Thucydide

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Thucydide.

Thucydide, né vers 460 av. J.-C. dans le dème d'Halimunte (Attique), mort peut-être assassiné entre 400 et 395 av. J.-C., est un homme politique et un historien athénien. Il est l'auteur de l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, qui décrit la majeure partie des événements de la guerre du Péloponnèse qui opposa Athènes et Sparte au Ve siècle av. J.-C. C'est l'un des principaux historiens grecs de l'époque classique avec Hérodote.

Citations[modifier]

Thucydide d'Athènes a raconté comment se déroula la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens. Il s'était mis au travail dès les premiers symptômes de cette guerre ; et il avait prévu qu'elle prendrait de grandes proportions et une portée dépassant celle des précédentes. Il pouvait le conjecturer parce que les deux groupes étaient, en l'abordant, dans le plein épanouissement de toutes leurs forces ; et, d'autre part, il voyait le reste du monde grec se joindre à chaque camp, aussitôt ou en projet. Ce fut bien la plus grande crise qui émut la Grèce et une fraction du monde barbare : elle gagna, pour ainsi dire, la majeure partie de l'humanité.
  • (grc) Θουκυδίδης Ἀθηναῖος ξυνέγραψε τὸν πόλεμον τῶν Πελοποννησίων καὶ Ἀθηναίων, ὡς ἐπολέμησαν πρὸς ἀλλήλους, ἀρξάμενος εὐθὺς καθισταμένου καὶ ἐλπίσας μέγαν τε ἔσεσθαι καὶ ἀξιολογώτατον τῶν προγεγενημένων, τεκμαιρόμενος ὅτι ἀκμάζοντές τε ᾖσαν ἐς αὐτὸν ἀμφότεροι παρασκευῇ τῇ πάσῃ καὶ τὸ ἄλλο Ἑλληνικὸν ὁρῶν ξυνιστάμενον πρὸς ἑκατέρους, τὸ μὲν εὐθύς, τὸ δὲ καὶ διανοούμενον. [2] Kίνησις γὰρ αὕτη μεγίστη δὴ τοῖς Ἕλλησιν ἐγένετο καὶ μέρει τινὶ τῶν βαρβάρων, ὡς δὲ εἰπεῖν καὶ ἐπὶ πλεῖστον ἀνθρώπων.
  • Premières lignes du livre.
  • (grc) Histoire de la guerre du Péloponnèse, Thucydide (trad. Jacqueline de Romilly), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1990, I, 1, 1-2, p. 173


J'ajoute qu'en ce qui concerne les discours prononcés par les uns et les autres, soit juste avant, soit pendant la guerre, il était bien difficile d'en reproduire la teneur même avec exactitude, autant pour moi, quand je les avais personnellement entendus, que pour quiconque me les rapportait de telle ou telle provenance : j'ai exprimé ce qu'à mon avis ils auraient pu dire qui répondît le mieux à la situation, en me tenant, pour la pensée générale, le plus près possible des paroles réellement prononcées : tel est le contenu des discours.
  • (grc) Kαὶ ὅσα μὲν λόγῳ εἶπον ἕκαστοι ἢ μέλλοντες πολεμήσειν ἢ ἐν αὐτῷ ἤδη ὄντες, χαλεπὸν τὴν ἀκρίβειαν αὐτὴν τῶν λεχθέντων διαμνημονεῦσαι ἦν ἐμοί τε ὧν αὐτὸς ἤκουσα καὶ τοῖς ἄλλοθέν ποθεν ἐμοὶ ἀπαγγέλλουσιν: ὡς δ᾽ ἂν ἐδόκουν ἐμοὶ ἕκαστοι περὶ τῶν αἰεὶ παρόντων τὰ δέοντα μάλιστ᾽ εἰπεῖν, ἐχομένῳ ὅτι ἐγγύτατα τῆς ξυμπάσης γνώμης τῶν ἀληθῶς λεχθέντων, οὕτως εἴρηται.
  • (grc) Histoire de la guerre du Péloponnèse, Thucydide (trad. Jacqueline de Romilly), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1990, I, 22, 1., p. 183


À l'audition, l'absence de merveilleux dans les faits rapportés paraîtra sans doute en diminuer le charme ; mais, si l'on veut voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l'avenir, en vertu du caractère humain qui est le leur, présenteront des similitudes ou des analogies, qu'alors, on les juge utiles, et cela suffira : ils constituent un trésor pour toujours, plutôt qu'une production d'apparat pour un auditoire du moment.
  • (grc) καὶ ἐς μὲν ἀκρόασιν ἴσως τὸ μὴ μυθῶδες αὐτῶν ἀτερπέστερον φανεῖται: ὅσοι δὲ βουλήσονται τῶν τε γενομένων τὸ σαφὲς σκοπεῖν καὶ τῶν μελλόντων ποτὲ αὖθις κατὰ τὸ ἀνθρώπινον τοιούτων καὶ παραπλησίων ἔσεσθαι, ὠφέλιμα κρίνειν αὐτὰ ἀρκούντως ἕξει. Kτῆμά τε ἐς αἰεὶ μᾶλλον ἢ ἀγώνισμα ἐς τὸ παραχρῆμα ἀκούειν ξύγκειται.
  • (grc) Histoire de la guerre du Péloponnèse, Thucydide (trad. Jacqueline de Romilly), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1990, I, 22, 4., p. 183-184


