Aller au contenu

Charleville-Mézières

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.

Histoire

[modifier]

Robert Darnton, Bohème littéraire et Révolution, 1983

[modifier]

Le monde des libraires clandestins sous l'Ancien Régime

En 1765, d'Hémery avait démantelé un réseau de contrebandiers qui opérait dans tous les Pays-Bas et dans le nord de la France. Le nom de Gerlache se trouve en tête de la liste des « colporteurs et distributeurs de mauvais livres » contenue dans le rapport que d'Hémery avait adressé au lieutenant général de la police à Paris :
« Gerlache, connu depuis longtemps pour colporteur et poursuivi comme tel, vient d'établir sa résidence à Thionville. Plongé dans l'égout du Parnasse dont il tire son aliment, il s'efforce d'en ranimer tous les insectes. Leur essaim couvre déjà les frontières et menace de se répandre dans tout le royaume.
Bonin établi à Huy près de Liège lui fournit toutes sortes de mauvais livres. Un de ses associés, libraire hollandais à Longwy, lui en fournit aussi des plus rares. Enfin, tout ce que la presse licencieuse de Hollande enfante de plus monstrueux et de plus infâme lui est envoyé par les correspondances qu'il a dans ce pays-là.
Jean Henry, autre associé de Gerlache et autrefois colporteur à Paris,tient un entrepôt de toutes ces horreurs à Charleville.
Selon les relations qui viennent de ces pays-là, ils sont au moins sept à huit dispersés et errants, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, où ils ne font que paraître et disparaître, couvrant leur marche avec beaucoup de soin, comme fugitifs et vagabonds. Les principales villes qu'ils infectent sont Charleville, Longwy, Thionville, Huy près de Liège, Verdun, Etain, Sedan. »

  • Bohème littéraire et Révolution (1983), Robert Darnton (trad. Éric de Grolier), éd. Gallimard, coll. « Tel », 2010  (ISBN 978-2-07-012788-7), partie 5. Le monde des libraires clandestins sous l'Ancien Régime, chap. II. Marginalité et mobilité, p. 139


Littérature

[modifier]

Correspondance

[modifier]

Jules Mary, Arthur Rimbaud vu par Jules Mary, 1919

[modifier]
J'étais au séminaire de Charleville dont les classes étaient communes avec celles du collège, lorsque je fis la connaissance de Rimbaud. Tout de suite nous fûmes très liés, malgré notre rivalité de forts en thème. Nous avions le même goût excessif de lecture. Et ce goût, comme il est juste, nous faisait rechercher de préférence les livres qui n'avaient rien de classique. Pendant qu'à l'étude ou au dortoir j'écrivais au crayon mes premiers romans, il écrivait ses premiers vers. Il était externe et m'apportait de chez lui Lamartine, Musset, Hugo, sans compter Daphnis et Chloë, et la traduction des Comédies d'Aristophane où nous traduisions, à notre tour, non sans trouble, les commentaires latins qui accompagnent le texte français [...]. Au collège, par une cristallisation dont, même à cette distance, je ne puis bien déterminer les causes, ce frêle garçon, au large regard, nous étonnait et passait, pour ainsi dire, au-dessus de nous. Sa réputation se faisait hors de notre classe et, du dehors, y rejaillissait. Je suis surpris qu'aucune pièce de vers n'ait couru parmi nous sous le manteau, que nous aurions apprise par cœur et cependant nous savions qu'il était poète.
  • « Arthur Rimbaud vu par Jules Mary », Jules Mary, Littérature, nº 8, Octobre 1919, p. 23


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :