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Intelligentsia

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Version datée du 25 avril 2019 à 17:47 par Lykos (discussion | contributions) (Jacques Julliard)
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L’intelligentsia désigne l’élite intellectuelle et artistique d’un pays ou d’une nation.

Fedor Dostoïevski

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[…] Pétersbourg n’est pas toute la Russie. Pour une énorme majorité du peuple russe Pétersbourg n’existe qu’en tant que résidence du Tzar. Or notre intelligence pétersbourgeoise, nous le savons, s’éloigne de plus en plus, de génération en génération, de la compréhension de la Russie, justement parce que, s’étant confiné dans son marais finnois, elle change de plus en plus d’opinion sur le pays. Mais jetez un coup d’œil hors de Pétersbourg et vous verrez l’océan des terres russes s’étendre à l’infini, énorme et insondable. Et les fils de Pétersbourg renient l’océan du peuple russe, le considèrent comme une chose stagnante et inconsciente. La Russie « est grande, mais bête » dit le proverbe. Elle n’est bonne qu’à nous entretenir. En revanche nous lui apprenons l’ordre et la raison d’état.
  • Интеллигенция (« intelligentsia ») est traduit dans cette édition par « intelligence ».
  • Journal d’un écrivain, Fedor Dostoïevski (trad. J.-Wladimir Bienstock et John-Antoine Nau), éd. Eugène Fasquelle, coll. « Bibliothèque-Charpentier », 1904, partie IV. Janvier 1881, III. Guérisons les racines, p. 616 (texte intégral sur Wikisource)


George Orwell

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[L]es intellectuels sont, par attitude, plus enclins au totalitarisme que les gens ordinaires. Dans l’ensemble, l’intelligentsia anglaise s’est opposée à Hitler, mais seulement au prix d’une soumission à Staline. La plupart d’entre eux sont parfaitement disposés à admettre les méthodes dictatoriales, la police secrète, la falsification systématique de l’histoire, etc., aussi longtemps qu’ils pensent que c’est de « notre » côté.
  • (en) [T]he intellectuals are more totalitarian in outlook than the common people. On the whole the English intelligentsia have opposed Hitler, but only at the price of accepting Stalin. Most of them are perfectly ready for dictatorial methods, secret police, systematic falsification of history etc. so long as they feel that it is on ‘our’ side.
  • Extrait d’une lettre à Noel Willmett datée du .
  • (en) George Orwell: A Life in Letters, Peter Davison (éd.) (trad. Wikiquote), éd. Liveright Publishing Corporation, 2013  (ISBN 978-0-87140-462-6), partie Journalism and the Death of Eileen: 1943-1945, p. 232


Noam Chomsky

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Ces gens-là sont appelés « intellectuels », mais il s’agit en réalité plutôt d’une sorte de prêtrise séculière, dont la tâche est de soutenir les vérités doctrinales de la société. Et sous cet angle-là, la population doit être contre les intellectuels, je pense que c’est une réaction saine.
  • Comprendre le pouvoir, premier mouvement, Noam Chomsky (propos mis en livre par Peter R. Mitchell et John Schoeffel) (trad. Thierry Vanès), éd. éditions Aden, 2006, p. 183


En France, si vous faites partie de l’élite intellectuelle et que vous toussez, on publie un article en première page du Monde. C’est une des raisons pour lesquelles la culture intellectuelle française est tellement burlesque : c’est comme Hollywood.
  • Comprendre le pouvoir, premier mouvement, Noam Chomsky (propos mis en livre par Peter R. Mitchell et John Schoeffel) (trad. Thierry Vanès), éd. éditions Aden, 2006, p. 183


Les intellectuels sont des spécialistes de la diffamation, ce sont fondamentalement des « commissaires politiques », des directeurs idéologiques, et ce sont donc eux qui se sentent le plus menacés par la dissidence.
  • Comprendre le pouvoir, deuxième mouvement, Noam Chomsky (propos mis en livre par Peter R. Mitchell et John Schoeffel) (trad. Hélène Hiessler), éd. éditions Aden, 2006, p. 184


Le boulot des intellectuels du courant dominant, c’est de servir en quelque sorte de « clergé laïque », de s’assurer du maintien de la foi doctrinale. Si vous remontez à une époque où l’Église dominait, c’est ce que faisait le clergé : c’étaient eux qui guettaient et traquaient l’hérésie. Et lorsque les sociétés sont devenues plus laïques […], les mêmes contrôles sont restés nécessaires : les institutions devaient continuer à se défendre, après tout, et si elles ne pouvaient pas le faire en brûlant les gens sur le bûcher […], il leur fallait trouver d’autres moyens. Petit à petit, cette responsabilité a été transférée vers la classe intellectuelle — être les gardiens de la vérité politique sacrée, des hommes de main en quelque sorte.
  • Comprendre le pouvoir, deuxième mouvement, Noam Chomsky (propos mis en livre par Peter R. Mitchell et John Schoeffel) (trad. Hélène Hiessler), éd. éditions Aden, 2006, p. 187


Jacques Julliard

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[L]’intelligentsia est devenue, depuis le début du XXe siècle, le vrai parti de la violence. Si elle préfère la Révolution à la réforme, ce n’est pas en dépit mais à cause de la violence. Sartre déplorait que la Révolution française n’ait pas assez guillotiné. Et si je devais établir la liste des intellectuels français qui ont adhéré au XXe siècle, les uns à la violence fasciste, les autres à la violence communiste, cette page n’y suffirait pas. […] Je laisse le soin aux psychologues et aux psychanalystes de rechercher, dans je ne sais quel réflexe de compensation, une explication de cette attirance des hommes de plume et de parole pour le sang, en un mot de leur préférence pour la violence.


Pages connexes

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