (pourrait-on dire) ont abusé de leur esprit jusqu'au point de hasarder le paradoxe étonnant que l'homme est originairement fait pour vivre en société... autant voudrait-il dire que les bœufs et les chevaux étaient originairement faits pour vivre en troupeaux et en escadrons, et que c'était par un excès de corruption, ou par violation du droit naturel, qu'ils erraient isolés dans les bois.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. IX. Examen des raisons apportées contre l'état de nature, p. 74
Voulez-vous donner plus de tendresse à vos regards ? Exercez la sensibilité de votre âme. Voulez-vous accroître leur vivacité ? Cultivez votre esprit, augmentez le nombre de vos idées ; en vain la nature vous aura accordé de beaux yeux, si votre âme est froide, si votre esprit est vide, votre regard sera nul et muet.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. XII. De la parure, p. 103
- Citation choisie pour le 9 septembre 2021.
Essai sur l'éducation des femmes
[modifier][...] l'expérience personnelle est souvent chère et toujours tardive ; il est donc utile de profiter de celle des autres. C'est dans les livres que celle-là se trouve.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Essai sur l'éducation des femmes, p. 107
Il n'y a que deux moyens pour connaître : observer et méditer. Il est facile de juger combien nos connaissances seraient bornées si nous étions réduits à nos observations et à nos méditations personnelles, et à celles de ceux qui nous entourent. Tel est l'état des peuplades que nous nommons sauvages. Mais les livres nous font jouir des observations et des méditations des hommes de tous les temps et de tous les lieux.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Essai sur l'éducation des femmes, p. 107
[...] pendant plusieurs siècles, l'histoire n'est qu'un chaos dégoûtant qui à peine mérite d'être connu. Cette époque ténébreuse ne fournit rien non plus ni en morale ni en belles-lettres. C'est un désert qu'il faut traverser pour arriver au règne de Charlemagne, où notre histoire moderne reprend quelque intérêt.
- Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009 (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Essai sur l'éducation des femmes, p. 113