Pierre-Joseph Proudhon

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Pierre Joseph Proudhon

Pierre-Joseph Proudhon (18091865) est un publiciste, économiste, sociologue et socialiste français, le premier à se qualifier d'anarchiste.

Qu'est-ce que la propriété ?, 1840[modifier]

La propriété, c'est le vol !
  • Qu'est-ce que la propriété ? (1840), Pierre-Joseph Proudhon, éd. UQAC, coll. « Les classiques des sciences sociales », 2002, p. 18


Philosophie de la misère, 1846[modifier]

S’il est un être qui, avant nous et plus que nous, ait mérité l’enfer, il faut bien que je le nomme : c’est Dieu.


L’homme peut aimer son semblable jusqu’à mourir ; il ne l’aime pas jusqu’à travailler pour lui.


Les Confessions d’un révolutionnaire pour servir à l’histoire de la Révolution de Février, 1849[modifier]

Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle une Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent.
  • Les Confessions d’un révolutionnaire pour servir à l’histoire de la Révolution de Février, Pierre-Joseph Proudhon, éd. Garnier frères, 1851, chap. X, p. 140 (texte intégral sur Wikisource)


Idée générale de la Révolution au 19e siècle, 1851[modifier]

Être GOUVERNÉ, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu… Être GOUVERNÉ, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré.  Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !
  • Idée générale de la Révolution au 19e siècle, Pierre-Joseph Proudhon, éd. Garnier frères, 1851, chap. Épilogue, p. 341 (texte intégral sur Wikisource)


La Justice est [...] le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense.
  • De la justice dans la révolution et dans l'Église, Pierre-Joseph Proudhon, éd. Office de publicité, 1860, chap. 7 (« Définition de la Justice »), XXXII, §.3, p. 87


La Guerre et la Paix, 1861[modifier]

Le Coran n'enseigne nulle part l'intolérance ; il reconnaît la mission de Moïse, celle de Jésus-Christ ; il dit que Dieu a donné à chaque peuple la loi qui lui convient, mais qu'il a envoyé Mahomet aux Arabes. Quoi de plus conciliant ?
  • La Guerre et la Paix (1861), Pierre-Joseph Proudhon, éd. E. Dentu, 1861, t. 2, p. 329


De la capacité politique des classes ouvrières, 1865[modifier]

Se distinguer, se définir, c’est être ; de même que se confondre et s’absorber, c’est se perdre.
  • De la Capacité politique des classes ouvrières, Pierre-Joseph Proudhon, éd. E. Dentu, 1865, p. 233


Carnets, 1847-1851[modifier]

Il faut lui faire comprendre que la loi de ne doit pas être un Commandement, mais une GARANTIE.

La loi défend (implicitement) les actions mauvaises puisqu’elle stipule indemnité et vengeance du mal commis avec préméditation ; elle ne COMMANDE rien. Tout ce qu’elle peut faire, c’est de GARANTIR. GARANTIE, telle est la vraie définition de la loi.

  • Carnets (1847-1851), Pierre-Joseph Proudhon, éd. Pierre Haubtmann, 2005, p. 1395


Lettre à M. Blanqui sur la propriété, 1841[modifier]

Sire,
Voici, ce que le peuple fait dire à Votre Majesté :
Ô roi, vous voyez ce qu'il en coûte pour être applaudi des citoyens ; vous plaît-il désormais que nous prenions pour devise : Aidons le roi, le roi nous aidera ? Vous plaît-il qu'on répète dans le monde : le roi et le peuple français ? Laissez donc ces banquiers avides, ces avocats disputeurs, ces bourgeois ignobles, ces écrivains infâmes, ces nobles flétris ; tous ces gens-là, Sire, vous haïssent et ne vous soutiennent encore que parce qu'ils ont peur de nous. Achevez l'oeuvre de nos rois, écrasez l'aristocratie et le privilège, conspirez avec ces prolétaires fidèles, avec le peuple qui sait seul honorer un souverain et crier avec franchise : Vive le roi !
  • Lettre à M. Blanqui sur la propriété (1841), Pierre-Joseph Proudhon, éd. Prévot, 1841, p. 177


