Georges Bernanos
Apparence
Georges Bernanos né le 20 février 1888 à Paris, décédé le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain français.
Citations
Sous le soleil de Satan, 1926
L'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui.
- Sous le soleil de Satan, Georges Bernanos, éd. Plon, coll. « Livre de poche », 1926, p. 21
Que craindre au monde, sinon la solitude et l'ennui ?
- Sous le soleil de Satan, Georges Bernanos, éd. Plon, coll. « Livre de poche », 1926, p. 23
Et ce chaume croulant, au milieu des belles tuiles vernies, c'est encore un autre mendiant, un autre homme libre.
- Sous le soleil de Satan, Georges Bernanos, éd. Plon, coll. « Livre de poche », 1926, p. 25
Les Grands Cimetières sous la lune, 1938
Je ne crois qu'à ce qui me coûte. Je n'ai rien fait de passable en ce monde qui ne m'ait d'abord paru inutile, inutile jusqu'au ridicule, inutile jusqu'au dégoût.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 353
Je ne suis pas un écrivain. La seule vue d'une feuille de papier blanc me harasse l'âme. L'espèce de recueillement physique que m'impose un tel travail m'est si odieux que je l'évite autant que je puis.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 353-354
L'imbécile est d'abord un être d'habitude et de parti pris. Arraché à son milieu il garde, entre ses deux valves étroitement closes, l'eau du lagon qui l'a nourri. Mais la vie moderne ne transporte pas seulement les imbéciles d'un lieu à un autre, elle les brasse avec une sorte de fureur.
- Citation choisie pour le 11 février 2008.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 358
La prière est, en somme, la seule révolte qui se tienne debout.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 364
[…] comprendre c'est déjà aimer.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 403
[…] les souvenirs de guerre ressemblent aux souvenirs de l'enfance.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 472
Les dictateurs font de la force le seul instrument de la grandeur.
- Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 555
Scandale de la vérité, 1939
Pour être un héros, il faut avoir au moins une fois en sa vie senti l'inutilité de l'héroïsme et de quel poids infime pèse l'acte héroïque dans l'immense déroulement des effets et des causes, réconcilié son âme avec l'idée de la lâcheté, bravé par avance la faible, l'impuissante, l'oublieuse réprobation des gens de bien, senti monter jusqu'à son front la chaleur du plus sûr et du plus profond repaire, l'universelle complicité des lâches, toujours béante, avec l'odeur des troupeaux d'hommes. Qui n'a pas une fois désespéré de l'honneur ne sera jamais un héros.
- Scandale de la vérité, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 580-581
Qui n'est pas sur le plan de l'honneur est au-dessous.
- Scandale de la vérité, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 582
Monsieur Ouine, 1943
Le diable, voyez-vous, c'est l'ami qui ne reste jamais jusqu'au bout.
- Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 302
L'homme c'est bien malaisé à définir. Admettons que ça reste un enfant. Gentil et câlin à ses heures, mais plein de vices.
- Citation choisie pour le 23 février 2008.
- Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 315
La haine qu'on se porte à soi-même est probablement celle entre toutes pour laquelle il n'est pas de pardon.
- Citation choisie pour le 12 mai 2017.
- Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 333
Le berceau est moins profond que la tombe.
- Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 359
On a dit parfois de l'homme qu'il était un animal religieux. Le système l'a défini une fois pour toute un animal économique, non seulement l'esclave mais l'objet, la matière presque inerte, irresponsable, du déterminisme économique, et sans espoir de s'en affranchir, puisqu'il ne connaît d'autre mobile certain que l'intérêt, le profit. Rivé à lui-même par l'égoïsme, l'individu n'apparaît plus que comme une quantité négligeable, soumise à la loi des grands nombres ; on ne saurait prétendre l'employer que par masses, grâce à la connaissance des lois qui le régissent. Ainsi, le progrès n'est plus dans l'homme, il est dans la technique, dans le perfectionnement des méthodes capables de permettre une utilisation chaque jour plus efficace du matériel humain.
