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Utopie

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L'utopie (néologisme de l'écrivain anglais Thomas More), synthèse des mots grecs οὐ-τοπος (lieu qui n'est pas) et εὖ-τοπος (lieu de bonheur) est une représentation d'une réalité idéale et sans défaut. Cela se traduit, dans les écrits, par un régime politique idéal (qui gouvernerait parfaitement les hommes), une société parfaite (sans injustice par exemple, comme la Callipolis de Platon ou l'Eldorado de Candide) ou encore une communauté d'individus vivant heureux et en harmonie (l'abbaye de Thélème, dans Gargantua, de Rabelais, en 1534).

Citations

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Les utopies ne sont souvent que des vérités prématurées.


Michèle Le Dœuff

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(…) les utopies sont communément des espaces clos, voire des vases clos où une pensée s'expérimente, poussant ses réquisits et ses conséquences jusqu'au bout, sans interférences avec une altérité, afin que cette pensée fasse ses preuves, c'est-à-dire d'abord ses preuves.
  • Voyage dans la pensée baroque in la Nouvelle Atlantide, Michèle Le Dœuff et Margaret LLasera, éd. Payot, 1983, p. 102


Je n'ai aucun goût personnel pour la discipline excessive ou pour la répression ; c'est pourquoi je n'ai jamais écrit de roman sur l'Utopie, contrairement à la quasi-totalité de la race humaine pécheresse qui, de notre temps, a écrit n'importe quoi. Utopie me paraît toujours signifier discipline excessive plutôt qu'émancipation, répression plutôt que développement.


La faiblesse de toutes les Utopies réside en ce qu'elles considèrent comme surmontée la plus grande difficulté de l'homme et traitent ensuite savamment de la manière de surmonter les petites. Elles supposent d'abord qu'aucun être ne désirera plus que sa part et se montrent ensuite fort ingénieuses pour expliquer de quelle façon sa part lui sera remise, par automobile ou par ballon.


Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins « parfaite » et plus libre.
  • Le Meilleur des mondes (1932), Aldous Huxley (trad. Jules Castier), éd. Plon, coll. « Presses Pocket », 1977  (ISBN 2-266-02310-1), p. 5


Allan Bloom

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L’esprit de radicalité entourant une réforme ou une révolution est mis à mal dès l’instant que sa fin peut être remise en question. Si le désir infini de justice sur terre n’est que de l’ordre du rêve ou de la prière, le sang versé en son nom ne relève plus de l’idéalisme mais de l’action criminelle. Le communisme ou le fascisme mènent des révolutions au nom de régimes parfaits supposés en découler. Qu’importe la mort présente de quelques millions d’hommes si l’on peut être sûr que des générations sans nombre récolteront les fruits de la justice ? […] Socrate édifie son utopie pour pointer les dangers de ce que l’on pourrait nommer « l’utopisme » ; elle constitue donc la plus grande critique jamais écrite de l’idéalisme politique.
  • La Cité et son ombre (1968), Allan Bloom (trad. Étienne Helmer), éd. Le Félin, coll. « Les marches du temps », 2006  (ISBN 2-86645-637-8), p. 161-162


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