Vous êtes en quête d’un monde qui n’a, pourrait-on dire, aucun rapport avec celui dans lequel nous vivons et il vous manque la dose suffisante de bon sens pour apprécier sainement la réalité qui nous entoure. En un mot, vous êtes les jouets du plaisir que vous cause la parole et vous ressemblez plus à un public venu entendre des sophistes qu’à une assemblée délibérant sur les affaires de la cité.
  • (grc) ζητοῦντές τε ἄλλο τι ὡς εἰπεῖν ἢ ἐν οἷς ζῶμεν, φρονοῦντες δὲ οὐδὲ περὶ τῶν παρόντων ἱκανῶς: ἁπλῶς τε ἀκοῆς ἡδονῇ ἡσσώμενοι καὶ σοφιστῶν θεαταῖς ἐοικότες καθημένοις μᾶλλον ἢ περὶ πόλεως βουλευομένοις.
  • Discours de Cléon à l’Assemblée athénienne.
  • La Guerre du Péloponnèse, Thucydide (trad. Denis Roussel), éd. Gallimard, coll. « Folio/Classique », 2000  (ISBN 978-2-07-040068-3), III, 38, 7, p. 230


Trois sortes de fautes sont particulièrement pernicieuses pour les empires : se laisser apitoyer, céder au charme de l’éloquence et vouloir se montrer compréhensif.
  • (grc) μηδὲ τρισὶ τοῖς ἀξυμφορωτάτοις τῇ ἀρχῇ, οἴκτῳ καὶ ἡδονῇ λόγων καὶ ἐπιεικείᾳ, ἁμαρτάνειν.
  • La Guerre du Péloponnèse, Thucydide (trad. Denis Roussel), éd. Gallimard, coll. « Folio/Classique », 2000  (ISBN 978-2-07-040068-3), III, 40, p. 232


Citations sur l'œuvre de Thucydide[modifier]

Je ne vois avant Thucydide que des romans semblables aux Amadis, et beaucoup moins amusants.
  • Réflexion du Huron faisant allusion aux chansons de chevalerie de la littérature française.
  • « L'Ingénu », Voltaire (1767), Chapitre XI — Comment l'Ingénu développe son génie, dans Micromégas — L'Ingénu, Voltaire, éd. Larousse, coll. « Classiques Larousse », 1989  (ISBN 2-03-870187-3), p. 109


Telle est la vraie nature de la révolution intellectuelle que reflète l’œuvre de Thucydide : ce ne fut pas l'histoire qui devint politique, mais bien la pensée politique qui devint historique.
  • Paideia : la formation de l’homme grec (1934), Werner Jaeger (trad. André et Simonne Devyver), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1988  (ISBN 978-2-07-071231-1), t. I, partie Deuxième livre. Le génie d’Athènes, chap. VI. Thucydide, philosophe de la politique, p. 439


[Dans plusieurs passages, Thucydide] affirme que, conformément à la nature humaine, le fort désire toujours dominer le faible. La nature humaine, donc, selon lui, se traduit, dans une large mesure, par la prépondérance constante de la passion en général, et de la volonté de puissance sur l’intelligence en particulier. Cet axiome de la pensée historique de Thucydide s’accorde avec les idées du temps des sophistes et est expressément tenu pour vrai par toutes les nations belligérantes et tous les partis politiques tels qu’il les présente dans son ouvrage. C’est pour le combattre que Platon critiquera les fondements moraux de ce qu’on a toujours, alors comme aujourd’hui, compris par politique.
  • Paideia : la formation de l’homme grec (1934), Werner Jaeger (trad. André et Simonne Devyver), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1988  (ISBN 978-2-07-071231-1), t. I, partie Deuxième livre. Le génie d’Athènes, chap. VI. Thucydide, philosophe de la politique, p. 572 (note 21)


Les politiques doivent-ils, encore aujourd’hui, lire Thucydide ? Je ne puis que donner mon sentiment personnel : on ne sort pas indemne d’une telle lecture, de celle de Thucydide pas plus que de celle de Machiavel.
  • « Raison et déraison dans l’histoire », Pierre Vidal-Naquet (1998), dans La Guerre du Péloponnèse, Thucydide (trad. Denis Roussel), éd. Gallimard, coll. « Folio/Classique », 2000  (ISBN 978-2-07-040068-3), p. 30


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