Emily Dickinson
Emily Elizabeth Dickinson, née le 10 décembre 1830 et morte le 15 mai 1886, est une poétesse américaine.
Citations
[modifier]Y aura-t-il pour de vrai un matin?
[modifier]Où j'ai perdu, je marche plus doucement
Je sème de tendres fleurs du jardin
Je m'arrête au-dessus de la tête absente
Et je la pleure.
Qui j'ai perdu, pieusement je le protège
D'un accent rude, ou d'un mot cruel
Car je sens que son oreiller entend
À travers la pierre !
- Poème
- Y aura-il pour de vrai un matin? (1989), Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Belin, 2008, partie Cahier 7, p. 159
Que très prudents soient les chirurgiens
Quand ils prennent le bistouri!
Sous leurs délicates incisions
Bouge la Coupable- la Vie!
- Poème
- Y aura-il pour de vrai un matin? (1989), Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Belin, 2008, partie Cahier 7, p. 165
Dis-moi s'il fait vraiment-chaud à midi-
Si ce sont des Boutons d'or -qui voltigent -
Ou des papillons - qui fleurissent?
Puis - omets- le gel - sur la prairie-
Omets la Rousseur - sur l'arbre-
Jouons à ceux-là - jamais n'adviennent !
- Poème
- Y aura-il pour de vrai un matin? (1989), Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Belin, 2008, partie Cahier 7, p. 199
Le Paradis est au choix, 1998
[modifier]Quand on perd des amis
Ce qui fait le plus mal
C'est l'image de ce qu'ils étaient-
À telle ou telle époque
- (en)
If anybody's friend be dead
It's sharpest of the theme
The thanking how they walked alive-
At such and such a time -
- Le Paradis est au choix, Emily Dickinson (trad. Patrick Reumaux), éd. Librairie Élisabeth Brunet, 1998, p. 168-169
Car l'adieu, c'est la nuit
[modifier]L'Eau, s'apprend par la soif
La Terre – par les Mers franchies.
L'Extase – par les affres –
La Paix, par le récit de ses combats –
L'Amour, par l'effigie –
L'Oiseau, par la neige.
- (en)
Water, is taught by thirst.
Land – by the Oceans passed.
Transport – by throe –
Peace, by it's battles told –
Love, by memorial mold –
Birds, by the snow.
- Cahier 4.
- Car l'adieu, c'est la nuit, Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-034759-9), p. 48-49 (lire en ligne)
Ceci est ma lettre au Monde
Qui jamais ne M'écrivit –
Les simples Nouvelles dictées par la Nature –
Dans sa tendre Majesté
À des Mains que je ne puis voir
Son Message est livré –
Pour l'amour d'Elle – Doux – concitoyens –
Tendrement – jugez-Moi
- (en)
This is my letter to the World
That never wrote to Me –
The simple News that Nature told –
With tender Majesty
Her Message is committed
To Hands I cannot see –
For love of Her – Sweet – countrymen –
Judge tenderly – of Me
- Car l'adieu, c'est la nuit, Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-034759-9), p. 156-159 (lire en ligne)
Ne juge pas si lointain ce qui peut s'atteindre
Bien que le couchant t'en sépare
Ni si proche ce qui, voisin,
Est plus loin que le soleil.
- (en)
Count not that far that can be had
Though sunset lie between
Nor that adjacent that beside
Is further than the sun.
- Car l'adieu, c'est la nuit, Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-034759-9), p. 272-273 (lire en ligne)
- (en)
Each that we lose takes part of us;
A crescent still abides,
Which like the moon, some turbid night,
Is summoned by the tides.
- Car l'adieu, c'est la nuit, Emily Dickinson (trad. Claire Malroux), éd. Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-034759-9), p. 344-345 (lire en ligne)
Poésies complètes
[modifier]On apprend l'Eau par la soif.
La Terre – par les Océans traversés.
La Jubilation – par les affres –
La Paix, par le récit des batailles –
L'Amour, par l'humus de la tombe –
Les Oiseaux, par la neige.
- (en)
Water, is taught by thirst.
Land – by the Oceans passed.
Transport – by throe –
Peace, by it's battles told –
Love, by memorial mold –
Birds, by the snow.
