Alain Mabanckou

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Alain Mabanckou est un écrivain et enseignant franco-congolais né le à Pointe-Noire, République du Congo.

Citations[modifier]

Tant que les arbres s’enracineront dans la terre[modifier]

 

  • Tant que les arbres s’enracineront dans la terre (précédé de Lettre ouverte à ceux qui tuent la poésie, Alain Mabanckou, éd. Mémoire d’encrier, 2004  (ISBN 2-923153-11-1), p. .


Elle était là. Je la voyais lorsque je fixais la flamme vacillante de la bougie. Je savais maintenant qu’à partir de cet instant, mes poèmes ne seraient plus les mêmes. Que je ne pourrais plus écrire un seul vers sans ressentir sa présence. Que je ne pourrais plus imaginer la poésie sans elle. Qu’elle était à la fois le pays, le lien, le souvenir, la fin et le commencement.
  • Tant que les arbres s’enracineront dans la terre (suivi de Congo), Alain Mabanckou, éd. Points, 2017  (ISBN 978-2-7578-6652-8), chap. La femme qui fit de moi un poète, p. 11


La poésie commence à sourdre lorsqu’elle croise les méandres de l’existence du poète. Elle est réponse au vide, à l’immensité, à l’inquiétude intérieure qui nous habite lorsque, soudain, tout se tait et qu’il faut traduire le silence.
  • Tant que les arbres s’enracineront dans la terre (suivi de Congo), Alain Mabanckou, éd. Points, 2017  (ISBN 978-2-7578-6652-8), chap. La femme qui fit de moi un poète, p. 11-12


Lettre à Jimmy, 2007[modifier]

Avec ce nom de Baldwin, tu veux signifier à la descendance du maître - mais aussi à celle de l’esclave - les errements de l’histoire, les exactions et les humiliations endurées : « Je m'appelle Baldwin parce que je fus soit vendu par ma tribu africaine, soit volé à elle pour tomber entre les mains d’un chrétien Blanc du nom de Baldwin qui me força à m’agenouiller au pied de la croix. »
  • Lettre à Jimmy (à l’occasion du vingtième anniversaire de ta mort), Alain Mabanckou, éd. Fayard, 2007  (ISBN 978-2-213-62676-5), p. 15


Black Bazar, 2009[modifier]

Si je suis toujours habillé en costard c’est qu’il faut « maintenir la pression », comme on dit dans notre milieu de la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes, la SAPE, une invention de chez nous, née dans le quartier Bacongo, à Brazzaville.


Si l’habit ne fait pas le moine, c’est pourtant par l’habit qu’on reconnait le moine.


Peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris.


Les œuvres d’art sont uniques, inimitables, surtout si l’artiste en question c’est Dieu en personne.


La femme est le lieu exact de notre naissance.


Si on se mettait à remettre en cause tout ce qui rappelle que la langue française est parfois injuste, voire injurieuse à l’égard de certaines catégories de personnes, eh bien on ne s’en sortirait plus.


Celui qui écoute est plus sage que celui qui parle.


Même si les gens disent que tout ce qui brille n’est pas de l’or, ils pensent le contraire et vont toujours vers ce qui brille.


Un lâche vivant vaut mieux qu’un héros mort.


Les femmes de la ville épousent le portefeuille.


N’ouvre ta bouche que lorsque ce que tu dis est plus beau que le silence.


Le Sanglot de l'homme noir, 2012[modifier]

Les Européens comprendront-ils un jour ce qui se passe dans la tête d’un gamin d’Afrique lorsqu’il imagine ce continent du Nord, persuadé que c’est là-bas que son rêve deviendra réalité ? J’ai vécu, moi aussi, dans ce songe à la fois agréable et trompeur. L’Europe, disait mon père, c’est tout ce qu’il y a derrière l’océan.
  • Le sanglot de l’homme noir, Alain Mabanckou, éd. Fayard, 2012  (ISBN 978-2-213-63518-7), chap. Chemin d’Europe, p. 73


Nous rêvions de l’Europe, cette dame distinguée, parée de bijoux, et qui nous tendait les bras dès que nous courions vers l’océan. Mais avec le temps nous perdîmes l’espoir de voir l’Europe venir à nous, apparaître au-delà des flots.
  • Le sanglot de l’homme noir, Alain Mabanckou, éd. Fayard, 2012  (ISBN 978-2-213-63518-7), chap. Chemin d’Europe, p. 76-77


Le monde est mon langage, 2016[modifier]

Je considère les rencontres insolites, les lieux, les voyages, les auteurs et l’écriture comme un moyen de féconder un humanisme où l’imaginaire serait aussi bariolé que l’arc-en-ciel et nous pousserait à nous remettre en question. Le défi consiste à rapporter de nos différentes « appartenances » ce qui pourrait édifier positivement un destin commun et assumé. En somme, pour reprendre Amin Maalouf, « chacun devrait pouvoir inclure dans ce qu’il estime être son identité, une composante nouvelle, appelée à prendre de plus en plus d’importance au cours du nouveau siècle, du nouveau millénaire : le sentiment d’appartenir aussi à l’aventure humaine. »
  • Citation de Les identités meurtrières, 1998.


