Paris

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Tour eiffel au lever du soleil.

Paris est une ville française, capitale de la France et le chef-lieu de la région d'Île-de-France. Cette ville est construite sur une boucle de la Seine, au centre du bassin parisien, entre les confluents de la Marne et de la Seine en amont, et de l'Oise et de la Seine en aval. Ses habitants sont appelés les Parisiens.

Connue dans le monde entier pour ses monuments et sa vie artistique et culturelle, Paris est aussi une ville importante dans l'histoire mondiale, un centre politique et économique majeur, ainsi qu'un point de passage pour les transports internationaux. Paris est la capitale mondiale de la mode et du luxe.


Littérature[modifier]

Correspondance[modifier]

Giuseppe Verdi, Correspondance, 1847[modifier]

Si vous ne le dites à personne, je vous avouerai que je n'aime pas Paris, et que j'ai une antipathie mortelle pour les boulevards, car on y rencontre des amis, des ennemis, des prêtres, des moines, des soldats, des espions, des tapeurs, bref de tout un peu : je fais tout mon possible pour les éviter toujours.
  • Septembre 1847. Par la suite, Verdi se montrera beaucoup plus élogieux, voire enthousiaste, vis-à-vis de la ville lumière.
  • Verdi. Autobiographie à travers la correspondance. (1941), Aldo Oberdorfer (trad. Sibylle Zavriew), éd. J. C. Lattès, 1984, p. 86 et 88


Bela Bartok, Correspondance, 1905[modifier]

Je suis venu à Paris, cette ville divine sans dieu. On ne peut décrire cela, il faut voir combien de beauté, combien de belles choses il y a ici, au centre du monde.
  • Bela Bartok. Musique de la vie, Philippe A. Autexier., éd. Stock, 1981, p. 25


Critique[modifier]

Louis Aragon, in Littérature n°8, 1919[modifier]

Voici des années mortes. On vit au jour le jour. De temps à autre, on tourne la page et ce qu'on lit au verso n'est pas pour effrayer. A force de monter les escaliers et de les descendre, je me suis fait une philosophie. Quelques pays, quelques amis : tout passe, et parfois il y a des colères bleues, des injures, des gifles, un peu de sang sur les doigts. Mais ce qui revient toujours, c'est le décor de Paris que traversent la Seine et le métropolitain comme deux poignards tatoués.
  • Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton. Elle expose les propos critiques de Louis Aragon dans une rubrique qu'il lui avait été attribuée dans ce numéro. Il avait choisi notamment de commenter le recueil Dix-neuf poèmes élastiques de Blaise Cendrars dont il est question ici.


Essai[modifier]

Heinrich Heine, De la France, 1833[modifier]

Paris est à proprement dire toute la France. Celle-ci n'est que la grande banlieue de Paris. Sauf ses belles campagnes, et les aimables qualités de ses habitans, en général, toute la France est déserte, déserte au moins sous le rapport intellectuel. […] La France ressemble à un jardin où l'on a cueilli les plus belles fleurs pour les réunir en bouquet, et ce bouquet s'appelle Paris. Il est vrai que son parfum n'a plus aujourd'hui autant de puissance qu'après ces journées fleuries de juillet, quand tous les peuples en étaient entêtés. Pourtant , il est encore assez beau pour briller comme un bouquet de fiancée au sein de l'Europe. Paris n'est pas la capitale de la France seule, mais bien de tout le monde civilisé ; c'est le rendez-vous de ses notabilités intellectuelles. Ici est rassemblé tout ce qui est grand par l'amour ou par la haine, par le sentiment comme par la pensée, par le savoir ou par la puissance, par le bonheur comme par le malheur, par l'avenir ou par le passé. Quand on considère la réunion d'hommes distingués ou célèbres qu'on y trouve, Paris nous apparaît comme un Panthéon des vivans.
  • De la France, Heinrich Heine, éd. Eugène Renduel, 1833, p. 82-83


Je me souvenais du vieux proverbe : « Quand le bon Dieu s'ennuie dans le ciel, il ouvre la fenêtre , et regarde les boulevarts de Paris. » Il me sembla seulement qu'il y avait plus de gendarmerie qu'il n'en fallait pour un jour de joie innocente.
  • Orthographe d'origine.
  • De la France, Heinrich Heine, éd. Eugène Renduel, 183, p. 118


Le pont des Arts et le pont Neuf, deux des plus célèbres ponts de Paris.

