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Utilisateur:An insect photographer/brouillon

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.

Ebauche

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An insect photographer/brouillon est une romancière, nouvelliste et essayiste d'expression italienne, à l'identité mystérieuse, née selon sa propre biographie le à Naples. Elle tient à garder son identité secrète et par conséquent accorde uniquement, en quelques occasions, des interviews écrites. Lors de celles-ci, Elena Ferrante a affirmé être une femme, mère de famille, et que son œuvre était d'inspiration autobiographique.

Citations

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L'amie prodigieuse (tome 1)

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Voir le recueil de citations : L'amie prodigieuse
Je ne suis pas nostalgique de notre enfance, elle est pleine de violence. Il nous arrivait toutes sortes d'histoires, chez nous et à l'extérieur, jour après jour, mais je crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C'était la vie, un point c'est tout, nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.


Lila était trop pour quiconque. En outre elle n'offrait aucune prise à la bienveillance. Reconnaître combien elle était douée c'était, pour nous les enfants, admettre que nous n'y arriverions jamais et qu'il était inutile de rivaliser; pour les maîtres et maîtresses, c'était s'avouer qu'eux-mêmes avait été des enfants médiocres. Sa rapidité d'esprit tenait du sifflement, du jaillissement, de la morsure fatale.


Je sens encore la main de Lila qui saisit la mienne, et j'aime à penser qu'elle se décida à le faire non seulement parce qu'elle eut l'intuition que je n'aurais pas le courage d'arriver jusqu'au dernier étage, mais aussi parce qu'elle-même cherchait dans ce geste la force de continuer.


Sur ce, pourtant, c'est un roman qu'elle s'acheta avec l'argent de Don Achille : Les Quatre Filles du docteur March. Elle se décida parce qu'elle connaissait déjà ce livre, qui lui avait beaucoup plu. En quatrième année, Mme Oliviero nous avait donné, à nous les meilleures de la classe, des livres à lire. Elle était tombé sur Les Quatre Filles du docteur March avec, comme phrase accompagnatrice, la formule suivante :"C'est un livre pour les grandes, mais pour toi, ça va".


Notre idée était qu'en travaillant beaucoup nous écririons des livres, et que ces livres nous rendraient riches. La richesse conservait la forme d'un scintillement de pièces d'or enfermés dans d'innombrables caisses, mais pour y arriver il suffisait de faire des études et d'écrire un livre. « On en écrit un ensemble », s'exclama Lila un jour, me comblant de joie. Ce projet naquit peut-être quand elle découvrit que l'auteure des Quatre Filles du docteur March avait gagné tellement d'argent qu'elle avait donné une partie de ses richesses à sa famille.


Il y avait une part d'insoutenable dans les choses, les gens, les immeubles, les rues: ce n'est qu'en réinventant tout comme dans un jeu que cela devenait acceptable. L'essentiel, toutefois, c'était de savoir jouer, et elle et moi –personne d'autre– nous savions le faire.


En cet instant tellement formidable, plein de lumière et de clameur, je m'imaginais seule dans la nouveauté de la ville, neuve moi-même avec toute la vie devant moi, exposée à la furie mouvante du monde dont, sans nul doute, je sortirais gagnante : moi, Lila et moi, nous deux, et cette capacité que nous avions ensemble –seulement ensemble– de saisir la masse des couleurs, des bruits, des choses et des personnes, de nous les raconter et de leur donner de la force.


[Ils] pensaient que ce qui c'était produit avant c'était du passé et, pour avoir la paix, fermaient les yeux, alors qu'ils en faisaient partie, de ces choses d'avant, et ils nous y maintenaient nous aussi et comme ça, sans le savoir, ils les perpétuaient.


C'est quoi, pour toi, "une ville sans amour" ?
–Un peuple qu'on a privé du bonheur.
–Donne moi un exemple.
[...]
–L'Italie sous le fascisme, l'Allemagne sous le nazisme, nous tous, les êtres humains, dans le monde d'aujourd'hui.


Lila savait parler à travers l'écriture; contrairement à moi quand j'écrivais, contrairement à Sarratore dans ses articles et poésies, contrairement, même, à de nombreux écrivains que j'avais lus et lisais, elle s'exprimait par des phrases qui, certes, étaient soignées, sans erreur – bien qu'elle ait quitté l'école– mais, en plus, tout semblait parfaitement naturel, on ne sentait pas l'artifice de parole écrite. En la lisant je la voyais, je l'entendais. Cette voix sertie dans l'écriture me bouleversa, me ravit plus encore que lorsque nous discutions en tête à tête: elle était totalement purifiée des scories du parler, de la confusion de l'oral, elle avait l'architecture vivante du langage que j'imaginais être celle du discours quand on était assez chanceux pour être né de la tête de Zeus et non pas chez les Greco, chez les Cerullo.