- 93
- Poésies complètes, Emily Dickinson (trad. Françoise Delphy), éd. Flammarion, 2020 (ISBN 978-2-07-045107-4), p. 92-93
La Lune est loin de l'Océan –
Pourtant de ses Mains d'Ambre –
Elle Le conduit – docile comme un Enfant –
Le long des Sables qu'elle a choisis –
Il ne se trompe pas d'un Degré –
Obéissant à Son œil –
Il vient jusque-là – vers la Ville –
Jusque-là – et puis s'en va –
Ô, Signor, à Toi, cette Main d'Ambre –
À moi – le lointain Océan –
Qui obéit au moindre commandement
Que ton œil m'impose –
- (en)
The Moon is distant from the Sea –
And yet, with Amber Hands –
She leads Him – docile as a Boy –
Along appointed Sands –
He never misses a Degree –
Obedient to Her eye –
He comes just so far – toward the Town –
Just so far – goes away –
Oh, Signor, Thine, the Amber Hand –
And mine – the distant Sea –
Obedient to the least command
Thine eye impose on me –
- 387
- Poésies complètes, Emily Dickinson (trad. Françoise Delphy), éd. Flammarion, 2020 (ISBN 978-2-07-045107-4), p. 362-363
Ceci est ma lettre au Monde
Qui jamais ne M'a écrit –
Simples Nouvelles racontées par la Nature –
Avec une tendre Majesté
Elle confie son Message
À des Mains que je ne vois pas –
Par amour pour Elle – Doux – compatriotes –
Jugez-Moi – avec tendresse
- (en)
This is my letter to the World
That never wrote to Me –
The simple News that Nature told –
With tender Majesty
Her Message is committed
To Hands I cannot see –
For love of Her – Sweet – countrymen –
Judge tenderly – of Me
- 519
- Poésies complètes, Emily Dickinson (trad. Françoise Delphy), éd. Flammarion, 2020 (ISBN 978-2-07-045107-4), p. 484-487
Ne considère pas qu'est loin, ce qu'on peut obtenir
Même si t'en sépare le couchant
Ni qu'est près ce qui, bien que voisin
Est plus lointain que le soleil.
- (en)
Count not that far that can be had
Though sunset lie between
Nor that adjacent that beside
Is further than the sun.
- 1124
- Poésies complètes, Emily Dickinson (trad. Françoise Delphy), éd. Flammarion, 2020 (ISBN 978-2-07-045107-4), p. 958-959
La meilleure Sorcellerie c'est la Géométrie
Tel est l'avis du magicien –
Ses actions ordinaires sont des exploits
Comparées aux pensées des humains –
- (en)
Best Witchcraft is Geometry
To the magician's mind –
His ordinary acts are feats
To thinking of mankind –
- 1158
- Poésies complètes, Emily Dickinson (trad. Françoise Delphy), éd. Flammarion, 2020 (ISBN 978-2-07-045107-4), p. 982-984
Chaque être perdu emporte une part de nous ;
Il nous reste un croissant,
Qui, comme celui de la lune, par quelque nuit turbide,
Est rappelé par les marées.
- (en)
Each that we lose takes part of us;
A crescent still abides,
Which like the moon, some turbid night,
Is summoned by the tides.
- 1634
- Poésies complètes, Emily Dickinson (trad. Françoise Delphy), éd. Flammarion, 2020 (ISBN 978-2-07-045107-4), p. 1268-1269
Citations rapportées d'Emily Dickinson
[modifier]Si je lis un livre et qu'il rend tout mon corps si glacé qu'aucun feu ne pourra jamais me réchauffer, je sais alors que c'est de la poésie. Si je sens le sommet de ma tête arraché, je sais aussi qu'il s'agit de poésie. Ce sont mes deux seules façons de le savoir. Y en a-t-il d'autres ?
- La Dame blanche, Christian Bobin, éd. Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 2007 (ISBN 978-2-07-078492-9), p. 81
L'eau, c'est la soif qui nous l'apprend.
La terre, une fois les mers traversées.
L'extase, les agonies souffertes.
La paix, les guerres racontées.
L'amour, c'est un mémorial.
- Mathieu Amalric, Catherine Deneuve, Rois et Reine (2004), écrit par Arnaud Desplechin et Roger Bohbot
- Citation choisie pour le 10 décembre 2024.
Citations sur Emily Dickinson
[modifier]Christian Bobin
[modifier]- La Dame blanche, Christian Bobin, éd. Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 2007 (ISBN 978-2-07-078492-9), p. 69
Emily Dickinson a passé ses jours et ses nuits dans la prunelle de Dieu : invisible et voyant tout.
- Les ruines du ciel, Christian Bobin, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2009 (ISBN 978-2-07-012693-4), p. 28
Natalia Ginzburg
[modifier]- Ne me demande jamais, Natalia Ginzburg (trad. Muriel Morelli), éd. Ypsilon, 2024 (ISBN 978-2-35654-124-6), chap. Le village d’Emily Dickinson, p. 47-48