Pierre Bourgeade, Les Parisiens, 1983[modifier]

À Paris, on ne vit pas, on se survit. C’est pourquoi la passion des femmes y est si puissante, le désir de la chair si vif : on a toujours la sensation que s’écoule la dernière seconde où la femme est encore à portée de nos mains… où le ciel est visible au-dessus des marronniers… où l’univers conserve un semblant d’apparence avant de s’anéantir.
  • « Les Parisiens », Pierre Bourgeade, Nota Bene, nº 11, Hiver 1983, p. 88


Prose poétique[modifier]

Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869[modifier]

Mais voici bien autre chose. Descendons un peu plus bas. Contemplons un de ces êtres mystérieux, vivant, pour ainsi dire, des déjections des grandes villes; car il y a de singuliers métiers, le nombre en est immense. J'ai quelquefois pensé avec terreur qu'il y avait des métiers qui ne comportaient aucune joie, des métiers sans plaisir, des fatigues sans soulagement, des douleurs sans compensation, je me trompais. Voici un homme chargé de ramasser les débris d'une journée de la capitale. Tout ce que la grande cité a rejeté, tout ce qu'elle a perdu, tout ce qu'elle a dédaigné, tout ce qu'elle a brisé, il le catalogue, il le collectionne. Il compulse les archives de la débauche, le capharnaum des rebuts. Il fait un triage, un choix intelligent; il ramasse, comme un avare un trésor, les ordures qui, remâchées par la divinité de l'Industrie, deviendront des objets d'utilité ou de jouissance.


Francis Picabia, Histoire de voir, 1922[modifier]

Paris est plus grand que Picabia mais Picabia est la capitale de Paris ; Breton est un grand fleuve de tabac turc et la mer se jette dans ce fleuve pour monter vers l'Infini.
  • « Histoire de voir », Francis Picabia, Littérature Nouvelle Série, nº 6, Novembre 1922, p. 17


André Breton, Poisson soluble, 1924[modifier]

Le paysage de Paris rossignol du monde variait de minute en minute et parmi les cires de ses coiffeurs élançait ses jolis arbres printaniers, pareils à l'inclinaison de l'âme sur l'horizon.


Récit de voyage[modifier]

Guy de Maupassant, La Vie errante, 1890[modifier]

La Côte italienne

Entrez dans les vieux palais de Gênes, vous y verrez une succession de cours d’honneur à galeries et à colonnades et d’escaliers de marbre incroyablement beaux, tous différemment dessinés et conçus par de vrais artistes, pour des hommes au regard instruit et difficile.
Entrez dans les anciens châteaux de France, vous y trouverez les mêmes efforts vers l’incessante rénovation du style et de l’ornement.
Entrez ensuite dans les plus riches demeures du Paris actuel, vous y admirerez de curieux objets anciens soigneusement catalogués, étiquetés, exposés sous verre suivant leur valeur connue, cotée, affirmée par des experts, mais pas une fois vous ne resterez surpris par l’originale et neuve invention des différentes parties de la demeure elle-même.

  • La Vie errante, Guy de Maupassant, éd. P. Ollendorff, 1890, La Côte italienne, p. 35


Roman[modifier]

Michel Déon, Les Gens de la nuit, 1958[modifier]

Le Paris de l’aube hésite entre le sordide et le glorieux. Il faut être son amant depuis longtemps pour n’en pas être déçu. Je décidai de le devenir.


À ma fenêtre, comme la veille, je me suis attardé encore un moment à épier la nuit de Paris que j’allais bientôt quitter. Des vies ténébreuses et des vies claires s’y heurtaient. Si grande que fût, à cette heure, ma tristesse, rien ne pouvait m’empêcher de penser que nulle part ailleurs je ne trouverais cette minute de vérité, cette seconde d’exaltation qui vous empoignent quand la ville se secoue et rejette son manteau d’ombres : façades grises et boulevards jalonnés de poubelles, mais aussi Notre-Dame et la Sainte-Chapelle profilées sur un ciel cotonneux. Voilà les murs qui cachent nos peines et nos plaisirs. Ils les cachent bien.