[La] beauté que Cerullo avait dans la tête depuis l'enfance n'a pas trouvé à s'exprimer: elle a fini entièrement sur sa figure, dans ses seins, ses cuisses et son cul. Mais ce sont des endroits où la beauté passe vite, et après c'est comme si elle n'avait jamais exité.
  • Commentaire de Mme Oliveiro, l'institutrice des deux héroïnes, face à la beauté de Lila


Ce que c'était, la plèbe, je le sus à ce moment-là, beaucoup plus clairement que quand Mme Oliveiro me l'avait demandé des années auparavant. La plèbe, c'était nous. La plèbe, c'était ces disputes pour la nourriture et le vin, ces querelles parce que certains étaient mieux servis et plus vite, ce sol crasseux sur lequel passaient et repassaient les serveurs, ces toasts de plus en plus vulgaires.


L'imprévisible ne se produit qu'à ce moment-là. Je vis Lila perdre ses couleurs, devenir d'une pâleur extrême comme lorsqu'elle était enfant, plus blanche que sa robe de mariée, et ses yeux se contractèrent soudain jusqu'à n'être que deux fissures. Il y avait une bouteille de vin devant elle et je craignis que son regard ne la traverse avec une violence capable de la faire exploser en mille morceaux, faisant gicler du vin partout.


L'amie prodigieuse–Le Nouveau nom (tome 2)

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  • L'amie prodigieuse (2012), Elena Ferrante (trad. Elsa Damien), éd. Gallimard, 2016, t. II-Le Nouveau nom, p. à voir


L'amie prodigieuse–Celle qui fuit et celle qui reste (tome 3)

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  • L'amie prodigieuse (2011), Elena Ferrante (trad. Elsa Damien), éd. Gallimard, 2014, t. III-Celle qui fuit et celle qui reste, p. à voir


L'amie prodigieuse–L'Enfant perdue (tome 4)

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  • L'amie prodigieuse (2011), Elena Ferrante (trad. Elsa Damien), éd. Gallimard, 2014, t. IV-L'Enfant perdue, p. à voir


Citations sur

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Vidéo d'ARTE Book Club, publiée sur Youtube le 24 janvier 2024, url=https://www.youtube.com/watch?v=FbTPbIxW9NY, présentée par Nicolas Réquédat et Bruno Champagne de Labriolle, réalisée par Emile Darves-Blanc, produite par ARTE France, Urbania Productions en 2021

Lien sur Arte: https://educ.arte.tv/program/arte-book-club-pourquoi-ce-livre-est-il-si-bien-

A utiliser, superbe analyse du livre !!!!!!

Voir aussi

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Ebauche2

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L'Amie prodigieuse, publié en 2011, est le premier tome de la tétralogie à laquelle il a donné son nom de l'auteure Elena Ferrante. Ce roman d'inspiration autobiographique raconte l'enfance et l'adolescence de deux amies issues d'un quartier pauvre de Naples dans les années 1950.

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Je ne suis pas nostalgique de notre enfance, elle est pleine de violence. Il nous arrivait toutes sortes d'histoires, chez nous et à l'extérieur, jour après jour, mais je crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C'était la vie, un point c'est tout, nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.


Lila était trop pour quiconque. En outre elle n'offrait aucune prise à la bienveillance. Reconnaître combien elle était douée c'était, pour nous les enfants, admettre que nous n'y arriverions jamais et qu'il était inutile de rivaliser; pour les maîtres et maîtresses, c'était s'avouer qu'eux-mêmes avait été des enfants médiocres. Sa rapidité d'esprit tenait du sifflement, du jaillissement, de la morsure fatale.


Je sens encore la main de Lila qui saisit la mienne, et j'aime à penser qu'elle se décida à le faire non seulement parce qu'elle eut l'intuition que je n'aurais pas le courage d'arriver jusqu'au dernier étage, mais aussi parce qu'elle-même cherchait dans ce geste la force de continuer.


