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Patrice de Mac Mahon

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Patrice de Mac Mahon

Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, duc de Magenta, né le 13 juillet 1808 au château de Sully (Saône-et-Loire) près d'Autun, mort le 17 octobre 1893 au château de la Forêt, à Montcresson (Loiret), a été maréchal de France, et le 3e président de la République française, fonction qu'il a occupée du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879.

Citations

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Apocryphes

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Patrice de Mac Mahon : Que d'eau ! Que d'eau !
Préfet : Et encore, Monsieur le maréchal, vous ne voyez que le dessus.

  • Il aurait prononcé ces mots le 26 juin 1875, lors des terribles inondations de la Garonne. On trouve « que d'eau... que d'eau !... » chez Eugène Labiche en 1865 (Le Voyage en Chine, écrit avec Delacour), souvent cité ensuite, par exemple par Francisque Sarcey dans Le XIXe siècle du 10 février 1875 : « Je me rappelais l'exclamation de ce héros de Labiche, contemplant les vagues de l'océan : Que d'eau ! s'écriait-il, que d'eau ! ». La Presse du 17 juillet 1875 reprend un texte du Charivari, journal satirique, qui raconte une anecdote similaire : « un discours prononcé par un ministre de Louis-Philippe [roi jusqu'en 1848 et mort en 1850] qui visitait un des départements ravagé » : « Oh ! là ! là ! messieurs... que d'eau ! que d'eau ! ». Le Rappel du 2 février 1877 attribue le « que d'eau ! que d'eau ! » au fameux Joseph Prud'homme. Il faut attendre une publication de Léon-Charles Bienvenu, dit Touchatout, dans un autre journal satirique, Le Tintamarre du 29 juin 1879, pour trouver une trace d'association entre le « que d'eau ! que d'eau ! » et un Mac Mahon à qui « le spectacle des inondations de la Loire arracha ce cri sublime ». On retrouve de nouveau le « Que d'eau ! que d'eau !... » attribué à Mac Mahon, mais désormais à Toulouse, dans Le Tintamarre du 19 décembre 1880 sous la signature de A. Paulon, c'est-à-dire (probablement) Alphonse Allais. Quant à la réponse du préfet, elle apparaît le 19 août 1886, dans Le XIXe siècle, dans une revue de presse citant « Du « Sphinx » : Spectacle de la mer. — Étonnant, incroyable, tant d'eau que ça ! — Et encore vous ne voyez que le dessus ! » La blague est ensuite fort reprise sans que l'origine en soit citée. L'association entre les deux répliques semble n'apparaître que beaucoup plus tard, en légende d'un dessin de George Fronval, paru dans le Journal amusant du 20 novembre 1927, montrant un couple ; au « Que d'eau ! Que d'eau ! » de l'un, l'autre répond « Et encore, tu ne vois que le dessus. »


La fièvre typhoïde est une maladie terrible : ou on en meurt, ou on en reste idiot. J'en sais quelque chose : je l'ai eue.
  • Les plus anciennes occurrences de la citation ne donnent pas d'attribution. Par exemple, dans la Revue spirite, en 1887 : « On connaît ce dit mémorable ». Puis dans La Médecine nouvelle du 12 mars 1892, ce commentaire : « Cette phrase attribuée à bien des personnages, n'est pas aussi grotesque qu'on pourrait le croire. Sauf le dernier membre que les farceurs y ont ajouté, le premier est malheureusement trop souvent vrai. » Le Journal du 25 juillet 1923 l'attribue à Mac Mahon mais indique entre parenthèses et en italique : « apocryphes ». Dans La Revue de Paris de septembre 1936 (ce texte sera repris l'année suivante dans La République des Ducs publié chez Grasset), l'historien Daniel Halévy donne ce commentaire : « On lui prêtait des mots simples qui faisaient rire. [...] Tout cela, indéfiniment répété, mettait en joie un peuple irrespectueux. »
  • 100 personnages qui ont fait l'histoire de France, Emmanuel Melmoux, David Mitzinmacker, éd. Bréal, 2004, p. 177