François Rabelais, Pantagruel, 1542 (éd. de François Juste)[modifier]

Ce faict, vint à Paris avec ses gens. Et à son entrée, tout le monde sortit hors pour le veoir, comme vous sçavez bien que le peuple de Paris est sot par nature, par béquarre et par bémol, et le regardoyent en grand esbahyssement, et non sans grande peur qu'il n'emportast le Palais ailleurs, en quelque pays a remotis, comme son père avoit emporté les campanes de Nostre Dame, pour atacher au col de sa jument.


Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831[modifier]

Nos pères avaient un Paris de pierre ; nos fils auront un Paris de plâtre.
  • Notre-Dame de Paris, Victor Hugo, éd. Renduel, 1836, p. 308


Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835[modifier]

Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n'en connaîtrez jamais la profondeur. Parcourez-le, décrivez-le : quelque soin que vous mettiez à le parcourir, à le décrire ; quelques nombreux et intéressés que soient les explorateurs de cette mer, il s'y rencontrera toujours un lieu vierge, un antre inconnu, des fleurs, des perles, des monstres, quelque chose d'inouï, oublié par les plongeurs littéraires.
  • Le Père Goriot, dans La Comédie humaine, III (1835), Honoré de Balzac, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1976, p. 50


Hippolyte Taine, Notes sur Paris : vie et opinions de Frédéric-Thomas Graindorge, 1867[modifier]

Des gens du monde qui vivent pour le plaisir et l'attrapent une fois sur dix, des bourgeois qui courent après sans l'atteindre, des filles et une populace interlope qui le vendent ou le filoutent : voilà Paris. Un seul but : jouir et paraître.
  • Notes sur Paris : vie et opinions de Frédéric-Thomas Graindorge, Hippolyte Taine, éd. Hachette, 1867, p. 13


L'honnête homme à Paris ment dix fois par jour, l'honnête femme vingt fois par jour, l'homme du monde cent fois par jour. On n'a jamais pu compter combien de fois par jour ment une femme du monde.
  • Notes sur Paris : vie et opinions de Frédéric-Thomas Graindorge, Hippolyte Taine, éd. Hachette, 1867, p. 57


Victor Hugo, Quatrevingt-treize, 1874[modifier]

MARAT : Le jour où Marat mourra, il n’y aura plus de Paris, et le jour où Paris périra, il n’y aura plus de République.
  • Quatrevingt-treize (1874), Victor Hugo, éd. Seuil, coll. « L'Intégrale », 1963, partie II (« À Paris »), chap. I (« La Convention »), livre troisième (« La Convention »), p. 471 (texte intégral sur Wikisource)


James Joyce, Ulysse, 1922[modifier]

Paris s'éveille débraillé, une lumière crue dans ses rues citron. La pulpe moite des croissants fumants, l'absinthe couleur de rainette, son encens matinal, flattent l'atmosphère, Belluomo quitte le lit de la femme de l'amant de sa femme, la ménagère s'ébranle, un mouchoir sur sa tête, une soucoupe d'acide acétique à la main. Chez Rodot, Yvonne et Madeleine refont leur beauté fripée, dents aurifiées qui broient des chaussons, bouche jaunie par le pus du flanc breton.


Son regard méditatif s'était posé sur les bouts carrés de ses bottines. Laissés-pour-compte nebeneinander d'un copain chic. Il comptait les sillons du cuir crevassé dans lequel le pied d'un autre s'était niché au chaud. Pied qui frappe le sol avec l'arrogance d'un pontife. Pied que j'aversionne. Mais quel n'était pas ton ravissement de voir que tu pouvais mettre le soulier d'Esther Osvalt : c'est à Paris que je l'ai connue. Tiens, quel petit pied ! Ami solide, âme fraternelle : amour à la Wilde qui n'ose pas dire son nom.


Jules Renard, Journal, 1887-1910, 1925[modifier]

Ajoutez deux lettres à Paris : c'est le paradis.
  • Journal, 1887-1910 (1925), Jules Renard, éd. Gallimard, 1965, p. 297


Maria Callas, Women's Wear Daily, 1958[modifier]

Paris dicte la mode au monde entier.
  • Grande nuit de l’Opéra (1958), Marie-Jacques Perrier, éd. Fairchild Publications, 1958, p. 19


Camille Saint-Saëns, Regards sur mes contemporains[modifier]

En revenant de New-York, Paris m'a fait l'effet d'un joli bibelot ; mais quelle joie de le revoir !


