Milan Kundera

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Milan Kundera (1980)

Milan Kundera (né le 1er avril 1929 à Brno, Tchécoslovaquie; aujourd'hui République tchèque - 2023) est un écrivain de langue tchèque et française. Né en ancienne Tchécoslovaquie, il a obtenu la nationalité française en 1981. Il a reçu le prix Médicis étranger en 1973 (pour son roman La vie est ailleurs), le prix de Jérusalem en 1985, le prix Aujourd'hui en 1993 (pour son essai Les testaments trahis), le prix Herder en 2000 et le Grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001.

La Plaisanterie (Žert), 1967[modifier]

Le maniement de la pensée féminine a ses règles inflexibles ; celui qui se met en tête de persuader une femme, de réfuter son point de vue à coups de bonnes raisons, a peu de chances d'aboutir. Il est bien plus judicieux de repérer l'image qu'elle veut donner d'elle-même (ses principes, idéaux, convictions), puis d'essayer d'établir (par sophismes) un rapport harmonieux entre ladite image et la conduite que nous souhaitons lui voir tenir.
  • La Plaisanterie (1967), Milan Kundera (trad. Marcel Aymonin révision par Claude Courtot et Milan Kundera), éd. Gallimard, Folio (n°638), 2001 réédité en 2007  (ISBN 2070366383), p. 273


Risibles Amours (Směšné lásky), 1968[modifier]

Toute la valeur de l'être humain tient à cette faculté de surpasser, d'être en dehors de soi, d'être en autrui et pour autrui.
  • Risibles Amours (1968), Milan Kundera (trad. François Kérel), éd. Folio, 1994  (ISBN 978-2070377022), partie Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts, p. 194-195


L'insoutenable légèreté de l'être (Nesnesitelná lehkost bytí), 1984[modifier]

J'ai toujours devant les yeux Tereza assise sur une souche, elle caresse la tête de Karénine et songe à la déroute de l'humanité. En même temps, une autre image m'apparaît : Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de cravache. Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots.

Ça se passait en 1889 et Nietzsche s'était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit : c'est précisément à ce moment-là que s'est déclarée sa maladie mentale. Mais, selon moi, c'est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification. Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes. Sa folie (donc son divorce d'avec l'humanité) commence à l'instant où il pleure sur le cheval.

Et c'est ce Nietzsche-là que j'aime, de même que j'aime Tereza, qui caresse sur ses genoux la tête d'un chien mortellement malade. Je les vois tous deux côte à côte : ils s'écartent tous deux de la route où l'humanité, « maître et possesseur de la nature », poursuit sa marche en avant.
  • L'insoutenable légèreté de l'être (1984), Milan Kundera (trad. François Kérel), éd. Gallimard, coll. « La Blanche, nrf », 1984  (ISBN 2-07-070072-0), p. 365-366


La Lenteur, 1995[modifier]

Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l'oubli.
  • La Lenteur (1995), Milan Kundera, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1997  (ISBN 2-07-040273-8), p. 51


L'ignorance, 2000[modifier]

Il n'attendait qu'une seule chose : qu'ils lui disent enfin : Raconte ! Et c'est le seul mot qu'ils ne lui dirent jamais. [...] Et ce trésor, il l'avait perdu et n'aurait pu le retrouver qu'en racontant.
  • L'ignorance (2000), Milan Kundera, éd. Gallimard, 2003  (ISBN 9782070769032), p. 37


Ça n'a aucun sens de leur raconter tout cela. Récemment encore, tout le monde se disputait, chacun voulant prouver qu'il avait souffert plus que l'autre sous l'ancien régime. Tout le monde voulait être reconnu victime.
  • L'ignorance (2000), Milan Kundera, éd. Gallimard, 2003  (ISBN 9782070769032), p. 43


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