- La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le Castor astral, 2009 (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 28
- Citation choisie pour le 8 octobre 2019.
Capitalistes, fascistes, marxistes, tous ces gens là se ressemblent. Les uns nient la liberté, les autres font encore semblant d'y croire, mais qu'ils y croient ou n'y croient pas, cela n'a malheureusement plus beaucoup d'importance, puisqu'ils ne savent plus s'en servir. Hélas ! le monde risque de perdre la liberté, de la perdre irréparablement, faute d'avoir gardé l'habitude de s'en servir… Je voudrais avoir un moment le contrôle de tous les postes de radio de la planète pour dire aux hommes : « Attention ! Prenez garde ! La Liberté est là, sur le bord de la route, mais vous passez devant elle sans tourner la tête. »
- La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le Castor astral, 2009 (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 38
La civilisation des machines n'a nullement besoin de notre langue, notre langue est précisément la fleur et le fruit d'une civilisation absolument différente de la civilisation des machines. Il est inutile de déranger Rabelais, Montaigne, Pascal, pour exprimer une conception sommaire de la vie, dont le caractère sommaire fait précisément tout l'efficience. La langue française est une œuvre d'art, et la civilisation des machines n'a besoin pour ses hommes d'affaires, comme pour ses diplomates, que d'un outil, rien davantage.
- La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le Castor astral, 2009 (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 101
Obéissance et irresponsabilité, voila les deux Mots Magiques qui ouvriront demain le Paradis de la Civilisation des Machines. La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes : La France refuse d'entrer dans le paradis des robots.
- La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le Castor astral, 2009 (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 122
- Citation choisie pour le 16 août 2019.
Dialogues des carmélites, 1949
La Prieure : Méfions-nous de tout ce qui pourrait nous détourner de la prière, méfions-nous même du martyre. La prière est un devoir, le martyre est une récompense. Lorsqu'un grand Roi, devant toute sa cour, fait signe à la servante de venir s'asseoir avec lui sur son trône, ainsi qu'une épouse bien-aimée, il est préférable qu'elle n'en croie d'abord ses yeux ni ses oreilles, et continue à frotter les meubles.
- Dialogues des carmélites, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, acte III, scène 2, p. 1615
La Prieure : Quand les sages sont au bout de leur sagesse, il convient d'écouter les enfants.
- Citation choisie pour le 5 mars 2007.
- Dialogues des carmélites, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, acte IV, scène 8, p. 1666
Mère Marie : Le malheur, ma fille, n'est pas d'être méprisée, mais de se mépriser soi-même.
- Dialogues des carmélites, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, acte V, scène 8, p. 1701
Cette simplicité de l'âme, nous consacrons notre vie à l'acquérir, ou à la retrouver si nous l'avons connue, car c'est un don de l'enfance qui le plus souvent ne survit pas à l'enfance… il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on découvre une autre aurore…
- Citation de Georges Bernanos, Dialogues des carmélites
Le Chemin de la Croix-des-Âmes, 1949
Il n'existe pas de race française. La France est une nation, c'est-à-dire une œuvre humaine, une création de l'homme; notre peuple [...] est composé d'autant d'éléments divers qu'un poème ou une symphonie.
- Le Chemin de la Croix-des-Âmes, Georges Bernanos, éd. Gallimard, 1948, p. 423
Je ne méprise nullement l'idée de race, je me garderais plus encore de la nier. Le tort du racisme n'est pas d'affirmer l'inégalité des races, aussi évidente que celle des individus, c'est de donner à cette inégalité un caractère absolu, de lui subordonner la morale elle-même, au point de prétendre opposer celle des maîtres à celle des esclaves.
- Le Chemin de la Croix-des-Âmes, Georges Bernanos, éd. Atlantica editora, 1943, vol. 2, p. 12
Citations rapportées
Se connaître est la démangeaison des imbéciles.
- La fin de la plainte, François Roustang, éd. Odile Jacob, coll. « poches », 2000,2001 (ISBN 2-7381-1023-1), p. 7