De même que le poète marocain Abdellatif Laâbi parle du « Soleil qui se meurt », la poésie serait en train de mourir, et nous serions, par voie de conséquence, coupable de non-assistance à poésie en danger…
  • Le Monde est mon langage, Alain Mabanckou, éd. Grasset, 2016  (ISBN 978-2-246-80219-8), chap. Le Caire, p. 131


Non, la poésie n’est pas morte. Elle est assise quelque part, guettant avec regrets les passants indifférents. Il faut aller la chercher partout où elle s’est « retirée ».
  • Le Monde est mon langage, Alain Mabanckou, éd. Grasset, 2016  (ISBN 978-2-246-80219-8), chap. Le Caire, p. 135


La poésie a pris un autre visage. Elle est récit, accompagne la prose, lui prend la main, la séduit, la rend grave, profonde, sinueuse mais virulente afin de traverser le marasme dans lequel s’est empêtré le roman contemporain. Là où certains vantent l’oralité d’un texte, sa dimension philosophique, moi j’y vois de la vraie poésie, celle qui redonne à l’écriture le tumulte, la nervosité, ingrédients nécessaires à une œuvre réussie.
  • Le Monde est mon langage, Alain Mabanckou, éd. Grasset, 2016  (ISBN 978-2-246-80219-8), chap. Le Caire, p. 137


Les trois livres que j’emporterais sur une île déserte devraient contenir l’univers que je quitte, combler le vide, redessiner la vie. […] Je pense d’abord à Albert Cohen, Le livre de ma mère. Peut-être parce que la plupart de mes livres sont des chants adressés à ma mère que j’ai perdue en 1995. Cette œuvre m’a appris une des vérités de l’écriture : le livre le plus réussi est celui qui plonge au cœur même de l’écrivain en tant qu’être humain. Cohen ramène quiconque le lit vers son enfance. […] Et la première phrase me poursuit encore :
 « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. »
  • Voir aussi « Sur une île déserte... Alain Mabanckou », L’Express, 1 octobre 2005 [texte intégral] .
  • Le Monde est mon langage, Alain Mabanckou, éd. Grasset, 2016  (ISBN 978-2-246-80219-8), chap. Post-scriptum. Le monde sur une île déserte, p. 301-302


Dès que l’Amérique tremble dans son âme, dans son for intérieur, je relis avec empressement La prochaine fois le feu de James Baldwin, et j’entends cet écrivain murmurer :
 « J’imagine que si les gens s’accrochent à leurs haines avec tant d’obstination, c’est en partie parce qu’ils devinent que lorsque la haine disparaît, on a plus affaire qu’à la souffrance… »
  • Voir aussi « Alain Mabanckou : « Moi aussi, je chante l’Amérique » », Le Monde, 27 janvier 2015 [texte intégral] 
  • Le Monde est mon langage, Alain Mabanckou, éd. Grasset, 2016  (ISBN 978-2-246-80219-8), chap. Post-scriptum. Moi aussi je suis l’Amérique, p. 313


Dictionnaire enjoué des cultures africaines, 2019[modifier]

Son plaidoyer pour la collecte et la conservation des savoirs traditionnels africains reste un grand événement pour tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Un jour de 1960, à la tribune de l’UNESCO, le natif de Bandiagara sonne l’alerte : « […] Puisque nous avons admis que l’humanité de chaque peuple est le patrimoine de toute l’humanité, si les traditions africaines ne sont recueillies à temps et couchées sur le papier, elles manqueront un jour dans les archives universelles de l’humanité ». De ce discours historique, une formule nous est restée, beaucoup la prennent à tort pour un « proverbe africain » : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. »


Aujourd’hui, nous sommes des centaines de milliers, aux quatre coins du vaste monde, à reconnaître la force des propositions que le chantre de la libération de l’Afrique nous a léguées, le cap qu’il nous oblige à garder à l’esprit : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »
  • Dictionnaire enjoué des cultures africaines, Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi, éd. Pluriel, 2020  (ISBN 978-2-8185-0631-8), p. 141-142


Huit leçons sur l’Afrique, 2020[modifier]

  • Huit leçons sur l’Afrique (2020), Alain Mabanckou, éd. Points, 2021  (ISBN 978-2-7578-8700-4), p. .


Rumeurs d’Amérique, 2020[modifier]

Ce que j’ai de plus précieux sur ce balcon, c’est la photo de Cassius Clay que j’ai fixée sur un des murs. C’est elle que je regarde en ce moment. Elle me procure de l’assurance lorsque, soudain, je ressens ce trouble du créateur incapable de progresser, tenaillé par l’angoisse de l’échec ou l’immensité de la tâche. Avec Cassius Clay, tout s’allume, tout s’enflamme, comme si dans la nuit de mes doutes, le boxeur légendaire appuyait sur l’interrupteur qui éclairera mes sentes et me permettra de contourner le tapis d’épines qui se déploie devant moi.
  • Rumeurs d’Amérique (2020), Alain Mabanckou, éd. Points, 2021  (ISBN 978-2-7578-8917-6), chap. Le monologue d’Ali, p. 33


Peut-être qu’écrire un livre est également une question de « temps morts ». On avance, on est dans le rythme, puis tout semble patiner avant de s’écrouler. L’écrivain doit alors concéder un temps mort pendant lequel il essaiera de reconsidérer les choses avant de se remettre à la tâche.
  • Rumeurs d’Amérique (2020), Alain Mabanckou, éd. Points, 2021  (ISBN 978-2-7578-8917-6), chap. Temps mort, p. 70


Citations rapportées[modifier]

Citations sur[modifier]

Voir aussi[modifier]

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