Philippe Djian, Lent dehors, 1991[modifier]

C'est une soirée très parisienne, avec de jolies femmes qui ne baissent pas les yeux. Mon mépris pour cette ville ne concerne pas les femmes. Ni les cafés. Ni les rues au petit matin. Ni la tombée de la nuit.


Marc Dugain, Ils vont tuer Robert Kennedy, 2017[modifier]

Paris, comme beaucoup d'autres métropoles, se laisse désirer en infligeant au visiteur la traversée d'interminables banlieues. Chacun y entretient une dignité entamée par une architecture regrettable qui, par endroits, intellectualise son propre échec. Je n'avais jamais vu une telle concentration d'indigence sauf peut-être dans certaines réserves indiennes, plus petites et tellement plus désolées.

  • Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2017, p. 64


Médias[modifier]

Presse[modifier]

Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1856[modifier]

L'Europe me suffit, disait [ Voltaire ] un peu impertinemment, je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l'envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s'opposent toujours à l'intérêt commun. Il croyait sincèrement à la décadence des lettres et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : La littérature n'est à présent qu'une espèce de brigandage. S'il y a encore quelques hommes de génie à Paris, ils sont persécutés. Les autres sont des corbeaux qui se disputent quelques plumes de cygne du siècle passé qu'ils ont volées et qu'ils ajustent comme ils peuvent à leurs queues noires.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 180


Musique[modifier]

Line Renaud[modifier]

Tu le reverras Paname, Paname, Paname,
La tour Eiffel, la place blanche, Notre-Dame,
Les boulevards et les belles madames,
Tu le reverras Paname, Paname, Paname,
Le métro, le bistrot où tu prenais l'apéro après le boulot,
Comme c'est loin, tout ça,
Mais tu le reverras Paname !

  • Tu le reverras Paname / Il s'appelait Boudou badabou / It's a Long Way to Tipperary / Mademoiselle from Armentières (Remasterisé en 2013), Loulou Gasté, Line Renaud, album Line Renaud. Mon bonheur (2018 (réédition) chez Parlophone France).


Claude Nougaro, Paris mai, 1968[modifier]

Mai, mai, mai, Paris mai,
Mai, mai, mai, Paris !

  • Refrain de Paris mai qui évoque la période de mai 1968.
  • Paris mai, Claude Nougaro (paroles), chant traditionnel (musique), Eddy Louiss (arrangements), Claude Nougaro (1968 chez Philips).


Allain Leprest, Saint Max, 1988[modifier]

Les ponts vont en troupeau
Et sous le Mirabeau
Coulent des hydrocarbures
Tout le monde en voiture
Paris est un crapeau

  • Saint Max, Allain Leprest, Allain Leprest, album 2 (1988).


Mireille Mathieu, Paris colère, 1966[modifier]

Que l'on touche à la liberté
Et Paris se met en colère !

  • Paris en colère, Maurice Vidalin (paroles), Maurice Jarre (musique), Mireille Mathieu, album Paris brûle-t-il ? (1966 chez Barclay).


Jacques Higelin, Paradis païen, 1998[modifier]

Les accords
D'l'accordéon désaccordé du beau Léon
Me filent à fleur de peau
Des nappes de langueur,
Des vagues de frissons,
Et dans c'vieux décor
Illuminé par les tubes au néon,
Je noie mon mal d'amour
Dans les bras du Paname
Encerclés par les tours

  • L'accordéon désaccordé, Jacques Higelin, Jacques Higelin, album Paradis païen (1998 chez Warner Music France).


Mais qu'est-ce qu'ils t'ont pas fait
Mon Paris, ma canaille,
Tous ces démolisseurs
Qu'ont un pavé dans l'cœur
Et des s'melles en béton

  • L'accordéon désaccordé, Jacques Higelin, Jacques Higelin, album Paradis païen (1998 chez Warner Music France).


Propos de moraliste[modifier]

Honoré de Balzac, Les Français peints par eux-mêmes, 1841[modifier]

Otez le Rentier, vous supprimez en quelque sorte l'ombre dans le tableau social, la Physionomie de Paris y perd ses traits caractéristiques.
  • Les Français peints par eux-mêmes, Honoré de Balzac, éd. Curmer, 1841, t. 3, p. 4

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