Marseille a été fondée vers 600 av. J.-C. par des marins grecs originaires de Phocée. La ville est aujourd’hui le premier port français et méditerranéen et le cinquième port européen.
Histoire
Bien sûr, une silhouette manque à cet horizon de toits hérissés et de tours, d'antennes hertziennes et paraboliques, de clochers et de balcons, de canisses et de béton. Ce n'est pas une ville italienne constellée de dômes, mais bien une ville d'Afrique et ces Maghrébins jeunes et moins jeunes assis sur les marches, à deux pas du quartier où la communauté nord-africaine fait ses emplettes, de cette annexe de Barbès ou des souks de Marrakech, doivent ressentir la même chose que moi. N'en déplaise aux grincheux, aux racistes, un minaret aurait toute sa place dans ce décor. Il est presque là, virtuel, et c'est son absence qui choque, comme si on l'avait effacé. Marseille n'aura jamais la beauté, la grâce, la magnificence d'Istanbul. Mais je songe à Sainte-
Sophie et à la Mosquée bleue et me demande ce que cette ville a manqué pour ne pas avoir su préserver ses monuments, ses lieux de culte et rassembler les cultures de ses enfants.
Le cosmopolitisme, souvent présenté comme une composante de l'identité marseillaise, s'affiche à la mort de Gaston Defferre, en 1986 : huit Marseillais aux origines familiales différentes sont chargés de porter son cercueil. Cette intégration fera figure de "révélation" lorsqu'en novembre 2005, la ville échappe aux émeutes urbaines que de Paris à Nice la plupart des autres villes connaissent. Aujourd'hui, la valorisation du métissage fabrique une nouvelle identité. C'est ce qu'exprime le slogan des supporters de l'OM, "Fier d'être Marseillais", qui permet à chacun de partager une histoire commune, celle de la ville d'accueil.
Marseille : histoire d'une ville, Régis Bertrand (dir.), éd. SCÉRÉN-CNDP-CRDP [Académie d'Aix-Marseille] : Ville de Marseille, coll. « Parcours d'histoire », 2012 (ISBN978-2-86614-551-4), "Fier d'être Marseillais", p. 222
Religion
Au regard de toutes les autres grandes villes françaises, Marseille se distingue par l’importance de sa population ayant un lien avec l’islam. Celle-ci n’est pas connue à travers les statistiques publiques, qui n’ont pas de catégorie de classement par religion. Cependant, une enquête réalisée en 2000–2001 parmi les lycéens en établissement public estime sa part à entre 30 et 40 %. Selon des sources informées, la Ville travaille avec le chiffre hypothétique de 30 % pour l’ensemble de la ville.
C'est à Marseille que je m'arrêtai d'abord. Tous les matins, j'allais prendre les bains de mer au Château-Vert, et j'apercevais de loin en nageant les îles riantes du golfe. Tous les jours aussi, je me rencontrais dans la baie azurée avec une jeune fille anglaise, dont le corps délié fendait l'eau verte auprès de moi. Cette fille des eaux, qui se nommait Octavie, vint un jour à moi toute glorieuse d'une pêche étrange qu'elle avait faite. Elle tenait dans ses blanches mains un poisson qu'elle me donna.
Les Filles du feu (1834), Gérard de Nerval, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1997 (ISBN2-8771-4348-1), partie Octavie, p. 182
Droit
Il n’y a pas de grand avocat, il n’y a que de grandes affaires.
Juré d’assises: Témoignage d’une expérience citoyenne et humaine, Pierre-Marie Abadie, éd. L’Harmattan, 2012, p. 36
Films
Tout part et vient d'ici, tu contestes ? Prépare ton testament gars. Belsunce, fleuron des quartiers phocéens. Coincés entre la gare et le vieux port, on n'est pas les plus à plaindre. À domicile comme à l'extérieur, on sévit sur les cafards comme le Baygon !
Et puis j’ai écouté la K7. Sacré Marseillais : ils avaient raison. Alors que le suprême NTM, qui allait devenir leur némésis dans la compétition rapologique, agitait la capitale avec un unique titre gravé sur une compilation, IAM proposait un album entier, enregistré en indépendant, et inventait un nouvel univers. Les planètes s'alignaient pour les natifs de Mars. Akhenaton et Shurik'n taillaient les mots, Kheops les découpait à la MK2, Imhotep construisait des pyramides sonores. Les morceaux s'insultaient « Vietnam », « Total Kheops », « The Real B-Side », « Soumis à l'État », « Red, Black, Green », « Il n'y a pas d'autre alternative ». Marseille était sur la carte du rap français.
M.A.R.S, Julient Valnet et Olivier Cachin (préface), éd. Wildproject, 2013 (ISBN978-2-918490-258), préface, p. 7
Imprégnez-vous de ces mots pour ne pas oublier. Ici on est Marseillais, bien avant d'être Français
IAM : Le livre, Gilles Rof, Stéphan Muntaner, Fred Guilledoux et Didier Deroin, éd. Soleil productions : Plein Sud, 1996 (ISBN9782877645492), chap. De la planète Marseille, p. 29
Tu vois c’team sur la grille de départ, c’est nous
Fiers passionnés, prêts à tout sauf plier les genoux.