Sur ce, pourtant, c'est un roman qu'elle s'acheta avec l'argent de Don Achille : Les Quatre Filles du docteur March. Elle se décida parce qu'elle connaissait déjà ce livre, qui lui avait beaucoup plu. En quatrième année, Mme Oliviero nous avait donné, à nous les meilleures de la classe, des livres à lire. Elle était tombé sur Les Quatre Filles du docteur March avec, comme phrase accompagnatrice, la formule suivante :"C'est un livre pour les grandes, mais pour toi, ça va".


Notre idée était qu'en travaillant beaucoup nous écririons des livres, et que ces livres nous rendraient riches. La richesse conservait la forme d'un scintillement de pièces d'or enfermés dans d'innombrables caisses, mais pour y arriver il suffisait de faire des études et d'écrire un livre. « On en écrit un ensemble », s'exclama Lila un jour, me comblant de joie. Ce projet naquit peut-être quand elle découvrit que l'auteure des Quatre Filles du docteur March avait gagné tellement d'argent qu'elle avait donné une partie de ses richesses à sa famille.


Il y avait une part d'insoutenable dans les choses, les gens, les immeubles, les rues: ce n'est qu'en réinventant tout comme dans un jeu que cela devenait acceptable. L'essentiel, toutefois, c'était de savoir jouer, et elle et moi –personne d'autre– nous savions le faire.


En cet instant tellement formidable, plein de lumière et de clameur, je m'imaginais seule dans la nouveauté de la ville, neuve moi-même avec toute la vie devant moi, exposée à la furie mouvante du monde dont, sans nul doute, je sortirais gagnante : moi, Lila et moi, nous deux, et cette capacité que nous avions ensemble –seulement ensemble– de saisir la masse des couleurs, des bruits, des choses et des personnes, de nous les raconter et de leur donner de la force.


[Ils] pensaient que ce qui c'était produit avant c'était du passé et, pour avoir la paix, fermaient les yeux, alors qu'ils en faisaient partie, de ces choses d'avant, et ils nous y maintenaient nous aussi et comme ça, sans le savoir, ils les perpétuaient.


C'est quoi, pour toi, "une ville sans amour" ?
–Un peuple qu'on a privé du bonheur.
–Donne moi un exemple.
[...]
–L'Italie sous le fascisme, l'Allemagne sous le nazisme, nous tous, les êtres humains, dans le monde d'aujourd'hui.


Lila savait parler à travers l'écriture; contrairement à moi quand j'écrivais, contrairement à Sarratore dans ses articles et poésies, contrairement, même, à de nombreux écrivains que j'avais lus et lisais, elle s'exprimait par des phrases qui, certes, étaient soignées, sans erreur – bien qu'elle ait quitté l'école– mais, en plus, tout semblait parfaitement naturel, on ne sentait pas l'artifice de parole écrite. En la lisant je la voyais, je l'entendais. Cette voix sertie dans l'écriture me bouleversa, me ravit plus encore que lorsque nous discutions en tête à tête: elle était totalement purifiée des scories du parler, de la confusion de l'oral, elle avait l'architecture vivante du langage que j'imaginais être celle du discours quand on était assez chanceux pour être né de la tête de Zeus et non pas chez les Greco, chez les Cerullo.


[La] beauté que Cerullo avait dans la tête depuis l'enfance n'a pas trouvé à s'exprimer: elle a fini entièrement sur sa figure, dans ses seins, ses cuisses et son cul. Mais ce sont des endroits où la beauté passe vite, et après c'est comme si elle n'avait jamais exité.
  • Commentaire de Mme Oliveiro, l'institutrice des deux héroïnes, face à la beauté de Lila


Ce que c'était, la plèbe, je le sus à ce moment-là, beaucoup plus clairement que quand Mme Oliveiro me l'avait demandé des années auparavant. La plèbe, c'était nous. La plèbe, c'était ces disputes pour la nourriture et le vin, ces querelles parce que certains étaient mieux servis et plus vite, ce sol crasseux sur lequel passaient et repassaient les serveurs, ces toasts de plus en plus vulgaires.


L'imprévisible ne se produit qu'à ce moment-là. Je vis Lila perdre ses couleurs, devenir d'une pâleur extrême comme lorsqu'elle était enfant, plus blanche que sa robe de mariée, et ses yeux se contractèrent soudain jusqu'à n'être que deux fissures. Il y avait une bouteille de vin devant elle et je craignis que son regard ne la traverse avec une violence capable de la faire exploser en mille morceaux, faisant gicler du vin partout.


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