Passion

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En philosophie, une passion désigne une inclination non maîtrisable.

Paul Klee, Journal, 1957[modifier]

Travail plutôt préparatoire. Un Oiseau Phénix. Un homme brandissant les poings serrés, en forme de ramure. Et un autre à qui pousse une denture de fauve dans un moment de passion.


Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922[modifier]

Rrose Sélavy propose que la pourriture des passions devienne la nourriture des nations.
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 17


Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926[modifier]

Une couleur madame

Une couleur madame, une couleur monsieur,
Une aux seins, une aux cheveux,
La bouche des passions
Et si vous voyez rouge
La plus belle est à vos genoux.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Les petits justes, IV. Une couleur madame, p. 80


Cachée

Le jardinage est la passion, belle bête de jardinier.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Cachée, p. 100


Joyce Mansour, Le Désir du désir sans fin, 1963[modifier]

Ici un lapin passait naguère
Sa vie errante souple et flottante
Sur le candélabre de l'inaction
Aux sept branches de supplices
Aux homélies anciennes
Sauvez-moi cria-t-il du haut de sa passion.

  • « Le désir du désir sans fin », Joyce Mansour, La Brèche, nº 5, Octobre 1963, p. 5


Marie d'Agoult, Nélida, 1866[modifier]

Ô vous qui avez bu à la coupe d'ivresse, vous vous plaignez qu'elle se soit brisée dans vos mains, et que les éclats de son pur cristal vous aient fait des blessures inguérissables ! Âmes lâches ! cœurs pusillanimes ! n'insultez pas à votre infortune, elle est sacrée. Vous êtes les élus du destin ; vous avez approché Dieu autant qu'il est donné à la faiblesse humaine ; vous avez sondé, dans vos joies et dans vos douleurs, dans vos désespoirs et dans vos extases, tout le mystère de la vie.


Novalis, Hymne à la nuit, 1800[modifier]

Je sens en moi une grande fatigue, mon pélerinage jusqu’au saint tombeau a été long et pénible ; mais celui qui a une fois goûté la boisson salutaire que l’homme sensuel ne peut connaître, celui qui s’est assis aux limites du monde, et qui a porté les yeux dans la nouvelle contrée, dans le domaine de la nuit, celui-là ne retournera plus au milieu des passions qui occupent les hommes, dans la terre où la lumière ramène toujours l’inquiétude. Il se bâtit sa demeure à lui, sa demeure où la paix habite, où il garde ses désirs et son amour, et d’où il élève ses regards en haut jusqu’à ce que la dernière heure sonne pour lui.
  • « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 235


Comte de Lautréamont, Poésies, 1870[modifier]

Décrire les passions n'est rien ; il suffit de naître un peu chacal, un peu vautour, un peu panthère.


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927[modifier]

L’éponge sacrée qui s’aplatit au creux des omoplates et à la naissance des seins, sur le cou et sur la taille, à la naissance des reins et sur le triangle des cuisses, qui disparaît entre les fesses musclées et dans le ténébreux couloir de la passion, qui s’écrase et sanglote sous les pieds nus des femmes.


Littérature, Enquête — Pourquoi écrivez-vous ?, 1919[modifier]

Pourquoi j'écris ? Pour essayer de voir plus clair en moi et pour regarder avec plus de passion attentive les spectacles de beauté. Par besoin de formuler pour soi-même mes émotions et de combattre pour mes idées, par amour des mots vivants clairs et colorés de la langue francaise, par goût de l'action libre. Car il n'est aucun mode d'expression qui donne aussi bien le sentiment de la pleine liberté. Devant son papier blanc, l'écrivain a la joie et la fierté de sentir qu'il ne dépend que de lui-même. Et c'est une des plus nobles joies.
  • George Lecomte, Président de la Société des Gens de Lettres, donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
  • « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », George Lecomte, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 23


Maxime Rovere, La joie, mode d'emploi, 2010[modifier]

Un affect n'apparaît comme une passion que si et seulement si l'Esprit qui le considère (autrement dit, le soi-disant observateur) ne connaît pas la cause qui produit en lui cet affect. Autrement dit, les passions que décrit Spinoza n'existent positivement pas, elles n'ont de sens que relativement à celui qui les pense. La force de L'Ethique n'est donc pas d'énoncer des vérités sur la nature et les passions humaines, mais de suivre leur mécanique subjective pour faire progressivement évoluer le lecteur. Car, si l'on commence à comprendre comment fonctionne une passion, elle deviendra une action (L'Ethique, V, 3) !

  • Cette citation provient d'un dossier coordonné par Maxime Rovere concernant la philosophie spinozienne.
  • « La joie, mode d'emploi », Maxime Rovere, Le Magazine Littéraire, nº 493, Janvier 2010, p. 68


Pour être heureux, il faut nous libérer de la passion. Et, comme il n'y a de passion que par erreur, il faut nous libérer de l'erreur.

  • Cette citation provient d'un dossier coordonné par Maxime Rovere concernant la philosophie spinozienne.
  • « La joie, mode d'emploi », Maxime Rovere, Le Magazine Littéraire, nº 493, Janvier 2010, p. 69


Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953[modifier]

[...] la femme ne peut devenir une que lorsqu'elle a pleinement conscience des possibilités qui sommeillent dans sa propre nature, qu'elle a éprouvé ce que c'est que d'être enflammée par la passion charnelle et spirituelle et qu'elle a consacré ses facultés au service du dieu de l'instinct. Alors, lorsque l'énergie divine, impersonnelle s'est éveillée en elle, elle parvient à la chasteté de l'âme, à l'unicité ou intégrité de son être, en dédiant son émotion la plus profonde aux dieux de l'instinct, quel que soit le nom qu'elle leur donne.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. X. Le mariage sacré, p. 234


Interview de Michel Tournier[modifier]

C'est un processus courant : les êtres jeunes et vierges peuvent avoir un certain dégoût, mêlé de curiosité, à l'égard de l'érotisme et de la sexualité. Et puis ça se transforme peu à peu en une véritable passion.
  • Michel Tournier, Comment l'entendez-vous ?, Claude Maupomé, France Musique, 25 décembre 1980