Colette Chiland

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Colette Chiland, née le 6 février 1928 et morte le 16 septembre 2016, est une psychiatre et psychanalyste française décriée par les associations de défense de la cause trans. Son influence sur les équipes hospitalières de prise en charge des personnes trans en France a été majeure.

Travaux sur le transsexualisme[modifier]

À propos des personnes trans : « tous souffrent »[modifier]

Ils [les transexuels] ont en commun de ne pas se reconnaître comme malades mentaux, ni même comme malades. S’ils consultent un médecin, c’est qu’ils ont besoin de lui pour restituer leur vrai corps. Mais ils devront permettre qu’on les nomme patients, car tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu'ils finissent par entraîner les médecins dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d'eux au finish ce qu'ils ont décidé d'obtenir.


Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils émeuvent médecins et grand public.
  • Changer de sexe, illusion et réalité, Colette Chiland, éd. Odile Jacob, 2011  (ISBN 978-2-7381-9932-4), p. 67


En analyse[modifier]

Les transsexuels ne se prêtent pas volontiers à l'exploration de leur psychisme et veulent passer à l'acte le plus rapidement possible. Après coup, les patients reconnaîtront éventuellement que ce temps n'a pas été inutile.
  • Le Transsexualisme, Colette Chiland, éd. Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2003  (ISBN 2-13-053675-1), p. 64


Être un homme[modifier]

J’aurais du mal à considérer comme un homme celui qui ne serait pas — virtuellement — capable de me pénétrer.
  • Passage supprimé dans l’édition de 2011.


Dans les relations sexuelles, l’un doit pénétrer, l’autre se laisser pénétrer, être réceptif. Les sociétés brodent des figures diverses sur le thème : l’homme doit faire ses preuves (rites de passage divers), la femme attendre (ses règles, un mari, des enfants, la ménopause).
  • « Problèmes posés aux psychanalystes par les transsexuels », Colette Chiland, Revue française de psychanalyse, vol. 69 nº 2, 2005  (ISBN 978-2-13-055132-4), p. 318 (lire en ligne)


Comment une femme peut-elle considérer un homme sans verge comme un homme? On reprochera à cette question de se situer dans la culture binaire et hétérosexuelle. Mais on pourrait reprocher à la culture LGBTIQ d'être hétérophobe...
  • Changer de sexe, illusion et réalité, Colette Chiland, éd. Odile Jacob, 2011  (ISBN 978-2-7381-9932-4), p. 110


« Il n'est pas question qu'un transsexuel mâle biologique soit féministe »[modifier]

Il n'est pas question qu'un transsexuel mâle biologique soit féministe, il ne peut que se conformer d'une manière caricaturale aux stéréotypes sociaux pour se faire reconnaître comme femme (et vice versa). Le discours des transsexuels interrogés sur ce qu'est la masculinité ou la féminité est remarquablement pauvre et conformiste.


À propos de la proposition de Judith Butler de supprimer les distinctions de sexe[modifier]

La solution militante est que les mesures prises pour les minorités deviennent la loi générale. On peut adopter une direction différente et proposer un travail incessant d’information et de décentration culturelle. Aller à contre-courant de l’ethnocentrisme sera, certes, plus difficile que l’intoxication par des propagandes qui vont dans le sens de l’ethnocentrisme : songeons aux nazis qui ont réussi à faire adhérer presque tout un peuple à l’idéologie raciste.
  • « Les Mots et les Réalités », Colette Chiland, L’information psychiatrique, vol. 87 nº 4, 2011, p. 261-267 (lire en ligne)


Sur la binarité des sexes[modifier]

Le genre est arbitraire. Mais la distinction des sexes n’est pas inventée par la société pour justifier les relations de pouvoir, la domination exercée séculairement par les hommes sur les femmes, comme le veut tout un courant de pensée, illustré notamment par Judith Butler.
  • Changer de sexe : illusion et réalité (1997), Colette Chiland, éd. Odile Jacob, 2011  (ISBN 978-2-7381-2451-7), partie Avant-propos, p. 13


Ce qui donne un fondement à la binarité des sexes, c’est la nécessité d’un mâle et d’une femelle, au moins d’une cellule mâle et d’une cellule femelle, pour procréer un nouvel être humain. La différence qu’on ne peut supprimer entre mâle et femelle tient à leur situation par rapport à la procréation et, du même coup a leur position dans le coït et à leurs organes génitaux. Nul n’est obligé de procréer dans notre société ; mais, si l’on veut un enfant, en dehors du clonage, il faut en passer par la reconnaissance de la binarité des sexes, soit que nous fabriquions l’enfant nous-mêmes, soit que d’autres, ou peut-être un utérus artificiel, l’aient fabriqué pour nous.
  • Changer de sexe : illusion et réalité (1997), Colette Chiland, éd. Odile Jacob, 2011  (ISBN 978-2-7381-2451-7), chap. 4. Il n’y a pas d’essence du masculin et d’essence du féminin, p. 99-100


À propos des associations de personnes trans[modifier]

Depuis quelques années, s’est développé un mouvement « transgenre » ou « trans » qui se définit comme n’ayant plus rien à voir avec les transsexuels calmes, bien élevés et cachés, attendant poliment que des juges et des professionnels médicaux libéraux leur donnent le traitement bien-faisant dont ils avaient besoin pour poursuivre leur vie dans l’ombre de la société normale.
  • « D’un sexe à l’autre », Colette Chiland, Pour la Science, vol. 350 nº 12, 2006, p. 96-99 (lire en ligne)


Citations d'autres auteurs, la concernant[modifier]

Les propos de Colette Chiland illustrent ce que Sándor Ferenczi (1873-1933) écrivait en 1932 à propos de l'hypocrisie des professionnels du soin: « Une grande part de la critique refoulée concerne ce que l'on pourrait appeler l'hypocrisie professionnelle. Nous accueillons poliment le patient quand il entre, (...) nous lui promettons (...) de consacrer tout notre intérêt à son bien-être et au travail de l'élucidation. En réalité, il se peut que certains traits externes et internes du patient nous soient difficilement supportables. » Cette hypocrisie professionnelle n'est pas réductible au seul contre-transfert. Il ne se rejoue pas un modèle relationnel préalable de la vie du thérapeute projeté sur le patient en situation thérapeutique. Il s'agit d'une véritable hostilité à l'égard des patients, liée à un rejet moral de la même nature que le racisme, et qui porte aujourd'hui un nom: la transphobie. Les manquements éthiques de ces thérapeutes qui continuent de recevoir des sujets transsexuels en parfaite connaissance de cause eu égard à leur hostilité sont gravissimes.


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