Citations sur Pierre-Joseph Proudhon[modifier]

Le proudhonisme est un pragmatisme, autrement dit, le contraire d'un idéalisme. D'où ses propositions concrètes et détaillées : la fédération, la mutualisation, la coopération comme autant de leviers pour réaliser la révolution ici et maintenant, sans qu'une seule goutte de sang soit versée ; la banque du peuple et le crédit organisé pour les classes nécessiteuses par ces mêmes classes dans une logique qu'on dirait aujourd'hui de microcrédit ; une théorie de l'impôt capable de réaliser la justice sociale ici et maintenant ; une défense de la propriété anarchiste, comme assurance de la liberté individuelle menacée par le régime communiste ; la construction d'un État libertaire qui garantisse la mécanique anarchiste ; une théorie critique de la presse qui est une machine à promouvoir l'idéal des banquiers qui la financent ; une pensée du droit d'auteur ; une analyse de la fonction sociale et politique de l'art qui s'oppose à l'art pour l'art et aux jeux d'esthètes ; un investissement dans ce qu'il nomme la "démopédie" et qui suppose qu'on augmente plus sûrement le progrès de la révolution par l'instruction libre que par l'insurrection paramilitaire - et mille autres instruments d'une boîte à outils dans laquelle le socialisme n'a pas encore puisé...


Troisièmement, il est utopique d'opposer société et politique au sens ou Proudhon et aussi quelques juristes comme M. Hauriou font une séparation entre la constitution sociale et la constitution politique. Selon Proudhon la première reposerait sur un libre contrat et un équilibre des intérêts, fondés sur une sorte d'harmonie économique réalisée par le travail, la division du travail, le commerce, le crédit et la propriété, tandis que la seconde aurait pour principe l'autorité avec ses corollaires que sont la distinction des classes, la. séparation des pouvoirs, la centralisation administrative et la hiérarchie judiciaire. Cette séparation n'est au fond qu'un exemple des nombreuses contradictions de la philosophie proudhonienne, dans la mesure où elle reconnaît la nécessité d'un gouvernement, mais se plaît à rêver ·à une anarchie capable de faire périr le gouvernement par la société. Comme la plupart des socialistes du XIXème siècle, Proudhon ne se lasse pas d'espérer en une spontanéité innocente de la société qui réussira peut-être un jour à surmonter la fatalité de la domination et de la puissance. En fait, cette dualité de la constitution sociale et de la constitution politique est artificielle, car la société n'est ni neutre ni une entité pour soi : elle est ce que les hommes en font. Il n'y a pas de société qui serait purement société, sauf à titre hypothétique pour la sociologie, c'est-à-dire elle n'est pas indépendante des hommes qui y vivent, de la concurrence économique, des luttes politiques, des rivalités religieuses, des conflits moraux, des antagonismes d'écoles artistiques, etc. Plus précisément, il n'y a pas de société qui serait constituée en pure société ; au contraire, elle est société parce qu'elle est constituée politiquement, qu'elle comporte des relations de commandement à obéissance, la distinction de l'ami ou de l'ennemi, celle du privé et du public et en outre des relations économiques, religieuses et autres. Il n'y a de constitution sociale que politique.

L'essence du politique, Julien Freund, Éditions Dalloz, 1965, chap. 5, § 81, p. 346

M. Proudhon n’est jamais parvenu à former que de légers amas de sable que balaie ensuite le souffle même de celui qui les a élevés.
  • Idées anti-proudhoniènnes sur l’amour, la femme et le mariage (1868), Juliette Adam, éd. Michel Levy, 1868, chap. SUR LE LIVRE LA GUERRE ET LA PAIX, p. XV (texte intégral sur Wikisource)