Six mecs anodins, vaillants paladins
Six tueurs furtifs à l’esprit vif comme Aladin.
Unir nos compétences, c’était croiser nos destins
De cette alliance naquit une arme dont les mots sont les plus craints
Entre mortels tirades, et sanglantes ritournelles
Nos vers ont survolé le globe le rasant de leurs ailes
Nés d'une cité réputée pour ne pas fermer sa gueule
Marseillais, whé c’est vrai beaucoup trop d’orgueil!
Spartiate Spirit, IAM, IAM, album Arts Martiens (22 avril 2013 chez Def Jam).
Marseille est dans notre cœur. Notre ville fait évidement partie de l’identité d’IAM, elle en est même un élément central.
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 215
Nous parlions avec fierté de Marseille, mais sans chercher à l’embellir : nous la décrivions telle qu’elle était. « Les rues de goudron gris et sale ornées d’âpres trottoirs / Martelés pas les prostitués quand s’éveille le soir » : malheureusement rien à changer.
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 231
Ne pas voir Marseille s’améliorer n’est pas facile à digérer. À force d’être déçus, de ne pas constater de changement, de se dire que l’on n’en verrait pas de notre vivant et que nos enfants ne vivraient pas dans une ville plus belle, il y a eu des moments difficiles.
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 232
Le potentiel de Marseille est gigantesque, mais il n’est pas exploité : c’est la Belle au bois dormant, sauf que le prince est partie avec la caisse.
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 234
Il existe heureusement des choses qui rendent la vie plus légère à Marseille, comme l’OM. Quand le club était à son apogée, il y avait de la joie de vivre dans l’air, quelque chose qui rendait la ville plus heureuse. Peut-être un peu moins de violences, aussi.
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 236
Nous aimons beaucoup le football et l’Olympique de Marseille, mais nous en parlons assez rarement dans nos textes - car cela sonne sans doute comme une évidence pour nous. L’OM et le foot font partie de nos vies, de nos acquis, sans nous inspirer particulièrement. Il y’a quand même Le feu, dont le refrain, « Ce soir on vous met le feu », vient directement des travées du stade Vélodrome.
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 237
Marseillais, c'est ce que je suis. J'aime ma ville, sa diversité, son cosmopolitisme. Mon Marseille à moi est celui des quartiers nords où j'ai vu le jour, mais le cœur historique de la ville, c'est le Vieux-Port, dans le deuxième arrondissement, là où ont débarqué les parents de nombreux jeunes de ma génération, les miens compris : du Maghreb, d'Afrique noire mais aussi d'Europe. Si bien qu'aujourd'hui toutes les origines sont représentées parmi les habitants.
À Marseille, on est marseillais avant d'être français. Certains diront que c'est de l'orgueil, pour moi c'est surtout une question de fierté. Quand deux Marseillais qui ne se connaissent pas se croisent en dehors de Marseille, c'est-à-dire en terrain « hostile », il se passe quelque chose d'extraordinaire : ils se comportent comme s'ils étaient amis depuis toujours. Car nous considérons notre ville comme un monde à part, un peu coupé du reste du pays. Ses rues, son port, sa culture nous ravissent amplement. Nous désirons tellement êtres uniques que là où les étrangers voient un chat, nous, nous verrons un chien. Nous avons nos propres codes (l'importance de la famille, l'humilité, le respect des anciens), notre propre manière de nous habiller (méditerranéenne, très fashion) et notre propre langue — IAM avait d'ailleurs intégré une sorte de dictionnaire marseillais dans le livret de Planète Mars, en 1993.
Bonne Mère, garde le peuple marseillais Nous sommes seuls à oser t'appeler Bonne Mère, Malgré la réserve de ton Fils qui nous a appris Que Dieu seul est bon.
Bonne Mère, voici ton peuple : Ton regard circulaire, comme le phare de Planier, Brille de l'Estaque aux Calanques, Des îles du Frioul à la chaîne de l'Étoile Tu n'oublies personne dans ta ronde d'amour.[...]
J'avance comme un âne... Petits clins d’œil au Ciel et à la Terre, Card. Etchegaray, éd. L’Harmattan, 2006, p. 35
C’est la vue qu’il faut avoir à Marseille, le symbole de la ville, notre Empire State Building à nous ! C’est pour ça qu’elle apparaît dans nos textes : elle plane de sa bienveillance au-dessus de la ville. Tout marseillais y est déjà monté pour brûler un cierge... il y a quelque chose d’animiste dans notre rapport collectif à ce monument. Nous avons été éduqués comme cela. [...] Un peu partout dans la ville, même loin d’elle, on voit Notre-Dame de la Garde. Elle veille...
Entre la pierre la plume, IAM et Baptiste Bouthier, éd. Stock, 2020 (ISBN978-2-234-08934-1), chap. Marseille, p. 238-239