C’est vous le nègre ? Continuez !
  • Dans une nouvelle à la main parue dans Le Figaro du 28 avril 1878 on lit ceci : « Un inspecteur de collège fait sa tournée. [...] L'enfant d'Abyssinie arrive devant l'inspecteur. Celui-ci le regarde avec bonté ! — Ah c'est vous qui êtes le nègre ? — Mon Dieu oui, monsieur l'inspecteur. — Eh, bien ! mon garçon, continuez ! » Puis dans Le Tintamarre du 1er septembre 1879, Léon-Charles Bienvenu, dit Touchatout, écrit : « [...] 1871 [...] Ce fut à cette époque que le maréchal de Mac Mahon alla visiter l'école de Saint-Cyr. [...] Au défilé, l'élève nègre se présenta devant le maréchal. — C'est bien vous qui êtes le nègre ?.. lui dit celui-ci. — Oui, maréchal, répondit l'élève en noircissant. — ... Fait'ment... fait'ment... Eh bien, n.. d. D... C'est très bien... continuez. » Dans les années qui suivent, la calinotade est souvent reprise, sans forcément faire référence à Mac Mahon, comme dans La Jeune France d'octobre 1887 (p. 122) où l'on peut lire, dans une « Gazette rimée » de Georges Izambard : « « Ah! c'est vous le nègre, ricane / L'époux, qui veut un référé : / Continuez » Et l'on condamne / Non Maraü, mais Pomaré. » Ou en 1892 sous la plume d'Aristide Bruant dans Les Bas-fonds de Paris : « Ah ! c'est vous le nègre ! Eh bien, continuez... à aller au violon... » Le Gaulois du 26 avril 1895, précise que « [t]ous nos officiers savent en effet que le premier de chaque promotion est surnommé le nègre « parce qu'il a beaucoup travaillé ». » Cette explication sera souvent reprise par la suite. Dans Les Annales politiques et littéraires du 27 mai 1900, Emmanuel Arène attribue la paternité de la jocrisserie à Edmond About qui « raconta l'anecdote à sa manière » au cours d'un dîner, au soir de la visite du Mac Mahon à Saint-Cyr, en 1877 (« [o]n était alors sous le 16 mai »). L'Aurore du 28 mars 1905 révèle que Mac Mahon se serait adressé à Maximilien Liontel. En 1906, L'Intermédiaire des chercheurs et curieux lance un débat au sujet de la célèbre citation (pp. 220, 405, 549-550, 626-627, 686-687, 772, 794-795, 883-884-885) qui se conclut ainsi : « M. Liontel consulté répond que Mac-Mahon ne l'a jamais passé en revue et ne lui a jamais parlé. La question est jugée : le mot est apocryphe. » Dans Le Casoar, « organe d'expression des Saint-Cyriens », d'avril 2008 (pp. 81-84, cf. sommaire du n° 189), le général de brigade (2s) Jean Boÿ publie un article intitulé « Le Nègre, la légende et le maréchal », auquel se réfère Daniel Lacotte dans Les Tribuns célèbres de l'Histoire publié aux Éditions Albin Michel en 2010 : « Liontel a été réformé le 18 janvier 1873 ! Or, le maréchal de Mac-Mahon ne visite l'école qu'une seule fois, le 13 mars 1875. [...] Par ailleurs [...] le général Jean Boÿ n'a pas trouvé la moindre trace [du mot nègre] pour désigner un major de promotion. [...] Le débat paraît définitivement clos, jamais le maréchal n'a dit à un mulâtre à Saint-Cyr : « C'est vous le nègre ? Eh bien ! Continuez ! » »
    Dans le même passage de son ouvrage Les Tribuns célèbres de l'Histoire, Lacotte ajoute cette précision : « D'autre sources citent un autre mulâtre, Camille Mortenol. Sauf qu'il ne figure nulle part dans les archives de Saint-Cyr et qu'il n'a jamais mis les pieds dans cet établissement ». Camille Mortenol n'y a effectivement jamais mis les pieds pour l'excellente raison qu'il est en 1880 le premier guadeloupéen admis à l'École polytechnique ; il n'est d'ailleurs pas mulâtre mais « nègre », ses parents étant tous deux d'anciens esclaves noirs affranchis. Dans son ouvrage Les hommes célèbres de la Guadeloupe (p.342) publié le à l'imprimerie catholique de Basse-Terre à l'occasion du tricentenaire des Antilles, Timmy Oriol reprend la même anecdote avec le même Mac Mahon inspectant l'École polytechnique en 1881 et s'adressant à Mortenol : « C’est vous le nègre ? » « Très bien mon ami… Continuez ! ». Les archives de l'École polytechnique n'ont aucune trace d'une inspection en 1881 du maréchal qui n'est plus président de la République depuis le et dont on peut se demander de plus à quel titre, âgé de 72 ans, il aurait fait cette inspection. En revanche cette même école a été effectivement l'objet de deux inspections en 1881 : le par le Baron de Berckheim, président du comité d’artillerie, et le par l'intendant général Vigo-Roussillon. Là encore, le débat paraît définitivement clos, jamais le maréchal n'aurait pareillement prononcé cette phrase lors d'une visite à Polytechnique.

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