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Roman

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La Liseuse de Fragonard, vers 1770, conservée à la National Gallery of Art, Washington.

Le roman est un genre littéraire caractérisé pour l'essentiel par une narration fictionnelle plus ou moins longue, ce qui le distingue de la nouvelle.

[...] Toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité.
  • Le Colonel Chabert (1844), Honoré de Balzac, éd. Librio, juillet 2013, p. 96


Le roman est le récit d’une modification. Celle du personnage principal, le plus souvent, ou bien, s’il est un monstre d’indifférence, celle des personnages qui l’entourent. Quoi qu’il en soit, dans un roman, quelque chose s’est transformé à la fin.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 751


Plus il y a du mouvement, moins il y a de réflexion. On peut même dire que, chez les romanciers moyens, les aventures sont un substitut à l’analyse. Comme ils n’ont aucune idée de ce que peuvent être leurs personnages et ce qu’ils pourraient faire, ils les agitent. Un assassinat, une bombe, un viol, tout plutôt que de s’arrêter e de constater que son histoire ne sert à rien ! Et le roman fait des moulinets pour éviter de tomber dans le lac.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 751


Banalité ! Banalité ! Le voilà donc ce style sensuel ! La voici cette prose abondante. Qu’il y a loin de la plume à la bouche. Sois donc absurde, roman où je veux prétentieusement emprisonner mes aspirations robustes à l’amour, sois insuffisant, sois pauvre, sois décevant.


J'avais besoin d’œuvres qui fassent signe au-delà d'elles-mêmes. Et voici Kundera qui arrive et qui, sans avoir l'air d'y toucher, redistribue les rôles. Il assigne au roman la mission que je croyais réservée à quelques philosophes et, insensible au charme de la rupture, vacciné par son expérience historique contre la volonté de faire table rase du passé, il donne du modernisme une définition que je n'avais jamais entendue : «Avancer, par de nouvelles découvertes, sur la route héritée.»


Un roman ? Paquebot, jumbo jet, interminable rame de métro... Certaines places y sont réservées par priorité aux phrases enceintes ou mutilées de verbe. Fauteuils de première classe où les phrases les plus opulentes étirent à loisir leurs membres voisinent avec clapiers de classe touriste où trois personnages se disputent une étroite couchette, et tant de passagers à voyager sous de multiples passeports...
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 185


La voici qui enfin s'approche, palpe, gourmande, le parallélépipède dont le succès public dûment claironné lui garantit des jouissances paisibles et des pâmoisons prudentes
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 220


   Il y a le roman, et il y a l'histoire. D'avisés critiques ont considéré le roman comme de l'histoire qui aurait pu être, l'histoire comme un roman qui avait eu lieu. Il faut bien reconnaître, en effet, que l'art du romancier souvent emporte la créance, comme l'événement parfois la défie. Hélas ! certains sceptiques esprits nient le fait dès qu'il tranche sur l'ordinaire. Ce n'est pas pour eux que j'écris.


J'ai voulu écrire un roman, et pas des mémoires, parce que je considère que le roman dit la vérité alors que les mémoires la cachent.


Qu’on se représente une terre qui dévore ses habitants ; un ciel sans astres, où l’on ne voit que des éclairs ; un sol brûlé, où ne tombe aucune rosée ; enfin, un horizon d’airain, où les noms des plus belles choses retentissent en grondant, avec un son lugubre et creux : voilà le pays des romans. J’ai remarqué qu’un des plus beaux mots de la langue, le mot bonheur, y résonne comme sous les voûtes infernales ; celui de plaisir y est affreux. Il s’exhale de leurs pages une sensibilité malsaine et fausse. La jeunesse y apparaît comme un âge de feu, dévoré par sa propre flamme ; la beauté, comme une victime toujours destinée aux couteaux


Le roman n’examine pas la réalité mais l’existence. Et l’existence n’est pas ce qui s’est passé, l’existence est le champ des possibilités humaines.


Dans le roman, ô merveille, tout est permis. On peut tuer.
  • « Amélie Nothomb. La stupéfiante », Valérie Trierweiler, Paris Match (ISSN 0397-1635), nº 3299, du 9 au 15 août 2012, p. 5 à 7


La valeur très particulière du roman vient de ce qu'il propose à l'homme autre chose que des mots d'ordre politiques ou des revendications : des façons de sentir, de vivre en son for intérieur, de comprendre autrui, de se comprendre soi-même, d'aimer, de se passionner ; il va sans dire, répétons-le, que ces façons de vivre qui, élevées à la conscience, revêtent la forme d'une idéologie correspondent nécessairement au credo écrit ou non écrit de certaines classes sociales ; mais c'est d'une manière indirecte et lointaine, lâche en apparence, invisible à tout autre qu'à l'analyste.
  • Il s'agit d'une critique de certaines tendances de la littérature soviétique.
  • Littérature et révolution (1932), Victor Serge, éd. Maspéro, coll. « Petite collection Maspéro », 1976  (ISBN 2-7071-0812-X), chap. 6 (« Fonction idéologique de l'écrivain »), p. 28


Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé‚ d’être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laisse l’eau croupir et le bourbier se former.


On a tout essayé pour trouver du nouveau : le roman sans histoire, le roman sans personnages, le roman ennuyeux, le roman sans talent, peut-être même le roman sans texte. La bonne volonté a fait rage. Peine perdue, on n'est parvenu à créer que le roman sans lecteur. C'est un genre connu depuis longtemps !
  • La porte de Bath-Rabimm, Alexandre Vialatte, éd. Julliard, 1986, p. 153


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